20 juin 2024 4 20 /06 /juin /2024 21:43

 

 

 

Mythologie des épices,
Aromates et condiments


Le Fenouil - Foeniculum vulgare


 

 

Le Fenouil commun, Foeniculum vulgare, Foeniculum officinale, Anis doux, Aneth doux, Fenouil des vignes.


Dans la nature, il n'existe qu'une seule variété de Fenouil : Foeniculum vulgare.


Encore appelé fenouil sauvage, il est principalement cultivé pour en extraire l’huile essentielle.


Cette plante aromatique généralement vigoureuse,  vivace mais parfois bisannuelle de la famille des apiacées (ombellifères), peut atteindre 2,50 m de hauteur, sur des terres sablonneuses de bord de mer. 


Le fenouil aime les expositions chaudes et ensoleillées, en sol bien drainé et supporte très bien la sécheresse. On le trouve fréquemment au bord des routes. Il se récolte d'août à novembre (voir tradition du fenouil du folklore marseillais).


Son port est léger, ses grosses racines fuselées sont presque toujours divisées en deux. 


 

Cette plante, cultivée en Europe, en Asie ainsi qu'en Amérique, est reconnaissable à ses grandes tiges lisses et robustes, et ses feuilles légèrement bleutées finement découpées à lanières nombreuses très allongées ; les feuilles supérieures sont dotées d'une gaine plus longue que le limbe. Elles dégagent une forte et délicieuse odeur d'anis. 


 

Les fleurs du fenouil, à l'odeur fortement anisée, sont jaunâtres et disposées en ombelles plates et les pétales présentent un lobe arrondi. La floraison a lieu entre août et septembre. Les mois de récoltes varient selon la partie de la plante utilisée. Les racines sont récoltées en septembre, dès la première année. Les feuilles et les tiges sont coupées entre avril et juin, puis séchées. Les graines, quant à elles, sont ramassées au fur et à mesure de leur maturité.


 

Les fruits du fenouil sont appelés des diakènes. Le fruit est formé de 2 akènes, il est rainuré par 5 côtés de forme ovoïde.


 

 

Ses graines sont de forme allongée, assez grosses, de couleur vert pâle à jaune paille, fortement nervurées.


 

 

 

Variétés cultivées


Plus de 90 variétés sont inscrites au catalogue européen des espèces et variétés et plus de 20 au catalogue officiel français.

 

Le fenouil doux - Foeniculum dulce.

fenouil des jardins, ressemble fortement au fenouil commun mais en plus petit (rarement beaucoup plus de 150 cm). Surtout consommé comme légume en gratin ou en soupe, le fenouil est également un incontournable des étals des herboristeries.

 

 

Le fenouil de Florence - Foeniculum dulce de Provence.

fenouil d'Italie ou fenouil  bulbeux, vivace, originaire d'Afrique et d'Europe, est la variété que l’on retrouve sur les étals, plus court (60 cm) . Il est utilisé en alimentation pour le renflement bulbeux et charnu de leurs feuilles imbriquées les unes dans les autres. 


La saison du fenouil de Florence s’étend de mai à octobre. Il ressemble fortement au fenouil commun mais en plus petit : 60 cm de hauteur maximum. Il est également exploité pour son huile essentielle.


Tous les auteurs actuels s'accordent sur le fait que ce fenouil est de la même espèce que le fenouil commun, c'est-à-dire Foeniculum vulgare. 


Néanmoins certains auteurs ne reconnaissent pas les variétés dulce et azoricum.
 
Il existe plusieurs cultivars de cette espèce.

Les principaux types commercialisés sont :
le Selma, l’Orbite, l’Astra, le Rondo, le Victori, le Solaris … 


 



 

Les fenouils sont les bienvenus dans les oliveraies car leurs parasites sont victimes de parasitoïdes qui attaquent aussi la mouche de l'olive.


Le fenouil ne fait pas bon ménage avec les tomates, la coriandre, les fèves ou auprès d'autres ombellifères.


En association avec la menthe ou la sauge, il protège des chenilles et des papillons.  
 


 

 

Fenouil des Alpes - Meum athamanticum

Fenouil de montagne, cerfeuil des Alpes, est plante herbacée vivace glabre, à odeur forte et pénétrante, rappelant le fenouil, de la famille des Apiacées. 

Elle forme une grosse touffe de 40 à 50 cm de haut. Les tiges sont creuses et striées. Les feuilles très finement divisées en lanières fines, capillaires, paraissant verticillées.

Elle est cultivée comme plante ornementale ou comme plante condimentaire pour ses feuilles aromatiques.

Les fleurs blanc crème, petites sont regroupées en ombelles composées 


 

 

 

Fenouil aquatique - Oenanthe aquatica 

L'œnanthe aquatique est une plante herbacée, toxique, de la famille des Apiaceae et du genre Oenanthe. 

Cette plante qui évoque un fenouil qui serait aquatique a une floraison annuelle ou pérenne. 

Comme beaucoup de plantes semi-aquatiques, elle présente deux types de feuilles très différents : les feuilles submergées sont finement divisées, ce qui n'est pas le cas des feuilles aériennes. La base de la tige atteint jusqu'à 8 cm d'épaisseur en raison de sa croissance primaire. La racine principale épaisse est à vie courte, rapidement remplacée par des racines fines, touffues ou en forme de pousses.

Les fleurs, produites de juin à septembre, produisent un nectar qui a une odeur légèrement vineuse.

Les schizocarpes sont facilement propagées par l'eau, mais une multiplication végétative existe aussi.


 

 

 

Fenouil marin - Crithmum maritimum

La Criste marine, Crithme, Fenouil marin, Casse-pierre ou Perce-pierre est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Apiacées (Ombellifères).

C'est une plante charnue, glauque et glabre, à port buissonnant. La souche est rampante. Les tiges sont aériennes, ligneuses à la base, dressées, striées ou ascendantes et flexueuses. Les racines puissantes et profondes sont rhizomateuses. 

Ce rhizome rampant plus ou moins lignifié favorise la multiplication végétative (lorsque ses parties anciennes sèchent, elles libèrent des rameaux qui donnent alors naissance à de nouvelles tiges) et l'insertion profonde dans la moindre anfractuosité. 

Les feuilles succulentes sont non dentées et divisées en segments linéaires à lancéolés. Ces feuille alternes sont comestibles, elles ont un goût anisé proche de la carotte ou du fenouil.


 

 

 

Fenouil des porcs - Peucedanum officinale

Peucédan officinal, du grec ancien "πευκέδανον, peukédanon" nom utilisé par Théophraste pour le Fenouil des porcs /


est une espèce de plantes herbacées vivaces de la famille des Apiaceae et du genre Peucedanum. Elle croît en Europe occidentale.


L'espèce est appelée "Peucédan", nom vernaculaire qui peut néanmoins être appliqué à d'autres espèces du genre.

Le nom "Peucédan officinal" ne devrait être donné qu'à la sous-espèce type Peucedanum officinale subsp. officinale.

Elle est aussi appelée "Fenouil de porc", mais n'est pas comestible.

C'est une espèce protégée, notamment en France. 


Scribonius Largus rapporte que le fait de porter du peucédan à sa ceinture permet d'éloigner les serpents (Compositiones, CLXIII).


 

 

 

Etymologie du fenouil

 


Le nom de fenouil vient du latin : 

Foeniculum - fenuculum signifiant "petit foin".

- diminutif du latin fenum, foin, parce que l'aspect des feuilles de fenouil, divisées en fines lanières, rappelle un peu le foin.

Ancien français : fenerele

Francoprovençal : fanè masculin

Italien : finocchio  masculin

Espagnol : hinojo  masculin

Allemand : Fenchel masculin

Anglais : fennel 

Grec : μάραθος  mلrathos masculin

Hébreu : שמיר (he)


 

 

 

 

Fenouil dans la Bible

 

 

Matthieu 23:23 


"Vous donnez à Dieu le dixième de plantes

 

comme la menthe, le fenouil et le cumin,


mais vous négligez les enseignements


les plus importants de la loi,


tels que la justice, la bonté et la fidélité:


c'est pourtant là ce qu'il fallait pratiquer,


sans négliger le reste".


 

 

 

Mythologie grecque

 

Dans la mythologie, le fenouil était une nourriture des Dieux et quiconque en consommait pouvait accéder à la connaissance. Il est devenu symbole de victoire lorsque les grecs remportèrent un marathon face aux perses, dans un champ de fenouil.
 


 

Sans le feu, impossible de cuire les aliments, impossible de s'éclairer lorsque la nuit a jeté son manteau bleu sur la terre, impossible de se réchauffer durant les froides journées d'hiver, et impossible de forger les métaux.


Prométhée se rendit aussitôt chez Athéna et la pria de le faire entrer secrètement dans l'Olympe, ce qu'elle lui accorda. Aussitôt qu'il y fut parvenu, il alluma une torche au char de feu du Soleil et il en détacha un morceau de braise incandescente qu'il glissa dans la tige creuse d'un fenouil géant. Puis, éteignant sa torche, il s'enfuit sans être aperçu pour revenir sur la terre.


 

 

 

Le fenouil se plaît en outre là où prospère la vigne. Le dieu grec Sabazios, dont l’emblème principal est le serpent, divinité à laquelle on rendait un culte, entretenait des mystères auxquels les adeptes se rendaient parés de peuplier blanc et de fenouil. 

 

Dionysos est particulièrement associé à la vigne, mais, alors que vient le printemps, il se couronne de fenouil, ainsi que ceux qui lui rendent un culte, portant sur eux la plante "qui rend les yeux brillants".


 


 

 

Mythologie romaine

 


Dans la civilisation romaine, c'était la plante sacrée de Bacchus. Un grand pied de fenouil, représentant un symbole phallique, fut son emblème durant les bacchanales.


 

 

 

Il y a 5000 ans

 


Le fenouil était apprécié à l'époque des pharaons et est fréquemment nommé dans des papyrus  Egyptiens vieux de près de 5000 ans, de même que sur des tablettes mésopotamiennes (Babylone, Assyrie…).
 

 

 

XVI° siècle av. J.C. - VI° siècle av. J.C.

 


Le papyrus Ebers est l'un des plus anciens traités médicaux connus : il est daté du XVIᵉ siècle av. J.-C., pendant le règne d'Amenhotep Iᵉʳ.

Une des conséquences les plus spectaculaires de la révélation du papyrus Ebers fut de donner une idée de la variété de la pharmacopée égyptienne ; ce papyrus indiquait à lui seul, la composition de 900 remèdes. Elle accordait à certaines substances minérales des vertus thérapeutiques. 

Les plantes utilisées par le sounou étaient pour la plupart d’origine égyptienne, qu’elles soient endémiques ou acclimatées. Parmi d’autres plantes utilisées, citons le fenouil etc.

 


 

 

Hippocrate (vers 460 avant J.-C.-vers 377 av. J.-C.) médecin grec

Des Maladies des Femmes (livre I)

[66] (Distinction entre les ulcérations utérines qui proviennent de l'utérus même, et celles qui proviennent de l'état général du corps.) .

..."beaucoup de bains chauds, polenta, herbages bouillis tons au gras, poissons cartilagineux cuits avec des poireaux et de la coriandre dans de la saumure douce et de la graisse, mutes viandes bouillies, excepté le boeuf et la chèvre, très cuites, dans de l'aneth et du fenouil, vin couleur de miel, paillet, aqueux; en abondance, usage habituel du lait avec du vin doux".... 
 

 

 


La cuisine gauloise

est une cuisine traditionnelle protohistorique et antique, à base de produits du terroir issus de la Préhistoire gauloise, puis de l'Antiquité gallo-romaine.

Elle est l'ancêtre de la cuisine médiévale et de la cuisine française

"Le fenouil faisait partie des légumes de cette cuisine"

Table gauloise Archéodrome Beaune 48


 

 

 

 

Alimentation dans la Rome antique


Les aliments végétaux

La base de la nourriture est constituée de pain, apparu assez tard à Rome (III° siècle av. J.-C.) et fabriqué à la maison. Il est de même accompagné de légumes, surtout de chou, mais aussi de poireaux, de chicorée, de concombres. Ces plats de légumes sont relevés d'une combinaison d'arômes : menthe, ail, coriandre, céleri, aneth et fenouil.

Originaire du bassin méditerranéen. Des traces de fenouil en ont été retrouvées en Macédoine et en Grèce, en Egypte, en Turquie mais aussi en Chine. 

Le fenouil était populaire chez les Grecs et les Romains. Ils l’employaient pour ses vertus médicinales, notamment comme antidote contre les piqûres des scorpions ainsi que les morsures des serpents et des chiens. 
 

 

 

Marathon est un ancien dème de l'Attique situé entre le Pentélique et le Parnès, près de la ville moderne de Marathon.

Il est principalement connu pour un épisode de la première guerre médique en 490 av. J.-C. ayant opposé un débarquement perse  aux hoplites athéniens et platéens, qui remportèrent la victoire, ainsi que pour la légendaire course de Philippidès, qui a inspiré l'homonyme course d'athlétisme.

Le nom renvoie au fenouil, plante largement présente dans la plaine de Marathon.


Ainsi, le nom de la dème signifierait "endroit riche en fenouil". 

Les Héros de Marathon - Georges Rochegrosse 1859

 

 

 

IV° siècle - III° siècle

 

Théophraste (372 av.J.C.-288 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique. Élève d’Aristote, il est le premier scholarque du Lycée; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

Sur les plantes

livre 1

...."d'autres un arôme, comme celle du céleri, de l'aneth, du fenouil et des végétaux semblables. En un mot, toutes se comportent suivant la nature propre de chaque arbre, et on peut dire, en général, de chaque plante. En effet, tout végétal a un tempérament qui lui est propre et inné, et qui appartient naturellement aux fruits qui en dépendent; dans le suc de ceux-ci se révèle une certaine parenté [avec celui du végétal] qui n'est pas, sans doute, rigoureuse ni évidente, mais qui l'est dans les péricarpes. C'est pourquoi la nature du suc subit une maturation et une coction qui la purifie : il faut voir là, en quelque sorte la matière, d'un côté, et de l'autre, l'apparence et la forme."


 

 

 

I° siècle av. J.C.

 

Strabon (vers 63 av. J.-C.-23 ap. J.-C.). géographe et historien grec


III, 4 -

"La côte méditerranéenne de l'Ibérie et la Celtibérie

9. ...Cette route tantôt longe la mer et tantôt s'en écarte, mais cela surtout dans la partie occidentale de son parcours. Elle se dirige sur Tarracon depuis les Trophées de Pompée, en passant par la Plaine des Joncs, par Veteres et par la plaine Marathon, autrement dite en latin Foenicularius campus, à cause de la grande quantité de fenouil (marathon) qu'elle produit" ...
 

 

 

I° siècle

 


Columelle  (4-70 ap. J.C.) agronome romain de la première moitié du I° siècle de notre ère, 

De l'agriculture

L'économie rurale

Livre XI.

Octobre

De la manière de travailler les vins d'après les Grecs.

..."On rend, selon les Grecs, le vin agréable en y plongeant une quantité suffisante de fenouil ou de sarriette que l'on agite, ou en mettant dans un vase deux pignons provenant de deux pins différents, grillés et enveloppés d'un linge: on bouche ensuite le vase, et on boit le vin au bout de cinq jours"...


 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.- 79) écrivain et naturaliste romain du I° siècle.

Encyclopédie intitulée Histoire naturelle (Naturalis Historia),

Livre vingt

XCV. 

(1) Le fenouil (anethum feniculum, L. ) a été rendu célèbre par les serpents, qui, comme nous l'avons dit (VIII, 41), en mangent en quittant leur vieille peau, et s'éclaircissent la vue avec le suc de cette plante; ce qui fit comprendre que chez les hommes aussi ce suc était un remède excellent pour l'obscurcissement de la vue. On le recueille quand la tige commence à pousser des bourgeons. On le fait sécher au soleil, et on en fait des onctions avec le miel. Le fenouil se trouve partout. Le suc le plus estimé se prépare en Espagne avec  les larmes de la tige et avec la graine récente; il se tire aussi des racines incisées dès le premier bourgeonnement de la plante.


 


 

 

Pedanius Dioscoride (20/ 40 ap. J.-C.-vers 90 ap. J.-C ) médecin, pharmacologue et botaniste grec. 

Sur la matière médicale, III, 46.

Fenouil sauvage - Anethum foeniculum L. (Ombellifères)

"Il est grand. Il a la racine odoriférante, laquelle bue aide aux dilatations de vessie. Appliqué par-dessous il provoque le flux menstruel. La racine et la graine prises en breuvage serrent le ventre, aident aux morsures d'animaux venimeux, rompent les pierres et purgent l'épandue du fiel sur le corps. La décoction des feuilles bue engendre abondance de lait et purge les femmes après qu'elles ont rendu le fruit" 

Dans la Rome antique, il devient la nourriture des gladiateurs et ceux qui gagnent au combat sont couronnés de Fenouil


 

 

 

II° siècle

 

Athénée de Naucratis (vers 170-223 ap. J.C.) érudit et grammairien grec 

Le Livre ΙI des Deipnosophistes

Banquet des savans

On lit dans la Gastronomie d'Archestrate :

"Qu'on te serve des olives déjà ridées et drypepeis."

Hermippe dit :

"Pour se souvenir à jamais de Marathon avec plaisir, ils jettent tous du Maratrhon (fenouil) dans des halmades."

jeu de mot sur Marathon, nom de lieu célèbre, et sur "Marathron, an fenouil".


 

 

 

IV° siècle

 


Oribase (320-400) médecin grec du IVᵉ siècle de notre ère, notamment de l'empereur romain Julien. 

Collection Médicale

Livre IV

7. De la préparation des aliments.

(Tiré de Dieuchès.)

14. Afin que la blancheur du pain ne se trahisse pas, on peut mêler à cette préparation des graines de concombre torréfiées, des amandes, des pignons ou des sorbes; on ajoute à chacun de ces ingrédients, ou à plusieurs, ou à tous à la fois, de la graine d'aneth ou de fenouil ; on donne le tout dans de l'eau miellée aux fébricitants, dans de l'eau miellée et dans du vin à ceux qui ne le sont pas. 
 


 

 

VI° siècle, 

 


Alexandre de Tralles, médecin grec du VI° siècle :

"Le fenouil est capable de guérir les affections suivantes : le hoquet, les coliques néphrétiques, les maux d’estomac, la podagre (la goutte), l’hydropisie, et, bien sûr, les troubles oculaires",
 

 

 

VII° siècle

 


Paul d'Egine (620/630-680/690) médecin byzantin du VII° siècle

L'année alimentaire

par Le sophiste

Hérophile :

IL est bon de prendre, dès le matin, du vin vieux et odorant. 
...Les sauces, les fruits, les herbes à assaisonnements, et les autres légumes, comme dans le mois de janvier; ...ne point boire de décoctions quelconques, si ce n'est celle de porreau, de persil, de fenouil, d'ail ; et il en faut rehausser le goût. 

 

 

 

VIII° siècle

 


A l'époque carolingienne, le fenouil fait partie des plantes dont Charlemagne recommandait la culture dans le capitulaire de Villis.

fenicolum - Fenouil - Foeniculum vulgare - Apiacées


 

 

 

XI° siècle

 

 

Au XI° siècle,  les Gallois utilisaient le fenouil  comme remède pour les morsures de chiens enragés et de serpents.

 

 

Les marchands indiens et arabes se rendent en Chine par le détroit de la Sonde en décembre, et en repartent en mai, pour profiter des vents de mousson.

Les Javanais voyagent de façon complémentaire aux Moluques et aux îles Banda. En addition de la muscade, du girofle et du santal des îles aux épices, Java exporte aussi ses propres productions de fenouil etc...

 

 

Macer Floridus auteur de :

Des vertus des plantes - De viribus herbarum, 

poème didactique datant du dernier quart du XI° siècle 

Traduction de M. Louis Baudet

XVII. Le fenouil.

Le fenouil, que les Grecs appellent μάραθρον, a, suivant les médecins, une force de chaleur el de siccité du second degré. Avec du vin, cette herbe devient un antidote contre toutes sortes de poisons. Les serpents mangent du fenouil pour s'éclaircir la vue, ce qui a fait penser que son usage pouvait être utile aux yeux de l'homme, et c'est ce que l'expérience a confirmé. Le jus de la racine du fenouil, mêlé avec du miel, et employé comme fomentation, éclaircit en effet la vue ; et le suc de sa graine verte, séché au soleil, est un spécifique excellent contre toutes les maladies des yeux. Le suc de la plante, injecté dans l'oreille, tue les vers. Sa racine cuite dans de la tisane d'orge remédie aux douleurs des reins. Prise dans du vin, ene dissipe l'enflure de l'hydropisie, elle neutralise l'effet des morsures venimeuses, elle remédie aux affections du poumon et du foie, et rend le lait des femmes plus abondant. Une décoction de racines de fenouil dans du vin ou de l'eau, donne un breuvage qui remédie aux maladies des reins et de la vessie ; elle est diurétique ; elle facilite l'écoulement périodique du sang chez les femmes, et même, pour obtenir cet effet, il suffit de l'appliquer broyée sur l'os pubis. Prise avec du vin, elle apaise la nausée ; avec de l'eau, les inflammations d'estomac. Une décoction de racine de fenouil dans du vin, employée en fomentation, dissipe les affections du membre viril.·Elle.produit le même effet si on s'en frotte après l'avoir unie à de l'huile. Mêlée avec du vinaigre, et appliquée sur la partie malade, cette plante dissipe à l'instant l'enflure causée par toutes sortes de contusions. Sa graine, dans du vin, donne un breuvage aphrodisiaque. Une décoction semblable de sa graine ou de ses feuilles apaise les violentes douleurs du côté. On prétend que cette herbe a la vertu de rajeunir les serpents, et qu'elle est, par la même raison, salutaire aux vieillards.


 

 

 

XII° siècle

 


1176

Chrétien de Troyes écrivain, poète, romancier, et trouvère français, nommait le fenouil "fenoil"

 

 

Hildegarde de Bingen (1098-1179) moniale bénédictine allemande.

Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, 

Traduit du latin par Pierre Monat,

LE FENOUIL (Feniculum)
"Le fenouil contient une douce chaleur et sa nature n’est ni sèche ni froide. Mangé cru, il ne fait pas de mal à l’homme. Et, de quelque façon qu’on le mange, il rend le cœur joyeux ; il procure à l’homme une douce chaleur, une bonne sueur, et assure une bonne digestion. Sa graine est également de nature chaude et elle est bonne à la santé de l’homme si on ajoute à d’autres plantes dans les médicaments. 

Celui qui mange du fenouil ou de sa graine chaque jour à jeun diminue le flegme et la décomposition, adoucit l’odeur de son haleine, et s’assure une bonne vue grâce à sa bonne chaleur et à ses bonnes propriétés.

Celui qui ne peut trouver le sommeil à cause de quelque contrariété peut, à condition que l’on soit en été, faire cuire du fenouil et deux fois autant de millefeuille : retirer l’eau et placer ces herbes encore chaudes sur le front et la tête, puis mettre un linge par-dessus. On peut prendre aussi de la sauge verte, la mouiller avec un peu de vin et la placer ainsi sur son cœur et autour de son cou : on connaitra ainsi le soulagement du sommeil. Si c’est l’hiver, faire cuire dans de l’eau de la graine de fenouil et de la racine de millefeuille : mettre autour de la tête, comme il est dit plus haut ; mettre également sur le cœur et le cou de la sauge pilée et attendrie dans un peu de vin. On se portera mieux. 

Lorsqu’on a les yeux vairs, s’ils sont troublés par une sorte de brouillard et qu’on en souffre, si cette douleur est encore récente, piler du fenouil, ou de la graine, recueillir le suc, ainsi que la petite goutte qu’on trouvera sur la graine ; prendre un peu de farine, et faire des emplâtres qu’on mettra la nuit sur les yeux, en les recouvrant avec un linge. Et ainsi, on ira mieux.

Si on a les yeux semblables à un nuage de tempête, et qu’ils ne sont ni complètement enflammés ni complètement purulents, mais un peu glauques, embrumés et douloureux, piler du fenouil, si on est en été, et, si c’est l’hiver, piler de la graine de fenouil. Incorporer à un blanc d’œuf bien battu, et, au coucher, mettre le tout sur les yeux : cela éclaircit la vue. 

Si on ressent une douleur violente à la suite d’un écoulement venu des narines, prendre du fenouil et quatre fois autant d’aneth. Mettre à chauffer sur une tuile ou sur une brique chauffée au feu, qu’on saupoudrera de ce mélange, de façon à provoquer un dégagement de fumée. Il faut aspirer cette fumée par le nez et par la bouche, puis manger avec du pain les herbes ainsi chauffées. Répéter pendant quatre ou cinq jours, pour que ces humeurs effluentes quittent lentement le malade.

Si on a l’humeur mauvaise dans un estomac malade, prendre du fenouil et un peu plus d’ortie, et de la livèche, deux fois autant que des deux premières plantes : avec un peu de farine ou un peu de pain, en faire un plat qu’on mangera souvent : cela fait disparaître l’humeur de l’estomac malade. 

Si quelqu’un est atteint de mélancolie, piler du fenouil pour en extraire le suc, et en frotter souvent les tempes, la poitrine, l’estomac : la mélancolie disparaîtra.

Si on a mangé des viandes rôties ou des poissons rôtis ou quelque autre aliment rôti et qu’on s’en trouve mal, manger aussitôt du fenouil ou de la graine de fenouil, et on aura moins mal.

S’il arrive qu’à cause des mauvaises humeurs une tumeur mauvaise se développe sur les parties viriles et provoque de la douleur, prendre du fenouil et autant de fenugrec, et un peu de beurre ; piler le tout, le placer sur la tumeur et les mauvaises humeurs seront chassées. Puis prendre de ces grains avec lesquels on fabrique la cervoise, les chauffer modérément dans de l’eau et les placer sur la tumeur. 

Si une femme souffre beaucoup au cours d’un accouchement, faire cuire dans de l’eau, lentement et avec précaution, des herbes parfumées comme le fenouil et l’asaret ; rejeter l’eau et mettre les herbes encore chaudes autour de ses cuisses et sur son dos ; les entourer d’un linge avec précaution pour que la douleur disparaisse et que son ventre s’ouvre plus facilement et de façon moins douloureuse. 

On peut également prendre de la graine de fenouil, une part, puis une demi-part de galanga, un quart de dictame et un huitième de piloselle ; réduire le tout en poudre et faire un nouet : un petit moment après le repas, tremper dans du vin chaud, mais non bouillant, et boire le vin. Cette préparation conserve en bonne santé celui qui l’est déjà et réconforte celui qui est affaibli ; elle facilite la digestion et donne des forces ; elle donne au visage une belle et bonne coloration ; elle convient à n’importe qui, sain ou malade, lorsqu’elle est prise après le repas. 

Enfin, si les moutons commencent à être malades, prendre du fenouil et un peu d’aneth, mettre dans de l’eau pour que celle-ci prenne leur saveur, et donne à boire aux moutons."


 

 

 

Au Moyen Age le Fenouil était reconnu comme anti-venin faisant partie de la thériaque.

Cette association du Fenouil à des bienfaits d'anti-venin vient d'observations anciennes où le serpent sortant de son hivernage, vient se débarrasser de sa vieille peau, qui le rend aveugle, par le suc du Fenouil, lui permettant de muer au printemps.

 

 

 

Au XIII° siècle 

 


Le fenouil était prisé pour ses vertus médicinales et comme condiment.


Saint Albert le Grand (1200-1280) frère dominicain, philosophe, théologien, naturaliste et chimiste allemand. Évêque, professeur de renom au XIII° siècle. Le plus célèbre de ses disciples est saint Thomas d'Aquin.


 

 

 

1230

Le Roman de la Rose

Oeuvre poètique médiévale française

Roman de Guillaume de Lorris et Jean de Meung

"...Lors m'en alai tout droit à destre

Par une petite sente

Plaine de fenoil et de mente"...

 

 

 

L’abbé Matthieu de Vendôme (1258-1286) conseiller de saint Louis 

à propos du fenouil :

"Le riche fenouil se crispe en son parfum, avec lequel on castoie le mal spirituel ". (castoier : châtier)
 

 

 

XVI° siècle

 


Hieronymus Brunschwig, Jérôme Brunschwig (vers 1450-1512) apothicaire et chirurgien alsacien, germanophone.

le Liber de arte distillandi de simplicibus. (de 1500),

L'huile de fenouil a été utilisée comme remède dès le XVI° siècle et sa préparation est décrite dans les traités sur l'art de la distillation


 

 

 

François Rabelais (1483 ou en 1494/1553) écrivain français humaniste de la Renaissance. 

Gargantua (chap. 13), 

Le "torchecul"
Que le feu Saint-Antoine brûle le trou du cul à l’orfèvre qui les a faites et à la demoiselle qui les portait...
...
"Puis je me torchai avec de la sauge, du fenouil, de l’aneth, de la marjolaine, des roses, des feuilles de courges, de choux, de bettes, de vigne, de guimauve, de bouillon-blanc (c’est l’écarlate au cul), etc....., mais j’en caguai du sang comme un Lombard, ce dont je fus guéri en me torchant avec ma braguette."

Gargantua (chap. 24) 

Gargantua - Illustration de Gustave Dore (1832-1883)


 

 

 

XVI° siècle

 

En France les variétés à bulbe sont introduites au XVI° siècle. 

 

 

Illustrations de Commentaires de M. Pierre André Matthiole, médecin Senois, sur les six livres de Ped. Dioscoride anazarbeen de la matière médicinale ; 

Mattioli, Pierandrea (1500-1577). Auteur du texte
 

Mythologie des épices, Aromates et condiments - Le Fenouil - Foeniculum vulgare

 

 

XVII° siècle

 

 

Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654) essayiste et polémiste français considéré comme le père de l'âge classique des lettres. 

"...Tu n'es guère moins sobre que moi ... qui me nourrirais volontiers de fenouil et de cure-dents"...
 


 

 

Le fenouil  a commencé à être connu en France grâce au jardinier d’Henri IV et de Louis XIII qui l’a acclimaté aux potagers royaux. 


Déjà très populaire dans le sud de l’Europe, il est cultivé dans le nord de la France et aux Pays-Bas à partir de la fin du XVIIe siècle. On peut encore le trouver à l’état sauvage sur les côtes méditerranéennes.


 

 

 

1690

Dictionnaire Universel De Furetière

Définition ancienne de fenouil subst. masc.

"Plante & graine qui porte l'anis : en Latin feniculum, marathrum. il y a une espece de fenouil sauvage qu'on appelle feniculum erraticum. Pline dit que le serpent a monstré les vertus du fenouil, parce qu'il despouille sa vieille peau aprés en avoir mangé."
 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806. Il commence le 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792),  mais n'entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Le mois de fructidor est le douzième et dernier mois du calendrier républicain correspondant, à quelques jours près (selon l'année), à la période allant du 18 août au 16 septembre. Il suit le mois de thermidor et précède le mois de vendémiaire de l'année calendaire suivante.


Le 12 fructidor, officiellement dénommé jour du fenouil, est le 342e jour de l'année du calendrier républicain.

C'était généralement le 29e jour du mois d'août dans le calendrier grégorien.


Le Soleil correspond au Signe de la Vierge 

En voyant ces beaux fruits que donnoit l'âge d'or 

Unissons tous nos voeux pour le retour d'Astrée 

Cet âge si vanté chez nous revit encor 

Quand THEMIS & la PAIX se partagent l'Année
 

Mythologie des épices, Aromates et condiments - Le Fenouil - Foeniculum vulgare

 

 

Alphonse Karr (1808-1890) romancier et journaliste français.

"Les médecins ont pendant longtemps appliqué sur les blessures faites par les chiens enragés, la racine du fenouil broyée avec du miel."
 

 

 

1831

Le cuisinier royal ou l'art de faire la cuisine

A. Viard

"Potages... : 
à la Polacre... vous ferez bouillir du bon bouillon dans lequel vous mettrez une poignée de fenouil haché. "

 

 

 

1838

Stendhal (1783-1842) écrivain français

Mémoires d'un touriste - tome 2

"Base renflée des pétioles du fenouil doux, qui est servi dans une salade ou cuit comme légume. Fenouil à la grecque, au jus, au gratin. Des plantes de fenouil; cela ressemble au céleri; nous en avons fait une salade." 
 

 

 

1841

Henri-Auguste Barbier (1805-1882) poète français, 

Westminster

...Que le fenouil sauvage arraché par la mer,

Et le flot écumeux que la vieille nature

Autour de l’Angleterre a roulé pour ceinture...
 


 

 

Émile Zola (1840-1902) écrivain français

"Le long de la route, à droite, à gauche, il n'y avait toujours que de grands chardons séchés, des fenouils géants aux ombelles jaunes.

Elle prit même deux grands fenouils, qu'elle jeta sur ses épaules, ainsi que deux arbres."
 

 

 

Jean Moréas (1856-1910) poète symboliste grec d'expression française.

 

Une jeune fille parle

...
Les fenouils m’ont dit : Il t’aime si

Follement qu’il est à ta merci ;

Pour son revenir va t’apprêter.

— Les fenouils ne savent que flatter !

Dieu ait pitié de mon âme.
...
 

Mythologie des épices, Aromates et condiments - Le Fenouil - Foeniculum vulgare

 

 

Paul de Saint-Victor (1827-1881) essayiste et critique littéraire français


Les deux masques : tragédie,

"Le jour, menant par les rues cette brillante troupe d'énergumènes couronnés de fenouil et de peuplier, pressant dans tes mains des serpents joufflus, et les élevant sur ta tête, tu vociférais à pleins poumons : Evohé ! Suboè !  ..."
 

 

 

1870

Jean-François Stiévenart (1794-1860) auteur

Œuvres complètes

Démosthène

"Tu faisais gloire de hurler mieux que personne, et je le crois : avec une aussi forte voix, on doit primer par l’éclat des hurlements ! Le jour, menant par les rues cette brillante troupe de fanatiques couronnés de fenouil et de peuplier, pressant des serpents et les élevant au-dessus de ta tête, tu vociférais, Evoè Saboë, et tu dansais en chantant, Hyès Attès, Attès Hyès..."
 

 

 

Remy de Gourmont (1858-1915) écrivain français


Les cheveux

...

Tu sens le fenouil et l'anis ;

Tu sens les noix, tu sens les fruits

Qui sont bien mûrs et que l'on cueille ;

...
 


 

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920)  écrivain et poète français


 

L'immortelle, et l'oeillet de mer

 

L'immortelle, et l'oeillet de mer

Qui pousse dans le sable,

La pervenche trop périssable,

Ou ce fenouil amer

 

Qui craquait sous la dent des chèvres

Ne vous en souvient-il,

Ni de la brise au sel subtil

Qui nous brûlait aux lèvres ?


 

 

 

1873

Alphonse Daudet (1840-1897) écrivain et auteur dramatique français 

Les trois messes basses, dans Contes du lundi, 1873, 

...Et ces merveilleux poissons dont parlait Garrigou (ah ! bien oui, Garrigou !) étalés sur un lit de fenouil, l’écaille nacrée comme s’ils sortaient de l’eau... — 
 

 

 

1879

Léon Cladel (1835-1892) auteur 

Ompdrailles, le tombeau des lutteurs 

...Les gradins feutrés de mousse et de fenouil, encore humides de la rosée des champs ...
 

 

 

1884

Joris-Karl Huysmans (1848-1907) écrivain et critique d'art français. 

A rebours

...Le fenouil qui, posé sur la poitrine d'une femme, clarifie ses eaux et stimule l'indolence de ses périodes ...
 

 

 

1890

Pierre Loti (1850-1923) écrivain et officier de marine français.

Le Roman d'un Enfant

 ...Je m'aplatis bien vite au ras du sol, sous les herbages et les fines branches fenouillées des asperges... 
 

 

 

1893

Fenouil (Foeniculum Vulgare) 

Chromo-Lithographie 


 

 

 

1897 

Franz Eugen Köhler,

Médizinal-Pflanzen de Köhler

Foeniculum vulgare.


 

 

 

Angelo De Gubernatis (1840-1913) ethnologue, philologue, orientaliste, historien de la littérature et dramaturge italien.


Mythologie des plantes

Les Légendes du règne végétal

Tome second 

Fenouiz (Anoethum foeniculum). — Une légende de la Grande Grèce attribuait le nom Sicyone (Sikyon) à un héros appelé Sikyon, personnification du concombre, que l’on disait fils de Marathron, personnification du fenouil. La signification infâme que l’on attribue au mot finocchio, dans le langage plébéien des Florentins, remonte probablement à une équivoque du langage latin sur le mot foeniculum, prononcé de même que feniculum. La mythologie, pour le moins, n’est aucunement responsable de ces débauches du langage populaire qui accusent des mœurs dégradantes. 

D’après Macer Floridus” :

Cum vino cunctis obstat haec herba venenis;

Hac morsa, serpens oculos caligine purgat,

Indeque compertum est humanis posse mederi

Ilam luminibus, atque experiendo probatum.

— Urinas purgat et menstrua sumpta resolvit,

Vel si trita super pecten haec herba ligetur.

— Tradunt auctores ejus juvenescere qustu

Serpentes, et ob hoc senibus prodesse putatur. 

Morsibus illarum cum vino sumpta medetur. 
 


 

L'utilisation des bulbes n'est attestée dans les livres de recette qu'à la fin du XIX° siècle.

À la fin du XIX° siècle, selon le Codex 7, le fenouil faisait partie de la formule légale de la thériaque 

Fruits de fenouil : 20 grammes

 Pot à Thériaque du XVIII° siècle (Hospice de Beaune Cote-d'Or)

 


 

XX° siècle

 

Poésie

Fenouil est un poème de François Le Lionnais de l'Oulipo (1901-1984), il ne contient que le mot  "Fenouil".
 

 

 

1910

Tristan Derème, de son vrai nom Philippe Huc, né le 13 février 1889 à Marmande et mort le 24 octobre 1941 à Oloron-Sainte-Marie, est un poète français, connu également sous les pseudonymes : Théodore Decalandre et Philippe Raubert.


Petits poèmes

XIV

Dans l’odeur des œillets, du fenouil et du buis,

sur le vallon qui dort à la fraîcheur du puits,

ce sera, sous le toit rouge que l’aube mouille,

la maison blanche comme un ventre de grenouille,

 


 

 

 

Ses qualités gustatives sont vantées par Auguste Escoffier dans les années 1920, mais la population française ne commence à en consommer significativement qu'à partir des années 1950

 

 

1946

Les Herbes de la Saint-Jean. 

M. Coquillat

Publications de la Société Linnéenne de Lyon  Année 1946 

copie 


 

 

 

1958

Marcel Pagnol (1895-1974) écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français

Le château de ma mère, 1958, 

...Souvent, les bras croisés, adossé contre un pin, et mordillant une ombelle de fenouil, il me disait gravement : "Raconte-moi encore les bartavelles ...— 
 

 

 

1960

Marcel Pagnol

Le temps des secrets, 1960,

"Tâche aussi de trouver des fenouils, mais moins gros que ceux de la dernière fois. Ils étaient durs comme des roseaux, et secs comme une canne à pêche. Il m’ont servi à allumer le feu !" — 
 


 

 

En Italie le fenouil était sensible à la photopériode, il montait facilement en graines dans les régions plus au nord. 


Puis, cette situation a changé dans les années 1970, après qu’on ait sélectionné des variétés tolérant les jours plus longs des étés nordiques. 


Depuis, sa culture s’est répandue tant aux États-Unis que dans le nord de l’Europe et au Royaume-Uni. L’Italie demeure le pays où on en consomme, produit et exporte le plus.


 

 

 

Audiovisuel

Le combat au fenouil est évoqué dans l'épisode Unagi IV du livre IV de la série télévisée Kaamelott.


 


 

 

Symbole du fenouil


Dans la mythologie grecque, le fenouil était un symbole 

- de résurrection et de victoire. 
 


 

 

Mythes et légendes du fenouil


- Foeniculum vulgare était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche mais également aphrodisiaque.

- En Italie, au Moyen âge, il était considéré comme une plante permettant de repousser les démons et esprits : le Fenouil était alors accroché aux demeures de certains paysans voire à l'intérieur des serrures.

- Le Fenouil avait le don de seconde vue. - 

- Certains racontent que les serpents mangent le Fenouil pour acquérir le pouvoir de se rajeunir en changeant périodiquement de peau.

- A Marseille, on dit qu’il faut cueillir le fenouil à la Saint-Michel, le 29 septembre. Car ramassé ce jour-là, il se conservera toute l'année sans perdre son parfum, ni "prendre les bêtes".


 

 

 

Utilisation du fenouil

 


. Le fenouil est reconnu pour sa saveur qui rappelle la réglisse. 


. La partie du fenouil que l’on consomme le plus fréquemment est son bulbe, base ronde et charnue. 

. Le bulbe est surmonté de tiges vertes qui portent des feuilles aromatiques et plumeuses.

. Les tiges sont comestibles, mais plutôt coriaces. À ajouter aux bouillons et soupes en tant qu’aromate.

. Les feuilles peuvent être utilisées comme des fines herbes. pour garnir les plats et les salades.

. Le fenouil est à la fois un légume et une épice: en effet, les graines du plant de fenouil sont utilisées pour parfumer la préparation de pains, de farces, de chou et de saucisses.

 

 

Usage culinaire

 

C'est un légume dont toutes les parties, racines, feuilles et graines, sont comestibles. Son goût est proche de celui de l'anis. Il est souvent associé aux poissons...

On peut le consommer cru ou cuit.

Les graines de fenouil (en graines ou poudre) utilisées comme épice ou aromate, parfument un court-bouillon, mais aussi certains pains et pâtisseries, (le fenouil entre dans la composition du mélange aux cinq parfums).

 

 

 

Le fenouil entre également dans la fabrication d'apéritifs comme le Pastis ou l'absinthe, de liqueurs, conservateurs ou aromates d'usage domestique.

Pour le pastis, ce sont l’anis vert et le fenouil. Les composants chimiques de ces deux plantes présentent des vertus médicinales, mais ils assurent aussi sa saveur.

 

 

Usage en phytothérapie


Le fenouil est utilisé en herboristerie et phytothérapie

Parties utilisées : racine et fruits

Formes : huile, poudre, infusion, thé


Propriétés : 

- Antispasmodique, Stomachique (On l'utilise donc en cas d'aérophagie, ballonnement, digestion difficile, nausée, maux d'estomac...), Tonique, Apéritive et carminative, Diurétique, Expectorante, Anti-inflammatoire, Anti-infectieux et Antifongique.

- C'est une des quatre semences chaudes des anciens.

- Les fruits amers sont parfois utilisés comme expectorants dans des tisanes ou des sirops antitussifs, ou comme décontractants ou carminatifs dans différents médicaments.

- Son huile a également la réputation d'être galactogène.

 

 

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16 avril 2024 2 16 /04 /avril /2024 22:15

 

 

 

Mythologie des épices,
Aromates et condiments


L'Estragon - Artemisia dracunculus

 

 

Originaire  des steppes d'Asie Centrale, l’Estragon, (Artemisia dracunculus) ;  Armoise âcre ; Armoise digestive ; Armoise estragon ; Arragone, Dragon ; Dragonne ; Estragon français ; Estrôon vrai ; Fargon ; Gardon ; Herbe aux dragons ;  Herbe-dragon ; Herbe aux serpents ; Petit serpent ; Serpentine ; Tarcon ; Tarchon ; Targon ; Tarragon ; Tragoun ; Trason.


est une plante herbacée vivace semi-persistante de la famille des Astéracées (Composées) que l'on rencontre dans la plupart des pays d'Eurasie et d'Amérique du Nord. 


L'estragon doit son odeur anisée à la présence d'estragol, un composé de la famille des phénylpropènes.


Cette plante à usage condimentaire est couramment cultivée pour ses feuilles parfumées. On l'utilise également pour ses propriétés médicinales. Très apprécié en cuisine pour sa saveur anisée, l’estragon fait partie des fines herbes essentielles au jardin. Cette plante aromatique est très facile à cultiver en pot comme en pleine terre !

 

L'estragon (Artemisia dracunculus var. sativa), produit très peu de fleurs, et il ne se reproduit pratiquement que par bouturage. 


 

 

Cette plante a de nombreuses tiges très ramifiées. Les feuilles, étroites, lisses et brillantes, de couleur vert foncé, disparaissent pendant l'hiver.


 

 

Les fleurs jaune verdâtre, assez rares, sont généralement stériles. Sa multiplication se fait par division des touffes au printemps. 

 

 

 

Variétés

 


L'estragon de Russie, Artemisia dracunculus var. inodora ou var. dracunculoides ayant moins de saveur, reste moins apprécié en cuisine. 


Pouvant être invasif, dracunculoides résiste bien mieux aux hivers rigoureux de Russie ou du Canada.


C'est une plante plus grande (jusqu'à 1,6 m), à fleurs fertiles, à feuilles vert grisâtre, mates, et couvertes de poils. 


Il est plus facile à multiplier, car il produit des graines fertiles, couramment vendues dans le commerce pour des semis. 


 


 

 

Étymologie de l'estragon

 


L’estragon porte les surnoms de dragon et de serpentine.


A l'époque de Dioscoride l'estragon n'était pas connu, on pensait que "l’herbe dragonne" était  capable de venir à bout des morsures de serpents.


Au XI° siècle Avicenne reprenait cette légende. Le nom tarchon venant de ses ouvrages marquant l’origine arabe du nom estragon, qui serait issu de tarkhum signifiant "petit dragon". 


Cette équivoque remonte certainement à Pline qui désignait l'estragon par dracunculus, qu’on traduirait par "petit dragon", en rapport avec un autre, plus gros, "drakontia", transposé en tharchoûm, puis tarkhoum en langue arabe, targon et enfin tarcon au XIII°siècle.  C'est de cette façon que Ibn Al-Baytar et Simon Januensis parlaient de l'estragon.


Dracunculus, dont le nom est encore employé dans des désignations botaniques, comme celles de la serpentaire et de l’estragon, désigne la "couleuvrée", dont le nom déjà évocateur est attribué à plusieurs plantes dont les tiges possèdent des propriétés attribuables au serpent. 


La forme serpentine de la racine de l'estragon faisait croire aux herboristes qu'il pouvait guérir les morsures d'animaux venimeux, selon la théorie des signatures. 


Le terme dracunculus (dragon, en latin) vient de la similitude de sa racine avec ce monstre. On croyait que les plantes dont les racines avaient cette forme guérissaient les piqûres d'animaux vénéneux.


Du grec  : drakon (dragon), 

Du latin : draconem (dans la signification de dracunculus, nom que les botanistes lui ont appliqué)

Du latin : dracunculus (petit dragon)

Proche de l'arabe : ṭarẖūn  ; at-tarkhûn ; Tarkhuun (petit dragon) 

Introduit en Espagne par les arabes sous le nom de "tharkoum"

Les formes taragona, targone, ancien français tragem.  

Du latin médiéval : tarcon, tarhon, tarchon, autelcon, tragon, tragum , dragon , dragum.

Anglais : tarragon 

Espagnol : taragona 

Italien : taegone ; dragoncello  ; estragone ; dragonella

Portugais : estragão


 

 

 

Mythologie de l'estragon

 


La forme serpentine de la racine de l’estragon faisait croire aux herboristes qu’il pouvait guérir les morsures d’animaux venimeux, selon la théorie des signatures.

 

Artemisia dracunculus (l'estragon) doit son nom à Artémis, la déesse de la Chasse dans la mythologie grecque, associée à la lune et aux animaux sauvages et qui protégeait les femmes, notamment les jeunes femmes vierges, elle-même étant une déesse vierge.



 

 

 

I° siècle

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79) écrivain et naturaliste romain du I° siècle

Histoire naturelle,

Tome second - Livre  XXIV

XCIII. 1. La plante que j'ai appelée dracunculus (XXIV, 91) se tire de terre dans le temps où l'orge mûrit, et au croissant de la lune. Il suffit d'en avoir sur soi pour que les serpents prennent la fuite. Aussi dit-on que le grand dracunculus en boisson est utile à ceux qui ont été mordus par ces reptiles; on dit encore qu'il arrête le flux menstruel, s'il n'a point été touché par le fer. Le suc en est bon dans les douleurs d'oreilles.


Pline  désignait par dracunculus "petit dragon", un autre, plus gros, drakontia, 

Dioscoride, quant à lui donne une description du "drakontia" qui peut désigner soit le Dracunculus vulgaris soit un gouet (Arum italicum ou Arum maculatum). Ces plantes sont efficaces pour traiter les polypes dans le nez, les spasmes, la toux, les fractures, les catarrhes, etc.


XI° siècle
Ibn Sina connu en Occident sous le nom d'Avicenne (980-1037), philosophe et médecin persan dans :
  "Canon de la médecine" 
conseille 
"l' estragon contre les morsures de vipères et contre le choléra et la peste." 
 

 

VIII° siècle

 

 

Le Capitulaire de Villis mentionne la présence d’une plante étiquetée dragontea offrant, par son nom du moins, des similitudes avec l’herbe dragon.

dragantea - Estragon - Artemisia dracunculus - Asteracées

 

Selon "Explication du Capitulaire de Willis"

Benjamin Guérard

Bibliothèque de l'École des chartes, 

Troisième série, Vol. 4 (1853), pages 546 à 572

dragontea
..."Mais je trouve, dans un manuscrit du quatorzième siècle, un moyen assuré de résoudre la question. L'article sur le dragontea est à la vérité dépourvu , comme presque tous ceux qui concernent les autres plantes, de la description des caractères botaniques; mais il est accompagné d'une figure coloriée assez bonne pour le temps. Or, cette figure ne ressemble en rien à l'estragon, tandis qu'elle ressemble très-bien à la serpentaire, arum dracunculus, de Linné, tel qu'elle est dessinée dans l'ouvrage de Weinmann. De plus on lit dans le texte : Serpentaria calida est et sicca; alio nomineriña . Le dragontea est donc non pas l'estragon, mais la serpentaire, comme Anton l'avait déjà reconnu.

 


 

 

XI° siècle

 


Ibn Sina connu en Occident sous le nom d'Avicenne (980-1037), philosophe et médecin persan dans :

"Canon de la médecine" 

conseille 

"l'estragon contre les morsures de vipères et contre le choléra et la peste." 


 

 

XV° siècle

 

 

L’estragon existe à l’état sauvage à l’ouest de l’Amérique septentrionale (Alaska).

 

On ignore la période exacte où  l'estragon sous la forme "artemisia dracunculus" est arrivée en Europe.

Certaines sources assurent qu’il aurait été ramené par les croisés au Moyen-Âge, d’autres préfèrent penser que c’est au 10ème siècle, lors des invasions Mongols qu’il fut introduit. 
 


Toutefois, il serait identifié au XV°-XVI° siècle dans différents ouvrages illustrés.


En France, les moines ont commencé à cette période, à le cultiver pour ses qualités médicinales et aromatiques. 

 

Jean Ruel (1474-1537) botaniste et médecin français 

dans le De natura stirpium, indique :

"c’est une des salades les plus agréables qui n’a besoin ni de sel ni de vinaigre, car elle possède le goût de ces deux condiments" 
 


 

XVI° siècle

 

En 1539 l'estragon est attesté sous le nom de targon 


François Rabelais (1483 ou en 1494-1553) écrivain français humaniste de la Renaissance.

..."Herbes vénériques comme… estragon"...

Pantagruel


 


 

 

Le botaniste Rembert Dodoens rend compte d’une plante que Charles de L’Écluse traduit directement par dragon dans :


L’Histoire des plantes  1557, p. 433

Que ce soit dans la description textuelle et dans l’illustration de la plante, "le dragon" se rapproche de l’estragon, Artemisia dracunculus L., par ses feuilles fines longues et sombres, ses inflorescences petites et rondes en bout de tige. 

La description de la plante contient des traits caractéristiques des créatures dragonesques : les racines se traînent le long de la terre, les feuilles sont longues et étroites, avec un goût qui laisse une sensation de brûlure.

De plus, le chapitre du dragon indique que la plante peut intégrer les plats, comme des salades."


 

 

 

Illustrations de Commentaires

de M. Pierre André Matthiole (1500-1577), médecin Senois,

sur les six livres de "Ped. Dioscoride anazarbeen"

de la matière médicinale

Plante fournissant des substances médicinales 

Targon

 

 

 

1564 

Charles Estienne (1504-1564) médecin, imprimeur et écrivain français.

L'Agriculture et maison rustique, Paris, 1. II, chap. 25, p. 43a : 

Targon, que les jardiniers nomment estargon 
 


 

1597

On le voit apparaître en France au XVIe siècle parmi les herbes cultivées par les moines. 

L'estragon est cité :

dans le célèbre herbier de John Gerard (1545-1612) botaniste anglais.
 


 

 

XVII° siècle

 


Le terme estragon est apparu dans la langue française en 1601.

Dictionnaire universel des drogues simples 

Troisième edition, 

Nicolas Lemery (1645-1715).

L’estragon, ou dracunculus esculentis, 

indique des noms, insistant sur son association avec la créature dragonesque.


 

 

Jean-Baptiste de la Quintinie (1626-1688) jardinier et agronome, créateur du potager royal de Versailles,

vante la culture et l’usage de l'estragon, comme étant essentiellement culinaire, estimant que c’est là un des plus précieux condiments parfumés que l’on peut mettre à disposition des cuisiniers et du palais des convives.


 

 

 

XVIII° siècle

 

Jean-Baptiste Chomel (1709-1765) 

préconisait l’estragon surtout pour un ensemble de désordres gastro-intestinaux : faiblesse stomacale, indigestion, nausée), l’estragon tombe de plus en plus dans l’écumoire du cuisinier. 


 

1753

Artemisia est un genre créé en 1753

par Carl von Linné (1707-1778).

Il évoque la déesse de la chasse Artémis de la mythologie grecque  (Diane chez les Romains), qui était aussi associée à la lune et considérée comme protectrice des femmes.
 

 

 

Venel et d'Argenville

L’Encyclopédie, 1re édition.

1751 (Tome 5, p. 1009).

"ESTRAGON, s. m. (Hist. nat. Bot.) dracunculus esculentus. C’est une plante potagere qui pousse plusieurs tiges ou verges à la hauteur de deux piés, rameuses, & portant des feuilles longuettes, odorantes, d’un goût fort, mais agréable. Ses fleurs qui sont jaunes, sont si petites qu’à peine les découvre-t-on ; elles forment de petits bouquets, & sont suivies de petits fruits ronds qui en conservent la semence : on l’employe dans les fournitures de salade, & on en met dans le vinaigre pour le faire sentir bon.

L’estragon se multiplie de traînasses ou boutures, rarement de semence, & repousse quand il a été coupé : sa culture n’a rien de particulier. (K)

Estragon, (Matiere médic. Chim.) Cette plante est puissamment incisive, apéritive, digestive ; elle donne de l’appétit, dissipe les vents, excite les urines & les règles, leve les obstructions : étant mâchée, elle fait sortir la pituite & la salive, comme la pyrethre ; c’est pourquoi elle apaise les douleurs des dents, & purge le cerveau humide. On en fait usage très-fréquemment parmi nous dans les salades ; elle tempère le froid & la crudité des autres plantes avec lesquelles on la mêle. Geoffroy, mat. méd.
L’estragon contient une partie mobile, vive & piquante, qui a quelqu’analogie avec l’esprit volatil des crucifères, mais qui n’a pas les caractères essentiels de ces sels.

L’estragon doit être rangé à cet égard avec l’ail, l’oignon, le poireau, la capucine, & quelques autres, que M. Boerhaave & ses copistes placent mal-à-propos parmi les plantes qui contiennent un alkali volatil nud. On prépare avec cette plante un vinaigre qu’on appelle vinaigre d’estragon.

Le vinaigre d’estragon entre dans l’eau prophylactique de la pharmacopée de Paris. (b)

Estragon, (Diète.) On mange les feuilles de cette plante en salade, rarement seules ; ordinairement avec la laitue, dont elles relèvent admirablement le goût. Cette espece d’assaisonnement peut devenir aussi fort utile pour l’estomac, & concourir efficacement avec le sel, le poivre & le vinaigre, à corriger la fadeur, l’inertie d’une plante aqueuse & insipide, telle que la laitue. Voyez Laitue & Salade. L’estragon est très-peu employé à titre de remede. (b)

Estragon, (Chimie.) L’estragon contient une partie vive & piquante au goût & à l’odorat, & aussi volatil que l’esprit des crucifères, auquel il est d’ailleurs très-analogue. La nature de ce principe mobile n’est pas assez déterminée jusqu’à présent ; les Chimistes instruits savent seulement que ce n’est pas un alkali volaril. (b)"


 

 

Artemisia est en effet un genre créé en 1753 par Carl von Linné (1707-1778).

 

Flora Danica (1761-1883)

Artemisia dracunculus, Estragon (de), Terragon (eng)

Estragon

 

 

 

Valmont de Bomare (1731-1807), naturaliste

Encyclopédie en six volumes.

Il écrit : 

..."l'estragon est une herbe qui relève le goût des salades, lève l’inertie et la fadeur d’une laitue"...
 

 

 

XIX° siècle

 

 

1804

Dictionnaire des sciences naturelles - volume III

estragon

 

 


1837, 

Joseph Roques (1772-1850) médecin et botaniste français.

Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 2, p. 371.

"L’estragon est une plante aromatique que la médecine a cédé à l’art culinaire, et elle a bien fait, car elle est assez riche en végétaux stimulants".

 

Gravure artemisia dracunculus


 


 

"M. Devic dans le :


‎Dictionnaire Étymologique Des Mots Français D'origine Orientale (Arabe, Persan, Turc, Hébreu, Malais)‎


n'admet pas que le lat. "draconem" soit l'origine d'estragon. Il met d'abord en avant les difficultés phonétiques, puis, rapprochant les formes taragona, targone et l'anc. franç. targon (targon, que les jardiniers nomment estragon, RAB., V, 29), il s'adresse au nom arabe-persan de la plante, tarkhoūn. Cette étymologie paraît la véritable ; mais M. Devic ajoute qu'il n'est pas impossible que les Arabes aient emprunté leur tarkhoūn au grec δράϰων."
 

 

 

1831

Charles Nodier (1780-1844) écrivain, romancier et académicien français

La Fée aux miettes est un roman fantastique 

"L'assaisonnement mordant et aromatique (...) d'une sauce à l'estragon"
 


 

Dictionnaire  de médecine usuelle

J.-P. Beaude, Didier, 1849

"ESTRAGON û» © N. m. De Par. j» I->. tarkhûn, mot qui désigne également la serpentine. 

Nom se. : Artemisxa dracunculus , en raison de "la racine, qui, étant recourbée sur elle-même, rappelle la queue d’un dragon"
Deux formes voisines de Pétymon ar. sont relevées au commencement du xir s., dans un dialecte de Chiraz, chez un célèbre médecin persan. Al-Hosseïni : terkhouni, ou fartoûn (dict. de M. Dévie). À cette plante potagère aromatique, utilisée comme condiment, était attribuée la vertu d’exciter l’appétit, et, aux dires des femmes ar., de provoquer les règles. Comme elle est tomachique, les médecins la préconisaient jadis en remède contre le scorbut. 

Le mot est enregistré dans le Dict. de l'Ac. en 1694. M. Dévie situe les premières ccurrences du mot, en ar., au IX e s. (sinon, au début du xi tf s. chez Avicenne). Ses indications ont permis de dater l’emprunt vers la fin du xu f s., par l’interméd. du lat. médiév. tarcon, puis altarcon (forme la plus proche de Par. at-tarkhûn). Au XVI e s., le mot s’écrira targon, puis estargon, et ; cit. ds TLF)."
 

 

 

1870

Prosper Mérimée (1803-1870) écrivain, historien et archéologue français.

Lettres à la comtesse andalouse de Montijo

..."J'aurai à débiter une harangue devant tout ce monde, après avoir endossé un habit brodé d'estragon"... 

 

 

Remy de Gourmont (1858-1915) écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

- Simone

"Il fait encore soleil et les moutons s'arrêtent

Près de l'étable, devant la porte du jardin,

qui sent la pimprenelle, l'estragon et le thym."
 

 

 

 

Angelo De Gubernatis (1840-1913) ethnologue, philologue, orientaliste, historien de la littérature et dramaturge italien.

Mythologie des plantes

Les Légendes du règne végétal

Tome second 

DRAGON. — Plusieurs herbes ont tiré leur nom du dragon, du serpent et de la couleuvre. Ces herbes ont des propriétés homéopathiques : à cause de la ressemblance qu’on a vuë entre elles et les serpents, on a pensé qu'elles étaient des talismans puissants pour éloigner les serpents et pour en guérir les morsures. Macer Floridus* nous donne cette description de l’une de ces herbes :


Herba, Dragonteam Graecorum quam vocat usus

Haec eadem, vulgi lingua, colubrina vocatur,

Quod colubro similis maculoso cortice surgit;

Ex quibus antiquis expertum credimus esse,

Quod queat a simili colubrina venena fugare.

Quisquis se trita radice perunxerit ejus,

.Tutus ab incursu serpentum dicitur esse.
 

 

 

XX° siècle

 


1913

Marcel Proust (1871-1922) écrivain français, 

Du côté de chez Swann Grasset, 1913

..."Swann rempli de loisir, parfumé par l'odeur du grand marronnier, des paniers de framboises et d'un brin d'estragon"...
 

 

 

1934

estragon - peinture

Guido Gallerani

 


1936

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français


Chanson du jour et de la suivante nuit
...
Ils échangent les herbes odorantes

L'estragon du rêve et le cerfeuil de la tendresse

Tout le jour passe et la suivante nuit

Et le jour suivant tout pareil

Le jour au jour et la nuit à la nuit
...

 

 

La pierre et le sel
...
Je ne parlerai aujourd’hui

Que d’un brin d’estragon

L’émeraude l’étoile verte de trois heures du matin

Figurent sur cette page blanche

Où je ne veux signaler que la saveur exquise de l’estragon
...
Promenons-nous dans les bois

Et gardons tous dans la bouche

La saveur exquise de l’estragon

En souvenir de cette exquise matinée


 

 

 

Jean Valnet (1920-1995) médecin et chirurgien militaire français, qui a été l'un des artisans du développement de ce qu'on a pu appeler la branche française de l'aromathérapie,

extrait du tome consacré à l’aromathérapie (p. 236) : 

..."Je soignais une enfant de trois ans sujette à des crises épileptiformes. Lorsqu’un hoquet se manifestait, la petite malade en était affectée pendant plusieurs heures et, pendant une journée, restait sans vie véritable. Le hasard voulut qu’elle débute une crise de hoquet devant moi : deux gouttes (pas plus car l’essence d’estragon est d’une rare puissance) sur un morceau de sucre et la crise fut stoppée en quelques secondes"...


 

 

 

Jacques Brosse (1922-2008) naturaliste, historien des religions et philosophe français. Il fut ordonné moine bouddhiste 


..." Qu’on ait vu en lui dans l’Antiquité un dompte-venin, n’a rien de très surprenant, puisque d’autres Artemisia passaient pour chasser les serpents des maisons. Et, après tout, y avait-il si loin, pour la ‘pensée sauvage’ qui se fie à l’apparence des êtres plus qu’à leur anatomie, du ver au serpent ; et l’on pourrait ajouter du serpent à l’organe fécondateur masculin, objet de l’horreur d’Artémis ? "
 

 

 

Alice May Brock (1941) artiste américaine, auteure occasionnelle et ancienne restauratrice.

..."Ajouter de la tomate et de l’origan, ça devient italien ; du vin et de l’estragon, ça devient français ; du citron et de la cannelle, ça devient grec ; de la sauce de soja, ça devient chinois  ; ajouter de l’ail, ça devient bon !..."

 

 

Jean de Bosschère (1951) écrivain, peintre, dessinateur et graveur belge naturalisé français 

..."Voici d'abord l'aube pour le poète, épanouie, l'esprit de grâce parfumée qui sait la fleur chérie des accomplissements d'hier la fleur trempée dans l'estragon de la joie les corolles de gratitude maculées de bonheur"...
 


 

1987

Scott Cunningham, auteur de

L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Estragon (Artemisia dracunculus) a les caractéristiques suivantes :

Pouvoirs : Amour sensuel ; Chasse.

Utilisation magique : 

Avant d'arriver en Europe, importé, comme beaucoup d'autres plantes orientales, par les croisés, cette variété d'armoise était très prisée des Arabes qui l'appelaient Tarkhoum ; ils la faisaient entrer dans des charmes passionnels et lui prêtaient des vertus aphrodisiaques. 

    Une tradition presque similaire se retrouve chez les Amérindiens qui frottaient d'Estragon leur corps et leurs vêtements pour se rendre désirables aux personnes du sexe opposé. 
    Chez les Chippeways du Michigan, cette herbe aromatique portait chance pendant les campagnes de chasse aux animaux à fourrure. 


 

 

 

XXI° siècle

 

 

Claude Gudin auteur de nombreux articles scientifiques et brevets, de plusieurs livres et de poèmes et chansons pour grands et petits.

Poèmes et chansons pour éplucher les légumes, 

(Éditions L'âge d'Homme ; 2002).


 

Mon Dragon n'est pas con

 

Refrain : 

Du haut d'un balcon

La tarasque c'est plutôt con

Mais pas mon dragon

Non mon bon, pas mon Dragon

 

Il broute l'estragon

Du vieux père Orgon

Dans son jargon, au père Orgon

L'estragon, c'est l'herbe aux dragons

 

Mais les Dogons, oui les Dogons

Du Mali, l'aiment aussi, l'estragon

Pour eux c'est un parangon

Ils en remplissent leurs wagons

 

Quand mon Dragon

En a plein le bidon

Il se met sous l'édredon

Et gare à qui fait grincer les gonds

 

Il est un peu glouton

Mais aussi doux qu'un mouton

Même avec les Teutons

Tontaine et tonton


 


 

 

2006

Marcello Castellana citant Gernot Katzer (Castellana, 2006).

..."L’estragon, ou l’herbe de dragon, est une plante dragonesque dont le lien avec le dragon est marqué dans au moins trente-neuf langues"... 


 

 

 

Symbole de l'estragon

 


- Contre le stress 

- planter de l'estragon apporte la chance

 

 

 

Mythes et Traditions de l'estragon

 

 

- L'estragon était très prisé des Arabes qui l'appelaient Tarkhoum ; ils la faisaient entrer dans des charmes passionnels et lui prêtaient des vertus aphrodisiaques.

- Les Amérindiens frottaient d'Estragon leur corps et leurs vêtements pour se rendre désirables aux personnes du sexe opposé.

- Chez les Chippeways du Michigan, cette herbe aromatique portait chance pendant les campagnes de chasse aux animaux à fourrure.

- Dans certaines régions de France, l'estragon était appelé serpentine

 

 

 

Utilisation de l'estragon

 


Aromatique et décoratif, l’estragon peut être installé au potager comme au jardin d’ornement. Il s’épanouit facilement en pleine terre comme dans les bacs, pots et jardinières, où il enivre de son odeur agréable.

L’estragon adore le soleil ! bien à l’abri du froid et du gel.

 

Culinaires

- Les feuilles d'estragon sont utilisées, fraîches ou séchées ou en poudre pour aromatiser des plats (lasagne, crudités, sauces, poissons, les œufs en gelée…) ainsi que les conserves au vinaigre (cornichons, variantes).

- L'estragon fait partie des fines herbes. Il donne la saveur principale de la sauce béarnaise, de la sauce gribiche, de la sauce tartare ou de la sauce vénitienne.

- Les feuilles sont aussi utilisées pour l'élaboration d'une liqueur d'estragon, une spécialité provençale.

- Le tarkhoun est fait à base d'extraits d'estragon.

- En Syrie, l'estragon se mange frais avec du fromage blanc syrien. Ils l'utilisent également avec des plats tels que le shishbarak et le kibbeh labaniyeh.


 


Thérapeutiques 

-  Propriétés antioxydantes 

- Reconnu pour ses vertus digestives, avec sa capacité à soulager les crampes d’estomac.

- Contre le hoquet - les colites inflammatoires - les colites spasmodiques.

- Consommé en infusion, il est anti-stress et favoriserait le sommeil.

- Source intéressante de fer et de manganèse.

- Douleurs gynécologiques

- Névralgies, sciatiques, crampes

- L’estragon est antioxydant, riche en vitamine K, en fer il serait antiallergique, notamment sous forme d’huile essentielle.

L'huile essentielle d'estragon est obtenue par distillation à la vapeur d'eau des feuilles. Il faut environ 100 kg de plantes séchées pour obtenir 1 kg d'huile essentielle.

 

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 21:29

 

 

 

 

Mythologie des épices,
Aromates et condiments


L'arbre à encens - Boswellia sacra


 

 

 

L'arbre à encens (Boswellia sacra) 

est un arbre de la famille des Burséracées. Il pousse dans les régions sèches du nord-est de l'Afrique et du sud de la péninsule Arabique. 


Le "Boswellia sacra" est l'une des principales espèces dont on tire l'encens, résine produite à partir de cette espèce de Boswellia.

 
C'est un petit arbre à feuilles caduques d'une hauteur de 2 à 8 m, qui comporte un ou plusieurs troncs. On le retrouve souvent sur les pentes rocheuses et dans les ravins, en moyenne montagne. Il aime les sols calcaires.


Les individus qui croissent sur des pentes escarpées développent un renflement en forme de coussin à la base du tronc qui adhère au rocher et leur assure une certaine stabilité.


 

 

L'écorce à texture de papier pèle facilement. 


 

Les feuilles composées et imparipennées (nombre impair de folioles) sont rassemblées en touffes au bout des branches. 


 

Les petites fleurs d'un blanc jaunâtre apparaissent en racèmes à l'aisselle des feuilles. Elles sont composées de cinq pétales, de dix étamines et d'un calice à cinq dents. 


 

 

Le fruit est une capsule d'environ 1 cm de long. Les jeunes branches sont recouvertes de duvet.

Fruits de Boswellia sacra (du Dhofar, Oman) - auteur Mauro Raffaelli


 


 

 

L'arbre serait originaire du Dhofar, dans l'actuel sultanat d'Oman. 


Il y est encore cultivé aujourd'hui, et est exporté par le port de Salalah. Il existe d'autres lieux de production tels que la Somalie, l'Ethiopie, le Yémen, à Djibouti et à Oman. Il tolère les situations très exposées. 


En  Inde on cultive surtout Boswellia serrata.


L'encens, appelé également oliban ou thiouraye, est une gomme-résine aromatique. Le monde arabe tout comme les Perses ont fortement contribué à sa diffusion.


Seul l'arbre mâle, haut de trois mètres à maturité, produit la précieuse résine, mais il faut attendre une bonne dizaine d'années pour qu'il fournisse un produit de qualité.

 
La résine est récoltée en pratiquant une incision peu profonde dans le tronc ou les branches de l'arbre et en retirant une étroite bande d'écorce. Il s'en écoule une sève laiteuse, qui se solidifie au contact de l'air et que l'on ramasse ensuite à la main.


Les sécrétions de résine, durcies au contact de l'air, sont collectées deux à trois semaines plus tard. On dit que la meilleure résine est recueillie en automne, à la suite d'incisions pratiquées pendant l'été.

C'est ce qu'on appelle "l'encens blanc"

 

 

"L'encens roux", est recueilli au printemps après des incisions hivernales.


 


 

 

Etymologie d'Encens


- Emprunté vers 1135 au latin ecclésiastique "incensum", (désignant une matière brûlée en sacrifice). 

Du verbe incendere qui signifie brûler, enflammer. 

Espagnol : Incienso ; 

Portugais et Italien : incenso

Anglais : Incense

Allemand : Weihrauch

 

appelé aussi :

Oliban 

Du bas latin olibanum, 

- Arabe al-lubbān (d'un mot sémitique) 

- Hébreu lebonah 

- Grec libanos (libanôtos) : la substance 

 

 

Chez les Romains on l'appelait :

- thymiama, (thumiamata, arômata),
Un mot proche de thym, 

A rattacher à deux racines grecques : 

- Thuos évoque à la fois l'idée d'offrande et de parfum, d'aromate ; 

- Thuien, qui correspond à la notion de sacrifice (que l'on fait brûler),

certainement d'origine racine indo-européenne °dhu- (faire brûler).

 

ou thiouraye 

D'origine wolof

Utilisé dans l'Afrique francophone

gomme-résine aromatique. 

Le monde arabe et les Perses ont fortement contribué à sa diffusion.


 

 

 

 

L'encens dans la religion


Faire brûler de l’encens est une pratique très ancienne commune à de nombreuses religions pour honorer leurs divinités. 

 

 

Culte païen


On utilise l'encens depuis des temps très, très anciens, notamment dans les cultes païens

Le dieu assyrien Baal était très friand de l'encens. (Baal ou Ba'al qui signifie supérieur, suprême, nom divin pouvant qualifier un ensemble de divinités des peuples de langues sémitiques du Proche-Orient ancien).

 


 

 

Légende de la Reine de Saba

 


Vers le VIII° siècle av. J.C.


Le Royaume des Sabéens  se situait au Yémen. Sa capitale était Mareb (Marib) dont il subsiste des ruines.


Son peuple, nomade puis sédentarisé, contrôlait l’activité commerciale de l’Arabie, jusqu’à l’Ethiopie et la Somalie.


Les caravanes de Saba transportaient l’encens et les épices dont le reste du monde avait besoin.


Riche et puissante, elle était fort cultivée et entreprenait de longs voyages afin de rencontrer différents personnages dont elle avait entendu la renommée. Initiée dans les temples de Thèbes et de Memphis, la reine se prosterne chaque jour devant le soleil qu'elle adore. 


C'est ainsi qu'elle décida de rencontrer Salomon, fils de David dont elle avait écouté auprès des voyageurs la renommée de sagesse. 


Elle prépare une expédition et se met en route  avec une caravane vers Jérusalem. 3000 chameaux la suivent transportant de précieux cadeaux. Elle veut ainsi tester le désir et la sagesse du roi Salomon.


Elle apporte de rares encens prélevés sur des arbres noueux aux branches basses et épaisses qui poussent dans le calcaire. Les feuilles de ces arbres sont minuscules et argentées. Des branches sont écorchées par les hommes et des gouttes blanches coulent. Il faut gratter de plus en plus profondément par 3 fois pour obtenir un encens blond que les Egyptiens nomment ” le parfum des dieux”. Ces arbres ont des fleurs blanches à 5 pétales au coeur rouge. On en fait aussi une poudre foncée, couleur d'ambre qui soigne l'estomac et mouillée les blessures. On mâche aussi l'encens blanc qui fortifie les gencives et les dents. Elle transporte également dans ce convoi des animaux, des aromates, de l'or, des pierres précieuses...

Piero della Francesca - L'adoration du Bois sacré et la rencontre de la reine de Saba et du roi Salomon

 

 

 

L'encens dans la Bible


Dans les liturgies chrétiennes, l’encensement est resté une marque d’honneur aussi bien vis-à-vis des diverses formes de présence ou de représentation du Christ (espèces consacrées, livre d'Evangile, cierge pascal) que de personnes (célébrants, fidèles, corps des défunts). 


La fumée de l’encens s’élevant vers le ciel est le symbole de la prière montant vers Dieu.
 


 

 

Le livre de l’Exode est le deuxième livre de la Bible et de l'Ancien Testament.


Exode 25 : 6

 

Le Seigneur parla à Moïse. Il dit :

 

"de l’huile pour le luminaire, du baume 

pour l’huile de l’onction et de l’encens aromatique".

 


Exode 30 : 34-35-36-37-38

 

La fabrication du parfum sacré

L'Eternel dit à Moïse :

Prends des aromates, du stacté, de l'ongle odorant,

du galbanum, et de l'encens pur, en parties égales.

 

Tu feras avec cela un parfum composé

selon l'art du parfumeur ; il sera salé, pur et saint.

 

Tu le réduiras en poudre, et tu le mettras

devant le témoignage, dans la tente d'assignation,

où je me rencontrerai avec toi. 

 

Ce sera pour vous une chose très sainte.

Vous ne ferez point pour vous de parfum semblable, 

dans les mêmes proportions; vous le regarderez

comme saint, et réservé pour l"Eternel.

 

Quiconque en fera de semblable, pour le sentir, 

sera retranché de son peuple.


 

 

 

Le Premier Livre des Rois est un livre de l'Ancien Testament 


 

Rois 9 : 25

Et Salomon offrait trois fois par an des holocaustes 

et des sacrifices de prospérités sur l'autel 

qu'il avait bâti pour l'Eternel, et il faisait fumer l'encens 

sur celui qui était devant l'Eternel. 

Et il acheva la maison.

 

Rois 11 : 8

Et il en fit ainsi pour toutes ses femmes étrangères, 

qui brûlaient de l'encens et sacrifiaient à leurs dieux.

 

Rois 12 : 33 

Et il offrit sur l'autel qu'il avait fait à Béthel,

le quinzième jour du huitième mois, le mois 

qu'il avait imaginé dans son propre coeur ; 

et il fit une fête pour les fils d'Israël, 

et offrit sur l'autel, faisant fumer l'encens.

 

Rois 13 : 2 

Et il cria contre l'autel, par la parole de l'Eternel, 

et dit : Autel, autel ! ainsi dit l'Eternel : 

Voici, un fils naîtra à la maison de David ; 

son nom sera Josias, et il offrira sur toi les sacrificateurs 

des hauts lieux qui font fumer de l'encens sur toi, 

et on brûlera sur toi des ossements d'hommes.


Rois  17 : 11 

Les causes de la ruine du royaume d'Israël

Ils ont brûlé de l’encens dans tous les lieux sacrés, 

ils ont imité les peuples que le SEIGNEUR avait chassés 

pour leur laisser la place. 

Ils ont commis des actions si mauvaises 

qu’ils ont provoqué la colère du SEIGNEUR.


 

 

 

Cinquième livre de la Bible hébraïque ou Ancien Testament


Deutéronome 33 : 10

Ils enseignent tes ordonnances à Jacob, 

Et ta loi à Israël; Ils mettent l'encens sous tes narines, 

Et l'holocauste sur ton autel.
 


 

L'encens dans la Bible hébraïque, 


Livres des Chroniques


Chroniques 6 : 49

Aaron et ses fils offraient les sacrifices

sur l'autel des holocaustes 

et l'encens sur l'autel des parfums,

ils remplissaient toutes les fonctions 

dans le lieu très saint, et faisaient l'expiation pour Israël, 

selon tout ce qu'avait ordonné Moïse, serviteur de Dieu.

 

 

Chroniques 9 : 29

D'autres veillaient sur les ustensiles, 

sur tous les ustensiles du sanctuaire, 

et sur la fleur de farine, le vin,

l'huile, l'encens et les aromates.


 

 


 

Le Lévitique est le troisième des cinq livres de la Torah.

 

Lévitique 2 : 1-2

L'offrande végétale

Lorsque quelqu'un fera à l'Eternel une offrande en don,

son offrande sera de fleur de farine ; il versera de l'huile

dessus, et il y ajoutera de l'encens. 

Il l'apportera aux sacrificateurs, fils d'Aaron ;

le sacrificateur prendra une poignée de cette fleur de farine,

arrosée d'huile, avec tout l'encens, 

et il brûlera cela sur l'autel comme souvenir. 

C'est une offrande d'une agréable odeur à l'Eternel.

 


Lévitique 5 : 11

S'il n'a pas de quoi se procurer deux tourterelles

ou deux jeunes pigeons, il apportera en offrande

pour son péché un dixième d'épha de fleur de farine, 

comme offrande d'expiation ; il ne mettra point d'huile

dessus, et il n'y ajoutera point d'encens,

car c'est une offrande d'expiation.

 


Lévitique 6 : 15

Le sacrificateur prélèvera une poignée de la fleur de farine 

et de l'huile, avec tout l'encens ajouté à l'offrande,

et il brûlera cela sur l'autel

comme souvenir d'une agréable odeur à l'Eternel.

 


Lévitique  24 : 5-6-7

Les pains offerts à Dieu

Tu prendras de la fleur de farine, et tu en feras douze

gâteaux ; chaque gâteau sera de deux dixièmes.

Tu les placeras en deux piles, six par pile,

sur la table d'or pur devant l'Eternel.

Tu mettras de l'encens pur sur chaque pile,

et il sera sur le pain comme souvenir, 

comme une offrande consumée par le feu devant l'Eternel.

 


 

L'Ancien Testament,


Ezéchiel  8 

Soixante-dix hommes des anciens de la maison d'Israël,

 au milieu desquels était Jaazania, fils de Schaphan, 

se tenaient devant ces idoles, chacun l'encensoir à la main, 

et il s'élevait une épaisse nuée d'encens.


 

 

 

Le Livre d'Isaïe (Livre d'Esaïe),

est un livre de l'Ancien Testament


 

Esaïe 1 : 13

Cessez d'apporter de vaines offrandes : 

J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, 

les sabbats et les assemblées ; 

Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.

 

 

Esaïe 60 : 6 

Tu seras couverte d'une foule de chameaux, 

De dromadaires de Madian et d'Epha ; 

Ils viendront tous de Séba;

Ils porteront de l'or et de l'encens, 

Et publieront les louanges de l'Eternel.


 

 

 

Le Cantique des cantiques (Cantique ou Chant de Salomon), livre de la Bible.

 

Cantique des Cantiques 3 : 6

 

Qui est celle qui monte du désert,

Comme des colonnes de fumée, 

Au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens 

Et de tous les aromates des marchands ? -

 


Lui

…Tes deux seins sont comme deux faons, 

Comme les jumeaux d'une gazelle,

Qui paissent au milieu des lis. 

Avant que le jour se rafraîchisse,

Et que les ombres fuient,

 J'irai à la montagne de la myrrhe

Et à la colline de l'encens.

Tu es toute belle, mon amie,

Et il n'y a point en toi de défaut.…

Cantique des Cantiques - Morelli-(1826-1901)


 

 

 

Premier des quatre évangiles canoniques 

Le Nouveau Testament.


Matthieu  2 : 11

"Ils (Les mages) entrèrent dans la maison 

et ils virent l’enfant avec sa mère, Marie. 

Ils se prosternèrent pour lui rendre hommage.

Ils ouvrirent leurs coffrets et présentèrent

à l’enfant les cadeaux : 

de l’or, de l’encens et de la myrrhe."


 

 

 

 

L’Apocalypse, ou Livre de l'Apocalypse,

ou Apocalypse de Jean, 

Dernier livre du Nouveau Testament.

 


Apocalypse  18 : 11.13

La grande prostituée

Et les marchands de la terre pleurent

et sont dans le deuil à cause d'elle, 

parce que personne n'achète plus leur cargaison,...

de cinnamome, d'aromates, de parfums, de myrrhe, d'encens, 

de vin, d'huile, de fine farine, de blé, de boeufs, de brebis, 

de chevaux, de chars, de corps et d'âmes d'hommes.

gravure russe du 19° siècle représentant la grande prostituée chevauchant la bête à sept têtes.

 


 

 

Les Psaumes de David (La Bible)


Psaume 140 : 2

 Que ma prière devant toi s'élève comme un encens, 

et mes mains, comme l'offrande du soir.

 

Psaume  141 : 2

Que ma prière soit devant ta face comme l'encens, 

Et l'élévation de mes mains comme l'offrande du soir !
 

 

 

Nouveau Testament


Luc 9 : 9-10-11

Il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, 

pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.

Toute la multitude du peuple était en prière au dehors, 

à l’heure de l’offrande de l’encens.

L’ange du Seigneur lui apparut, 

debout à droite de l’autel de l’encens.


 

 

 

La Bible livre de Jérémie


Jérémie 6 : 19-20-21

 

…Ecoute, terre! Voici, je fais venir sur ce peuple le malheur, 

Fruit de ses pensées ; 

Car ils n'ont point été attentifs à mes paroles, 

Ils ont méprisé ma loi.

 

 Qu'ai-je besoin de l'encens qui vient de Séba, 

Du roseau aromatique d'un pays lointain ? 

Vos holocaustes ne me plaisent point, 

Et vos sacrifices ne me sont point agréables. 

 

C'est pourquoi ainsi parle l'Eternel : 

Voici, je mettrai devant ce peuple des pierres d'achoppement, 

Contre lesquelles se heurteront ensemble pères et fils, 

Voisins et amis, et ils périront.


 

 

 

Christianisme - l'encens

 


Le christianisme, perpétue l'utilisation de l'encens, de plus il fait partie des cadeaux apportés au Christ par les mages, l'or symbolisant sa royauté, la myrrhe symbolisant son humanité, et l'encens (oliban)symbolisant sa divinité. 


Celui-ci est brûlé dans un encensoir, qui est balancé selon l'usage propre à chacun des rites respectifs pour mieux en diffuser dans l'air le parfum . La fumée de l'encens montant vers le ciel symbolise également la prière qui monte vers Dieu


 

 

 

Religion hébraïque - l'encens


Selon les rabbins, c'était la partie du quotidien service du temple qui était le plus aimé par Dieu. La combustion de l'encens était symbolique de la prière du peuple de monter jusqu'à Dieu. L'offre de cet encens a eu lieu après le sacrifice, parce qu'après l'expiation pourrait la communion avec Dieu.


La Bible hébraïque contient de nombreuses allusions aux épices et à leur commerce. Israël est en effet un pont entre l'Afrique et l'Asie, entre les empires du Nil et ceux du Tigre et de l'Euphrate, entre l'Egypte pharaonique et la Mésopotamie assyrienne, babylonienne et perse.

 

L'importance des aromates peut être notée dès la Genèse : la seconde épouse d'Abraham s'appelle Ketourah ("encens" en hébreu) et deux des enfants d'Ismaël, Bashmath et Mibsam, portent un nom dérivé du terme bosem ("épice")


 

 

 

Tradition bouddhique - encens

 


L’offrande d’encens permet d’entrer en bonne relation avec les êtres immatériels. Par ailleurs, elle revêt aussi une fonction purificatrice : les pensées et émotions sont purifiées à travers l'usage de l’encens.


Au Vietnam, l'encens est utilisé pour le culte des ancêtres, qui se pratique généralement à domicile. La fumée qui s'en dégage établit selon la tradition un lien entre les vivants et les morts. Le culte commence par l'allumage des bâtons d'encens sur l'autel, en signe de mise en relation avec les défunts. Viennent ensuite les prières : les bâtons d’encens sont placés entre les deux mains et trois salutations sont alors effectuées. Ils sont ensuite reposés délicatement sur l’autel des ancêtres.


 

 

 

3000 av. J.C.-2100 av. J.C.

 

L’usage domestique de l’encens est attesté en Oman depuis le IIIe millénaire av. J.C. Des fouilles effectuées sur le site de Ra’as al-Jins ont mis au jour un brûle-parfum en grès de forme cubique et reposant sur quatre pieds, qui présente au sein de son réceptacle de la matière brûlée. 

 

 

Dès 2800 avant J.C. 


L’encens était transporté soit au nord de la Mésopotamie, soit à l’ouest de la mer Rouge. Là, il était chargé sur des bateaux à destination de l'Egypte, où il était apprécié comme une offrande digne des dieux.

 


2500 av. J.C.  


Dès l'Ancien Empire égyptien, des pharaons comme Sahourê (XXV° siècle av. J.C.) envoient des navires pour ramener des épices depuis le mystérieux "pays de Pount". La plupart des auteurs l'interprètent comme la corne de l'Afrique, dans la région du cap Gardafui, ou plus rarement comme l'Arabie heureuse.
 


 

1800 av. J.C.


La route de l'encens liait autrefois l'Eypte au Yémen et à l'Inde. Elle fut probablement créée aux environs de 1800 av. J.-C., 


C'est sous le nom de "route de l'encens" qui reliait la corne de l'Afrique et l'Arabie, sources antiques d'aromates, à la Mésopotamie, à l'Egypte et au monde méditerranéen. Mais elle pourrait être bien plus ancienne.

 
Les archéologues en situent le début autour de 1800 av. J.-C., quand les Indiens commencèrent à envoyer de l'encens aux ports d'Arabie et d'Egypte : Cane, Aden et Muza dans le sud et Bérénice, Philotera, Myos Hormos, Leukè Komè et Aila dans le nord. L'encens qui arrivait aux ports d'Arabie était ensuite envoyé par caravane dans le désert jusqu’à Pétra, et de là, à Gaza et à Damas. Celui transitant par les ports d'ةgypte était transporté à Alexandrie, en passant par Coptos.

 


1500 av.J.C.

 

Le Rig-Veda ou Ṛgveda 


Collection d'hymnes (sūkta) sacrés ou encore d'hymnes de louanges de l'Inde antique composés en sanskrit védique. 


Les références les plus anciennes à l'encens dans les Vedas se trouvent dans l'Atharvaveda et le Rigveda. La combustion de l'encens a été suggérée comme moyen médicinal pour créer une atmosphère apaisante ou comme outil de guérison pour la fumigation - pour purifier et nettoyer l'environnement des envahisseurs viraux/bactériens, mais aussi pour nettoyer spirituellement et élever énergétiquement l'espace et ceux qui y vivent. 

 

 

 

De tous les parfums, l'encens est certainement celui qui a le passé le plus prestigieux. On le considérait dans l'Antiquité comme plus précieux que l'or, et la route de l'encens a fait la fortune de plusieurs royaumes arabes


Les Egyptiens, considérés comme les plus grands parfumeurs de l'Antiquité, firent eux aussi un grand usage de l'encens, qui entrait notamment dans la composition du kyphi. Le nom même de l'encens dans l'ancienne langue égyptienne est évocateur. Le mot "netcher" désignait ce qui relevait des dieux ou du divin et c'est le causatif de ce mot qui était utilisé pour dénommer l'encens : "sénetecher" dont une traduction pourrait être : "Ce qui rend divin". 

 

 

 

La plus célèbre de ces expéditions commerciales est certainement celle de la reine d'Egypte antique Hatchepsout (XV° siècle av. J.C.), dont le temple funéraire contient des bas-reliefs qui montrent les différentes richesses ramenées de Pount. Parmi celles-ci, on compte des arbres à encens déracinés et transportés vivants avec leurs feuilles et leurs racines dans des paniers ronds.

 

Le règne d'Hatchepsout

(v. 1508 av. J.C.-v. 1457 av. J.C.)


Sa politique étrangère de la reine se caractérise surtout par des expéditions commerciales. Ainsi, dans le château des millions d'années, les bas-reliefs illustrent une expédition envoyée au Pays de Pount, en l'an VIII/IX du règne : à leur retour, "les navires étaient chargés très lourdement des merveilles (…) du pays divin (…) - de l'or, de l'ivoire, du bois d'ébène, des peaux de panthère, une panthère vivante, une girafe, des parfums et des huiles de sycomore…", mais surtout de l'encens, qui était abondamment utilisé dans les cérémonies du culte. 


Elle se laisse dire par le Dieu Amon : "Je t'ai dopnné Pount tout entier ; la terre du Dieu, elle n'a jamais été foulée ; les échelles de l'encens, on ne les connaissait pas"

(Urkunden des وgyptischen Altertums IV - 344 -6,9)


Les décors sculptés du temple d'Hatchepsout racontent l'histoire de la naissance divine du pharaon. Ils évoquent également une expédition au pays de Pount, un pays exotique situé sur la côte de la mer Rouge.


Les reliefs gravés par Hatchepsout au portique de Deir el Bahari son temple funéraire sur la rive gauche thébaine, et sous la surveillance du chef Parehou et de son éppouse Ati, se poursuit le chargement des arbres à encens, la boswellia, qui seront replantés à Deir el Bahari.

D.M. Dixon (1969)

 

 

 

 

1200 av. J.C.

 


Le Livre des morts des anciens Egyptiens 

Livre pour sortir au jour.


Rouleaux de papyrus, recouverts de formules funéraires, placés à proximité de la momie ou contre celle-ci, dans les bandelettes.

"ش Osiris, puissent mes offrandes de maïs, d'encens et d'eau pure témoigner de ma dévotion envers toi. Que je sois reconnu comme un juste parmi les justes, et que ma vie soit louée par les dieux éternels."


Pyramide d’Ounas 7

ANTICHAMBRE

Mur sud (d’ouest en est)

Fragment 269

376 : Les mots à dire :

"Le feu est allumé, le feu brille,

l’encens est placé sur le feu, l’encens brille.

Ton odeur vient à Ounas, ô encens !

L’odeur de l’Ounas vient à toi, ô encens !"


 

Pyramide d’Ounas 5

PASSAGE ہ LA CHAMBRE SARCOPHAGE

Mur nord (d’ouest en est)

Fragment 200

116 : Salutation, encens !

Salutation, frère divin !

Salutation, celui qui est dans la chair d’Horus !

Grand père, propage ton nom !

Ton odeur est pour Ounas, ton parfum est pour Ounas !

Oeil d’Horus, sois haut, sois grand pour Ounas !

Encens.

 


Pyramide d’Ounas 4

CHAMBRE SARCOPHAGE

Mur nord – Premier registre (d’ouest en est)

Fragment 39

31 : Ounas, prends l’Oeil d’Horus vers lequel il est allé ! 

Je te l’apporte, je te le mets dans la bouche.

Pastille d’encens du Sud et Boulettes d’encens du Nord.

 

 

CHAMBRE SARCOPHAGE

Mur nord – Deuxième registre (d’ouest en est)

Fragment 25

17 : Celui qui va avec son Ka s’en va.

Horus va avec son Ka,

Seth va avec son Ka.

brûlant de l’encens.
 

 

 

1180 av. J.C.


Sous la XXe dynastie (vers 1180 av. J.-C), 

Ramsès III déclare: 

"Vers toi Amon, je conduis Pount,

avec l'encens, pour en entourer ta maison
 


 

 

IV° siècle av. J.C.

 


Les Grecs voient pour la première fois des arbres à encens et des arbres à myrrhe au cours d'une expédition en Arabie entreprise par les partisans d'Alexandre le Grand peu avant sa mort, dans le dernier quart du IV° siècle avant J.-C.


Elle connaît une croissance extraordinaire avec la découverte des vents de mousson à l'époque hellénistique et le commerce des épices devient la source de contacts directs entre les mondes gréco-romain, indien et chinois en parallèle de la route de la soie.
 

 

 

III° siècle av. J.C. - I° siècle av. J.C.

 

 

Entre -270 et -143 (Cleuziou et Tosi 1997). 


Il s’agit d’un contexte domestique, et non pas cultuel ou lié au pouvoir. Cette découverte suggère ainsi un usage commun de l’encens pour des périodes anciennes.


Des autels à encens de tailles variées (de 20 cm de côtés à environ 1 m de haut) ont été retrouvés dans les temples sudarabiques à Shabwa, Raybûn, Marib… Ils étaient employés lors des rites dédiées aux divinités. 


Le commerce de l'encens, et de la myrrhe, d'Arabie du Sud vers la Méditerranée, a prospéré entre le III° siècle avant notre ère et le II° siècle de notre ère. La route de l'encens a servi de canal pour des échanges de biens autres que l'encens ou la myrrhe : épices indiennes, ébène, soie, textiles de qualité. D'Afrique orientale ont circulé également bois rares, plumes, peaux d'animaux, or et esclaves.


 

Callixène poète et historiographe grec de la période hellénistique au III° siècle av. J.-C.

Cirque d'Alexandrie  :

" (…) Des chameaux portaient cent-cinquante kilogrammes d’encens, cent-cinquante kilogrammes de myrrhe, cent kilogrammes de safran, de la cannelle et d’autres épices. (…)"


 

Théocrite (vers 310-vers 250 av. J.-C.) poète grec, auteur de mimes, d'idylles pastorales et de contes épiques. 

Idylle XVII de- Eloge de Ptolémée

..."A peine ses augustes parents sont descendus dans la tombe, que déjà il consacre leur mémoire par des temples où brûle un encens perpétuel. C'est là que leurs traits chéris respirent sur l'or et sur l'ivoire, et que tous les mortels les honorent comme des dieux protecteurs"...

 


Callimaque (305 av. J.C.-240 av. J.C.) poète grec

Hymne à Délos

(trad. E. Cahen, CUF)

"Asteria terre d’autels, terre de prières" (316).

..." Astéria, parfumée d’encens (thuoessa), autour de toi les îles forment cercle, autour de toi font comme un chœur de danse"...

Pendant longtemps, durant l’Antiquité, l’encens aura plus de valeur que l’or

Quant aux célèbres aromates d'Arabie que sont l'encens et la myrrhe, ils sont originaires des deux rives de la mer Rouge.
Pour éviter de payer de lourdes taxes, les chemins ont souvent changés. Les Romains utilisaient quant à eux la voie maritime. Ils passaient par la Mer Rouge pour ne pas donner aux Bédouins de l’or et de l’argent contre des épices ou de l’encens.


 

Arabia felix : l’Arabie heureuse. C’est ainsi que les Romains surnommaient le Sud de la péninsule, région riche et fertile et terre d’origine du précieux boswellia. Il existe diverses variétés de cet arbre, dont la résine extraite n’offre pas les mêmes propriétés olfactives.

 


Relief d'un temple de Karnak :

 

Egypte ancienne - période ptolémaïque (332 av J.-C. -30 av J.-C.)
Le pharaon Ptolémée VIII fait l'offrande de l'encens au dieu Amon et à la déesse Maât

 

 

Strabon (vers 63 av. J.C.-23 ap. J.C.)  géographe et historien grec 

GéographIe - livre ΧV

..."On ne voit personne se ceindre la tête d'une couronne pour offrir aux dieux un sacrifice, de l'encens ou une libation".

 

 


Ovide (43 av. J.C.-17/18 ap. J.C..) poète latin qui vécut durant la période de la naissance de l'Empire romain. 

- Métamorphoses, IV  

..."Depuis la mort funeste de Phaéthon, le dieu dont la main guide les rapides coursiers du jour n'avait point éprouvé, dit-on, de douleur si profonde. Il essaie encore, en redoublant les traits de sa lumière, de ranimer ses membres glacés, d'y rappeler la chaleur et la vie. Mais le Destin jaloux s'oppose à tous ses efforts. Le dieu épanche alors sur le sable, et sur le corps de son amante, un nectar odorant; et, après de longs gémissements : "Du moins, dit-il, tu porteras ta tête vers le ciel" ! En ce même moment, le corps de la Nymphe s'amollit pénétré d'une essence divine, la terre en est parfumée. Un arbre dans son sein étend ses racines, perce la tombe, s'élève et distille l'encens"...

 

- Les Héroïdes

..."je prodigue l'encens, je l'arrose de mes larmes, et la flamme s'étend et brille, comme on la voit s'élever de la libation d'un vin pur"...

 

- Les Pontiques

..."Quand la famille d'Auguste, ses fils et Livie leur mère, sont dans l'allégresse, quand toi-même, père de la patrie et du jeune triomphateur, tu t'associes à cette allégresse, quand le peuple te félicite, et que, dans toute la ville, l'encens brûle sur les autels, quand le temple le plus vénéré offre un accès facile, espérons que nos prières ne resteront pas sans pouvoirs"...
 

 

Le premier arbre à encens aurait poussé sur la tombe de la nymphe Leucothoé, maîtresse d'Hélios (le soleil ou apollon) châtiée par son père Orchamos.

 


 

Pline l’Ancien (23 ap. J.-C. -79 ap. J.C.) écrivain et naturaliste romain du I° siècle.


Histoire naturelle

Livre douze


Traitant des arbres.
 XXX. Du pays de l'encens. - 

(2)  Les forêts d'encens s'étendent dans une longueur de 20 schènes, et dans une largeur de dix. Le schène, d'après l'évaluation d'ةratosthène, vaut 40 stades, c'est-à-dire 5,000 pas ; quelques-uns ont estimé le schène à 32 stades. De hautes collines s'y élèvent, et les arbres qui y naissent spontanément descendent jusque dans les plaines. On s'accorde pour dire que la terre est argileuse, avec des sources rares et nitreuses. Ce pays est limitrophe de celui des Minéens, autre district à travers lequel on porte l'encens par un seul sentier étroit. Les Minéens, les premiers, ont fait le commerce de l'encens, et ils en sont encore les agents les plus actifs; de là vient que l'encens a été appelé minéen. Ce sont les seuls Arabes qui voient l'arbre de l'encens, et encore ne le voient-ils pas tous;

(3) On dit que c'est le privilège de trois mille familles seulement, qui le possèdent par droit héréditaire; que pour cela ces individus sont sacrés; que lorsqu'ils taillent ces arbres ou font la récolte ils ne se souillent ni par le commerce avec les femmes ni en assistant à des funérailles, et que ces observances religieuses augmentent la quantité de la marchandise. Quelques-uns prétendent que le droit de faire la récolte dans les forêts appartient en commun à ces peuples ; d'autres disent qu'il se répartit par un roulement annuel.

 

XXXI. Arbres qui portent l'encens. - 

(1) On n'est pas même d'accord sur la forme de l'arbre. Nous avons fait des expéditions dans l'Arabie, les armes romaines ont -pénétré dans une grande partie de ce pays, et même Caïus César (VI, 31 et 32), fils d'Auguste, lui a demandé du renom : cependant aucun Latin, que je sache, n'a décrit l'apparence de cet arbre. Quant aux Grecs, leurs descriptions varient : les uns ont dit qu'il a la feuille du poirier, plus petite seulement et d'une couleur herbacée; les autres, qu'il ressemble à un lentisque, dont la feuille serait un peu rousse. Quelques-uns ont dit que c'est un térébintbinier, et que le roi Antigone, à qui on en apporta un arbrisseau, en jugea ainsi.

(2)  Le roi Juba (VI, 31), dans est ouvrage adressé au fils d'Auguste, Caïus César, qu'enflammait la renommée de l'Arabie, rapporte que le tronc est tordu, que les branches sont très semblables à celles de l'érable du Pont, et qu'il jette un suc comme l'amandier; qu'on le voit avec ces caractères dans la Carmanie et en ةgypte, contrée où il a été planté par le zèle des Ptolémées. Il est certain qu'il e l'écorce du laurier ; quelques-uns ont dit que la feuille aussi est semblable à celle de cet arbre. Toujours est-il que tels étaient les arbres d'encens à Sardes (XVI, 59) ; car les rois d'Asie prirent aussi le soin d'en faire planter. Les ambassadeurs qui de mon temps sont venus d'Arabie ont augmenté nos incertitudes; ce qui doit nous étonner à juste titre, car on nous apporte des branches de l'arbre d'encens, d'après lesquelles on peut croire que le végétal qui les porte e un tronc uni et sans noeuds.

 

XXXII. Quelle est la nature de l'encens, quelles en sont les espèces. 

(1) On avait la coutume de faire la récolte une fois par an, les occasions de vendre étant moins fréquentes. Aujourd'hui le profit amène à demander une seconde vendange. La première vendange, celle qui est naturelle, se prépare vers le lever de la Canicule, au moment des chaleurs les plus ardentes ; on pratique des incisions là où l'écorce parait le plus gorgée, là où elle est le plus mince et le plus tendue. On dilate la plaie, mais sans rien enlever. il en jaillit une écume onctueuse, qui s'épaissit et se coagule; on la reçoit sur des nattes de palmier quand la nature du lieu l'exige, autrement sur une aire battue alentour. L'encens est plus pur de la première façon, plus pesant de la seconde. On fait tomber avec un instrument de fer ce qui est resté attaché à l'arbre; aussi cette portion est-elle mélangée de fragments d'écorce. La forêt, divisée en lots déterminés, est à l'abri des déprédations, grâce à la probité mutuelle ; personne ne garde les arbres incisés, personne ne vole son voisin.

(2) Mais certes à Alexandrie , où l'on sophistique l'encens, les laboratoires ne sont jamais suffisamment gardés; on appose un cachet sur le caleçon des ouvriers; on leur met un masque sur la tète, ou un réseau à mailles serrées ; on ne les laisse sortir que nus. Tant il est vrai que chez nous les châtiments donnent moins de sûreté qu'on n'en trouve dans ces forêts ! On recueille en automne ce que l'été a produit ; c'est l'encens le plus pur, il est blanc. La seconde vendange se fait au printemps; les écorces ont été incisées en hiver; l'encens sort roux, il n'est pas comparable au premier. Le premier se nomme carphéote, le second dathiate. On croit aussi que celui d'un arbre jeune est plus blanc, et celui d'un arbre vieux plus odorant. Quelques-uns pensent qu'il en vient dans les îles, et qu'il y est meilleur ; Juba nie que les îles en produisent.

(3) L'encens qui est resté suspendu en forme de goutte arrondie, nous l'appelons mâle, bien qu'ordinairement on ne se serve pas de la dénomination de mâle là où il n'y a pas de femelle. On a voulu, par principe religieux, bannir une dénomination empruntée à l'autre sexe. Quelques-uns pensent qu'il est appelé mâle parce qu'il a l'apparence de testicules. On estime le plus mamelonné, forme qu'il prend quand une larme venant à s'arrêter est suivie d'une autre qui s'y mêle. Je lis dans les auteurs que chaque motte d'encens remplissait la main, quand, ayant moins d'avidité, on se pressait moins de récolter. Les Grecs donnent à ces mottes le nom de stagonies (gouttes) et d'atomes, et d'orobies (en forme d'ers) à celles d'un moindre volume.

(4) Nous appelons manne les miettes détachées par le frottement. Cependant, encore aujourd'hui, on trouve des mottes qui pèsent le tiers d'une mine, c'est-à-dire, 28 deniers (101 gr. 996). Alexandre le Grand, dans son enfance, chargeant d'encens les autels avec prodigalité, son précepteur Léonides lui avait dit d'attendre, pour implorer les dieux de cette manière, qu'il eût subjugué les pays produisant l'encens : ce prince, s'étant emparé de l'Arabie, lui envoya 'un navire chargé d'encens, et l'exhorta à implorer les dieux sans parcimonie.

(5) L'encens récolté est apporté a dos de chameau à Sabota (VI, 32,12 ), où une seule porte est ouverte pour cet usage. S'écarter de la route est un crime puni de mort par les lois. Là les prêtres prélèvent, à la mesure , non au poids, la dîme en l'honneur du dieu, qu'ils nomment Subis; il n'est pas permis d'en vendre auparavant ; c'est avec cette dîme qu'on fait face aux dépenses publiques, car le dieu défraye généreusement les voyageurs pendant un certain nombre de journées de marche. L'encens ne peut être exporté que par le pays des Gébanites (VI, 32, 11); aussi paye-t-il un droit à leur roi. Thomma, leur capitale, est éloignée de Gaza, ville de Judée, située sur notre mer (Méditerranée), de 4,436,000 pas, trajet divisé en 65 stations de chameaux. Il y a encore des portions fixes à donner aux prêtres et aux scribes des rois ; en outre, les gardiens, les soldats, les portiers, les employés, se font leur part. Partout où l'on passe il faut payer, ici pour l'eau, là pour le fourrage, pour les stations, pour les divers péages, de sorte que la dépense pour chaque chameau jusqu'à la côte de notre mer monte à 688 deniers (564 fr. 16); là il faut encore payer aux fermiers de notre empire. Aussi la livre du meilleur encens est de 5 deniers (4 fr. 92) ; la seconde qualité, 5 deniers (4 fr. 10); la troisième qualité, 3 deniers (2 f. 46). Chez nous on le falsifie avec des larmes de résine blanche, qui ressemblent beaucoup à l'encens; mais on découvre cette sophistication par les moyens indiqués (XI, 19). On le reconnaît à la blancheur, à la grosseur, à la fragilité, à ce que, mis sur un charbon, il brûle aussitôt, et encore à ce que, loin de se laisser mâcher, il s'émiette.

 

Contenant l'histoire des oiseaux

II. Du phénix. 
II. (I.) 

1 L'Inde et l'Ethiopie produisent surtout des oiseaux de couleurs très diverses, et tels qu'on ne saurait les décrire. Le plus célèbre de tous naît dans l'Arabie : c'est le phénix, si toutefois son existence n'est pas une fable (XIII, 9); il est unique dans l'univers entier, et on ne l'a pas vu souvent. On lui donne la taille de l'aigle, un plumage éclatant comme l'or autour du cou; du reste, pourpre, une queue d'azur entremêle de plumes roses, des crêtes sous la gorge, et une huppe qui pare sa tête. Le premier parmi les Romains qui en ait parlé, et le plus exact, est Manilius, ce sénateur si célèbre par les connaissances qu'il ne devait qu'a lui seul : il dit que personne ne l'a vu mangeant; qu'en Arabie il est consacré au Soleil; qu'Il vit cinq cent neuf ans ; que vieillissant il se construit un nid avec des branches de cannelle et d'encens; qu'Il le remplit de parfums, et qu'il meurt dessus; que de ses os et de sa moelle il naît d'abord une sorte de vermisseau qui devient un jeune oiseau; que d'abord il rend les honneurs funèbres à son prédécesseur; qu'il porte le nid tout entier près de la Panchaïe (VII, 57), dans la ville du Soleil, et qu'il le dépose sur un autel. Le même Manilius expose que la révolution de la grande année s'accomplit avec la vie de cet oiseau; qu'alors une nouvelle période, avec les mêmes caractères, s'ouvre pour les saisons et les astres, et qu'elle commence à midi le jour ou le soleil entre dans le signe du Bélier.


 

 

 

I° siècle


Plutarque (vers 46- vers 125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique. Grec d'origine, 

..."La chaleur du vin fait, sur l'esprit, le même effet que le feu produit sur l'encens."...
 

 

 

VI° siècle

 


L'encens fut importé de Chine au VI° siècle, en 552, en même temps que la religion bouddhiste. Le premier écrit qui évoque l’utilisation de l’encens au Japon est le Nihon shoki, un des plus anciens documents historiques de l’histoire du Japon; il mentionne une utilisation de l’encens en 595 lors du règne de l’impératrice Suiko.


Très rapidement après son arrivée au pays du Soleil levant, l’encens se popularisa et se démocratisa sur l’ensemble du territoire. Bien qu’il ne soit pas d’origine japonaise, cela n’empêcha pas un très fort artisanat local d’émerger, et ce, même malgré l’absence de bois adéquat sur le territoire. Les fabricants d’encens japonais étaient donc contraints de faire importer le bois de Chine par bateaux pour pouvoir en fabriquer. Cependant, ce n’est pas ce qui les empêcha de devenir les meilleurs artisans au monde en matière d’encens.

 

Des entreprises datant de plusieurs centaines d’années existent encore comme Baieido ou Nippon Kodo.
 

 

 

Palladius (V° siècle de l’ère chrétienne) auteur d'un traité sur l'agriculture.


"L'Economie rurale"

..."quatre onces de fleurs de jonc odorant et d'aloès hépatique, une once de bon mastic, autant de cannelle et de poivre, une demi-once de spica-nard et une once d'excellente myrrhe et d'encens mâle qui ne soit pas rance."... 
 

 

 

XII° siècle

 


 

Theodore Agrippa D Aubigne (v. 1181-1218) poète français

Extrait 

 

En mieux il tournera l'usage des cinq sens.

Veut-il suave odeur ? il respire l'encens

Qu'offrit jésus en croix, qui en donnant sa vie

Fut le prêtre, l'autel et le temple et l'hostie.
...

 

Extrait 

Oui, je suis proprement à ton nom immortel
...
On t'assommait l'humain, mon sacrifice est tel,

L'holocauste est mon coeur, l'amour le sacrifice,

Les encens mes soupirs, mes pleurs sont pour l'hostie

L'eau lustrale, et mon feu n'est borné ni mortel.
...

 

 

 

XIII° siècle


 

L'arbre à encens cultivé en Chine méridionale fournissait autrefois la matière première des petits bâtons à brûler exportés de Hong Kong vers les confins de l'Asie, jusqu'en Arabie, et qui faisaient sa renommée.

 

L'encens hongkongais a prospéré des siècles durant, sous la dynastie des Song vers le premier millénaire de notre ère, puis des Mong (1368-1644).
 

 

 

XV° siècle

 

François Briand, poète français actif au XV° siècle


Noël

Il est décent que chacun don réponde

Selon celui à qui le don s'adresse.

Donc Melchior, qui est roi de Sabonde

Offrit encens, comme roi de sagesse.

 

 

 

1458

Enluminure Vendeur d'encens 

D'après le Ms Lat 993 fol.104r, 

Biblioteca Estense Universitaria, Modena

Le manuscrit "Tractatus de Herbis"  

Traité de plantes médicinales

Pletario et Bartolomeo Mini

 

 

 

1460

Thomas A Kempis (1380-1471) moine néerlandais du Moyen Âge. 

"Imitation de Jésus-Christ"

..."et tout l'encens du monde offert à ta justice n'a point de quoi répandre une si douce odeur."...

 

 

XVI° siècle

 

 

Gravure médiévale estampe 1543 

Encensoir catholique et encens

 


 

 

 

1575

La récolte de l'encens illustrée 

dans la Cosmographie universelle d'André Thevet (1575), 
vol. 1.

Gallica.BNF.FR


 

 

 


Jean Bertaut (1552-1611) poète français et évêque 


Elégie (1)


La mienne est comparable au feu d'une fournaise

Qui tourne tous les jours une forest en braise :

Et la vostre à celuy qui dessus les autels

Fume d'un peu d'encens au pied des immortels.


 

Joachim du Bellay (vers 1522-1560) poète français 

 

Si fruits, raisins et blés, et autres telles choses 

   ...
"Toi donc, qui de l'encens et du baume n'as point,

Si du grand Jules tiers quelque regret te point,

Parfume son tombeau de telle odeur choisie"...
 


 

XVII° siècle

 

Antoine Godeau (1605-1672) homme de lettres et évêque français.

 

Sur la résurrection de Notre Seigneur

 

Quand le Phénix se brûle au céleste flambeau

Sur un lit précieux d'encens et de cannelle,

Il reprend dans sa cendre une force nouvelle

Et pour lui le cercueil se change en un berceau.
 

 

 

Savinien de Cyrano, dit de Bergerac (1619-1655) écrivain français

(Paris 1619-Paris 1655)

La Mort d'Agrippine

..."Un peu d'encens brûlé rajuste bien des choses"...
 


 

 

Nicolas Boileau (1636-1711) homme de lettres français 


Discours au roi

Grand Roi, si jusqu'ici, par un trait de prudence,

J'ai demeuré pour toi dans un humble silence,

Ce n'est pas que mon cœur, vainement suspendu,

Balance pour t'offrir un encens qui t'es dû ;

Mais je sais peu louer; et ma muse tremblante

Fuit d'un si grand fardeau la charge trop pesante,

Et, dans ce haut éclat où tu te viens offrir,

Touchant à tes lauriers, craindrait de les flétrir. 


 

 

 

1665

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière

L'Amour Médecin 1665

..."Les flatteurs, par exemple, cherchent à profiter de l'amour que les hommes ont pour les louanges, en leur donnant tout le vain encens qu'ils souhaitent"...

 

 

1699

François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit Fénelon

 "Les aventures de Télémaque" 1699

..."faites fumer un doux encens en l'honneur de ce dieu..." 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Date d'édition :  1720

Parfums et remèdes contre la peste 

dont s'est servi avec tout le succès possible

le P. Léon Augustin employé par le Roi pour guérir les personnes attaquées de la contagion qui régnait en plusieurs endroits du royaume en 1666, 1667, 1668 et 1669...

Éditeur  :  L.-D. Delatour (Paris)


 

 

 

André Chénier (1762-1794) poète français

 


A la France

...
De nos tristes climats pour longtemps ignorée,

Daigne du haut des cieux goûter le libre encens

D'une lyre au coeur chaste, aux transports innocents,

...

 


Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose

...
Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose

De n'offrir qu'aux talents de vertus ennoblis,

Et qu'à l'amitié douce et qu'aux douces faiblesses,

D'un encens libre et pur les honnêtes caresses !

...
 

 

 

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.


La coquette et l'abeille
...
Faisons grâce, dit-elle, à son aveu sincère :

D'ailleurs sa piqûre est légère ;

Depuis qu'elle te parle, à peine je la sens.

Que ne fait-on passer avec un peu d'encens !
...

 

 

 

XIX° siècle

 

1804

Dictionnaire des sciences naturelles. Tome 3

Auteurs : Frédéric Cuvier (1773-1838)

Editeur : Levrault - Strasbourg


 

 

 

Charles Baudelaire (1821-1867) poète français


Correspondances
...
Ayant l'expansion des choses infinies,

Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,

Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
...

 


Un voyage à Cythère
...
Belle île aux myrtes verts, pleine de fleurs écloses,

Vénérée à jamais par toute nation,

Où les soupirs des coeurs en adoration

Roulent comme l'encens sur un jardin de roses
...

 

 

Bénédiction
...
Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,

De génuflexions, de viandes et de vins,

Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire

Usurper en riant les hommages divins !
...

 

 

A une Madone
...
Ex-voto dans le goût espagnol

Et comme tout en moi te chérit et t'admire,

Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe,

Et sans cesse vers toi, sommet blanc et neigeux,

En Vapeurs montera mon Esprit orageux.

...

 

Le parfum


Lecteur, as-tu quelquefois respiré

Avec ivresse et lente gourmandise

Ce grain d'encens qui remplit une église,

Ou d'un sachet le musc invétéré ?

 

Charme profond, magique, dont nous grise

Dans le présent le passé restauré !

Ainsi l'amant sur un corps adoré

Du souvenir cueille la fleur exquise.

 

De ses cheveux élastiques et lourds,

Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,

Une senteur montait, sauvage et fauve,

 

Et des habits, mousseline ou velours,

Tout imprégnés de sa jeunesse pure,

Se dégageait un parfum de fourrure.


 

 

 

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) poètesse française

 

Le rossignol aveugle


Cette haleine d'encens, ce parfum tant aimé,

C'est l'amour qui fermente au fond d'un coeur fermé ;

 


 

Rêve d'une femme


Reprends-donc de ta destinée,

L'encens, la musique, les fleurs ?

Et reviens, d'année en année,

Au temps qui change tout en pleurs ;

 



 

 

 

1805

Sophie Cottin, née Marie Risteau (1770-1807) écrivaine française.

Mathilde, t. 2, 

..."Et peut-être ne fut-elle (Mathilde) jamais plus loin de Dieu que dans ces momens où, entourée de torrens d'encens, de chants divins et d'images sacrées, il lui sembloit que ces parfums, ces voix et ces anges lui répétoient qu'elle ne pouvoit être digne du ciel qu'en demandant aussi la mort de Malek Adhel"... 
 


 

Hermance Lesguillon Nee Sandrin (1812-1882) romancière et poétesse française. 

 


..A Marceline Desbordes-Valmore

 

Oh ! laissez-moi vous parler d'elle !

Elle est soeur de mon âme et d'un écho touchant

Palpite encore en moi sa langue maternelle ;

Je l'aime ! elle est du coeur le plus tendre modèle,

Quand j'étais à l'aurore, elle était mon couchant,

Et lorsque mon rayon fut béni par sa gloire,

Je l'ai chantée ; elle aime mon encens !

Aujourd'hui son beau nom reste dans ma mémoire !

Puisse son souvenir conserver mes accents !

Constant Joseph Desbordes - Marceline Desbordes Valmore 

 


 

 

Louis-Nicolas Ménard (1822-1901) chimiste et homme de lettres français. 

 


Circé

 

Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,

Pour dompter les plus forts, elle n'a qu'à sourire.

Les magiques lueurs de ses yeux caressants

Versent l'ardente extase à tout ce qui respire.

 

Les grands ours, les lions fauves et rugissants

Lèchent ses pieds d'ivoire ; un nuage d'encens

L'enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,

La Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.

 

Sous le joug du désir, elle traîne à sa suite

L'innombrable troupeau des êtres, les charmant

Par son regard de vierge et sa bouche qui ment,

 

Tranquille, irrésistible. Ah ! maudite, maudite !

Puisque tu changes l'homme en bête, au moins endors

Dans nos cours pleins de toi la honte et le remords.

Circe de Kevin Nichols

 

 

 

1843

Alexandre Dumas (1802-1870) écrivain français 

"Fernande"

..."l'encens de la flatterie, formait un nuage vaporeux autour de sa tête resplendissante de jeunesse, étincelante de diamants." ...
 


 

 

Léon Dierx (1838-1912) poète français


La prison
...

"Comme les hauts piliers des vieilles cathédrales,

Ô rêves de mon coeur, vous montez ! Et je vois

L'ancien encens encore endormir ses spirales

A l'ombre de vos nefs, ô rêves d'autrefois !"

...
 


 

 

Charles Marie Leconte de Lisle (1818-1894) poète français, 
Néère
(Études latines, IX)

...

Pour apaiser les Dieux et pour finir mes maux,

D'un vin mûri deux ans versez vos coupes pleines ;

Et sur l'autel rougi du sang pur des agneaux

Posez l'encens et les verveines.

...
 

 

 

1858

Joël Cherbuliez (1806-1870) libraire-éditeur suisse

vol. 8

"En 1606, il fut admis en présence de Henri IV pour lui lire des fragments d'un poème héroïque qu’il composait à sa louange. Le monarque, qui aimait l’encens, l'encouragea à mener son épopée à bonne fin. —"

 

 

1875

Emile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français

La Faute de l'abbé Mouret, 

..."Mouret sentait comme une odeur d'encens chez lui ; il lui semblait parfois, au balbutiement des voix, qu'on disait la messe, en hauté...


 

José-Maria de Heredia (1842-1905) homme de lettres d'origine cubaine

 

Épiphanie

...
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus Caesar,

Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe,

Les Rois Mages Gaspar, Melchior et Balthazar.

...

 

 

Le réveil d'un Dieu

...
Car sur le lit jonché d'anémone fleurie

Où la Mort avait clos ses longs yeux languissants,

Repose, parfumé d'aromate et d'encens,

Le jeune homme adoré des vierges de Syrie.

...
 


 

 

Laurent Tailhade (1854-1919) polémiste, poète, conférencier pamphlétaire 

 


Funerei Flores


Les nostalgiques citronniers aux feuilles blêmes

S'étiolent et leurs parfums, avec ennui,

Meurent dans le jardin peuplé de chrysanthèmes.

Pour la dernière fois le soleil tiède a lui.

 

Soir des morts ! Glas chargé de pleurs et d'anathèmes :

Le Souvenir s'éveille et reprend, aujourd'hui,

En sourdine, les vieux, les adorables thèmes

Des renouveaux lointains et du bonheur enfui.

 

Le Souvenir marmonne à voix basse. Une cloche

Funéraire, dans le ciel gris où s'effiloche

Maint lambeau d'occident fascé de pourpre et d'or.

 

Et c'est le crépuscule automnal des années

Que d'un encens trop vain fait resplendir encor

La mémoration des corolles fanées.


 


Amédée de Noé, dit Cham , français (1818-1879)
Lithographie
"Quand ils auront achevé de bruler tout leur encens,..."
Musées d'art de Harvard/Musée Fogg, don de WG Russell Allen et Paul J. Sachs


Arthur Rimbaud (1854-1891) poète français


Le mal

...

- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées

Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ;

Qui dans le bercement des hosannah s'endort,

...

 


Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.

 

Hérode

...

Les colliers ruisselants bruissent, argentins.

Dans l’air ivre, gorgé d’encens asiatiques
...

 

 

Midi

...
Et mon essence unie à l'essence du monde

Court, miroite, étincelle, et se perd, vagabonde,

Ainsi qu'un grain d'encens consumé sur l'autel,

...

 

 

Soir de printemps

...
Caresse aérienne... encens mystérieux...

Urne qu'une main d'ange incline au bord des cieux...

...

 


 

Dans l'air frais du matin...

...
Les Parfums, les Couleurs, la tendresse de vivre,

Le mois vierge baigné de souffles et d'encens,

L'enluminure d'or aux marges du Vieux Livre,

O mon âme, c'est dans ton coeur que je les sens.

...

 


 

1882

Pierre Zaccone (1818-1895) romancier populaire français.

"La Recluse"

"...L'église s'emplit d'un âcre parfum d'encens et de cierges allumés..."

"...c'étaient, plus près, les sueurs humaines que l'air apportait des Artaud, les senteurs fades du cimetière, les odeurs d'encens de l'église, perverties par des odeurs de filles aux chevelures grasses..."

 

 

1897

Franz Eugen Köhler, Les plantes médicinales de Köhler

Arbre à encens. A - branche fleurie

(d'après le dessin de Bentley) Boswellia sacra


 

 

Fernand Khnopff (1858-1921) 

L'encens


 

 

 

XX° siècle

 

 

1906

Pierre Loti (1850-1923) écrivain et officier de marine français.

Les Désenchantées,

"André Lhéry, romancier connu, dépouillait avec lassitude son courrier... Lettres de femmes, pour la plupart, les unes signées, les autres non, apportant à l'écrivain l'encens des gentilles adorations intellectuelles"...

 


 

1908

Henri Barbusse (1873-1935) écrivain, homme politique, scénariste et journaliste français

Editions Albin Michel, Paris, 

L’Enfer

"Un souffle de parfum qu’elle porte, une odeur d’encens et de fleurs, vient à moi, et à ce parfum qui la désigne comme un vrai nom, je la reconnais… —

 


 

L'encens - le cinname et la myrrhe

planche 1

la gazette du bon ton 1914 n°1 édition originale


 


 

 

1924

Marcel Hégelbacher, 

La Parfumerie et la savonnerie

"L’encens, qui était une gomme résineuse, était exclusivement réservé aux cérémonies religieuses... — "

 

 


1929

Julien Green (1900-1998) écrivain américain de langue française, 

 

Leviathan

...
Sans être pieuse, elle aimait à se reposer à Saint-Jude...

Elle avança de quelques pas dans la nef

en tournant le dos à l'autel.

Il flottait encore dans l'air un reste d'encens 

dont elle huma l'odeur une ou deux fois 

avec un plaisir mélancolique. 

Avec cela, l'odeur de l'encens, la chute brûlante

d'une goutte de cire sur une phalange  et le sombre 

et mielleux éclat de l'icône, qui attendait un baiser. 

C'est croire, c'est aimer.
...


 


 

1931

Germaine Bernier (1902-1986) Musicienne, professeur, journaliste, auteure, conférencière canadienne

Revue Le Canada français, Québec, mars 1931.

 


Les grains d'encens


Chaque jour en vivant, nous aimons quelque chose ;

Un sourire, un regard, un baiser, une fleur,

Le ciel d'un matin pur, un crépuscule rose,

Un nuage plus blanc sur un jour de chaleur. 

 

Au fond de la mémoire un souvenir qui chante,

Refleurissant le coeur qui s'en trouve embaumé ;

Un vieux refrain qui berce, un vers qui nous enchante !

C'est souvent ce qu'il faut pour vivre un jour aimé.

 

Et tous ces légers riens qui parfument nos heures

Ont souvent plus de prix, font souvent plus de bien

Que tous les plaisirs fous, les fêtes pas meilleures

Où le bruit seul captive, où le bonheur n'a rien.

 

Et tous ces riens menus, gracieux et fragiles, 

Arrivent jusqu'au coeur, y tombent pour briller

Comme des grains d'encens aux odeurs très subtiles

Qu'on met sur des charbons et qu'on laisse brûler...

 

Aussi, moi qui connais la valeur de ces choses,

J'ai voulu les garder, je veux les retenir : 

Parfums de mes amours et parfums de mes roses, 

Oh ! restez dans mes vers, vous ne pouvez mourir !

 

J'aime tout ici-bas : chaque jour en mon âme

Brûlent des grains d'encens, parce que chaque jour

Un sourire, un regard, un beau vers me réclame ;

Dans un chant, dans un son, je trouve un peu d'amour...

 

Et c'est dans cet encens que viennent les poèmes !

Chaque grain, en brûlant, allume vite un vers !

Et parce que j'adore et que, joyeuse, j'aime,

Aimant, je chanterai demain autant qu'hier !

 

Je chanterai toujours : l'amitié la meilleure,

La joie et le souci, la pluie et le beau temps, 

La lumière du jour, la nuance de l'heure...

Les brumes de l'hiver, le retour des printemps !

 

Je chanterai, pourvu que dans mon chant suprême, 

Viennent encor brûler, tout au fond de mon coeur, 

Les petits grains d'encens qui forment les poèmes,

Brûlant pour la Beauté, chantant sur le Bonheur !


 

 

 

1936

Paul Valéry (1871-1945), écrivain, poète et philosophe français 

Variété III,

..."Je suis parti vers la mer assez éloignée, tenant les copies si précieuses que je venais de recevoir; et le soleil dans toute sa force, la route éblouissante, et ni l'azur, ni l'encens des plantes brûlantes ne m'étaient rien, tant ces vers inouïs m'exerçaient et me possédaient au plus vivant de moi..." 

 

 

1951

Jeanne Cuisinier (1890-1964) ethnologue française.

Danse sacrée

"Fumée, grain, nuage, odeur, parfum d'encens. Les gestes liturgiques des prêtres balinais sont une danse exécutée dans la vapeur de l'encens..." 
 

 

 

1958

Jean Rogissart (1894-1961) écrivain français 

Passantes d’Octobre

Librairie Arthème Fayard, Paris, 

"Quelques hommes seulement prirent part aux obsèques et peu de femmes même, de celles qui profitent de toutes les occasions pour sortir leurs vêtements noirs, leurs toquets de crêpe et qui aiment renifler l’odeur de l’encens"... — 
 


 

1972

Julien Green (1900-1998) écrivain américain de langue française

Samuel Johnson, dans Suite anglaise, 

"La parole de Johnson agit sur lui comme les gestes d’un enchanteur ; elle captiva tout de suite cette âme adoratrice et servile qui cherchait un autel où brûler son encens... —" 
 

 

 

1989

Gérard Delteil (1939) écrivain français,

"Les Huits Dragons de jade"

"Deux hommes vêtus de costumes sombres, le front ceint d'un bandeau blanc, avaient prononcé des paroles incompréhensibles pour le jeune homme, disposé des plaques de jade sur la poitrine de la défunte habillée d'une robe rouge et or, mis quelques grains de riz et ne sapèque dans sa bouche, fait brûler des bâtonnets d'encens et une maison de papier"...

 

 

1993

Bernard Georges Moitessier (1925-1994) navigateur et écrivain français, 

"Tamara ou l'Alliance"

"Les flammes s'élèvent claires et dansent autour du fer, dégageant un parfum de résine qui se mélange à celui des baguettes d'encens plantées en triangle dans le sable"...
 

 

 

Légendes et origines de l’encens

 


Selon une légende ancienne, une reine perdit son royaume suite à l’attaque de ses ennemis. Dans sa fuite, pleurant toutes les larmes de son corps, elle demanda à Dieu un cadeau pour la consoler de la perte de ses enfants et de ses terres. Alors partout où ses larmes coulèrent, des arbres aux gommes odorantes se mirent à pousser. Ce fut l’apparition des arbres à encens. 


L’oliban, l’autre nom de l’encens, correspond aux résines de la famille des arbres boswellia. Ils ne poussent que dans les régions montagneuses et arides d’Afrique, comme en Ethiopie. On les retrouve aussi dans le sud de la péninsule arabique au Yémen ou à Oman.

 

 

 

Symbole de l’encens

 


La fumée légère de l’encens brûlée représente le symbole de l’air, qui est d’une grande importance en alchimie. 

Apporte la confiance en soi, la volonté.

- dans les rites chrétiens comme la symbolisation de l’élévation de l’âme des croyants- 

- montée des prières vers les cieux, au moment où le culte se déroule.

 

 

 

Utilisation de l'encens

 

 

L’art de la récolte : une méthode ancestrale

On retrouve ce parfum dans toute la région du Dhofar, dans les hammams ou à l’entrée des maisons pour accueillir les visiteurs. Le sud d’Oman est, depuis des millénaires, l’un des berceaux de l’encens,  des arbres sacrés poussent partout, du boswellia sacra, l’arbre à encens.

Le tronc blanchâtre de l’arbre cache une véritable mine d’or. Pour l’atteindre, on incise son écorce du tronc blanchâtre de l'arbre. Le liquide qui s’en écoule se transforme lentement en larmes sous l’effet de l’air, de la chaleur et du soleil. On recueille ensuite la sève qu’on laisse reposer quelques jours. On répète cette opération trois fois par an. L’arbre est ensuite "en repos" pendant les 3 années suivantes. Ce savoir-faire connu depuis des millénaires se transmet encore de génération en génération. Les meilleurs arbres peuvent fournir entre 3 et 10 kilos de résine d’encens selon la récolte.

 

 

 

Encens et santé

 

 

- Réduit le stress et l'anxiété, 

- Favorise la relaxation et améliore la qualité du sommeil.

- Lorsqu'il est brûlé, l'encens émet une fumée parfumée qui a un effet calmant sur le système nerveux. 

- Il aide à apaiser l'esprit, à réduire les tensions et à favoriser une sensation de bien-être.

- Il a des vertus anti-inflammatoires et son efficacité sur les douleurs articulaires est connue depuis l'Antiquité.

 

 

L'encens en Parfumerie

 


En parfumerie proprement dite, l'encens est utilisé sous forme d'essence ou d'absolue. Il est utilisé pour son odeur boisée, assez minérale, aux aspects légèrement épicés. De par l'histoire de cette matière et les symboles religieux qui lui sont associés, son usage dans les parfums évoque une certaine religiosité et confère un aspect sacré.

L'encens dans plusieurs créations

 

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