16 avril 2024 2 16 /04 /avril /2024 22:15

 

 

 

Mythologie des épices,
Aromates et condiments


L'Estragon - Artemisia dracunculus

 

 

Originaire  des steppes d'Asie Centrale, l’Estragon, (Artemisia dracunculus) ;  Armoise âcre ; Armoise digestive ; Armoise estragon ; Arragone, Dragon ; Dragonne ; Estragon français ; Estrôon vrai ; Fargon ; Gardon ; Herbe aux dragons ;  Herbe-dragon ; Herbe aux serpents ; Petit serpent ; Serpentine ; Tarcon ; Tarchon ; Targon ; Tarragon ; Tragoun ; Trason.


est une plante herbacée vivace semi-persistante de la famille des Astéracées (Composées) que l'on rencontre dans la plupart des pays d'Eurasie et d'Amérique du Nord. 


L'estragon doit son odeur anisée à la présence d'estragol, un composé de la famille des phénylpropènes.


Cette plante à usage condimentaire est couramment cultivée pour ses feuilles parfumées. On l'utilise également pour ses propriétés médicinales. Très apprécié en cuisine pour sa saveur anisée, l’estragon fait partie des fines herbes essentielles au jardin. Cette plante aromatique est très facile à cultiver en pot comme en pleine terre !

 

L'estragon (Artemisia dracunculus var. sativa), produit très peu de fleurs, et il ne se reproduit pratiquement que par bouturage. 


 

 

Cette plante a de nombreuses tiges très ramifiées. Les feuilles, étroites, lisses et brillantes, de couleur vert foncé, disparaissent pendant l'hiver.


 

 

Les fleurs jaune verdâtre, assez rares, sont généralement stériles. Sa multiplication se fait par division des touffes au printemps. 

 

 

 

Variétés

 


L'estragon de Russie, Artemisia dracunculus var. inodora ou var. dracunculoides ayant moins de saveur, reste moins apprécié en cuisine. 


Pouvant être invasif, dracunculoides résiste bien mieux aux hivers rigoureux de Russie ou du Canada.


C'est une plante plus grande (jusqu'à 1,6 m), à fleurs fertiles, à feuilles vert grisâtre, mates, et couvertes de poils. 


Il est plus facile à multiplier, car il produit des graines fertiles, couramment vendues dans le commerce pour des semis. 


 


 

 

Étymologie de l'estragon

 


L’estragon porte les surnoms de dragon et de serpentine.


A l'époque de Dioscoride l'estragon n'était pas connu, on pensait que "l’herbe dragonne" était  capable de venir à bout des morsures de serpents.


Au XI° siècle Avicenne reprenait cette légende. Le nom tarchon venant de ses ouvrages marquant l’origine arabe du nom estragon, qui serait issu de tarkhum signifiant "petit dragon". 


Cette équivoque remonte certainement à Pline qui désignait l'estragon par dracunculus, qu’on traduirait par "petit dragon", en rapport avec un autre, plus gros, "drakontia", transposé en tharchoûm, puis tarkhoum en langue arabe, targon et enfin tarcon au XIII°siècle.  C'est de cette façon que Ibn Al-Baytar et Simon Januensis parlaient de l'estragon.


Dracunculus, dont le nom est encore employé dans des désignations botaniques, comme celles de la serpentaire et de l’estragon, désigne la "couleuvrée", dont le nom déjà évocateur est attribué à plusieurs plantes dont les tiges possèdent des propriétés attribuables au serpent. 


La forme serpentine de la racine de l'estragon faisait croire aux herboristes qu'il pouvait guérir les morsures d'animaux venimeux, selon la théorie des signatures. 


Le terme dracunculus (dragon, en latin) vient de la similitude de sa racine avec ce monstre. On croyait que les plantes dont les racines avaient cette forme guérissaient les piqûres d'animaux vénéneux.


Du grec  : drakon (dragon), 

Du latin : draconem (dans la signification de dracunculus, nom que les botanistes lui ont appliqué)

Du latin : dracunculus (petit dragon)

Proche de l'arabe : ṭarẖūn  ; at-tarkhûn ; Tarkhuun (petit dragon) 

Introduit en Espagne par les arabes sous le nom de "tharkoum"

Les formes taragona, targone, ancien français tragem.  

Du latin médiéval : tarcon, tarhon, tarchon, autelcon, tragon, tragum , dragon , dragum.

Anglais : tarragon 

Espagnol : taragona 

Italien : taegone ; dragoncello  ; estragone ; dragonella

Portugais : estragão


 

 

 

Mythologie de l'estragon

 


La forme serpentine de la racine de l’estragon faisait croire aux herboristes qu’il pouvait guérir les morsures d’animaux venimeux, selon la théorie des signatures.

 

Artemisia dracunculus (l'estragon) doit son nom à Artémis, la déesse de la Chasse dans la mythologie grecque, associée à la lune et aux animaux sauvages et qui protégeait les femmes, notamment les jeunes femmes vierges, elle-même étant une déesse vierge.



 

 

 

I° siècle

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79) écrivain et naturaliste romain du I° siècle

Histoire naturelle,

Tome second - Livre  XXIV

XCIII. 1. La plante que j'ai appelée dracunculus (XXIV, 91) se tire de terre dans le temps où l'orge mûrit, et au croissant de la lune. Il suffit d'en avoir sur soi pour que les serpents prennent la fuite. Aussi dit-on que le grand dracunculus en boisson est utile à ceux qui ont été mordus par ces reptiles; on dit encore qu'il arrête le flux menstruel, s'il n'a point été touché par le fer. Le suc en est bon dans les douleurs d'oreilles.


Pline  désignait par dracunculus "petit dragon", un autre, plus gros, drakontia, 

Dioscoride, quant à lui donne une description du "drakontia" qui peut désigner soit le Dracunculus vulgaris soit un gouet (Arum italicum ou Arum maculatum). Ces plantes sont efficaces pour traiter les polypes dans le nez, les spasmes, la toux, les fractures, les catarrhes, etc.


XI° siècle
Ibn Sina connu en Occident sous le nom d'Avicenne (980-1037), philosophe et médecin persan dans :
  "Canon de la médecine" 
conseille 
"l' estragon contre les morsures de vipères et contre le choléra et la peste." 
 

 

VIII° siècle

 

 

Le Capitulaire de Villis mentionne la présence d’une plante étiquetée dragontea offrant, par son nom du moins, des similitudes avec l’herbe dragon.

dragantea - Estragon - Artemisia dracunculus - Asteracées

 

Selon "Explication du Capitulaire de Willis"

Benjamin Guérard

Bibliothèque de l'École des chartes, 

Troisième série, Vol. 4 (1853), pages 546 à 572

dragontea
..."Mais je trouve, dans un manuscrit du quatorzième siècle, un moyen assuré de résoudre la question. L'article sur le dragontea est à la vérité dépourvu , comme presque tous ceux qui concernent les autres plantes, de la description des caractères botaniques; mais il est accompagné d'une figure coloriée assez bonne pour le temps. Or, cette figure ne ressemble en rien à l'estragon, tandis qu'elle ressemble très-bien à la serpentaire, arum dracunculus, de Linné, tel qu'elle est dessinée dans l'ouvrage de Weinmann. De plus on lit dans le texte : Serpentaria calida est et sicca; alio nomineriña . Le dragontea est donc non pas l'estragon, mais la serpentaire, comme Anton l'avait déjà reconnu.

 


 

 

XI° siècle

 


Ibn Sina connu en Occident sous le nom d'Avicenne (980-1037), philosophe et médecin persan dans :

"Canon de la médecine" 

conseille 

"l'estragon contre les morsures de vipères et contre le choléra et la peste." 


 

 

XV° siècle

 

 

L’estragon existe à l’état sauvage à l’ouest de l’Amérique septentrionale (Alaska).

 

On ignore la période exacte où  l'estragon sous la forme "artemisia dracunculus" est arrivée en Europe.

Certaines sources assurent qu’il aurait été ramené par les croisés au Moyen-Âge, d’autres préfèrent penser que c’est au 10ème siècle, lors des invasions Mongols qu’il fut introduit. 
 


Toutefois, il serait identifié au XV°-XVI° siècle dans différents ouvrages illustrés.


En France, les moines ont commencé à cette période, à le cultiver pour ses qualités médicinales et aromatiques. 

 

Jean Ruel (1474-1537) botaniste et médecin français 

dans le De natura stirpium, indique :

"c’est une des salades les plus agréables qui n’a besoin ni de sel ni de vinaigre, car elle possède le goût de ces deux condiments" 
 


 

XVI° siècle

 

En 1539 l'estragon est attesté sous le nom de targon 


François Rabelais (1483 ou en 1494-1553) écrivain français humaniste de la Renaissance.

..."Herbes vénériques comme… estragon"...

Pantagruel


 


 

 

Le botaniste Rembert Dodoens rend compte d’une plante que Charles de L’Écluse traduit directement par dragon dans :


L’Histoire des plantes  1557, p. 433

Que ce soit dans la description textuelle et dans l’illustration de la plante, "le dragon" se rapproche de l’estragon, Artemisia dracunculus L., par ses feuilles fines longues et sombres, ses inflorescences petites et rondes en bout de tige. 

La description de la plante contient des traits caractéristiques des créatures dragonesques : les racines se traînent le long de la terre, les feuilles sont longues et étroites, avec un goût qui laisse une sensation de brûlure.

De plus, le chapitre du dragon indique que la plante peut intégrer les plats, comme des salades."


 

 

 

Illustrations de Commentaires

de M. Pierre André Matthiole (1500-1577), médecin Senois,

sur les six livres de "Ped. Dioscoride anazarbeen"

de la matière médicinale

Plante fournissant des substances médicinales 

Targon

 

 

 

1564 

Charles Estienne (1504-1564) médecin, imprimeur et écrivain français.

L'Agriculture et maison rustique, Paris, 1. II, chap. 25, p. 43a : 

Targon, que les jardiniers nomment estargon 
 


 

1597

On le voit apparaître en France au XVIe siècle parmi les herbes cultivées par les moines. 

L'estragon est cité :

dans le célèbre herbier de John Gerard (1545-1612) botaniste anglais.
 


 

 

XVII° siècle

 


Le terme estragon est apparu dans la langue française en 1601.

Dictionnaire universel des drogues simples 

Troisième edition, 

Nicolas Lemery (1645-1715).

L’estragon, ou dracunculus esculentis, 

indique des noms, insistant sur son association avec la créature dragonesque.


 

 

Jean-Baptiste de la Quintinie (1626-1688) jardinier et agronome, créateur du potager royal de Versailles,

vante la culture et l’usage de l'estragon, comme étant essentiellement culinaire, estimant que c’est là un des plus précieux condiments parfumés que l’on peut mettre à disposition des cuisiniers et du palais des convives.


 

 

 

XVIII° siècle

 

Jean-Baptiste Chomel (1709-1765) 

préconisait l’estragon surtout pour un ensemble de désordres gastro-intestinaux : faiblesse stomacale, indigestion, nausée), l’estragon tombe de plus en plus dans l’écumoire du cuisinier. 


 

1753

Artemisia est un genre créé en 1753

par Carl von Linné (1707-1778).

Il évoque la déesse de la chasse Artémis de la mythologie grecque  (Diane chez les Romains), qui était aussi associée à la lune et considérée comme protectrice des femmes.
 

 

 

Venel et d'Argenville

L’Encyclopédie, 1re édition.

1751 (Tome 5, p. 1009).

"ESTRAGON, s. m. (Hist. nat. Bot.) dracunculus esculentus. C’est une plante potagere qui pousse plusieurs tiges ou verges à la hauteur de deux piés, rameuses, & portant des feuilles longuettes, odorantes, d’un goût fort, mais agréable. Ses fleurs qui sont jaunes, sont si petites qu’à peine les découvre-t-on ; elles forment de petits bouquets, & sont suivies de petits fruits ronds qui en conservent la semence : on l’employe dans les fournitures de salade, & on en met dans le vinaigre pour le faire sentir bon.

L’estragon se multiplie de traînasses ou boutures, rarement de semence, & repousse quand il a été coupé : sa culture n’a rien de particulier. (K)

Estragon, (Matiere médic. Chim.) Cette plante est puissamment incisive, apéritive, digestive ; elle donne de l’appétit, dissipe les vents, excite les urines & les règles, leve les obstructions : étant mâchée, elle fait sortir la pituite & la salive, comme la pyrethre ; c’est pourquoi elle apaise les douleurs des dents, & purge le cerveau humide. On en fait usage très-fréquemment parmi nous dans les salades ; elle tempère le froid & la crudité des autres plantes avec lesquelles on la mêle. Geoffroy, mat. méd.
L’estragon contient une partie mobile, vive & piquante, qui a quelqu’analogie avec l’esprit volatil des crucifères, mais qui n’a pas les caractères essentiels de ces sels.

L’estragon doit être rangé à cet égard avec l’ail, l’oignon, le poireau, la capucine, & quelques autres, que M. Boerhaave & ses copistes placent mal-à-propos parmi les plantes qui contiennent un alkali volatil nud. On prépare avec cette plante un vinaigre qu’on appelle vinaigre d’estragon.

Le vinaigre d’estragon entre dans l’eau prophylactique de la pharmacopée de Paris. (b)

Estragon, (Diète.) On mange les feuilles de cette plante en salade, rarement seules ; ordinairement avec la laitue, dont elles relèvent admirablement le goût. Cette espece d’assaisonnement peut devenir aussi fort utile pour l’estomac, & concourir efficacement avec le sel, le poivre & le vinaigre, à corriger la fadeur, l’inertie d’une plante aqueuse & insipide, telle que la laitue. Voyez Laitue & Salade. L’estragon est très-peu employé à titre de remede. (b)

Estragon, (Chimie.) L’estragon contient une partie vive & piquante au goût & à l’odorat, & aussi volatil que l’esprit des crucifères, auquel il est d’ailleurs très-analogue. La nature de ce principe mobile n’est pas assez déterminée jusqu’à présent ; les Chimistes instruits savent seulement que ce n’est pas un alkali volaril. (b)"


 

 

Artemisia est en effet un genre créé en 1753 par Carl von Linné (1707-1778).

 

Flora Danica (1761-1883)

Artemisia dracunculus, Estragon (de), Terragon (eng)

Estragon

 

 

 

Valmont de Bomare (1731-1807), naturaliste

Encyclopédie en six volumes.

Il écrit : 

..."l'estragon est une herbe qui relève le goût des salades, lève l’inertie et la fadeur d’une laitue"...
 

 

 

XIX° siècle

 

 

1804

Dictionnaire des sciences naturelles - volume III

estragon

 

 


1837, 

Joseph Roques (1772-1850) médecin et botaniste français.

Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 2, p. 371.

"L’estragon est une plante aromatique que la médecine a cédé à l’art culinaire, et elle a bien fait, car elle est assez riche en végétaux stimulants".

 

Gravure artemisia dracunculus


 


 

"M. Devic dans le :


‎Dictionnaire Étymologique Des Mots Français D'origine Orientale (Arabe, Persan, Turc, Hébreu, Malais)‎


n'admet pas que le lat. "draconem" soit l'origine d'estragon. Il met d'abord en avant les difficultés phonétiques, puis, rapprochant les formes taragona, targone et l'anc. franç. targon (targon, que les jardiniers nomment estragon, RAB., V, 29), il s'adresse au nom arabe-persan de la plante, tarkhoūn. Cette étymologie paraît la véritable ; mais M. Devic ajoute qu'il n'est pas impossible que les Arabes aient emprunté leur tarkhoūn au grec δράϰων."
 

 

 

1831

Charles Nodier (1780-1844) écrivain, romancier et académicien français

La Fée aux miettes est un roman fantastique 

"L'assaisonnement mordant et aromatique (...) d'une sauce à l'estragon"
 


 

Dictionnaire  de médecine usuelle

J.-P. Beaude, Didier, 1849

"ESTRAGON û» © N. m. De Par. j» I->. tarkhûn, mot qui désigne également la serpentine. 

Nom se. : Artemisxa dracunculus , en raison de "la racine, qui, étant recourbée sur elle-même, rappelle la queue d’un dragon"
Deux formes voisines de Pétymon ar. sont relevées au commencement du xir s., dans un dialecte de Chiraz, chez un célèbre médecin persan. Al-Hosseïni : terkhouni, ou fartoûn (dict. de M. Dévie). À cette plante potagère aromatique, utilisée comme condiment, était attribuée la vertu d’exciter l’appétit, et, aux dires des femmes ar., de provoquer les règles. Comme elle est tomachique, les médecins la préconisaient jadis en remède contre le scorbut. 

Le mot est enregistré dans le Dict. de l'Ac. en 1694. M. Dévie situe les premières ccurrences du mot, en ar., au IX e s. (sinon, au début du xi tf s. chez Avicenne). Ses indications ont permis de dater l’emprunt vers la fin du xu f s., par l’interméd. du lat. médiév. tarcon, puis altarcon (forme la plus proche de Par. at-tarkhûn). Au XVI e s., le mot s’écrira targon, puis estargon, et ; cit. ds TLF)."
 

 

 

1870

Prosper Mérimée (1803-1870) écrivain, historien et archéologue français.

Lettres à la comtesse andalouse de Montijo

..."J'aurai à débiter une harangue devant tout ce monde, après avoir endossé un habit brodé d'estragon"... 

 

 

Remy de Gourmont (1858-1915) écrivain français, à la fois romancier, journaliste et critique d'art, proche des symbolistes.

- Simone

"Il fait encore soleil et les moutons s'arrêtent

Près de l'étable, devant la porte du jardin,

qui sent la pimprenelle, l'estragon et le thym."
 

 

 

 

Angelo De Gubernatis (1840-1913) ethnologue, philologue, orientaliste, historien de la littérature et dramaturge italien.

Mythologie des plantes

Les Légendes du règne végétal

Tome second 

DRAGON. — Plusieurs herbes ont tiré leur nom du dragon, du serpent et de la couleuvre. Ces herbes ont des propriétés homéopathiques : à cause de la ressemblance qu’on a vuë entre elles et les serpents, on a pensé qu'elles étaient des talismans puissants pour éloigner les serpents et pour en guérir les morsures. Macer Floridus* nous donne cette description de l’une de ces herbes :


Herba, Dragonteam Graecorum quam vocat usus

Haec eadem, vulgi lingua, colubrina vocatur,

Quod colubro similis maculoso cortice surgit;

Ex quibus antiquis expertum credimus esse,

Quod queat a simili colubrina venena fugare.

Quisquis se trita radice perunxerit ejus,

.Tutus ab incursu serpentum dicitur esse.
 

 

 

XX° siècle

 


1913

Marcel Proust (1871-1922) écrivain français, 

Du côté de chez Swann Grasset, 1913

..."Swann rempli de loisir, parfumé par l'odeur du grand marronnier, des paniers de framboises et d'un brin d'estragon"...
 

 

 

1934

estragon - peinture

Guido Gallerani

 


1936

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français


Chanson du jour et de la suivante nuit
...
Ils échangent les herbes odorantes

L'estragon du rêve et le cerfeuil de la tendresse

Tout le jour passe et la suivante nuit

Et le jour suivant tout pareil

Le jour au jour et la nuit à la nuit
...

 

 

La pierre et le sel
...
Je ne parlerai aujourd’hui

Que d’un brin d’estragon

L’émeraude l’étoile verte de trois heures du matin

Figurent sur cette page blanche

Où je ne veux signaler que la saveur exquise de l’estragon
...
Promenons-nous dans les bois

Et gardons tous dans la bouche

La saveur exquise de l’estragon

En souvenir de cette exquise matinée


 

 

 

Jean Valnet (1920-1995) médecin et chirurgien militaire français, qui a été l'un des artisans du développement de ce qu'on a pu appeler la branche française de l'aromathérapie,

extrait du tome consacré à l’aromathérapie (p. 236) : 

..."Je soignais une enfant de trois ans sujette à des crises épileptiformes. Lorsqu’un hoquet se manifestait, la petite malade en était affectée pendant plusieurs heures et, pendant une journée, restait sans vie véritable. Le hasard voulut qu’elle débute une crise de hoquet devant moi : deux gouttes (pas plus car l’essence d’estragon est d’une rare puissance) sur un morceau de sucre et la crise fut stoppée en quelques secondes"...


 

 

 

Jacques Brosse (1922-2008) naturaliste, historien des religions et philosophe français. Il fut ordonné moine bouddhiste 


..." Qu’on ait vu en lui dans l’Antiquité un dompte-venin, n’a rien de très surprenant, puisque d’autres Artemisia passaient pour chasser les serpents des maisons. Et, après tout, y avait-il si loin, pour la ‘pensée sauvage’ qui se fie à l’apparence des êtres plus qu’à leur anatomie, du ver au serpent ; et l’on pourrait ajouter du serpent à l’organe fécondateur masculin, objet de l’horreur d’Artémis ? "
 

 

 

Alice May Brock (1941) artiste américaine, auteure occasionnelle et ancienne restauratrice.

..."Ajouter de la tomate et de l’origan, ça devient italien ; du vin et de l’estragon, ça devient français ; du citron et de la cannelle, ça devient grec ; de la sauce de soja, ça devient chinois  ; ajouter de l’ail, ça devient bon !..."

 

 

Jean de Bosschère (1951) écrivain, peintre, dessinateur et graveur belge naturalisé français 

..."Voici d'abord l'aube pour le poète, épanouie, l'esprit de grâce parfumée qui sait la fleur chérie des accomplissements d'hier la fleur trempée dans l'estragon de la joie les corolles de gratitude maculées de bonheur"...
 


 

1987

Scott Cunningham, auteur de

L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Estragon (Artemisia dracunculus) a les caractéristiques suivantes :

Pouvoirs : Amour sensuel ; Chasse.

Utilisation magique : 

Avant d'arriver en Europe, importé, comme beaucoup d'autres plantes orientales, par les croisés, cette variété d'armoise était très prisée des Arabes qui l'appelaient Tarkhoum ; ils la faisaient entrer dans des charmes passionnels et lui prêtaient des vertus aphrodisiaques. 

    Une tradition presque similaire se retrouve chez les Amérindiens qui frottaient d'Estragon leur corps et leurs vêtements pour se rendre désirables aux personnes du sexe opposé. 
    Chez les Chippeways du Michigan, cette herbe aromatique portait chance pendant les campagnes de chasse aux animaux à fourrure. 


 

 

 

XXI° siècle

 

 

Claude Gudin auteur de nombreux articles scientifiques et brevets, de plusieurs livres et de poèmes et chansons pour grands et petits.

Poèmes et chansons pour éplucher les légumes, 

(Éditions L'âge d'Homme ; 2002).


 

Mon Dragon n'est pas con

 

Refrain : 

Du haut d'un balcon

La tarasque c'est plutôt con

Mais pas mon dragon

Non mon bon, pas mon Dragon

 

Il broute l'estragon

Du vieux père Orgon

Dans son jargon, au père Orgon

L'estragon, c'est l'herbe aux dragons

 

Mais les Dogons, oui les Dogons

Du Mali, l'aiment aussi, l'estragon

Pour eux c'est un parangon

Ils en remplissent leurs wagons

 

Quand mon Dragon

En a plein le bidon

Il se met sous l'édredon

Et gare à qui fait grincer les gonds

 

Il est un peu glouton

Mais aussi doux qu'un mouton

Même avec les Teutons

Tontaine et tonton


 


 

 

2006

Marcello Castellana citant Gernot Katzer (Castellana, 2006).

..."L’estragon, ou l’herbe de dragon, est une plante dragonesque dont le lien avec le dragon est marqué dans au moins trente-neuf langues"... 


 

 

 

Symbole de l'estragon

 


- Contre le stress 

- planter de l'estragon apporte la chance

 

 

 

Mythes et Traditions de l'estragon

 

 

- L'estragon était très prisé des Arabes qui l'appelaient Tarkhoum ; ils la faisaient entrer dans des charmes passionnels et lui prêtaient des vertus aphrodisiaques.

- Les Amérindiens frottaient d'Estragon leur corps et leurs vêtements pour se rendre désirables aux personnes du sexe opposé.

- Chez les Chippeways du Michigan, cette herbe aromatique portait chance pendant les campagnes de chasse aux animaux à fourrure.

- Dans certaines régions de France, l'estragon était appelé serpentine

 

 

 

Utilisation de l'estragon

 


Aromatique et décoratif, l’estragon peut être installé au potager comme au jardin d’ornement. Il s’épanouit facilement en pleine terre comme dans les bacs, pots et jardinières, où il enivre de son odeur agréable.

L’estragon adore le soleil ! bien à l’abri du froid et du gel.

 

Culinaires

- Les feuilles d'estragon sont utilisées, fraîches ou séchées ou en poudre pour aromatiser des plats (lasagne, crudités, sauces, poissons, les œufs en gelée…) ainsi que les conserves au vinaigre (cornichons, variantes).

- L'estragon fait partie des fines herbes. Il donne la saveur principale de la sauce béarnaise, de la sauce gribiche, de la sauce tartare ou de la sauce vénitienne.

- Les feuilles sont aussi utilisées pour l'élaboration d'une liqueur d'estragon, une spécialité provençale.

- Le tarkhoun est fait à base d'extraits d'estragon.

- En Syrie, l'estragon se mange frais avec du fromage blanc syrien. Ils l'utilisent également avec des plats tels que le shishbarak et le kibbeh labaniyeh.


 


Thérapeutiques 

-  Propriétés antioxydantes 

- Reconnu pour ses vertus digestives, avec sa capacité à soulager les crampes d’estomac.

- Contre le hoquet - les colites inflammatoires - les colites spasmodiques.

- Consommé en infusion, il est anti-stress et favoriserait le sommeil.

- Source intéressante de fer et de manganèse.

- Douleurs gynécologiques

- Névralgies, sciatiques, crampes

- L’estragon est antioxydant, riche en vitamine K, en fer il serait antiallergique, notamment sous forme d’huile essentielle.

L'huile essentielle d'estragon est obtenue par distillation à la vapeur d'eau des feuilles. Il faut environ 100 kg de plantes séchées pour obtenir 1 kg d'huile essentielle.

 

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 21:29

 

 

 

 

Mythologie des épices,
Aromates et condiments


L'arbre à encens - Boswellia sacra


 

 

 

L'arbre à encens (Boswellia sacra) 

est un arbre de la famille des Burséracées. Il pousse dans les régions sèches du nord-est de l'Afrique et du sud de la péninsule Arabique. 


Le "Boswellia sacra" est l'une des principales espèces dont on tire l'encens, résine produite à partir de cette espèce de Boswellia.

 
C'est un petit arbre à feuilles caduques d'une hauteur de 2 à 8 m, qui comporte un ou plusieurs troncs. On le retrouve souvent sur les pentes rocheuses et dans les ravins, en moyenne montagne. Il aime les sols calcaires.


Les individus qui croissent sur des pentes escarpées développent un renflement en forme de coussin à la base du tronc qui adhère au rocher et leur assure une certaine stabilité.


 

 

L'écorce à texture de papier pèle facilement. 


 

Les feuilles composées et imparipennées (nombre impair de folioles) sont rassemblées en touffes au bout des branches. 


 

Les petites fleurs d'un blanc jaunâtre apparaissent en racèmes à l'aisselle des feuilles. Elles sont composées de cinq pétales, de dix étamines et d'un calice à cinq dents. 


 

 

Le fruit est une capsule d'environ 1 cm de long. Les jeunes branches sont recouvertes de duvet.

Fruits de Boswellia sacra (du Dhofar, Oman) - auteur Mauro Raffaelli


 


 

 

L'arbre serait originaire du Dhofar, dans l'actuel sultanat d'Oman. 


Il y est encore cultivé aujourd'hui, et est exporté par le port de Salalah. Il existe d'autres lieux de production tels que la Somalie, l'Ethiopie, le Yémen, à Djibouti et à Oman. Il tolère les situations très exposées. 


En  Inde on cultive surtout Boswellia serrata.


L'encens, appelé également oliban ou thiouraye, est une gomme-résine aromatique. Le monde arabe tout comme les Perses ont fortement contribué à sa diffusion.


Seul l'arbre mâle, haut de trois mètres à maturité, produit la précieuse résine, mais il faut attendre une bonne dizaine d'années pour qu'il fournisse un produit de qualité.

 
La résine est récoltée en pratiquant une incision peu profonde dans le tronc ou les branches de l'arbre et en retirant une étroite bande d'écorce. Il s'en écoule une sève laiteuse, qui se solidifie au contact de l'air et que l'on ramasse ensuite à la main.


Les sécrétions de résine, durcies au contact de l'air, sont collectées deux à trois semaines plus tard. On dit que la meilleure résine est recueillie en automne, à la suite d'incisions pratiquées pendant l'été.

C'est ce qu'on appelle "l'encens blanc"

 

 

"L'encens roux", est recueilli au printemps après des incisions hivernales.


 


 

 

Etymologie d'Encens


- Emprunté vers 1135 au latin ecclésiastique "incensum", (désignant une matière brûlée en sacrifice). 

Du verbe incendere qui signifie brûler, enflammer. 

Espagnol : Incienso ; 

Portugais et Italien : incenso

Anglais : Incense

Allemand : Weihrauch

 

appelé aussi :

Oliban 

Du bas latin olibanum, 

- Arabe al-lubbān (d'un mot sémitique) 

- Hébreu lebonah 

- Grec libanos (libanôtos) : la substance 

 

 

Chez les Romains on l'appelait :

- thymiama, (thumiamata, arômata),
Un mot proche de thym, 

A rattacher à deux racines grecques : 

- Thuos évoque à la fois l'idée d'offrande et de parfum, d'aromate ; 

- Thuien, qui correspond à la notion de sacrifice (que l'on fait brûler),

certainement d'origine racine indo-européenne °dhu- (faire brûler).

 

ou thiouraye 

D'origine wolof

Utilisé dans l'Afrique francophone

gomme-résine aromatique. 

Le monde arabe et les Perses ont fortement contribué à sa diffusion.


 

 

 

 

L'encens dans la religion


Faire brûler de l’encens est une pratique très ancienne commune à de nombreuses religions pour honorer leurs divinités. 

 

 

Culte païen


On utilise l'encens depuis des temps très, très anciens, notamment dans les cultes païens

Le dieu assyrien Baal était très friand de l'encens. (Baal ou Ba'al qui signifie supérieur, suprême, nom divin pouvant qualifier un ensemble de divinités des peuples de langues sémitiques du Proche-Orient ancien).

 


 

 

Légende de la Reine de Saba

 


Vers le VIII° siècle av. J.C.


Le Royaume des Sabéens  se situait au Yémen. Sa capitale était Mareb (Marib) dont il subsiste des ruines.


Son peuple, nomade puis sédentarisé, contrôlait l’activité commerciale de l’Arabie, jusqu’à l’Ethiopie et la Somalie.


Les caravanes de Saba transportaient l’encens et les épices dont le reste du monde avait besoin.


Riche et puissante, elle était fort cultivée et entreprenait de longs voyages afin de rencontrer différents personnages dont elle avait entendu la renommée. Initiée dans les temples de Thèbes et de Memphis, la reine se prosterne chaque jour devant le soleil qu'elle adore. 


C'est ainsi qu'elle décida de rencontrer Salomon, fils de David dont elle avait écouté auprès des voyageurs la renommée de sagesse. 


Elle prépare une expédition et se met en route  avec une caravane vers Jérusalem. 3000 chameaux la suivent transportant de précieux cadeaux. Elle veut ainsi tester le désir et la sagesse du roi Salomon.


Elle apporte de rares encens prélevés sur des arbres noueux aux branches basses et épaisses qui poussent dans le calcaire. Les feuilles de ces arbres sont minuscules et argentées. Des branches sont écorchées par les hommes et des gouttes blanches coulent. Il faut gratter de plus en plus profondément par 3 fois pour obtenir un encens blond que les Egyptiens nomment ” le parfum des dieux”. Ces arbres ont des fleurs blanches à 5 pétales au coeur rouge. On en fait aussi une poudre foncée, couleur d'ambre qui soigne l'estomac et mouillée les blessures. On mâche aussi l'encens blanc qui fortifie les gencives et les dents. Elle transporte également dans ce convoi des animaux, des aromates, de l'or, des pierres précieuses...

Piero della Francesca - L'adoration du Bois sacré et la rencontre de la reine de Saba et du roi Salomon

 

 

 

L'encens dans la Bible


Dans les liturgies chrétiennes, l’encensement est resté une marque d’honneur aussi bien vis-à-vis des diverses formes de présence ou de représentation du Christ (espèces consacrées, livre d'Evangile, cierge pascal) que de personnes (célébrants, fidèles, corps des défunts). 


La fumée de l’encens s’élevant vers le ciel est le symbole de la prière montant vers Dieu.
 


 

 

Le livre de l’Exode est le deuxième livre de la Bible et de l'Ancien Testament.


Exode 25 : 6

 

Le Seigneur parla à Moïse. Il dit :

 

"de l’huile pour le luminaire, du baume 

pour l’huile de l’onction et de l’encens aromatique".

 


Exode 30 : 34-35-36-37-38

 

La fabrication du parfum sacré

L'Eternel dit à Moïse :

Prends des aromates, du stacté, de l'ongle odorant,

du galbanum, et de l'encens pur, en parties égales.

 

Tu feras avec cela un parfum composé

selon l'art du parfumeur ; il sera salé, pur et saint.

 

Tu le réduiras en poudre, et tu le mettras

devant le témoignage, dans la tente d'assignation,

où je me rencontrerai avec toi. 

 

Ce sera pour vous une chose très sainte.

Vous ne ferez point pour vous de parfum semblable, 

dans les mêmes proportions; vous le regarderez

comme saint, et réservé pour l"Eternel.

 

Quiconque en fera de semblable, pour le sentir, 

sera retranché de son peuple.


 

 

 

Le Premier Livre des Rois est un livre de l'Ancien Testament 


 

Rois 9 : 25

Et Salomon offrait trois fois par an des holocaustes 

et des sacrifices de prospérités sur l'autel 

qu'il avait bâti pour l'Eternel, et il faisait fumer l'encens 

sur celui qui était devant l'Eternel. 

Et il acheva la maison.

 

Rois 11 : 8

Et il en fit ainsi pour toutes ses femmes étrangères, 

qui brûlaient de l'encens et sacrifiaient à leurs dieux.

 

Rois 12 : 33 

Et il offrit sur l'autel qu'il avait fait à Béthel,

le quinzième jour du huitième mois, le mois 

qu'il avait imaginé dans son propre coeur ; 

et il fit une fête pour les fils d'Israël, 

et offrit sur l'autel, faisant fumer l'encens.

 

Rois 13 : 2 

Et il cria contre l'autel, par la parole de l'Eternel, 

et dit : Autel, autel ! ainsi dit l'Eternel : 

Voici, un fils naîtra à la maison de David ; 

son nom sera Josias, et il offrira sur toi les sacrificateurs 

des hauts lieux qui font fumer de l'encens sur toi, 

et on brûlera sur toi des ossements d'hommes.


Rois  17 : 11 

Les causes de la ruine du royaume d'Israël

Ils ont brûlé de l’encens dans tous les lieux sacrés, 

ils ont imité les peuples que le SEIGNEUR avait chassés 

pour leur laisser la place. 

Ils ont commis des actions si mauvaises 

qu’ils ont provoqué la colère du SEIGNEUR.


 

 

 

Cinquième livre de la Bible hébraïque ou Ancien Testament


Deutéronome 33 : 10

Ils enseignent tes ordonnances à Jacob, 

Et ta loi à Israël; Ils mettent l'encens sous tes narines, 

Et l'holocauste sur ton autel.
 


 

L'encens dans la Bible hébraïque, 


Livres des Chroniques


Chroniques 6 : 49

Aaron et ses fils offraient les sacrifices

sur l'autel des holocaustes 

et l'encens sur l'autel des parfums,

ils remplissaient toutes les fonctions 

dans le lieu très saint, et faisaient l'expiation pour Israël, 

selon tout ce qu'avait ordonné Moïse, serviteur de Dieu.

 

 

Chroniques 9 : 29

D'autres veillaient sur les ustensiles, 

sur tous les ustensiles du sanctuaire, 

et sur la fleur de farine, le vin,

l'huile, l'encens et les aromates.


 

 


 

Le Lévitique est le troisième des cinq livres de la Torah.

 

Lévitique 2 : 1-2

L'offrande végétale

Lorsque quelqu'un fera à l'Eternel une offrande en don,

son offrande sera de fleur de farine ; il versera de l'huile

dessus, et il y ajoutera de l'encens. 

Il l'apportera aux sacrificateurs, fils d'Aaron ;

le sacrificateur prendra une poignée de cette fleur de farine,

arrosée d'huile, avec tout l'encens, 

et il brûlera cela sur l'autel comme souvenir. 

C'est une offrande d'une agréable odeur à l'Eternel.

 


Lévitique 5 : 11

S'il n'a pas de quoi se procurer deux tourterelles

ou deux jeunes pigeons, il apportera en offrande

pour son péché un dixième d'épha de fleur de farine, 

comme offrande d'expiation ; il ne mettra point d'huile

dessus, et il n'y ajoutera point d'encens,

car c'est une offrande d'expiation.

 


Lévitique 6 : 15

Le sacrificateur prélèvera une poignée de la fleur de farine 

et de l'huile, avec tout l'encens ajouté à l'offrande,

et il brûlera cela sur l'autel

comme souvenir d'une agréable odeur à l'Eternel.

 


Lévitique  24 : 5-6-7

Les pains offerts à Dieu

Tu prendras de la fleur de farine, et tu en feras douze

gâteaux ; chaque gâteau sera de deux dixièmes.

Tu les placeras en deux piles, six par pile,

sur la table d'or pur devant l'Eternel.

Tu mettras de l'encens pur sur chaque pile,

et il sera sur le pain comme souvenir, 

comme une offrande consumée par le feu devant l'Eternel.

 


 

L'Ancien Testament,


Ezéchiel  8 

Soixante-dix hommes des anciens de la maison d'Israël,

 au milieu desquels était Jaazania, fils de Schaphan, 

se tenaient devant ces idoles, chacun l'encensoir à la main, 

et il s'élevait une épaisse nuée d'encens.


 

 

 

Le Livre d'Isaïe (Livre d'Esaïe),

est un livre de l'Ancien Testament


 

Esaïe 1 : 13

Cessez d'apporter de vaines offrandes : 

J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, 

les sabbats et les assemblées ; 

Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.

 

 

Esaïe 60 : 6 

Tu seras couverte d'une foule de chameaux, 

De dromadaires de Madian et d'Epha ; 

Ils viendront tous de Séba;

Ils porteront de l'or et de l'encens, 

Et publieront les louanges de l'Eternel.


 

 

 

Le Cantique des cantiques (Cantique ou Chant de Salomon), livre de la Bible.

 

Cantique des Cantiques 3 : 6

 

Qui est celle qui monte du désert,

Comme des colonnes de fumée, 

Au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens 

Et de tous les aromates des marchands ? -

 


Lui

…Tes deux seins sont comme deux faons, 

Comme les jumeaux d'une gazelle,

Qui paissent au milieu des lis. 

Avant que le jour se rafraîchisse,

Et que les ombres fuient,

 J'irai à la montagne de la myrrhe

Et à la colline de l'encens.

Tu es toute belle, mon amie,

Et il n'y a point en toi de défaut.…

Cantique des Cantiques - Morelli-(1826-1901)


 

 

 

Premier des quatre évangiles canoniques 

Le Nouveau Testament.


Matthieu  2 : 11

"Ils (Les mages) entrèrent dans la maison 

et ils virent l’enfant avec sa mère, Marie. 

Ils se prosternèrent pour lui rendre hommage.

Ils ouvrirent leurs coffrets et présentèrent

à l’enfant les cadeaux : 

de l’or, de l’encens et de la myrrhe."


 

 

 

 

L’Apocalypse, ou Livre de l'Apocalypse,

ou Apocalypse de Jean, 

Dernier livre du Nouveau Testament.

 


Apocalypse  18 : 11.13

La grande prostituée

Et les marchands de la terre pleurent

et sont dans le deuil à cause d'elle, 

parce que personne n'achète plus leur cargaison,...

de cinnamome, d'aromates, de parfums, de myrrhe, d'encens, 

de vin, d'huile, de fine farine, de blé, de boeufs, de brebis, 

de chevaux, de chars, de corps et d'âmes d'hommes.

gravure russe du 19° siècle représentant la grande prostituée chevauchant la bête à sept têtes.

 


 

 

Les Psaumes de David (La Bible)


Psaume 140 : 2

 Que ma prière devant toi s'élève comme un encens, 

et mes mains, comme l'offrande du soir.

 

Psaume  141 : 2

Que ma prière soit devant ta face comme l'encens, 

Et l'élévation de mes mains comme l'offrande du soir !
 

 

 

Nouveau Testament


Luc 9 : 9-10-11

Il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, 

pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.

Toute la multitude du peuple était en prière au dehors, 

à l’heure de l’offrande de l’encens.

L’ange du Seigneur lui apparut, 

debout à droite de l’autel de l’encens.


 

 

 

La Bible livre de Jérémie


Jérémie 6 : 19-20-21

 

…Ecoute, terre! Voici, je fais venir sur ce peuple le malheur, 

Fruit de ses pensées ; 

Car ils n'ont point été attentifs à mes paroles, 

Ils ont méprisé ma loi.

 

 Qu'ai-je besoin de l'encens qui vient de Séba, 

Du roseau aromatique d'un pays lointain ? 

Vos holocaustes ne me plaisent point, 

Et vos sacrifices ne me sont point agréables. 

 

C'est pourquoi ainsi parle l'Eternel : 

Voici, je mettrai devant ce peuple des pierres d'achoppement, 

Contre lesquelles se heurteront ensemble pères et fils, 

Voisins et amis, et ils périront.


 

 

 

Christianisme - l'encens

 


Le christianisme, perpétue l'utilisation de l'encens, de plus il fait partie des cadeaux apportés au Christ par les mages, l'or symbolisant sa royauté, la myrrhe symbolisant son humanité, et l'encens (oliban)symbolisant sa divinité. 


Celui-ci est brûlé dans un encensoir, qui est balancé selon l'usage propre à chacun des rites respectifs pour mieux en diffuser dans l'air le parfum . La fumée de l'encens montant vers le ciel symbolise également la prière qui monte vers Dieu


 

 

 

Religion hébraïque - l'encens


Selon les rabbins, c'était la partie du quotidien service du temple qui était le plus aimé par Dieu. La combustion de l'encens était symbolique de la prière du peuple de monter jusqu'à Dieu. L'offre de cet encens a eu lieu après le sacrifice, parce qu'après l'expiation pourrait la communion avec Dieu.


La Bible hébraïque contient de nombreuses allusions aux épices et à leur commerce. Israël est en effet un pont entre l'Afrique et l'Asie, entre les empires du Nil et ceux du Tigre et de l'Euphrate, entre l'Egypte pharaonique et la Mésopotamie assyrienne, babylonienne et perse.

 

L'importance des aromates peut être notée dès la Genèse : la seconde épouse d'Abraham s'appelle Ketourah ("encens" en hébreu) et deux des enfants d'Ismaël, Bashmath et Mibsam, portent un nom dérivé du terme bosem ("épice")


 

 

 

Tradition bouddhique - encens

 


L’offrande d’encens permet d’entrer en bonne relation avec les êtres immatériels. Par ailleurs, elle revêt aussi une fonction purificatrice : les pensées et émotions sont purifiées à travers l'usage de l’encens.


Au Vietnam, l'encens est utilisé pour le culte des ancêtres, qui se pratique généralement à domicile. La fumée qui s'en dégage établit selon la tradition un lien entre les vivants et les morts. Le culte commence par l'allumage des bâtons d'encens sur l'autel, en signe de mise en relation avec les défunts. Viennent ensuite les prières : les bâtons d’encens sont placés entre les deux mains et trois salutations sont alors effectuées. Ils sont ensuite reposés délicatement sur l’autel des ancêtres.


 

 

 

3000 av. J.C.-2100 av. J.C.

 

L’usage domestique de l’encens est attesté en Oman depuis le IIIe millénaire av. J.C. Des fouilles effectuées sur le site de Ra’as al-Jins ont mis au jour un brûle-parfum en grès de forme cubique et reposant sur quatre pieds, qui présente au sein de son réceptacle de la matière brûlée. 

 

 

Dès 2800 avant J.C. 


L’encens était transporté soit au nord de la Mésopotamie, soit à l’ouest de la mer Rouge. Là, il était chargé sur des bateaux à destination de l'Egypte, où il était apprécié comme une offrande digne des dieux.

 


2500 av. J.C.  


Dès l'Ancien Empire égyptien, des pharaons comme Sahourê (XXV° siècle av. J.C.) envoient des navires pour ramener des épices depuis le mystérieux "pays de Pount". La plupart des auteurs l'interprètent comme la corne de l'Afrique, dans la région du cap Gardafui, ou plus rarement comme l'Arabie heureuse.
 


 

1800 av. J.C.


La route de l'encens liait autrefois l'Eypte au Yémen et à l'Inde. Elle fut probablement créée aux environs de 1800 av. J.-C., 


C'est sous le nom de "route de l'encens" qui reliait la corne de l'Afrique et l'Arabie, sources antiques d'aromates, à la Mésopotamie, à l'Egypte et au monde méditerranéen. Mais elle pourrait être bien plus ancienne.

 
Les archéologues en situent le début autour de 1800 av. J.-C., quand les Indiens commencèrent à envoyer de l'encens aux ports d'Arabie et d'Egypte : Cane, Aden et Muza dans le sud et Bérénice, Philotera, Myos Hormos, Leukè Komè et Aila dans le nord. L'encens qui arrivait aux ports d'Arabie était ensuite envoyé par caravane dans le désert jusqu’à Pétra, et de là, à Gaza et à Damas. Celui transitant par les ports d'ةgypte était transporté à Alexandrie, en passant par Coptos.

 


1500 av.J.C.

 

Le Rig-Veda ou Ṛgveda 


Collection d'hymnes (sūkta) sacrés ou encore d'hymnes de louanges de l'Inde antique composés en sanskrit védique. 


Les références les plus anciennes à l'encens dans les Vedas se trouvent dans l'Atharvaveda et le Rigveda. La combustion de l'encens a été suggérée comme moyen médicinal pour créer une atmosphère apaisante ou comme outil de guérison pour la fumigation - pour purifier et nettoyer l'environnement des envahisseurs viraux/bactériens, mais aussi pour nettoyer spirituellement et élever énergétiquement l'espace et ceux qui y vivent. 

 

 

 

De tous les parfums, l'encens est certainement celui qui a le passé le plus prestigieux. On le considérait dans l'Antiquité comme plus précieux que l'or, et la route de l'encens a fait la fortune de plusieurs royaumes arabes


Les Egyptiens, considérés comme les plus grands parfumeurs de l'Antiquité, firent eux aussi un grand usage de l'encens, qui entrait notamment dans la composition du kyphi. Le nom même de l'encens dans l'ancienne langue égyptienne est évocateur. Le mot "netcher" désignait ce qui relevait des dieux ou du divin et c'est le causatif de ce mot qui était utilisé pour dénommer l'encens : "sénetecher" dont une traduction pourrait être : "Ce qui rend divin". 

 

 

 

La plus célèbre de ces expéditions commerciales est certainement celle de la reine d'Egypte antique Hatchepsout (XV° siècle av. J.C.), dont le temple funéraire contient des bas-reliefs qui montrent les différentes richesses ramenées de Pount. Parmi celles-ci, on compte des arbres à encens déracinés et transportés vivants avec leurs feuilles et leurs racines dans des paniers ronds.

 

Le règne d'Hatchepsout

(v. 1508 av. J.C.-v. 1457 av. J.C.)


Sa politique étrangère de la reine se caractérise surtout par des expéditions commerciales. Ainsi, dans le château des millions d'années, les bas-reliefs illustrent une expédition envoyée au Pays de Pount, en l'an VIII/IX du règne : à leur retour, "les navires étaient chargés très lourdement des merveilles (…) du pays divin (…) - de l'or, de l'ivoire, du bois d'ébène, des peaux de panthère, une panthère vivante, une girafe, des parfums et des huiles de sycomore…", mais surtout de l'encens, qui était abondamment utilisé dans les cérémonies du culte. 


Elle se laisse dire par le Dieu Amon : "Je t'ai dopnné Pount tout entier ; la terre du Dieu, elle n'a jamais été foulée ; les échelles de l'encens, on ne les connaissait pas"

(Urkunden des وgyptischen Altertums IV - 344 -6,9)


Les décors sculptés du temple d'Hatchepsout racontent l'histoire de la naissance divine du pharaon. Ils évoquent également une expédition au pays de Pount, un pays exotique situé sur la côte de la mer Rouge.


Les reliefs gravés par Hatchepsout au portique de Deir el Bahari son temple funéraire sur la rive gauche thébaine, et sous la surveillance du chef Parehou et de son éppouse Ati, se poursuit le chargement des arbres à encens, la boswellia, qui seront replantés à Deir el Bahari.

D.M. Dixon (1969)

 

 

 

 

1200 av. J.C.

 


Le Livre des morts des anciens Egyptiens 

Livre pour sortir au jour.


Rouleaux de papyrus, recouverts de formules funéraires, placés à proximité de la momie ou contre celle-ci, dans les bandelettes.

"ش Osiris, puissent mes offrandes de maïs, d'encens et d'eau pure témoigner de ma dévotion envers toi. Que je sois reconnu comme un juste parmi les justes, et que ma vie soit louée par les dieux éternels."


Pyramide d’Ounas 7

ANTICHAMBRE

Mur sud (d’ouest en est)

Fragment 269

376 : Les mots à dire :

"Le feu est allumé, le feu brille,

l’encens est placé sur le feu, l’encens brille.

Ton odeur vient à Ounas, ô encens !

L’odeur de l’Ounas vient à toi, ô encens !"


 

Pyramide d’Ounas 5

PASSAGE ہ LA CHAMBRE SARCOPHAGE

Mur nord (d’ouest en est)

Fragment 200

116 : Salutation, encens !

Salutation, frère divin !

Salutation, celui qui est dans la chair d’Horus !

Grand père, propage ton nom !

Ton odeur est pour Ounas, ton parfum est pour Ounas !

Oeil d’Horus, sois haut, sois grand pour Ounas !

Encens.

 


Pyramide d’Ounas 4

CHAMBRE SARCOPHAGE

Mur nord – Premier registre (d’ouest en est)

Fragment 39

31 : Ounas, prends l’Oeil d’Horus vers lequel il est allé ! 

Je te l’apporte, je te le mets dans la bouche.

Pastille d’encens du Sud et Boulettes d’encens du Nord.

 

 

CHAMBRE SARCOPHAGE

Mur nord – Deuxième registre (d’ouest en est)

Fragment 25

17 : Celui qui va avec son Ka s’en va.

Horus va avec son Ka,

Seth va avec son Ka.

brûlant de l’encens.
 

 

 

1180 av. J.C.


Sous la XXe dynastie (vers 1180 av. J.-C), 

Ramsès III déclare: 

"Vers toi Amon, je conduis Pount,

avec l'encens, pour en entourer ta maison
 


 

 

IV° siècle av. J.C.

 


Les Grecs voient pour la première fois des arbres à encens et des arbres à myrrhe au cours d'une expédition en Arabie entreprise par les partisans d'Alexandre le Grand peu avant sa mort, dans le dernier quart du IV° siècle avant J.-C.


Elle connaît une croissance extraordinaire avec la découverte des vents de mousson à l'époque hellénistique et le commerce des épices devient la source de contacts directs entre les mondes gréco-romain, indien et chinois en parallèle de la route de la soie.
 

 

 

III° siècle av. J.C. - I° siècle av. J.C.

 

 

Entre -270 et -143 (Cleuziou et Tosi 1997). 


Il s’agit d’un contexte domestique, et non pas cultuel ou lié au pouvoir. Cette découverte suggère ainsi un usage commun de l’encens pour des périodes anciennes.


Des autels à encens de tailles variées (de 20 cm de côtés à environ 1 m de haut) ont été retrouvés dans les temples sudarabiques à Shabwa, Raybûn, Marib… Ils étaient employés lors des rites dédiées aux divinités. 


Le commerce de l'encens, et de la myrrhe, d'Arabie du Sud vers la Méditerranée, a prospéré entre le III° siècle avant notre ère et le II° siècle de notre ère. La route de l'encens a servi de canal pour des échanges de biens autres que l'encens ou la myrrhe : épices indiennes, ébène, soie, textiles de qualité. D'Afrique orientale ont circulé également bois rares, plumes, peaux d'animaux, or et esclaves.


 

Callixène poète et historiographe grec de la période hellénistique au III° siècle av. J.-C.

Cirque d'Alexandrie  :

" (…) Des chameaux portaient cent-cinquante kilogrammes d’encens, cent-cinquante kilogrammes de myrrhe, cent kilogrammes de safran, de la cannelle et d’autres épices. (…)"


 

Théocrite (vers 310-vers 250 av. J.-C.) poète grec, auteur de mimes, d'idylles pastorales et de contes épiques. 

Idylle XVII de- Eloge de Ptolémée

..."A peine ses augustes parents sont descendus dans la tombe, que déjà il consacre leur mémoire par des temples où brûle un encens perpétuel. C'est là que leurs traits chéris respirent sur l'or et sur l'ivoire, et que tous les mortels les honorent comme des dieux protecteurs"...

 


Callimaque (305 av. J.C.-240 av. J.C.) poète grec

Hymne à Délos

(trad. E. Cahen, CUF)

"Asteria terre d’autels, terre de prières" (316).

..." Astéria, parfumée d’encens (thuoessa), autour de toi les îles forment cercle, autour de toi font comme un chœur de danse"...

Pendant longtemps, durant l’Antiquité, l’encens aura plus de valeur que l’or

Quant aux célèbres aromates d'Arabie que sont l'encens et la myrrhe, ils sont originaires des deux rives de la mer Rouge.
Pour éviter de payer de lourdes taxes, les chemins ont souvent changés. Les Romains utilisaient quant à eux la voie maritime. Ils passaient par la Mer Rouge pour ne pas donner aux Bédouins de l’or et de l’argent contre des épices ou de l’encens.


 

Arabia felix : l’Arabie heureuse. C’est ainsi que les Romains surnommaient le Sud de la péninsule, région riche et fertile et terre d’origine du précieux boswellia. Il existe diverses variétés de cet arbre, dont la résine extraite n’offre pas les mêmes propriétés olfactives.

 


Relief d'un temple de Karnak :

 

Egypte ancienne - période ptolémaïque (332 av J.-C. -30 av J.-C.)
Le pharaon Ptolémée VIII fait l'offrande de l'encens au dieu Amon et à la déesse Maât

 

 

Strabon (vers 63 av. J.C.-23 ap. J.C.)  géographe et historien grec 

GéographIe - livre ΧV

..."On ne voit personne se ceindre la tête d'une couronne pour offrir aux dieux un sacrifice, de l'encens ou une libation".

 

 


Ovide (43 av. J.C.-17/18 ap. J.C..) poète latin qui vécut durant la période de la naissance de l'Empire romain. 

- Métamorphoses, IV  

..."Depuis la mort funeste de Phaéthon, le dieu dont la main guide les rapides coursiers du jour n'avait point éprouvé, dit-on, de douleur si profonde. Il essaie encore, en redoublant les traits de sa lumière, de ranimer ses membres glacés, d'y rappeler la chaleur et la vie. Mais le Destin jaloux s'oppose à tous ses efforts. Le dieu épanche alors sur le sable, et sur le corps de son amante, un nectar odorant; et, après de longs gémissements : "Du moins, dit-il, tu porteras ta tête vers le ciel" ! En ce même moment, le corps de la Nymphe s'amollit pénétré d'une essence divine, la terre en est parfumée. Un arbre dans son sein étend ses racines, perce la tombe, s'élève et distille l'encens"...

 

- Les Héroïdes

..."je prodigue l'encens, je l'arrose de mes larmes, et la flamme s'étend et brille, comme on la voit s'élever de la libation d'un vin pur"...

 

- Les Pontiques

..."Quand la famille d'Auguste, ses fils et Livie leur mère, sont dans l'allégresse, quand toi-même, père de la patrie et du jeune triomphateur, tu t'associes à cette allégresse, quand le peuple te félicite, et que, dans toute la ville, l'encens brûle sur les autels, quand le temple le plus vénéré offre un accès facile, espérons que nos prières ne resteront pas sans pouvoirs"...
 

 

Le premier arbre à encens aurait poussé sur la tombe de la nymphe Leucothoé, maîtresse d'Hélios (le soleil ou apollon) châtiée par son père Orchamos.

 


 

Pline l’Ancien (23 ap. J.-C. -79 ap. J.C.) écrivain et naturaliste romain du I° siècle.


Histoire naturelle

Livre douze


Traitant des arbres.
 XXX. Du pays de l'encens. - 

(2)  Les forêts d'encens s'étendent dans une longueur de 20 schènes, et dans une largeur de dix. Le schène, d'après l'évaluation d'ةratosthène, vaut 40 stades, c'est-à-dire 5,000 pas ; quelques-uns ont estimé le schène à 32 stades. De hautes collines s'y élèvent, et les arbres qui y naissent spontanément descendent jusque dans les plaines. On s'accorde pour dire que la terre est argileuse, avec des sources rares et nitreuses. Ce pays est limitrophe de celui des Minéens, autre district à travers lequel on porte l'encens par un seul sentier étroit. Les Minéens, les premiers, ont fait le commerce de l'encens, et ils en sont encore les agents les plus actifs; de là vient que l'encens a été appelé minéen. Ce sont les seuls Arabes qui voient l'arbre de l'encens, et encore ne le voient-ils pas tous;

(3) On dit que c'est le privilège de trois mille familles seulement, qui le possèdent par droit héréditaire; que pour cela ces individus sont sacrés; que lorsqu'ils taillent ces arbres ou font la récolte ils ne se souillent ni par le commerce avec les femmes ni en assistant à des funérailles, et que ces observances religieuses augmentent la quantité de la marchandise. Quelques-uns prétendent que le droit de faire la récolte dans les forêts appartient en commun à ces peuples ; d'autres disent qu'il se répartit par un roulement annuel.

 

XXXI. Arbres qui portent l'encens. - 

(1) On n'est pas même d'accord sur la forme de l'arbre. Nous avons fait des expéditions dans l'Arabie, les armes romaines ont -pénétré dans une grande partie de ce pays, et même Caïus César (VI, 31 et 32), fils d'Auguste, lui a demandé du renom : cependant aucun Latin, que je sache, n'a décrit l'apparence de cet arbre. Quant aux Grecs, leurs descriptions varient : les uns ont dit qu'il a la feuille du poirier, plus petite seulement et d'une couleur herbacée; les autres, qu'il ressemble à un lentisque, dont la feuille serait un peu rousse. Quelques-uns ont dit que c'est un térébintbinier, et que le roi Antigone, à qui on en apporta un arbrisseau, en jugea ainsi.

(2)  Le roi Juba (VI, 31), dans est ouvrage adressé au fils d'Auguste, Caïus César, qu'enflammait la renommée de l'Arabie, rapporte que le tronc est tordu, que les branches sont très semblables à celles de l'érable du Pont, et qu'il jette un suc comme l'amandier; qu'on le voit avec ces caractères dans la Carmanie et en ةgypte, contrée où il a été planté par le zèle des Ptolémées. Il est certain qu'il e l'écorce du laurier ; quelques-uns ont dit que la feuille aussi est semblable à celle de cet arbre. Toujours est-il que tels étaient les arbres d'encens à Sardes (XVI, 59) ; car les rois d'Asie prirent aussi le soin d'en faire planter. Les ambassadeurs qui de mon temps sont venus d'Arabie ont augmenté nos incertitudes; ce qui doit nous étonner à juste titre, car on nous apporte des branches de l'arbre d'encens, d'après lesquelles on peut croire que le végétal qui les porte e un tronc uni et sans noeuds.

 

XXXII. Quelle est la nature de l'encens, quelles en sont les espèces. 

(1) On avait la coutume de faire la récolte une fois par an, les occasions de vendre étant moins fréquentes. Aujourd'hui le profit amène à demander une seconde vendange. La première vendange, celle qui est naturelle, se prépare vers le lever de la Canicule, au moment des chaleurs les plus ardentes ; on pratique des incisions là où l'écorce parait le plus gorgée, là où elle est le plus mince et le plus tendue. On dilate la plaie, mais sans rien enlever. il en jaillit une écume onctueuse, qui s'épaissit et se coagule; on la reçoit sur des nattes de palmier quand la nature du lieu l'exige, autrement sur une aire battue alentour. L'encens est plus pur de la première façon, plus pesant de la seconde. On fait tomber avec un instrument de fer ce qui est resté attaché à l'arbre; aussi cette portion est-elle mélangée de fragments d'écorce. La forêt, divisée en lots déterminés, est à l'abri des déprédations, grâce à la probité mutuelle ; personne ne garde les arbres incisés, personne ne vole son voisin.

(2) Mais certes à Alexandrie , où l'on sophistique l'encens, les laboratoires ne sont jamais suffisamment gardés; on appose un cachet sur le caleçon des ouvriers; on leur met un masque sur la tète, ou un réseau à mailles serrées ; on ne les laisse sortir que nus. Tant il est vrai que chez nous les châtiments donnent moins de sûreté qu'on n'en trouve dans ces forêts ! On recueille en automne ce que l'été a produit ; c'est l'encens le plus pur, il est blanc. La seconde vendange se fait au printemps; les écorces ont été incisées en hiver; l'encens sort roux, il n'est pas comparable au premier. Le premier se nomme carphéote, le second dathiate. On croit aussi que celui d'un arbre jeune est plus blanc, et celui d'un arbre vieux plus odorant. Quelques-uns pensent qu'il en vient dans les îles, et qu'il y est meilleur ; Juba nie que les îles en produisent.

(3) L'encens qui est resté suspendu en forme de goutte arrondie, nous l'appelons mâle, bien qu'ordinairement on ne se serve pas de la dénomination de mâle là où il n'y a pas de femelle. On a voulu, par principe religieux, bannir une dénomination empruntée à l'autre sexe. Quelques-uns pensent qu'il est appelé mâle parce qu'il a l'apparence de testicules. On estime le plus mamelonné, forme qu'il prend quand une larme venant à s'arrêter est suivie d'une autre qui s'y mêle. Je lis dans les auteurs que chaque motte d'encens remplissait la main, quand, ayant moins d'avidité, on se pressait moins de récolter. Les Grecs donnent à ces mottes le nom de stagonies (gouttes) et d'atomes, et d'orobies (en forme d'ers) à celles d'un moindre volume.

(4) Nous appelons manne les miettes détachées par le frottement. Cependant, encore aujourd'hui, on trouve des mottes qui pèsent le tiers d'une mine, c'est-à-dire, 28 deniers (101 gr. 996). Alexandre le Grand, dans son enfance, chargeant d'encens les autels avec prodigalité, son précepteur Léonides lui avait dit d'attendre, pour implorer les dieux de cette manière, qu'il eût subjugué les pays produisant l'encens : ce prince, s'étant emparé de l'Arabie, lui envoya 'un navire chargé d'encens, et l'exhorta à implorer les dieux sans parcimonie.

(5) L'encens récolté est apporté a dos de chameau à Sabota (VI, 32,12 ), où une seule porte est ouverte pour cet usage. S'écarter de la route est un crime puni de mort par les lois. Là les prêtres prélèvent, à la mesure , non au poids, la dîme en l'honneur du dieu, qu'ils nomment Subis; il n'est pas permis d'en vendre auparavant ; c'est avec cette dîme qu'on fait face aux dépenses publiques, car le dieu défraye généreusement les voyageurs pendant un certain nombre de journées de marche. L'encens ne peut être exporté que par le pays des Gébanites (VI, 32, 11); aussi paye-t-il un droit à leur roi. Thomma, leur capitale, est éloignée de Gaza, ville de Judée, située sur notre mer (Méditerranée), de 4,436,000 pas, trajet divisé en 65 stations de chameaux. Il y a encore des portions fixes à donner aux prêtres et aux scribes des rois ; en outre, les gardiens, les soldats, les portiers, les employés, se font leur part. Partout où l'on passe il faut payer, ici pour l'eau, là pour le fourrage, pour les stations, pour les divers péages, de sorte que la dépense pour chaque chameau jusqu'à la côte de notre mer monte à 688 deniers (564 fr. 16); là il faut encore payer aux fermiers de notre empire. Aussi la livre du meilleur encens est de 5 deniers (4 fr. 92) ; la seconde qualité, 5 deniers (4 fr. 10); la troisième qualité, 3 deniers (2 f. 46). Chez nous on le falsifie avec des larmes de résine blanche, qui ressemblent beaucoup à l'encens; mais on découvre cette sophistication par les moyens indiqués (XI, 19). On le reconnaît à la blancheur, à la grosseur, à la fragilité, à ce que, mis sur un charbon, il brûle aussitôt, et encore à ce que, loin de se laisser mâcher, il s'émiette.

 

Contenant l'histoire des oiseaux

II. Du phénix. 
II. (I.) 

1 L'Inde et l'Ethiopie produisent surtout des oiseaux de couleurs très diverses, et tels qu'on ne saurait les décrire. Le plus célèbre de tous naît dans l'Arabie : c'est le phénix, si toutefois son existence n'est pas une fable (XIII, 9); il est unique dans l'univers entier, et on ne l'a pas vu souvent. On lui donne la taille de l'aigle, un plumage éclatant comme l'or autour du cou; du reste, pourpre, une queue d'azur entremêle de plumes roses, des crêtes sous la gorge, et une huppe qui pare sa tête. Le premier parmi les Romains qui en ait parlé, et le plus exact, est Manilius, ce sénateur si célèbre par les connaissances qu'il ne devait qu'a lui seul : il dit que personne ne l'a vu mangeant; qu'en Arabie il est consacré au Soleil; qu'Il vit cinq cent neuf ans ; que vieillissant il se construit un nid avec des branches de cannelle et d'encens; qu'Il le remplit de parfums, et qu'il meurt dessus; que de ses os et de sa moelle il naît d'abord une sorte de vermisseau qui devient un jeune oiseau; que d'abord il rend les honneurs funèbres à son prédécesseur; qu'il porte le nid tout entier près de la Panchaïe (VII, 57), dans la ville du Soleil, et qu'il le dépose sur un autel. Le même Manilius expose que la révolution de la grande année s'accomplit avec la vie de cet oiseau; qu'alors une nouvelle période, avec les mêmes caractères, s'ouvre pour les saisons et les astres, et qu'elle commence à midi le jour ou le soleil entre dans le signe du Bélier.


 

 

 

I° siècle


Plutarque (vers 46- vers 125) philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique. Grec d'origine, 

..."La chaleur du vin fait, sur l'esprit, le même effet que le feu produit sur l'encens."...
 

 

 

VI° siècle

 


L'encens fut importé de Chine au VI° siècle, en 552, en même temps que la religion bouddhiste. Le premier écrit qui évoque l’utilisation de l’encens au Japon est le Nihon shoki, un des plus anciens documents historiques de l’histoire du Japon; il mentionne une utilisation de l’encens en 595 lors du règne de l’impératrice Suiko.


Très rapidement après son arrivée au pays du Soleil levant, l’encens se popularisa et se démocratisa sur l’ensemble du territoire. Bien qu’il ne soit pas d’origine japonaise, cela n’empêcha pas un très fort artisanat local d’émerger, et ce, même malgré l’absence de bois adéquat sur le territoire. Les fabricants d’encens japonais étaient donc contraints de faire importer le bois de Chine par bateaux pour pouvoir en fabriquer. Cependant, ce n’est pas ce qui les empêcha de devenir les meilleurs artisans au monde en matière d’encens.

 

Des entreprises datant de plusieurs centaines d’années existent encore comme Baieido ou Nippon Kodo.
 

 

 

Palladius (V° siècle de l’ère chrétienne) auteur d'un traité sur l'agriculture.


"L'Economie rurale"

..."quatre onces de fleurs de jonc odorant et d'aloès hépatique, une once de bon mastic, autant de cannelle et de poivre, une demi-once de spica-nard et une once d'excellente myrrhe et d'encens mâle qui ne soit pas rance."... 
 

 

 

XII° siècle

 


 

Theodore Agrippa D Aubigne (v. 1181-1218) poète français

Extrait 

 

En mieux il tournera l'usage des cinq sens.

Veut-il suave odeur ? il respire l'encens

Qu'offrit jésus en croix, qui en donnant sa vie

Fut le prêtre, l'autel et le temple et l'hostie.
...

 

Extrait 

Oui, je suis proprement à ton nom immortel
...
On t'assommait l'humain, mon sacrifice est tel,

L'holocauste est mon coeur, l'amour le sacrifice,

Les encens mes soupirs, mes pleurs sont pour l'hostie

L'eau lustrale, et mon feu n'est borné ni mortel.
...

 

 

 

XIII° siècle


 

L'arbre à encens cultivé en Chine méridionale fournissait autrefois la matière première des petits bâtons à brûler exportés de Hong Kong vers les confins de l'Asie, jusqu'en Arabie, et qui faisaient sa renommée.

 

L'encens hongkongais a prospéré des siècles durant, sous la dynastie des Song vers le premier millénaire de notre ère, puis des Mong (1368-1644).
 

 

 

XV° siècle

 

François Briand, poète français actif au XV° siècle


Noël

Il est décent que chacun don réponde

Selon celui à qui le don s'adresse.

Donc Melchior, qui est roi de Sabonde

Offrit encens, comme roi de sagesse.

 

 

 

1458

Enluminure Vendeur d'encens 

D'après le Ms Lat 993 fol.104r, 

Biblioteca Estense Universitaria, Modena

Le manuscrit "Tractatus de Herbis"  

Traité de plantes médicinales

Pletario et Bartolomeo Mini

 

 

 

1460

Thomas A Kempis (1380-1471) moine néerlandais du Moyen Âge. 

"Imitation de Jésus-Christ"

..."et tout l'encens du monde offert à ta justice n'a point de quoi répandre une si douce odeur."...

 

 

XVI° siècle

 

 

Gravure médiévale estampe 1543 

Encensoir catholique et encens

 


 

 

 

1575

La récolte de l'encens illustrée 

dans la Cosmographie universelle d'André Thevet (1575), 
vol. 1.

Gallica.BNF.FR


 

 

 


Jean Bertaut (1552-1611) poète français et évêque 


Elégie (1)


La mienne est comparable au feu d'une fournaise

Qui tourne tous les jours une forest en braise :

Et la vostre à celuy qui dessus les autels

Fume d'un peu d'encens au pied des immortels.


 

Joachim du Bellay (vers 1522-1560) poète français 

 

Si fruits, raisins et blés, et autres telles choses 

   ...
"Toi donc, qui de l'encens et du baume n'as point,

Si du grand Jules tiers quelque regret te point,

Parfume son tombeau de telle odeur choisie"...
 


 

XVII° siècle

 

Antoine Godeau (1605-1672) homme de lettres et évêque français.

 

Sur la résurrection de Notre Seigneur

 

Quand le Phénix se brûle au céleste flambeau

Sur un lit précieux d'encens et de cannelle,

Il reprend dans sa cendre une force nouvelle

Et pour lui le cercueil se change en un berceau.
 

 

 

Savinien de Cyrano, dit de Bergerac (1619-1655) écrivain français

(Paris 1619-Paris 1655)

La Mort d'Agrippine

..."Un peu d'encens brûlé rajuste bien des choses"...
 


 

 

Nicolas Boileau (1636-1711) homme de lettres français 


Discours au roi

Grand Roi, si jusqu'ici, par un trait de prudence,

J'ai demeuré pour toi dans un humble silence,

Ce n'est pas que mon cœur, vainement suspendu,

Balance pour t'offrir un encens qui t'es dû ;

Mais je sais peu louer; et ma muse tremblante

Fuit d'un si grand fardeau la charge trop pesante,

Et, dans ce haut éclat où tu te viens offrir,

Touchant à tes lauriers, craindrait de les flétrir. 


 

 

 

1665

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière

L'Amour Médecin 1665

..."Les flatteurs, par exemple, cherchent à profiter de l'amour que les hommes ont pour les louanges, en leur donnant tout le vain encens qu'ils souhaitent"...

 

 

1699

François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit Fénelon

 "Les aventures de Télémaque" 1699

..."faites fumer un doux encens en l'honneur de ce dieu..." 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Date d'édition :  1720

Parfums et remèdes contre la peste 

dont s'est servi avec tout le succès possible

le P. Léon Augustin employé par le Roi pour guérir les personnes attaquées de la contagion qui régnait en plusieurs endroits du royaume en 1666, 1667, 1668 et 1669...

Éditeur  :  L.-D. Delatour (Paris)


 

 

 

André Chénier (1762-1794) poète français

 


A la France

...
De nos tristes climats pour longtemps ignorée,

Daigne du haut des cieux goûter le libre encens

D'une lyre au coeur chaste, aux transports innocents,

...

 


Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose

...
Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose

De n'offrir qu'aux talents de vertus ennoblis,

Et qu'à l'amitié douce et qu'aux douces faiblesses,

D'un encens libre et pur les honnêtes caresses !

...
 

 

 

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.


La coquette et l'abeille
...
Faisons grâce, dit-elle, à son aveu sincère :

D'ailleurs sa piqûre est légère ;

Depuis qu'elle te parle, à peine je la sens.

Que ne fait-on passer avec un peu d'encens !
...

 

 

 

XIX° siècle

 

1804

Dictionnaire des sciences naturelles. Tome 3

Auteurs : Frédéric Cuvier (1773-1838)

Editeur : Levrault - Strasbourg


 

 

 

Charles Baudelaire (1821-1867) poète français


Correspondances
...
Ayant l'expansion des choses infinies,

Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,

Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
...

 


Un voyage à Cythère
...
Belle île aux myrtes verts, pleine de fleurs écloses,

Vénérée à jamais par toute nation,

Où les soupirs des coeurs en adoration

Roulent comme l'encens sur un jardin de roses
...

 

 

Bénédiction
...
Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,

De génuflexions, de viandes et de vins,

Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire

Usurper en riant les hommages divins !
...

 

 

A une Madone
...
Ex-voto dans le goût espagnol

Et comme tout en moi te chérit et t'admire,

Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe,

Et sans cesse vers toi, sommet blanc et neigeux,

En Vapeurs montera mon Esprit orageux.

...

 

Le parfum


Lecteur, as-tu quelquefois respiré

Avec ivresse et lente gourmandise

Ce grain d'encens qui remplit une église,

Ou d'un sachet le musc invétéré ?

 

Charme profond, magique, dont nous grise

Dans le présent le passé restauré !

Ainsi l'amant sur un corps adoré

Du souvenir cueille la fleur exquise.

 

De ses cheveux élastiques et lourds,

Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,

Une senteur montait, sauvage et fauve,

 

Et des habits, mousseline ou velours,

Tout imprégnés de sa jeunesse pure,

Se dégageait un parfum de fourrure.


 

 

 

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) poètesse française

 

Le rossignol aveugle


Cette haleine d'encens, ce parfum tant aimé,

C'est l'amour qui fermente au fond d'un coeur fermé ;

 


 

Rêve d'une femme


Reprends-donc de ta destinée,

L'encens, la musique, les fleurs ?

Et reviens, d'année en année,

Au temps qui change tout en pleurs ;

 



 

 

 

1805

Sophie Cottin, née Marie Risteau (1770-1807) écrivaine française.

Mathilde, t. 2, 

..."Et peut-être ne fut-elle (Mathilde) jamais plus loin de Dieu que dans ces momens où, entourée de torrens d'encens, de chants divins et d'images sacrées, il lui sembloit que ces parfums, ces voix et ces anges lui répétoient qu'elle ne pouvoit être digne du ciel qu'en demandant aussi la mort de Malek Adhel"... 
 


 

Hermance Lesguillon Nee Sandrin (1812-1882) romancière et poétesse française. 

 


..A Marceline Desbordes-Valmore

 

Oh ! laissez-moi vous parler d'elle !

Elle est soeur de mon âme et d'un écho touchant

Palpite encore en moi sa langue maternelle ;

Je l'aime ! elle est du coeur le plus tendre modèle,

Quand j'étais à l'aurore, elle était mon couchant,

Et lorsque mon rayon fut béni par sa gloire,

Je l'ai chantée ; elle aime mon encens !

Aujourd'hui son beau nom reste dans ma mémoire !

Puisse son souvenir conserver mes accents !

Constant Joseph Desbordes - Marceline Desbordes Valmore 

 


 

 

Louis-Nicolas Ménard (1822-1901) chimiste et homme de lettres français. 

 


Circé

 

Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,

Pour dompter les plus forts, elle n'a qu'à sourire.

Les magiques lueurs de ses yeux caressants

Versent l'ardente extase à tout ce qui respire.

 

Les grands ours, les lions fauves et rugissants

Lèchent ses pieds d'ivoire ; un nuage d'encens

L'enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,

La Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.

 

Sous le joug du désir, elle traîne à sa suite

L'innombrable troupeau des êtres, les charmant

Par son regard de vierge et sa bouche qui ment,

 

Tranquille, irrésistible. Ah ! maudite, maudite !

Puisque tu changes l'homme en bête, au moins endors

Dans nos cours pleins de toi la honte et le remords.

Circe de Kevin Nichols

 

 

 

1843

Alexandre Dumas (1802-1870) écrivain français 

"Fernande"

..."l'encens de la flatterie, formait un nuage vaporeux autour de sa tête resplendissante de jeunesse, étincelante de diamants." ...
 


 

 

Léon Dierx (1838-1912) poète français


La prison
...

"Comme les hauts piliers des vieilles cathédrales,

Ô rêves de mon coeur, vous montez ! Et je vois

L'ancien encens encore endormir ses spirales

A l'ombre de vos nefs, ô rêves d'autrefois !"

...
 


 

 

Charles Marie Leconte de Lisle (1818-1894) poète français, 
Néère
(Études latines, IX)

...

Pour apaiser les Dieux et pour finir mes maux,

D'un vin mûri deux ans versez vos coupes pleines ;

Et sur l'autel rougi du sang pur des agneaux

Posez l'encens et les verveines.

...
 

 

 

1858

Joël Cherbuliez (1806-1870) libraire-éditeur suisse

vol. 8

"En 1606, il fut admis en présence de Henri IV pour lui lire des fragments d'un poème héroïque qu’il composait à sa louange. Le monarque, qui aimait l’encens, l'encouragea à mener son épopée à bonne fin. —"

 

 

1875

Emile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français

La Faute de l'abbé Mouret, 

..."Mouret sentait comme une odeur d'encens chez lui ; il lui semblait parfois, au balbutiement des voix, qu'on disait la messe, en hauté...


 

José-Maria de Heredia (1842-1905) homme de lettres d'origine cubaine

 

Épiphanie

...
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus Caesar,

Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe,

Les Rois Mages Gaspar, Melchior et Balthazar.

...

 

 

Le réveil d'un Dieu

...
Car sur le lit jonché d'anémone fleurie

Où la Mort avait clos ses longs yeux languissants,

Repose, parfumé d'aromate et d'encens,

Le jeune homme adoré des vierges de Syrie.

...
 


 

 

Laurent Tailhade (1854-1919) polémiste, poète, conférencier pamphlétaire 

 


Funerei Flores


Les nostalgiques citronniers aux feuilles blêmes

S'étiolent et leurs parfums, avec ennui,

Meurent dans le jardin peuplé de chrysanthèmes.

Pour la dernière fois le soleil tiède a lui.

 

Soir des morts ! Glas chargé de pleurs et d'anathèmes :

Le Souvenir s'éveille et reprend, aujourd'hui,

En sourdine, les vieux, les adorables thèmes

Des renouveaux lointains et du bonheur enfui.

 

Le Souvenir marmonne à voix basse. Une cloche

Funéraire, dans le ciel gris où s'effiloche

Maint lambeau d'occident fascé de pourpre et d'or.

 

Et c'est le crépuscule automnal des années

Que d'un encens trop vain fait resplendir encor

La mémoration des corolles fanées.


 


Amédée de Noé, dit Cham , français (1818-1879)
Lithographie
"Quand ils auront achevé de bruler tout leur encens,..."
Musées d'art de Harvard/Musée Fogg, don de WG Russell Allen et Paul J. Sachs


Arthur Rimbaud (1854-1891) poète français


Le mal

...

- Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées

Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ;

Qui dans le bercement des hosannah s'endort,

...

 


Albert Samain (1858-1900) poète symboliste français.

 

Hérode

...

Les colliers ruisselants bruissent, argentins.

Dans l’air ivre, gorgé d’encens asiatiques
...

 

 

Midi

...
Et mon essence unie à l'essence du monde

Court, miroite, étincelle, et se perd, vagabonde,

Ainsi qu'un grain d'encens consumé sur l'autel,

...

 

 

Soir de printemps

...
Caresse aérienne... encens mystérieux...

Urne qu'une main d'ange incline au bord des cieux...

...

 


 

Dans l'air frais du matin...

...
Les Parfums, les Couleurs, la tendresse de vivre,

Le mois vierge baigné de souffles et d'encens,

L'enluminure d'or aux marges du Vieux Livre,

O mon âme, c'est dans ton coeur que je les sens.

...

 


 

1882

Pierre Zaccone (1818-1895) romancier populaire français.

"La Recluse"

"...L'église s'emplit d'un âcre parfum d'encens et de cierges allumés..."

"...c'étaient, plus près, les sueurs humaines que l'air apportait des Artaud, les senteurs fades du cimetière, les odeurs d'encens de l'église, perverties par des odeurs de filles aux chevelures grasses..."

 

 

1897

Franz Eugen Köhler, Les plantes médicinales de Köhler

Arbre à encens. A - branche fleurie

(d'après le dessin de Bentley) Boswellia sacra


 

 

Fernand Khnopff (1858-1921) 

L'encens


 

 

 

XX° siècle

 

 

1906

Pierre Loti (1850-1923) écrivain et officier de marine français.

Les Désenchantées,

"André Lhéry, romancier connu, dépouillait avec lassitude son courrier... Lettres de femmes, pour la plupart, les unes signées, les autres non, apportant à l'écrivain l'encens des gentilles adorations intellectuelles"...

 


 

1908

Henri Barbusse (1873-1935) écrivain, homme politique, scénariste et journaliste français

Editions Albin Michel, Paris, 

L’Enfer

"Un souffle de parfum qu’elle porte, une odeur d’encens et de fleurs, vient à moi, et à ce parfum qui la désigne comme un vrai nom, je la reconnais… —

 


 

L'encens - le cinname et la myrrhe

planche 1

la gazette du bon ton 1914 n°1 édition originale


 


 

 

1924

Marcel Hégelbacher, 

La Parfumerie et la savonnerie

"L’encens, qui était une gomme résineuse, était exclusivement réservé aux cérémonies religieuses... — "

 

 


1929

Julien Green (1900-1998) écrivain américain de langue française, 

 

Leviathan

...
Sans être pieuse, elle aimait à se reposer à Saint-Jude...

Elle avança de quelques pas dans la nef

en tournant le dos à l'autel.

Il flottait encore dans l'air un reste d'encens 

dont elle huma l'odeur une ou deux fois 

avec un plaisir mélancolique. 

Avec cela, l'odeur de l'encens, la chute brûlante

d'une goutte de cire sur une phalange  et le sombre 

et mielleux éclat de l'icône, qui attendait un baiser. 

C'est croire, c'est aimer.
...


 


 

1931

Germaine Bernier (1902-1986) Musicienne, professeur, journaliste, auteure, conférencière canadienne

Revue Le Canada français, Québec, mars 1931.

 


Les grains d'encens


Chaque jour en vivant, nous aimons quelque chose ;

Un sourire, un regard, un baiser, une fleur,

Le ciel d'un matin pur, un crépuscule rose,

Un nuage plus blanc sur un jour de chaleur. 

 

Au fond de la mémoire un souvenir qui chante,

Refleurissant le coeur qui s'en trouve embaumé ;

Un vieux refrain qui berce, un vers qui nous enchante !

C'est souvent ce qu'il faut pour vivre un jour aimé.

 

Et tous ces légers riens qui parfument nos heures

Ont souvent plus de prix, font souvent plus de bien

Que tous les plaisirs fous, les fêtes pas meilleures

Où le bruit seul captive, où le bonheur n'a rien.

 

Et tous ces riens menus, gracieux et fragiles, 

Arrivent jusqu'au coeur, y tombent pour briller

Comme des grains d'encens aux odeurs très subtiles

Qu'on met sur des charbons et qu'on laisse brûler...

 

Aussi, moi qui connais la valeur de ces choses,

J'ai voulu les garder, je veux les retenir : 

Parfums de mes amours et parfums de mes roses, 

Oh ! restez dans mes vers, vous ne pouvez mourir !

 

J'aime tout ici-bas : chaque jour en mon âme

Brûlent des grains d'encens, parce que chaque jour

Un sourire, un regard, un beau vers me réclame ;

Dans un chant, dans un son, je trouve un peu d'amour...

 

Et c'est dans cet encens que viennent les poèmes !

Chaque grain, en brûlant, allume vite un vers !

Et parce que j'adore et que, joyeuse, j'aime,

Aimant, je chanterai demain autant qu'hier !

 

Je chanterai toujours : l'amitié la meilleure,

La joie et le souci, la pluie et le beau temps, 

La lumière du jour, la nuance de l'heure...

Les brumes de l'hiver, le retour des printemps !

 

Je chanterai, pourvu que dans mon chant suprême, 

Viennent encor brûler, tout au fond de mon coeur, 

Les petits grains d'encens qui forment les poèmes,

Brûlant pour la Beauté, chantant sur le Bonheur !


 

 

 

1936

Paul Valéry (1871-1945), écrivain, poète et philosophe français 

Variété III,

..."Je suis parti vers la mer assez éloignée, tenant les copies si précieuses que je venais de recevoir; et le soleil dans toute sa force, la route éblouissante, et ni l'azur, ni l'encens des plantes brûlantes ne m'étaient rien, tant ces vers inouïs m'exerçaient et me possédaient au plus vivant de moi..." 

 

 

1951

Jeanne Cuisinier (1890-1964) ethnologue française.

Danse sacrée

"Fumée, grain, nuage, odeur, parfum d'encens. Les gestes liturgiques des prêtres balinais sont une danse exécutée dans la vapeur de l'encens..." 
 

 

 

1958

Jean Rogissart (1894-1961) écrivain français 

Passantes d’Octobre

Librairie Arthème Fayard, Paris, 

"Quelques hommes seulement prirent part aux obsèques et peu de femmes même, de celles qui profitent de toutes les occasions pour sortir leurs vêtements noirs, leurs toquets de crêpe et qui aiment renifler l’odeur de l’encens"... — 
 


 

1972

Julien Green (1900-1998) écrivain américain de langue française

Samuel Johnson, dans Suite anglaise, 

"La parole de Johnson agit sur lui comme les gestes d’un enchanteur ; elle captiva tout de suite cette âme adoratrice et servile qui cherchait un autel où brûler son encens... —" 
 

 

 

1989

Gérard Delteil (1939) écrivain français,

"Les Huits Dragons de jade"

"Deux hommes vêtus de costumes sombres, le front ceint d'un bandeau blanc, avaient prononcé des paroles incompréhensibles pour le jeune homme, disposé des plaques de jade sur la poitrine de la défunte habillée d'une robe rouge et or, mis quelques grains de riz et ne sapèque dans sa bouche, fait brûler des bâtonnets d'encens et une maison de papier"...

 

 

1993

Bernard Georges Moitessier (1925-1994) navigateur et écrivain français, 

"Tamara ou l'Alliance"

"Les flammes s'élèvent claires et dansent autour du fer, dégageant un parfum de résine qui se mélange à celui des baguettes d'encens plantées en triangle dans le sable"...
 

 

 

Légendes et origines de l’encens

 


Selon une légende ancienne, une reine perdit son royaume suite à l’attaque de ses ennemis. Dans sa fuite, pleurant toutes les larmes de son corps, elle demanda à Dieu un cadeau pour la consoler de la perte de ses enfants et de ses terres. Alors partout où ses larmes coulèrent, des arbres aux gommes odorantes se mirent à pousser. Ce fut l’apparition des arbres à encens. 


L’oliban, l’autre nom de l’encens, correspond aux résines de la famille des arbres boswellia. Ils ne poussent que dans les régions montagneuses et arides d’Afrique, comme en Ethiopie. On les retrouve aussi dans le sud de la péninsule arabique au Yémen ou à Oman.

 

 

 

Symbole de l’encens

 


La fumée légère de l’encens brûlée représente le symbole de l’air, qui est d’une grande importance en alchimie. 

Apporte la confiance en soi, la volonté.

- dans les rites chrétiens comme la symbolisation de l’élévation de l’âme des croyants- 

- montée des prières vers les cieux, au moment où le culte se déroule.

 

 

 

Utilisation de l'encens

 

 

L’art de la récolte : une méthode ancestrale

On retrouve ce parfum dans toute la région du Dhofar, dans les hammams ou à l’entrée des maisons pour accueillir les visiteurs. Le sud d’Oman est, depuis des millénaires, l’un des berceaux de l’encens,  des arbres sacrés poussent partout, du boswellia sacra, l’arbre à encens.

Le tronc blanchâtre de l’arbre cache une véritable mine d’or. Pour l’atteindre, on incise son écorce du tronc blanchâtre de l'arbre. Le liquide qui s’en écoule se transforme lentement en larmes sous l’effet de l’air, de la chaleur et du soleil. On recueille ensuite la sève qu’on laisse reposer quelques jours. On répète cette opération trois fois par an. L’arbre est ensuite "en repos" pendant les 3 années suivantes. Ce savoir-faire connu depuis des millénaires se transmet encore de génération en génération. Les meilleurs arbres peuvent fournir entre 3 et 10 kilos de résine d’encens selon la récolte.

 

 

 

Encens et santé

 

 

- Réduit le stress et l'anxiété, 

- Favorise la relaxation et améliore la qualité du sommeil.

- Lorsqu'il est brûlé, l'encens émet une fumée parfumée qui a un effet calmant sur le système nerveux. 

- Il aide à apaiser l'esprit, à réduire les tensions et à favoriser une sensation de bien-être.

- Il a des vertus anti-inflammatoires et son efficacité sur les douleurs articulaires est connue depuis l'Antiquité.

 

 

L'encens en Parfumerie

 


En parfumerie proprement dite, l'encens est utilisé sous forme d'essence ou d'absolue. Il est utilisé pour son odeur boisée, assez minérale, aux aspects légèrement épicés. De par l'histoire de cette matière et les symboles religieux qui lui sont associés, son usage dans les parfums évoque une certaine religiosité et confère un aspect sacré.

L'encens dans plusieurs créations

 

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2 avril 2024 2 02 /04 /avril /2024 21:16

 

 

Mythologie des épices,

Aromates et condiments


L'échalote - Allium ascalonicum L.
 

 

 

Originaire d'Asie centrale (Iran, Turkménistan...) l'échalote de Sainte-Anne (Allium cepa L. var. aggregatum G. Don., Allium ascalonicum L.,  Allium hierochuntinum Boiss.) 

est une variété de plante vivace bulbeuse de la famille des Amaryllidacées (précédemment Liliacées), plante condimentaire et potagère, voisine de l’oignon, qui croît en touffe, cultivée comme annuelle. 

 

De nombreuses espèces apparentées y existent encore à l'état sauvage, mais aucune échalote sauvage n'a jamais été décrite.
L'échalote est parfois considérée comme une espèce à part, parfois comme une simple variété d'oignon.


 

 

Le bulbe planté comporte plusieurs points végétatifs, qui, après la plantation, donneront naissance à de nouveaux bulbes-fils formant une touffe de feuilles cylindriques creuses. 

 


 

L'inflorescence est, comme chez toutes les espèces du genre Allium, une ombelle sphérique blanc à bleuâtre et de petite taille et rare. 

Fleurs d'échalote - (UnconventionalEmma / flickr.com)

 

 

Les graines sont petites et noires.


 

 

 

La récolte intervient selon les cas entre cinq et neuf mois après la plantation, vers juillet, août.

 

Les bulbes secs peuvent être bien conservés dans un local frais, durant plusieurs mois.

 

Principales variétés

 


Les variétés cultivées en France se rattachent à deux grands groupes :


- les échalotes roses ou brun rougeâtre, plus ou moins allongées.

Échalotes roses : Armador, Melkior, Pesandor, Picador, Ronde de Jersey, Rondeline.


Échalotes brun rougeâtre : Arvro, Bruneor, Jermor, Kormoran, Longor, Menhir, etc.

 

 

-  les échalotes grises, les plus appréciées car plus aromatiques
Échalotes grises : Griselle, Grisor.


L'échalote grise est reconnue comme une espèce différente : Allium oschaninii O. Fedtsch., espèce originaire d'Asie centrale (Afghanistan, Iran).

 


 

 

Une vingtaine de variétés obtenues par multiplication végétative et commercialisées sous forme de plants sont inscrites au Catalogue officiel français des espèces et variétés. 

Plus de 55 variétés sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés.
 

 

 

Étymologie de l'échalote

 


Du grec : krommuon askalônion (oignon échalote). 

Du latin  : ascalonia 
(fin XIIIe siècle, oignon d’Ascalon)

Ascalon était une ville située dans le pays des Philistins, devenue Ashkelon aujourd'hui en Israël. 

En latin populaire : scalongia, 

(allium sativum L.) et l'ail d'Ascalon (allium  Ascalonicum L.) ; ce dernier fut importé en France par les Croisés, qui l'avaient trouvé aux environs de cette ville, d'où son vieux nom franc. : escaloigne (fin XIe siècle), escaluigne (v. 1140), eschaloine (XIVe siècle), escalone, devenu eschalote (v. 1500), eschalotte (1694), puis échalote (1740) ou échalotte (1768).

Anglais : shallot

Espagnol : chalote

Italien : scalogno

Allemand : schalotte

Portugais : chalota


 


 

 

L'échalote dans La bible

 

Français-Jewish Bible Chouraqui 1987

Deutérocanoni


Ésaïe 35 : 7

Le lieu de la canicule sera en étang, 

celui de la soif en culmination d'eaux. 

Dans l'oasis où les hiboux du désert s'accroupissent,

l'échalote deviendra canne et papyrus.
 

 

 

Mythologie perso-Egyptienne


Les perses et les égyptiens considéraient l'Echalote comme une plante sacrée, l'échalote était donnée en offrande aux dieux.
 

 

 

Il y a plus de 4000 ans 


La consommation et la culture des Alliacées étaient déjà pratiquées par les habitants de l’ancienne Mésopotamie et de l’Egypte pharaonique. 

 

 

Il y a 2000 ans, 

 

Les perses et les égyptiens donnait l'échalote en offrande aux Dieux, Elle était considérée comme une plante sacrée.

 

 

I° siècle

 


Chez Pline  : ascalonia (échalote)


Pline l’Ancien (23 ap. J.C.-79 ap. J.C.) écrivain et naturaliste romain

Histoire Naturelle

Livre dix-neuf

Traitant de la nature du lin et de l'horticulture

XXXII.

1 - L'ail et l'oignon sont invoqués par les Egyptiens au nombre des dieux dans les serments. Les Grecs distinguent plusieurs espèces d'oignons l'oignon de Sardes, celui de Samothrace, l'alsidène, le sétanien, le schiste, l'ascalonien, nommé ainsi d'après une ville de Judée; tous ont une odeur qui fait pleurer; elle est le plus forte dans l'oignon de Chypre, le moins dans l'oignon de Gnide. Dans tous la chair tout entière est cartilagineuse. Le sétanien est le plus petit de tous, excepté le tusculan; mais il est doux. On confit le schiste et l'ascalonien: On laisse le schiste pendant l'hiver avec son feuillage; au printemps on ôte les feuilles, et il en vient d'autres dans les mêmes divisions; de là le nom de schiste (fendu). 


2 - D'après cet exemple, on recommande d'ôter aussi les feuilles dans les autres espèces, pour favoriser le développement du bulbe plutôt que celui de la graine. L'ascalonien (échalote) est d'une nature particulière en effet, il ne se reproduit guère par la racine; aussi les Grecs ontils recommandé de le semer et non de le planter, puis de le transplanter plus tard, vers le printemps, au moment de la pousse; alors il grossit et il se hâte, pour compenser le temps perdu. Il faut se dépêcher de tirer de terre les échalotes, parce que mûres elles pourrissent promptement. Si on les plante, elles montent en tige, donnent de la graine, et périssent. Il y a en outre des différences de couleur dans les oignons : à Issus et à Sardes ils sont très-blancs. On estime aussi ceux ́de Crète, qui peut-être sont les mêmes que les échalotes, attendu que semés ils donnent de gros bulbes, et que plantés ils montent en tige et donnent de la graiue; la seule différence, c'est que la 3 saveur en est douce. 


3 - Chez nous on distingue deux espèces principales : l'une (ciboule) sert aux assaisonnements: les Grecs la nomment gethyon, les Latins pallacana; on la sème en mars, avril et mai. L'autre est à tête; elle se sème après l'équinoxe d'automne, ou après que le Favonius a commencé à souffler. Les variétés de cette espèce sont, par ordre d'âcreté, l'oignon d'Afrique, l'oignon des Gaules, l'oignon de Tusculum, l'oignon d'Ascalon, l'oignon d'Amiterne; les meilleurs sont les plus ronds. De même les roux sont plus acres que les blancs, les conservés qué les frais, les crus que les cuits, les secs que les confits. 


4 - L'oignon d'Amiterne se cultive dans les lo- 4 calités froides et humides; il est le seul dont on plante le bulbe comme pour l'ail; les autres se sèment, et à l'été suivant (13) donnent non pas de la graine, mais seulement un bulbe qui se garde; l'année d'après, c'est le contraire, il se produit de la graine et le bulbe se gåte. Ainsi tous les ans on met en terre séparément de la graine pour avoir de l'oignon, et de l'oignon pour avoir de la graine. L'oignon se garde très-bien dans la paille. La ciboule est presque sans bulbe, elle a seulement un col allongé; aussi est-elle tout en feuilles : on la coupe souvent comme le porreau, et on la sème de même; on ne la plante pas. Au reste, on recommande de semer les oignons dans un terrain bêché trois fois, et débarrassé des racines des mauvaises herbes; il faut dix livres de graine pour un jugère (25 ares). On conseille d'y mêler de la sarriette, parce que l'oignon vient plus beau; en outre, de biner et de sarcler le terrain quatre fois au moins. En Italie on sème l'échalote en février, On récolte la graine de l'oignon quand elle commence à noircir, et avant qu'elle se flétrisse.


 

 

 

La plante est déjà largement utilisée en Italie dès le I° siècle, 


Marcus Gavius Apicius (V. 25 av. J.C.-v. 35 ap. J.C.), figure de la haute société romaine

auteur du traité gastronomique  "De re coquinaria"

Livre IV

L'échalote est un des ingrédients communs dans le livre de recettes 

Minutal ex praecoquis 

" Minutal ex praecoquis: adicies in caccabum oleum, liquamen, vinum, concides cepam ascaloniam aridam, spatulam porcinam coctam tessellatim concides. his omnibus coctis teres piper, cuminum, mentam siccam, anethum, suffundis mel, liquamen, passum, acetum modice, ius de suo sibi, temperabis, praecoqua enucleata mittis, facies ut ferveant, donec percoquantur. tractam confringes, ex ea obligas. piper aspargis et inferes".  


Ajoute dans une cocotte de l'huile, du garum, du vin, émince de l'oignon sec d'Ascalon, coupe en petits dés la palette de porc cuite. Après avoir fait cuire tout cela, tu  piles du poivre, du cumin, de la menthe sèche, de l'aneth, verse dessus du miel, du garum, du vin paillé, un peu de vinaigre, et du jus de la cuisson, tu mélanges bien.Ajoute des abricots dénoyautés et fais les bouillir jusqu'à complète cuisson. Tu lieras avec de la pâte émiettée, tu saupoudres de poivre et tu sers.


 


 

IV° au VI° siècle

 


En Grèce, l'échalote était appelée krommuon askalônion

On trouve le mot ascalônas,  "homme d’Ascalon", dans deux papyrus grecs des IV° et VI°  siècles après Jésus-Christ avec le sens de   "marchand d’oignons". 
 


 

VIII° siècle

 


Elle fait par ailleurs partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIII° ou début du IX° siècle).

"ascalonica - Allium oschaninii -  (Échalote) - Amaryllidacées"

 

 

En France, c'est à partir du Moyen-âge que ses qualités aromatiques sont utilisées en cuisine. Avec sa saveur douce, légèrement piquante et sucrée, l'Echalote de France se consomme crue ou cuite.
 

 

 

XI° - XIII° siècle

 

 

Les Francs auraient rapporté les échalotes en Occident après le siège d'Ascalon menée par l'armée croisée commandée par Godefroy de Bouillon, le 12 août 1099 . 

A la fin du XI° siècle Rachi, rabbin français du moyen âge, nommait les échalotes : "eschaloines" 

 

 

On la cultive en France depuis les XIIe et XIIIe siècles. 

Vers 1140 
Pèlerinage de Charlemagne à Jérusalem

chansons poèmes l'échalote est appelée "escaluigne" 

 

 

1190-1210 ; 

Le Roman de Waldef 

Anthony J. Holden (Cod. Bodmer 168) , 

Bibliotheca Bodmeriana, Textes 5, Cologny-Genève, 1984.

  Jo n'en durroi' un eschaluingne Pur les manaces k'ai oi 

 

 

Hildegarde de Bingen (1098-1179, Bénédictine, Abbesse 

Les chapitres du "livre des plantes" (lib. I)

80. De Alslauch, Echalote, Allium ascolonicam L.

"...l'échalote est mauvaise sauf si elle macère dans du vinaigre..."
 

 

On retrouve les échalotes dans des traces écrites au XI° et XIII° siècles dans les potagers familiaux ainsi que les exploitations agricoles.

 

vers 1268.

Le Livre Des Métiers d'Etienne Boileau

"...Tuit cil qui sont dehors Paris, et vendent à Paris auz, oingnons, poiraus, civos, naveaus ou eschaloingnes, doivent chascun quatre deniers por la porée le roy,"... 

 


Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

Alixandre, p. 413

..."Services sans eür ne vaut une escalone"..., 

 


Matthieu Silvaticus (Matthaeus Silvaticus 1280-1342), médecin et botaniste médiéval écrivant en latin, qui a enseigné à l'École de médecine de Salerne.

dans Du Cange

nomme l'échalote

lat. médiév. scalongia : ascaloniae


 

 


 

A l’époque médiévale, en France, les potagers de subsistance consacraient toujours une large place aux Alliacées dont la production constituait un rempart contre les disettes. 
 

 

1325

Different Food

Livre sur la cuisine anglaise

écrit au milieu du XIVe siècle( v. 1325)

Texte dans le livre manuscrit de la British Library

publié en anglais par Constance B. Hieatt et Sharon Buttler en 1985. 

"Ravieles : E une autre manere de viaunde, ke ad noun ravieles. Pernez bel flur et sucre, e festes un past; e pernez bon formage e bure, e braez ensemble; e puys pernez persil e sauge e eschalouns, e mincez les menu, e jettez les dedenz la fassure; e puys pernez formage myé et metez desus e desuz; e puys metez au furn."

Ravioles : C'est une autre manière de nourriture, qui a pour nom ravioles. Prenez de la belle farine et du sucre, et faites de la pâte ; et prenez du bon fromage et du beurre, et broyez ensemble ; et puis prenez du persil et de la sauge et des échalotes, hâchez-les menu, et jetez-les dans la farce [de fromage et de beurre] ; et puis prenez du fromage râpé et mettez-en dessus et dessous ; et puis mettez au four.
 

Sir Geoffrey Luttrell à table. Convives de gauche à droite de la table : deux Dominicains, Agnès Sutton épouse de Luttrell, Sir Luttrell, puis deux hommes et une femme. Enluminure tirée du Psautier de Luttrell, réalisé vers 1325-1335. British Library.

 


 

 

XV°  siècle.

 

Olivier de Serres (1539-1619) agronome français, 


Traité, le Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs, 
..."C'est des feuilles qu'on tire la principale commodité des eschalotes, les mangeans crues en salades, et cuites en plusieurs viandes où elles sient très bien, dont elles portent aussi le nom d'appetits"...

 

 

 

XVI° siècle

 

au XVI° siècle, on la nomme "eschalotte". 
Issu de l’ancien français eschalogne, lui-même du latin ascalonia (caepa), "oignon d’Ascalon", ville de Syrie d’où cette plante doit être originaire.

 

 

XII° siècle

 


Au XVII° siècle, l'échalote s’installa dans les champs bretons et dans ceux du Val de Loire, qui sont toujours les deux régions les plus productrices. 

 

 

1690

Dictionnaire Universel De Furetière

"Définition ancienne de eschalotte s. f.

Petite plante faite en forme d'ail ou d'oignon à petite teste, mais qui n'a pas l'odeur si forte, & qui donne bon goust aux viandes. On l'appelle en Latin cepa setania, ou cepa ascalonia, d'où est venu le mot François. On l'a nommée aussi aloigna, & en vieux François eschaloigne.

ESCHALOTTE, en termes d'Organistes, se dit d'une petite lame de leton qui sert de languette & de couvercle aux tuyaux d'anche. Elle est mobile & tremblante, & s'ouvre & se ferme par le moyen d'un fil de fer qu'on appelle rasette."
 


 

 

XVIII° siècle

 

 

L'échalote se répandit ensuite en Europe. Elle gagna l’Amérique par l’intermédiaire des colons. 

 


Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République française, au nom de la Commission chargée de la confection du calendrier  / par P. F. N. Philippe-François-Nazaire Fabre-d'Eglantine (1750-1794) ; imprimé par ordre de la Convention


 


 

 

1793


Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).
L'octidi 8 messidor, officiellement dénommé jour de la échalote, est le 278e jour de l'année du calendrier républicain.


C'était généralement le 26e jour du mois de juin dans le calendrier grégorien.


MESSIDOR 21-22 Juin: 


Le Soleil correspond au Signe du Cancer 


Quel repos plein d'attraits goûte la Moissonneuse 

Quand aux travaux du Jour succèce un doux Sommeil 

Cérès par tes présens tu rends la vie heureuse 

Jamais on ne les voit s'évanouir au réveil


 


 

 

XIX° siècle

 

 

Alphonse Pyrame de Candolle (1806-1893) botaniste suisse 

Origine des plantes cultivées/Deuxième partie I

"Échalote. — Allium Ascalonicum, Linné.

On croyait, sur le dire de Pline, que le nom était tiré de la ville d’Ascalon, en Judée ; mais M. le Dr E. Fournier pense que l’auteur latin s’est trompé sur le sens du mot Askalônion de Théophraste. Quoi qu’il en soit, ce nom s’est conservé dans nos langues modernes sous la forme d’Échalote en français, Chalote en espagnol, Scalogno en italien, Aschaluch ou Eschlauch en allemand, etc..."


En 1855, j’avais parlé de cette espèce de la manière suivante : « D’après Roxburgh, on cultive beaucoup l’Allium Ascalonicum dans l’Inde. On lui attribue le nom sanscrit de Pulandoo (prononcez Poulandou), mot presque identique avec Palandu, attribué à l’Allium Cepa. Évidemment la distinction entre ces deux espèces n’est pas claire dans les ouvrages indiens ou anglo-indiens.
....
 


 

 

Gérard de Nerval (1808-1855) écrivain et un poète français


Les Nuits d'octobre

 

Le quartier des Halles

 

La grande salle est un peu tumultueuse chez Baratte ; 

mais il y a des salles particulières et des cabinets.

Il ne faut pas se dissimuler que c'est là

le restaurant des aristos.

L'usage est d'y demander des huîtres d'Ostende

avec un petit ragoût d'échalotes découpées

dans du vinaigre et poivrées, dont on arrose

légèrement les dites huîtres. 

Ensuite, c'est la soupe à l'oignon, qui s'exécute

admirablement à la Halle, et dans laquelle

les raffinés sèment du parmesan râpé.

Ajoutez à cela un perdreau ou quelque poisson

qu'on obtient naturellement de première main,

du bordeaux, un dessert de fruit premier choix,

et vous conviendrez qu'on soupe fort bien à la Halle. 

C'est une affaire de sept francs par personne environ.

Les Halles - Paris - rue de la Tonnelerie - Giuseppe Canella


 


 

 

Émile Littré (1801-1881) médecin, lexicographe, philosophe et homme politique français,

"ÉCHALOTE 

Plante potagère, de la famille des asphodélées, du genre ail, cultivée pour ses bulbes employées comme assaisonnement dans l'économie domestique (allium ascalonicum, L.), et pour ses feuilles qu'on mange de diverses façons. Une sauce aux échalotes.


Échalote d'Espagne, un des noms vulgaires de l'allium scorodoprason, dit aussi rocambole."
 


 

 

1871

Allium ascalonicum.

Lithographie coloriée 

de Diederich von Schlechtendals German Flora 

(Flora von Deutschland), Iéna, 1871


 

 

 

1873

Alexandre Dumas (1802-1870) écrivain français 

Grand dictionnaire de Cuisine - Paris : chez Alphonse Lemerre, 1873, p. 987

"Sauce à la Sainte-Menehould. — (…); délayez votre sauce avec du lait ou de la crème; assaisonnez-la d’un bouquet de persil et ciboules, la moitié d'une feuille de laurier, quelques champignons et échalotes; mettez-la sur le feu ; (…). "
 


 


1876

Émile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français

Son Excellence Eugène Rougon, chap. 7, 1876

..."Il y avait eu un potage à la Crécy, un saumon au bleu, un filet de bœuf sauce échalote — ..."

 

1886-1893 

Nana

Les Rougon-Macquart

"...On lui donna l'échalote, au milieu d'un tonnerre de bravos. On l'empoigna malgré elle, trois messieurs la portèrent en triomphe dans le jardin,..."

 

1890
Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français,

Les Misérables Tome II 
"...
Puis elle fouilla dans un tiroir où il y avait des sous, 
du poivre et des échalotes. 

– Tiens, mamselle Crapaud, ajouta-t-elle, en revenant 
tu prendras un gros pain chez le boulanger"...

...
 


 

 

XX° siècle

 

1914

dans Journal des Instituteurs et des Institutrices, 

vol. 60, éd. Fernand Nathan, 1914, p. 319)

"Le jardin de l'école", 
On récolte les échalotes lorsque les feuilles jaunissent ; on arrache les plants et on les laisse ressuyer deux ou trois jours sur le sol ; cela fait, on les monte au grenier où on les suspend en paquets. — 

 

 

 

1919

Roland Dorgelès (1885-1973) écrivain et journaliste français,

Croix de bois,

..."Penchés sur le plat d'où monte un parfum vert de pimprenelle et d'échalote"...
 


 

Jean Giono (1895-1970) écrivain et cinéaste français

Jean le Bleu (1932)

...Elle me réveillait l'appétit avec des fougasses à l'anchois, 
des sauces où elle pilait de l'ail et des échalotes sauvages. ... 
Il mangeait des gousses d'ail tout le jour comme des bonbons....

 


 

1952

Robert Laumonnier

Cultures maraîchères

chez, J.-B. Baillière, 1952, p. 519

..."L’échalote se multiplie de caïeux qui sont mis en terre dès le premier printemps, c'est-à-dire en février-mars. Ces caïeux doivent être bien formés et fermes"... 
 

 

 

1975

film de Claude Zidi sorti en 1975, avec Pierre Richard et Jane Birkin.

"La course à l'échalote"


 

 

 

1987

 Scott Cunningham

"L'Encyclopédie des herbes magiques"

(1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987),

L'Échalote (Allium ascalonicum) a les caractéristiques suivantes:
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoirs : Purification.

Utilisation magique : Les personnes timorées, anxieuses, peuvent ajouter du jus frais d'échalote à l'eau de leur bain ; les principes de l'ail rouge chassent en effet les inhibitions, éloignent l'angoisse, combattent la malchance. 

Lorsqu'il y a dans la famille un enfant triste, sombre, déprimé, vous pouvez essayer de combattre cet état en accrochant des chapelets d'échalotes dans toute la maison."


 

Michèle Corti,  poètesse


Épluchures et pelures 

...

La carotte et le navet,

L’oignon doux et l’échalote

Entre eux faisaient la parlotte

Lorsque je les épluchais
...

 

 

2020

Marie-Claude Palys - auteur


L'échalote -


L'échalote, Allium ascalonicum 

Petit légume sur les étals toute l’année

Plante vivace bulbeuse, alliacée,

Amaryllidacée 

En latin  ascalonia cepa, 

Krommuon askalônion 

Oignon d’Ascalon 

Eschaloine ; escaluigne ; eschalotte ; 

Echalote rose ou brun rougeâtre, 

Plus ou moins allongée,

Grise, plus aromatique

Une place de choix dans le potager.

Ombelles blanches ou bleuâtres

 Illustre cousine de l’oignon

Consacrée aux Dieux

Chez les Perses et les égyptiens 

A l'instar de Charlemagne, 

Ascalonica - Allium oschaninii 

Dans les recettes d' Apicius. 

"Cepam ascaloniam"

En bonne place le huitième jour

Mois de messidor,  calendrier républicain

Plante condimentaire et potagère, 

Piquante et longue en cuisson.

Sauces et condiments, 

combinant les vertus d’un aliment 

Et d’un médicament

Symbolise la purification

Triomphe de la mélancolie, 

De la tristesse et la malchance


 


 

2023

Édouard Youssef

Le Théorème de l’échalote

Poésie


 

 

 

Langage de l'échalote


L'échalote symbolise la purification

Elle triomphe de la mélancolie, la tristesse et la malchance


 

 

 

Traditions et légendes de l'échalote

 


- Au Québec et au Nouveau-Brunswick, elle est appelée "échalote française" (le mot "échalote" étant plutôt utilisé pour nommer la cébette".

 

 

Légende de l'échalogne de Bune

 

D’après la légende, un preux seigneur du pays d’Artois partit en croisade à l’appel du Comte de Vermandois et du duc de Normandie. Il choisit parmi ses fidèles sujets un robuste paysan du nom de Guillaume de Bune (nom ancien du village) pour qu’il l’accompagnât dans cette aventure.


Tous deux se seraient distingués au cours des prises d’Edesse, Nicée, Antioche et Jérusalem, mais aussi se seraient intéressés à une sorte d’ail ou d’oignon découvert dans la ville d’Ashkelon ou Ascalon conquise par Godefroy de Bouillon en 1099 puis Baudoin III en 1153, date à laquelle elle est intégrée au royaume de Jérusalem, que les païens récoltaient à foison au village d’Ascalon, non loin de Jérusalem, et que les chrétiens appelèrent dit-on échalogne.


Guillaume le paysan suggéra à son maître de rapporter au pays quelques bulbes de ces échalognes car la terre de Bune affirmait-il est légère et fertile et qu’elle saurait donner à l’échalogne la fine saveur qui flatterait le palais des convives lors de grands festins au château.


Le seigneur de Bune céda une mesure de terrain à Guillaume de Bune qui planta les caïeux d’Orient, en soigna la croissance et la récolte, apprit à en assurer la conservation jusqu’à la prochaine saison, et multiplia les bulbes qui passèrent progressivement de la table du seigneur à celle des paysans.
 

 

 

Proverbe et expression sur l'échalote

 


L'expression de " la course à l'échalote", 

 

1. Sens propre

 Épreuve de course en duos où le second devait tenir le premier par le col et le fond du pantalon sans le lâcher.

 

2. Sens figuré (Argot)

 Course-poursuite ou filature de près, à pied ou en voiture.

désigne en réalité une compétition où les participants sont prêts à tout pour gagner, même à utiliser des moyens peu scrupuleux.
 

 

 

Utilisations de l'échalote

 

Culinaires

On trouve ce petit légume sur les étals toute l’année. Néanmoins sa pleine saison s’étale d’octobre à décembre.

Plus l’échalote est vieille, plus elle est piquante et longue en cuisson .

L'échalote joue un rôle condimentaire à toutes les étapes de la cuisine : 

- bases, sauces et condiments, jus, garnitures, garniture aromatique. 

Elle entre dans la composition de grandes sauces classiques françaises 

 

Thérapeutiques

L’échalote est non seulement un excellent condiment mais aussi un véritable "alicament" combinant les vertus d’un aliment et d’un médicament.

L’échalote est riche en glucides

Comme l’ail, elle contient un composé soufré, l’aniline, favorable à la circulation sanguine. 

Elle est aussi riche en sélénium et en flavonoïdes, antioxydants protecteurs. 

Elle possède également des propriétés antibactériennes.


 

 

 

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26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 21:34

 

 

Mythologie des épices,

Aromates et condiments

 

Le Curcuma - Curcuma longa
 

 

 

Le Curcuma (Curcuma longa), originaire du sud ou sud-est asiatique, le curcuma est le rhizome aromatique d'une plante vivace herbacée du genre Curcuma (famille des Zingibéracées).

L'épice est extraite de ses rhizomes, réduits en poudre

Le curcuma est nommé aussi rhizome de curcuma ; Curcuma long ; Cordyline jaune ; Faux arrow-roo ; arrow-root de l’Inde ; safran du pays (à la Réunion); safran Bourbon ; safran de terre, safran des Indes ; racine de safran ; safran vert ; safran péi ; épice dorée ; souchet des Indes ; souchet de Malabar ; souchet de Babylone ; turmeric ; turmerie sauvage ; talmerital ; terra merita ; terre mérite ; rajanî ; kunkuma ranjani ; yu-chin ; besar ; culcuma (dans certains registres français). 


 

 

 

 

La tige du curcuma possède de nombreux rhizomes ellipsoïdes ou cylindriques, de couleur jaune à orange à l'intérieur.


 

 

Ses larges feuilles, oblongues, lancéolées, sont alternées et réparties en deux rangées. Elles sont uniformément vertes.


 

 

Elle porte des épis serrés de fleurs roses-pourpre stériles, mais le bouturage spontané des rhizomes permet la propagation.


 

 

"Curcuma longa" requiert un grand ensoleillement et un sol très fertile peu humide. Il est particulièrement adapté aux régions soumises à la mousson et aux forêts de feuillus.


Répandu dans le Sud-Est de l'Asie depuis l'Antiquité, le curcuma fait l'objet de nombreuses études scientifiques dans le monde entier, afin de mieux connaître ses propriétés alimentaires et médicales.


Le curcuma représente un enjeu économique pour l'Inde, son premier producteur mondial, ainsi que pour de nombreux autres pays producteurs.


Synonymes du Curcuma longa (Linné 1753) : 

. Curcuma tinctoria Guibourt, Hist. Nat. Drog. Simpl. 2: 208 (1876)

. Curcuma brog Valeton, Bull. Jard. Bot. Buitenzorg, II, 27: 48 (1918)

. Curcuma domestica Valeton, Bull. Jard. Bot. Buitenzorg, II, 27: 31 (1918)

. Curcuma ochrorhiza Valeton, Bull. Jard. Bot. Buitenzorg, II, 27: 45 (1918)

. Curcuma soloensis Valeton, Bull. Jard. Bot. Buitenzorg, II, 27: 46 (1918)


 

 

 

Culture

 

La récolte des rhizomes de curcuma peut commencer quand la tige commence à sécher. Cela se produit environ sept à huit mois après la plantation. 


Les rhizomes sont retirés du sol et ensuite triés et nettoyés à l'eau .

 

 

 

Pollinisation

 

Les fleurs de curcuma est pollinisé par les oiseaux et les insectes
 

 

 

Etymologie du curcuma

 


du sanskrit : kunkuma, ranjani (ce qui donne la couleur)


appellations données au curcuma en sanskrit :

Karkouma en sanskrit "couleur jaune". 

Haridra “Celle qui est jaune” ; 

Gauri “Celle dont le visage est lumineux et scintillant” ;  

Kanchani “La déesse dorée” : 

Aushadhi “La plante”.

Polynésie française (archipel des Gambiers) : ranga ou rega ;

Hébreu : karkom "montagne de Safran"

Arabe d’origine perso-indienne : kourkoum ; 

Ancien persan : kurkum 

Espagnol : cúrcuma ou turmérico (Curcuma longa)

Portugais : curcuma, rizoma dos Índios, açafroeira da Índia, Terra merita

Anglais : turmeric Turmerik, 

Persan : zarchubeh ou zardchubeh  "petit bois jaune" ;
Indonésien : kunyit ;

Chinois : jianghuang ;

Japonais : ukon 

 

Du latin terra merita : terre mérite : talmerital, utilisé au Moyen Âge.

Qui désignait la racine, à cause de sa substance terreuse et parce qu'elle était connue pour avoir de grandes vertus
 



 

 

 

Mythologie du curcuma dans les Iles du Pacifique

 


En Polynésie française, à Mangareva dans l'archipel des Gambiers, Le Dieu  Rao était invoqué et consacré lors de la culture du rega (curcuma longa, re’a Tahiti), une racine dont le pigment jaune était utilisé comme teinture pour les tapa (étoffe végétale).


Le curcuma est également utilisé comme peinture corporelle sur les femmes enceintes et sur les enfants en Polynésie française.


Le curcuma mélangé à de l'eau et associé à de la nourriture, était déposé près des morts. Ce rite était supposé alimenter les morts au cours de leur dernier voyage. 


 

 

 

Mythologie hindoue

 

Dans les lamaseries perchées sur les flancs de l’Himalaya, les robes des moines sont teintées avec du curcuma, et la couleur de cette épice reste ainsi symboliquement attachée à la spiritualité bouddhiste.


En Inde, pendant les fêtes de Divali, le curcuma fait partie des offrandes aux divinités. 


En Inde, le curcuma semble fonctionner comme une onction sacrée. Il est utilisé pour les mariés lors de la cérémonie haldi précédant le mariage, pour les filles entrant dans la puberté et pour les corps des morts. 

Ces utilisations spirituelles du haldi (curcuma) s'étendent aux rituels religieux hindous. Haldi est également appelé le nom d'une cérémonie de pré-mariage. 


Ce rituel concerne les préparatifs des deux mariés, juste avant leur union. La mariée s’entoure de ses amies et de ses proches pour cette cérémonie particulière. Une pâte faite de curcuma, de lait et, dans certains cas, d'eau de rose est appliquée sur le visage des mariés, les pieds, le cou et les mains.

Le curcuma est associé à la pureté, la fertilité et les débuts de bon augure dans la culture hindoue indienne.

 

Juste avant le mariage, la pâte de curcuma est appliquée à la mariée et au marié. Cette cérémonie vise à rendre leur corps et leur esprit purs avant la cérémonie de mariage. 

 

Le tilak, tika, ou pottu

est une marque portée sur le front par des hindous. C'est une marque censée porter bonheur, apposée au cours d'une cérémonie religieuse ou en guise de bienvenue ou bien le tilak indique l'appartenance à un groupe religieux.

La plus ancienne référence au tilak connue provient du Rig-Veda. La déesse Ushas, première épouse du dieu Sûrya, y apparaît portant une marque rouge vif sur le front, symbole du soleil levant.

Traditionnellement, le tilak de couleur rouge est créé à partir d'une poudre de kumkuma (curcuma) séché, mélangée à de la chaux éteinte (hydroxyde de calcium), nommée kumkum.

 

 

bindi. 


Le point rouge, ou bindi, représente l'œil unique et divin et indique ainsi que celui ou celle qui le porte est Hindou. Pour les femmes, il est également une marque de beauté.

Marque, généralement circulaire et de couleur rouge, symbole de prospérité domestique, apposée sur le front, siège de la sagesse dans la tradition hindouiste. (Au nord de l'Inde, il est réservé aux femmes mariées ; ailleurs, chacune peut le porter tel un maquillage.

Le bindi consiste de poudre rouge, nommée sindur, un mélange de curcuma en poudre, de jus de citron vert, de pâte de bois de santal ou autres parfums.


 

 

La pâte de Curcuma est utilisée pour orner les idoles ou mourtis de la divinité dans les cérémonies religieuses. Par exemple, Dieu Vishnou aime être décoré avec de la pâte d'Haldi.


La coloration orange et jaune du Haldi (curcuma) ajoute à sa signification dans la pratique hindoue, le jaune signifiant l'espace entre la chasteté et la sensualité, et le chakra sacré. Orange représente le soleil, le courage et le sacrifice, ainsi que le chakra du plexus solaire.

 

 


Mythologie asiatique


Dans d'autres pays asiatiques (Birmanie, Cambodge, ancienne Cochinchine), il était utilisé en pâte ou en poudre pendant l'accouchement. les corps étaient frottés avec du curcuma.
 

 

 

2600 av. J.C.

 


L'empereur chinois Shen Nong, dont le nom signifie "le laboureur divin", aurait cueilli et goûté lui-même des centaines de plantes pour connaître leurs propriétés médicinales et les répertorier selon leurs vertus pour la santé humaine.


Le curcuma est connu et utilisé depuis longtemps puisque le plus vieux traité de médecine chinoise, le Pen-ts'ao king  ou Shennong bencao jing chinois traditionnel mentionne le curcuma dans le traitement des douleurs articulaires


 

 

 

IV° siècle av. J.C.

 


Le curcuma est cultivé depuis l'Antiquité en Inde. Il est fréquemment mentionné dans la littérature en sanskrit à partir du IV° siècle de notre ère, notamment dans l'Atharva-Véda, texte hindouiste sacré, où il est indiqué  que cette plante peut soigner les malaises cardiaques. Un simple massage à la poudre de Curcuma permettrait en effet d’éviter ce type de problèmes de santé. 


La tradition attribue la paternité de certaines parties à d'autres rishi, tels que Kauśīka, Vaśīṣṭha et Kashyapa.

 

 

 

I° siècle av. J.C.

 


Cléopâtre  (69 av. J.C. - 30 av. J.C.) reine d'Égypte, prenait des bains dans des laits parfumés au curcuma pour conserver sa peau douce et rayonnante.


 

 

 

I° siècle

 

 

A partir du I° siècle après J.C., les Romains partent d’Egypte pour rejoindre l’Inde, importent des épices pour les parfums, les cosmétiques, les médicaments et la cuisine. Le poivre était le plus populaire, avec le gingembre et le curcuma. 

 

 


Pedanius Dioscoride (20/40 ap. J.-C.-vers 90 ap. J.-C.) médecin, pharmacologue et botaniste grec.

Materia Medica.

il décrit : 

"Originaire de l'Inde, il ressemble au gingembre et possède lorsqu'on le mâche les propriétés du safran : son goût est amer et son application produit des effets épilatoires".

 

 

 

XII° siècle

 


Pour le commerce des épices, c'est la côte de Malabar qui  est l'objet de toutes les convoitises. Elle est servie par plusieurs ports, dont les principaux sont Quilon et Calicut. On estime que ce dernier est connu des Chinois à partir du XII° siècle, sous le nom de Nanpiraj. Les marchands s'y procurent du poivre, mais aussi du gingembre, de la noix d'arec, du curcuma et de l'indigo, qu'ils échangent contre des métaux précieux et des porcelaines. 


Calicut doit surtout sa prospérité aux marchands arabes qui soutiennent la montée en puissance des Zamorins et les assistent dans leur expansion territoriale « Dans ce lieu abonde la marchandise de l'Inde entière, de sorte qu'on y trouve quantité de poivre, de laque, de gingembre, de grosse cannelle, de myrobolans et de curcuma.".

Carte des côtes de Malabar et de Coromandel Guillaume Delisle (1675-1726)/Ph. Buache

 


 

 

XIII° siècle

 

A la fin du XIIIème siècle,  Marco Polo (1254-1324) fils de marchands vénitiens et aventurier,  

dans son livre des merveilles du monde

compare le curcuma au safran.


"Il y a une substance végétale possédant les caractéristiques du safran, ainsi que sa couleur, mais qui toutefois n’est pas exactement du safran. Le curcuma est tenu en très haute considération, il est un ingrédient que l’on trouve dans tous leurs mets culinaires, et son prix est élevé"


 


 

 

XVI° siècle

 


Il apparaît dans le Bencao gangmu de Li Shizhen et le 
Le Bencao gangmu


La matière médicale classifiée est une pharmacopée écrite au XVI° siècle 

Par Li Shizhen (1518-1593) médecin naturaliste chinois, et publiée la première fois en 1593, l'année de sa mort. 

et
de Xin Xiu Ben cao 


Préface du Ben cao gangmu


 

 

 

XVII° siècle

 

août 1669

Règlement sur les manufactures 

Teinturiers en laine, art. 5

..." Gaude, cochenille, talmerital, bourre de chèvre"....
 

 

 

18 mars 1671

Instruction générale pour la teinture, art 117

..." Garance, terra merita ou coucoume, gaude, génestrolle"...
 

 

 

Au XVIII° siècle

 


Le curcuma, sous le nom "Terra merita" ou "safran des Indes", est importé en Europe par les grandes puissances navales (Hollande, Royaume-Uni, Portugal et France).

Il est utilisé aussi bien pour ses propriétés colorantes que médicinales.


 

Dictionnaire universel des drogues simples

... ouvrage dépendant de la "Pharmacopée universelle", 3e édition...

Nicolas Lemery (1645-1715). Auteur du texte


 


 

1751 à 1772 

L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers

Encyclopédie française, Denis Diderot et, partiellement, de Jean Le Rond d'Alembert.

"Safran des Indes

Safran des Indes, (Botan. exot.) Le safran, ou souchet des Indes, est appellé crocus indicus, Arabibus curcuma par Bontius. C'est une petite racine oblongue, tubéreuse, noueuse, de couleur jaune, ou de safran, & donnant la couleur jaune aux liqueurs dans lesquelles on l'infuse; son goût est un peu âcre & amer; son odeur est agréable, approchante de celle du gingembre, mais elle est plus foible.

La plante qui pousse cette racine, est nommée par Bontius, curcuma foliis longioribus & acutioribus; & dans le jardin de Malabar, maniella kua. Tournefort a fait une erreur en la rangeant parmi les especes de cannacorus; M. Linnaeus la caractérise ainsi :

Son calice est formé par plusieurs spates partiales, simples, & qui tombent; la fleur est un pétale irrégulier, dont le tuyau est fort étroit. Le pavillon est découpé en trois parties, longues, aiguës, évasées & écartées. Le nectarium est d'une seule piece, ovale, terminée en pointe, plus grande que les découpures du pétale, auquel il est uni dans l'endroit où ce pétale est le plus évasé. Les étamines sont au nombre de cinq, dont quatre sont droites, grêles, & ne portent point de sommets; la cinquieme, qui est plantée entre le nectarium, est longue, très - étroite, ayant la forme d'une découpure du pétale, & partagée en deux à son extrémité, près de laquelle se trouve le sommet. Le pistil est un embryon arrondi qui supporte la fleur, & pousse un stile de la longueur des étamines, surmonté d'un stygma simple & crochu. Le péricarpe ou le fruit, est cet embryon qui devient une capsule arrondie à trois loges séparées par des cloisons; cette capsule contient plusieurs graines.

La racine du safran des Indes meurit, & se retire de la terre après que ses fleurs se sont séchées. Cette plante est fort cultivée dans l'orient, pour l'usage de sa racine, qui sert à assaisonner la plûpart des mets, ils usent aussi des fleurs pour en faire des pommades dont ils se frottent le corps. On regarde encore le safran des Indes comme un grand remede pour provo<cb-> quer les regles, faciliter l'accouchement, & sur - tout pour la guérison de la jaunisse. Enfin les Indiens l'emploient souvent dans la teinture.

Il y a une autre espece de safran des Indes que l'on surnomme rond, & que les Portugais nomment raiz de safrao: on ne le trouve pas dans les boutiques. C'est une racine tubéreuse, un peu ronde, plus grosse que le pouce, compacte, charnue, chevelue au - dehors, jaune en - dedans. Cette racine étant coupée transversalement a différens cercles, jaunes, rouges, de couleur de safran, elle imite le safran & le gingembre par son goût & son odeur, qui sont cependant plus foibles que dans le curcuma long; elle a aussi les mêmes vertus, mais plus foibles. Cette plante qu'on appelle curcuma radice rotundâ dans l'Hort. malab. a les feuilles, les fleurs & les fruits semblables à la précédente. (D. J.)"....


 

 

 

Au XIX° siècle

 


Sur l'île de La Réunion, le curcuma a été introduit par Joseph Hubert (1747-1825), scientifique, savant réunionnais, botaniste et naturaliste, 

 

 

1815

Charles de Freycinet (1828-1923) homme d'État, écrivain et ingénieur français.

Voyages terres australes

..."La racine du curcuma long est aussi appelée safran des Indes ou de l'Inde. Il ne faut pas craindre d'épicer, même assez fortement, tous les mets; le piment, le gingembre et le curcuma ou safran de l'Inde, sont en général préférables"...
 

 

 

1821

J.-B. Kapeler et J.-B. Caventou.

Ebermaier, Johann Christoph (1768?-1825). Auteur 

Manuel des pharmaciens et des droguistes, ou Traité des caractères distinctifs - Tome 1 , 

..."S'il contient un excès de soude caustique, le savon a une saveur alcaline âcre, et sa dissolution brunit le papier de curcuma et verdit le suc de violettes"... 
 

 

 

1897

Franz Eugen Köhler,

Médizinal-Pflanzen de Köhler

curcuma longa


 

 

 

1979


L'Institut des Arts de Guérison Oriental (OHAI), fondé par le Dr Hong-yen Hsu, est à l'origine de la terminologie des noms communs utilisée par l'IMT depuis 1979 (voir : Sur les noms communs des herbes chinoises).   


C'est sur la base des premiers travaux de l'OHAI qu'ITM a systématiquement utilisé le nom commun curcuma pour désigner le jianghuang et le nom commun curcuma pour désigner l'herbe chinoise yujin .
 

 

 

1982

Marie-Claude Palys (1947) - auteur

 


Le curcuma

 

"Curcuma longa", rhizome aromatique 

Plante vivace, herbacée, zingibéracée.

Safran des Indes ; épice dorée ;

Kanchani ; Aushadhi ; Ranga  

Kourkoum ; Haridra ; Gauri  ;

Souchet de Babylone ; talmerital ; 

Terra merita ; kunkuma ranjani

De larges feuilles, vertes et allongées

Des gracieux épis de fleurs rose-pourpre 

Paradis des oiseaux et insectes

Rhizomes jaune à orange 

Epice extraite, poudre parfumée

Rites et mythologies, 

Tilak, pottu ou Bindi 

La magie des couleurs. 

Jaune, abondance et bonheur, 

Ocre, guérison et prospérité. 

Epice aux mille et une vertus

Condimentaire dans le curry, 

Et médicinal contre le stress,

La douleur et les tumeurs

Miraculeuse et purifiante

Saveur douce et musquée

Arôme muscadé et poivré.

Surnommé "l’épice magique".

C'est Curcuma porte bonheur.


 


 

1993

Amin Maalouf (1949) écrivain libano-français.

Le rocher de Tanios, Grasset, 1993, 

collection Le Livre de Poche, page 51

..."Elle était blême comme un branche de curcuma, on aurait pu lui taillader le visage et les mains, pas une goutte de sang n’en aurait jailli"... 


 

 

 

2000

Jacquemin

..."D’après les missionnaires, le dieu Rao, qui portait le n° 3,« était consacré à une plante appelée ranga dont la fleur est jaune et d’une odeur très pénétrante. Les jeunes gens portaient des tapas colorés en jaune avec cette fleur, durant les jours de débauche"...

 

 

Alain Hannecart (1955) Poète et écrivain français


Epices

"Chez des marchands aux étalages audacieux

Goûtez au poivre noir au safran rouge feu

A la cardamome verte au curcuma orange

D’origines lointaines aux consonances étranges"

 

 


Michèle Corti  - Marcek - poètesse française

 

La chaleur des épices (Souvenirs d'Octave)

...

Le curcuma teinté d’ambre

Illuminait bien des nuits

Et saupoudrait notre chambre

Des lueurs du paradis...

 

 

14/01/22 

Poetry


..."
Plutôt qu'un mets trop fade cucurbitacée

Relèvons nos plats d'un vivace curcuma

Profitons de la vie et faire la java

Manger épicé est bon pour notre santé..."

 

 

 

Signification et symbole du curcuma

 


- Le jaune de la poudre de curcuma symbolise la sainteté (exemple rites indiens)

- La fleur de curcuma , dont les teintes vont du blanc , rose, fuchsia, jaune et même le vert, a Convient à un bouquet de mariée ou pour les décorations. Elle exprime un sentiment et une joie .

- En général, un bouquet de fleurs de curcuma est considéré comme un cadeau joyeux.

 

Utilisation du curcuma

 


Le curcuma est considéré comme un alicament naturel.

Les cultivateurs distinguent la partie centrale du rhizome, appelée curcuma-mère, des "doigts" qui partent de cette racine centrale. 

Le curcuma-mère est davantage utilisé pour ses vertus médicinales, alors que les édoigts" sont plutôt consacrés aux usages alimentaires.

Son arôme est muscadé et poivré. Il possède une saveur douce et musquée. Les meilleurs alliés du curcuma sont le gingembre et le poivre.

Le principe colorant jaune appelé curcumine est l’une de ses principales caractéristiques ce qui lui vaut son surnom de "Safran Bourbon" ou "Safran des Indes".

Les racines sont bouillies, pelées puis séchées au soleil durant une semaine avant d’être moulues pour produire la poudre.

Les racines sont peut communes en Occident car elle sont très dures à moudre.

Le curcuma est un colorant textile et alimentaire

 


Thérapeutiques

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, le curcuma permettrait de lutter contre les troubles gastriques et diverses inflammations (articulaires et musculaires). 

Le potentiel des propriétés de Curcuma longa dans la prévention du cancer est étudié depuis 1985 avec Kuttan : les résultats de ces expériences in vitro et in vivo sur des souris ont montré une réduction du développement des tumeurs avec les extraits de curcuma et son composant actif, la curcumine.

- Améliorer le syndrome métabolique, 

- La stéatose hépatique non alcoolique, 

- Les maladies cardiovasculaires 

- Certaines maladies inflammatoires chroniques

- Soulager la douleur de l'arthrose et des maladies apparentées. 

 

 

Dans les médecines traditionnelles indiennes 

. Il aide l’organisme à lutter contre le stress et à maintenir l’efficacité des défenses naturelles. 

 


En médecine chinoise, 

Le rhizome de Curcuma longa est traditionnellement utilisé pour traiter les douleurs et les tumeurs supposément induites par le Qi et la congestion sanguine.

 

 

 

Fêtes du curcuma

 

 

 

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21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 17:56

 

 

Mythologie des épices, 

Aromates et condiments


Le Cumin - Cuminum cyminum
 


 

 

Le cumin (Cuminum cyminum), originaire du Proche-Orient ; dans la région du Levant, une région qui comprend les pays bordant la côte orientale de la mer Méditerranée : Liban, Syrie, Palestine, Jordanie, l'Anatolie, la Mésopotamie et une partie de l'Égypte est une plante aromatique herbacée annuelle de la famille des Apiacées (Ombellifères), comme le persil.


Le cumin se plait dans un climat méditerranéen et ensoleillé avec sol peu humide mais riche.


On l’appelle parfois cumin blanc, cumin du Maroc ou faux anis. Il est parfois confondu avec une autre épice, le curcuma.


 

 

 

Le cumin possède une tige fragile ramifiée et des feuilles découpées en de fines lanières ressemblant à celles du fenouil,

 

 

 

Ses fleurs, disposées en ombelles, sont de couleur rose pâle 

 

 

 

La graine du cumin est en fait le fruit de la plante, seule partie comestible. le fruit contient neuf ridules et canaux à huile, avec une touffe de poil, de forme oblongue avec des extrémités allongées.

 

 

 

Le fruit du cumin donne deux petites graines brunes en forme de croissant de lune.

Les tiges et les grappes du cumin sont coupées avant maturité sont ensuite suspendues quelques jours, puis battues comme du blé et les fruits récoltés sont séchés au soleil.

la récolte des graines se fait lorsque les cosses sont brunes

Son arôme est fort avec un goût amer et piquant.


 

 

 

D’autres plantes sont appelées "cumins" :

- Le cumin des prés (carvi - Carum carvi) 

- Le cumin noir (Nigelle - Nigella sativa) 

 

 

Etymologie du cumin 

 


Le cumin est originaire du Levant ; le mot est d'origine sémitique. 
 

Du grec :  Kuminon

Du latin : cuminum 

En mycénien : kumino 

En français : "cumin", "coumin", "comin", "commin". 

Anglais : cumin ; Allemand : Kreuzkümmel ; Espagnol : comino ; Italien : cumino : Arabe : kammuun ; Sanskrit : Jira ou zeera 

 

 

 

Mythologie grecque sur le cumin

 


Lityersès, roi de la cité de Kelainai en Phrygie, fils bâtard du roi phrygien Midas ou fils du roi de Crête Minos rattaché au héros Héraclès, est associé à la récolte des céréales. 

Selon la légende, quand des voyageurs traversaient ses terres il les faisait de gré ou de force travailler avec lui dans ses champs. Parfois il défiait les étrangers pour voir qui était le plus rapide des moissonneurs. Il gagnait toujours et décapitait alors les perdants. Au temps où Héraclès était au service de la reine Omphale il vint sur le domaine de Lityersès et fut défié par celui-ci. 

Héraclès accepta car il voulait délivrer le berger Daphnis que détenait Lityersès. Pendant qu’ils moissonnaient tous les deux, Héraclès chanta une chanson qui assoupit Lityersès. 

Héraclès vainqueur décapita alors Lityersès.

Le souvenir de ce roi se perpétua notamment parmi les moissonneurs de Phrygie, qui chantaient en son honneur pendant qu'ils travaillent.

....

Milon


Que ce moissonneur nous laissait ignorer de jolies chansons !

Comme il sait bien saisir le ton et la cadence ! 

Malheur à toi si la barbe qui ombrage ton menton 

ne t'a pas donné l'expérience. 

A ton tour, écoute cette chanson du divin Lytiersus

Cérès, déesse des blés, protège nos moissons,

féconde nos guérets.

Moissonneurs, liez vos gerbes ; que le passant ne dise pas : 

"Ouvriers négligents, vous ne gagnez pas l'argent

qu'on vous donne."

Que les tuyaux de vos gerbes dorées

regardent le nord ou le couchant ; 

alors vous verrez grossir les grains de vos épis.

Vous qui battez le blé, fuyez le sommeil vers midi ; 

à cette heure le grain plus sec se sépare mieux de la paille.

Moissonneurs, mettez-vous à l'ouvrage

quand l'alouette s'éveille, 

finissez quand elle dort ;

reposez-vous pendant la chaleur du jour.

Amis, heureux le sort de la grenouille ! 

Un échanson ne lui verse pas à boire : elle boit à son aise.

Notre intendant, un peu moins d'avarice,

fais cuire des lentilles. 

Veux-tu blesser tes doigts en découpant

En quatre parts un grain de cumin ?

Voilà Battus, voilà le véritable chant des moissonneurs

que la chaleur altère. 

Pour toi, va raconter ton pitoyable amour

le matin à ta mère éveillée dans son lit.

Théocrite (vers 310 av. J.C. -vers 250 av. J.-C.,  poète grec, - Idylles - Les moissonneurs


 

 

 

Le cumin dans la Bible

 

 

Ésaïe 28:27

Concept des Versets 

On ne foule pas la nielle avec le traîneau, Et la roue du chariot ne passe pas sur le cumin; Mais on bat la nielle avec le bâton, Et le cumin avec la verge.


 

 

 

Ésaïe 28:27

Concept des Versets 

"On ne foule pas la nielle avec le traîneau, Et la roue du chariot ne passe pas sur le cumin; Mais on bat la nielle avec le bâton, Et le cumin avec la verge."

 

 

Matthieu 23:23

"Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous donnez à Dieu le dixième de plantes comme la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous négligez les enseignements les plus importants de la loi, tels que la justice, la bonté et la fidélité : c'est pourtant là ce qu'il fallait pratiquer, sans négliger le reste." 

 

 

 

Mythologie Egyptienne

 


Le cumin était utilisé en ancienne Egypte en guise de poivre et lors de la momification des Rois. 

Les tombeaux des pharaons étaient parsemés de graines de cumin par les membres de leur famille.
 

Les jardins produisaient des herbes médicinales et des épices comme le cumin, la marjolaine, l'anis et la coriandre.


 

 

 

Il y a 5000 ans

 

Le cumin est probablement originaire du bassin méditerranéen, dans la vallée du Nil ou dans l'Anatolie, puisqu'on peut retracer en Égypte son utilisation il y a au moins cinq mille ans. 
 

 

 

1750 av. J.C.

 


Des fouilles au Proche-Orient ont permis d'y découvrir l'existence d'un commerce des épices, il y a déjà plusieurs milliers d'années : en effet, seul le commerce peut expliquer la présence de certaines des épices, qui ont été retrouvées sur ces lieux de fouille.


La première trace écrite d'un tel commerce provient de Mésopotamie : datant de la période de 1750 av-JC, trois tablettes d'argile y ont été retrouvées, sur lesquelles plus de 30 recettes avaient été inscrites. Les épices principales listées sont alors l'ail, le cumin et la coriandre. 


Des épices ont même été retrouvées dans des tombes égyptiennes.


Chez les Égyptiens, le cumin avait des vertus médicinales. Les épices étaient également utilisées comme ingrédients pour les parfums.
 


 

 

1000 ans av. J.C.

 


D'après d'anciens écrits, les Hébreux ont utilisé cette graine de cumin comme monnaie d'échange pour payer des dettes ; 
Le cumin était battu au fléau. 

 


 

 

VII° siècle av. J.C. - V° siècle av. J.C.

 

Dans la Rome antique, le cumin était très précieux et mis sous garde. Il faisait partie des épices recherchés par les explorateurs lors de leurs expéditions vers l'Inde et l'Afrique du Nord, pour la semer dans les jardins royaux. 
 

 

 

IV° - II° siècle av. J.C.

 

 

Théophraste (vers 372 av. J.-C-vers 288 av. J.-C.) philosophe de la Grèce antique ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

Les Caractères

Traduction La Bruyère


10. Le pingre


(11) "Offre-t-il un repas aux gens de sa commune, 

Il fait servir les viandes coupées en tout petits morceaux.  

Quand il fait les courses, il rentre sans avoir rien acheté. 

Il défend à sa femme de prêter ni sel, ni lumignon, 

Ni cumin ou origan, ni grains d'orge, bandelettes

ou gâteaux de sacrifice :

c'est que, dit-il, ces petites choses-là, 

ça finit par faire beaucoup, sur l'année..."


 

 

 

Théocrite (vers 310 av. J.C.-vers 250 av. J.-C.) poète grec, 

Idylles


10. Les Moissonneurs


Cérès, déesse des blés, protège nos moissons,

Féconde nos guérets.

Moissonneurs, liez vos gerbes ;

Que le passant ne dise pas : 

"Ouvriers négligents, vous ne gagnez pas l'argent

Qu'on vous donne.
...

Notre intendant, un peu moins d'avarice,

Fais cuire des lentilles. 

Veux-tu blesser tes doigts en découpant 

En quatre parts un grain de cumin?"

Voilà Battus, voilà le véritable chant

Des moissonneurs que la chaleur altère. 

Pour toi, va raconter ton pitoyable amour

Le matin à ta mère éveillée dans son lit.  


 

 

 

I° siècle av. J.C.

 

 

Plutarque (vers 46-125) d'origine grecque, philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique. 

Oeuvres morales

Propos de table (Symposiaque)

Livre IV 

..." Quant à ce que disent quelques-uns, que réplétion est plus à fuir qu'inanition, ce n'est point vrai. ...D'ailleurs il est un fait qui semble vous avoir échappé, à vous autres, partisans du sel et du cumin : c'est que la variété a quelque chose de plus agréable; et ce qui est plus agréable est, aussi, plus appétissant, pourvu qu'on évite l'excès. La variété seconde les désirs du corps"... 
 

 

 

Horace (65 av. J.C.-8 av. J.C.) poète latin 

Satires, épîtres

..."La parole rivale de Timagène écrasa Iarbitas, tandis que celui-ci faisait le bel esprit et s'évertuait à se faire une réputation d'éloquence. On s'égare avec un modèle dont les défauts sont faciles à imiter. Si je venais à pâlir, ils boiraient du cumin, pour être plus pâles encore"...
 

 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79), écrivain et naturaliste romain du I° siècle.

Histoire naturelle

Livre vingt

LVII. 

"(1) Le cumin (cuminum cyminum, L.) est très menu; il a quatre ou cinq feuilles dentelées en scie. Le cumin cultivé est d'un grand usage, surtout parmi les remèdes stomachiques. Pilé et pris avec du pain, ou bu avec de l'eau et du vin, il dissipe la pituite, les flatuosités, les tranchées et les douleurs intestinales. Cependant tout cumin rend pâles ceux qui en boivent; du moins on assure que les disciples de Porcius Latron, célèbre parmi les professeurs d'éloquence, imitaient de cette façon la pâleur que leur maître devait à ses études : et, il y a peu de temps, Julius Vindex, ce défenseur de la liberté contre Néron, employa ce moyen pour donner le change à l'empereur, qui voulait sa succession.


(2)  En pastilles ou frais, et dans du vinaigre, le cumin arrête le saignement de nez; appliqué seul, il est bon pour les épiphoras; avec le miel, pour le gonflement des yeux. Chez les enfants en bas-âge il suffit de l'appliquer sur le ventre. En cas d'ictère on le donne dans du vin blanc après le bain. (XV.)Le cumin d'Ethiopie se donne surtout dans l'oxymel, ou en électuaire avec du miel. On pense que celui d'Afrique arrête peu à peu l'incontinence d'urine. Le cumin cultivé se donne, pour les affections du foie, rôti et pilé dans du vinaigre; de la même façon pour les vertiges; pilé dans du vin doux, pour les cas où l'urine est trop âcre; pour les affections de matrice, dans du vin; on applique en outre les feuilles avec de la laine; pour les tumeurs des testicules, rôti et pilé avec du miel, ou avec de l'huile rosat et de la cire."...


 


 

Pétrone écrivain romain du I° siècle 

Vers 60,

Trimalcion

XLIX.

Le cuisinier distrait et les merveilles qui s'ensuivirent 
...
Mais voilà que Trimalcion le scrute

d'un regard qui se fait de plus en plus sévère :  

"Comment, comment, on ne l'a pas vidé ?

Ma parole, il l'a oublié.

Vite, vite, ici le cuisinier !" 

 Le pauvre diable avance et avoue qu'il a oublié...

"Comment, oublié ? crie Trimalcion.

On croirait à l'entendre qu'il a seulement négligé

Le poivre ou le cumin : Habit bas !" 


 

 

 

Celse est un philosophe romain du IIᵉ siècle qui écrivait en grec ancien. 

auteur d’un ouvrage analytique et articulé, 

Discours véritable, rédigé vers 178. 

LIVRE V

XVIII.

2. S'il y a lieu d'attirer la matière au dehors, comme dans l'hydropisie et la pleurésie, au début d'un abcès, ou lorsqu'il existe une suppuration peu abondante, on peut employer ...

...La farine de cumin mêlée avec l'herbe au foulon, et le miel, ...
 

 

 

Quintus Serenus Sammonicus est un érudit romain ayant vécu à la fin du IIᵉ et au début du IIIᵉ siècle de notre ère, auteur d'un poème didactique médical en latin intitulé généralement

De medicina præcepta - Préceptes Médicaux

traduit par M Louis Baudet


XVIII. Contre les digestions difficiles, et autres affections de l’estomac.
...Si l’estomac souffre d’une indigestion, il faut boire de l’écume de mer mêlée avec de l’eau chaude et du poivre. Vous pouvez encore combiner l’écume de mer avec du poivre et du cumin, puis avaler le tout, après l’avoir versé dans quelque aliment cuit...

XXXII. Contre les affections de la vessie; contre le calcul et la rétention d’urine.
Les baies de myrte sauvage mêlées avec du vin, de l’huile et du vinaigre, le cumin frit détrempé dans du vin, la fiente du raimer au vol élevé broyée et arrosée d’oxymel, sont autant de remèdes également regardés comme très salutaires. 

XXXIX. Contre le charbon.
On peut aussi se servir de la fève parente de Pythagore, qu’on aura soin de broyer avec la feuille légère du cumin, ou de farine pétrie avec du levain.
...

 


 

À partir du V° siècle, 

 


En Inde, les marchands offraient des grains de cumin à grignoter pendant que les clients regardaient la marchandise offerte. 

 

 

VII° siècle

 


Paul d'Égine médecin byzantin du VII° siècle

Traité alimentaire du Médecin Hérophile

Extrait

"Janvier.
On pourra, pour tremper les aliments, avoir de la moutarde, du cumin, du garum au vin"

 

 

VIII° siècle - XI° siècle

 

 

Le cumin fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis

Page du Capitulare de villis vel curtis imperii , chapitre 70
manuscrit médiéval

 


 

 

Dans les harems, en Inde, les femmes fumaient de la cardamome, des clous de girofle et des grains verts de cumin. 


Le cumin, encore pris comme une drogue, était placé dans une feuille d'or ou d'argent repliée et placée dans la joue pour le mélanger à la salive ; 

 

 

 

Au Moyen Âge les épices les plus communes étaient le poivre noir, la cannelle, le cumin, la noix de muscade, le gingembre et le clou de girofle. Toutes ces épices provenaient d'Asie et d'Afrique, ce qui les rendaient extrêmement chères et leur donnait un statut particulièrement prestigieux. Elles étaient utilisées comme monnaie d'échange pour s'affranchir. 

 


 

 

 

XII° siècle

 


 


XII° siècle

 


Hildegarde de Bingen (1098-1179) moniale bénédictine allemande,

1151-1158 

Physica

Le livre des subtilités des créatures divines, les plantes, les éléments, les pierres, les métaux, les arbres, les poissons, les animaux et les oiseaux.

 
"Le cumin (Kumel) est d'une nature modérément chaude et sèche ; chez l'homme qui a des vapeurs, il est bon, utile et sain à manger, de quelque façon que ce soit. Mais il fait du mal à celui qui souffre du cœur, s'il en mange, car il ne réchauffe pas complètement le cœur, qui doit être toujours chaud. 


Chez l'homme en bonne santé, il est bon  à manger, car il lui procure de bonnes dispositions et apporte un léger rafraîchissement à celui qui est trop chaud ; mais il fait du mal à tous ceux qui sont en mauvaise santé et qui en mangent, car il provoque en eux des maladies, sauf chez ceux qui souffrent du poumon.


Si on veut manger du fromage cuit ou rôti ans éprouver de douleur, y ajouter du cumin, et le manger ainsi. Si on éprouve des nausées, prendre une part de cumin, un tiers de poivre, et de l'anis vert, à peu près un quart du cumin ; réduire en poudre ; prendre de la fleur de farine et y mêler la poudre obtenue ; avec du jaune d’œuf et un peu d'eau, faire des petites galettes, les cuire dans un four chaud, ou sous la cendre chaude, et les manger. On peut aussi manger de cette poudre étendue sur son pain, et cela adoucit les humeurs chaudes et froides des entrailles qui provoquent la nausée chez l'homme."

 

 

 

XIIe siècle : "comin" 

Emprunté du latin classique cuminum, du grec kuminon, d'origine sémitique. BOT. Plante herbacée de la famille des Ombellifères, originaire d'Égypte, dont la graine a une saveur aromatique et possède des vertus médicinales"
 


 

 

La diversité et l'omniprésence des épices (cannelle, cédrat, citron, clou de girofle, bigarade, muscade, macis, safran, poivre, gingembre, galanga, mastic, nard, camphre, ambre gris, eau de rose), et les herbes (coriandre, carvi, cumin, menthe, persil, aneth, sésame, rue) est la caractéristique la plus visible de la cuisine arabo-musulmane médiévale classique.

 
 

 

 

XIII° siècle

 

Aldebrandin de Sienne est un médecin italien qui vécut au XIIIᵉ siècle, 
Le régime du corps

commin - cumin

...

...
 


 

 

Le Littré - XIII° siècle.

Berthe aux grands pieds - LXIV.

Sur poivre, sur coumin, sur espices, sur cire

 

 

1268

Étienne Boileau,

Le Livre des métiers, 32

rédigé au temps de Saint Louis vers 1268

"...Il puet vendre poivre, coumin, canele, regulisse et cire qui ne soit pas ouvrée..."

 


Rutebeuf (1245-1285) poète français 

"...Je ne suis pas de ces povres preescheurs, ne de ces povres herbiers qui portent boites et sachez, et si estendent un tapiz, car teiz veut poivre et coumin et autres espices..."
 

 

 

XIV° siècle

 


Boccace (Jean Boccace 1313-1375) écrivain florentin 

 


Décaméron, huitième journée, nouvelle IX : le médecin joué. 

..."Et sachez que ces chambres paraissent un paradis tant elles sont belles ; elles exhalent des parfums non moins agréables que ceux qui sortent des boîtes d’épices de votre boutique, quand vous faites piler le cumin ; il y a des lits qui vous paraîtraient plus beaux que celui du doge de Venise ; c’est là-dessus qu’on va se reposer"... 

 

Contes de Boccace

..."Vous noterez que chacune de ces chambres paraît une chapelle divinement décorée. Il s’en exhale continuellement des odeurs mille fois plus agréables que celle qui sort des boîtes d’épiceries de votre boutique quand vous faites le cumin".


 


 

 

Le Ménagier de Paris

Livre manuscrit d'économie domestique et culinaire rédigé au XIV° siècle.

"Recette de la cominee de poulaille, un ragoût de poule au cumin.

"Mectez le par morceaulx cuire en eaue et ung petit de vin, puiz le frisiez en sain. Puis prenez ung petit de pain, trempez en vostre boullon. Et primo prenez du gingembre et du commin deffait de verjus, broyez et coulez et mectez tout ensemble avec du boullon de char ou de poulaille, et puis luy donnez couleur ou de saffren, ou d'eufz, ou de moyeulx, coulez par l'étamine et filez ou potage après ce qu'il sera trait hors du feu".


 

 

 

XVII° siècle

 

1690

Dictionnaire Universel de Furetière

"Définition ancienne de cumin s. m.
Plante qu'on seme, qui a les feuilles presque semblables au fenouil, qui ne produit qu'une tige, d'où sortent plusieurs branches, & qui pousse sa fleur comme le fenouil en forme de bouquet, qui a force graine. Sa racine est blancheastre, & quasi à fleur de terre. En Latin cuminum, ou cyminum sativum. Quelques-uns appellent ammi, une espece de cumin qui vient d'Ethiopie. Dioscoride descrit un cumin sauvage, qui est une herbe petite & branchuë qui pousse des tiges grêles de la hauteur d'un palme avec quatre ou cinq feuilles menuës & dentelées comme une scie, chiquetées comme celles de gingidium. A la cime de ses branches il produit cinq ou six boutons, au dedans desquels il y a une graine escaillée qui est plus acre au goust que celle du cumin cultivé."


 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Joseph de Maistre (1753-1821) : 

"L’indigent ne sème dans son étroit jardin que l’aneth, la menthe et le cumin" 
 

 

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806 ; il entre en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Le 22e jour du mois de messidor (des moissons) est dénommé jour du cumin, 


généralement chaque 10 juillet du calendrier grégorien.


21-22 juin : Le Soleil correspond au Signe du Cancer


"Quel repos plein d'attraits goûte la Moissonneuse 

Quand aux travaux du Jour succède un doux Sommeil

Cérès par tes présens tu rends la vie heureuse

Jamais on ne les voit s'évanouir au réveil"

 


 

 

Estienne Geoffroy l'aîné (1672-1731) un des plus importants chimistes et médecins français

Traité de la matière médicale 

..."La semence de cette plante, qui est la seule de ses parties que l’on employe en Medecine, aide la digestion & dissipe les vents ; c’est pourquoi quelques-uns la mettent dans le pain & dans les fromages : elle est utile dans la colique venteuse, dans la tympanite & le vertige qui vient d’une mauvaise digestion, soit qu’on le prenne intérieurement, soit qu’on l’applique à l’extérieur. Cependant pour l’usage interne on préfère la graine de carvi à celle de cumin : celle-ci est moins agréable & plus forte, mais on employe préférablement la graine de cumin à l’extérieur"... 
 


 

 

XIX° siècle

 


1842

Nicolas Vassiliévitch Gogol  (1809-1852) romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire russe 

"Les Âmes mortes"

"...Le général, après les premières politesses, le conduisit à la vaste console sur laquelle était un plateau chargé de harengs, de caviar frais, d'anchois, de beurre de crème, de triple essence de cumin, de curaçao et de quatre autres liqueurs apéritives..."

 

 


Gustave Flaubert (1821-1880) écrivain français 

Salammbô



..."D’abord on leur servit des oiseaux à la sauce verte, dans des assiettes d’argile rouge rehaussée de dessins noirs, puis toutes les espèces de coquillages que l’on ramasse sur les côtes puniques, des bouillies de froment, de fèves et d’orge, et des escargots au cumin, sur des plats d’ambre jaune".

...


..."Alors il rentrait dans sa tente, buvait un mélange d'orge et de cumin jusqu'à s'évanouir d'ivresse, puis se réveillait au grand soleil, dévoré par une soif horrible"...

 


 

1880

Cumin - Cuminum cyminum

R. Bentley & H. Trimen

Plantes médicinales; 

Londres, Churchill, 1880

 

 

 

1885


Albert Angot - avocat et écrivain français (XIX° siècle —)

Un ami de Gustave Flaubert : Louis Bouilhet, sa vie, ses oeuvres

"Melœnis / ...C’est dans le ténébreux sanctuaire de quelque sorcière escortée d’un renard, au milieu de serpents, d’oiseaux de nuit, de squelettes grimaçants, de coupes pleines de cumin ou des sucs mortels de Colchide." 
 

 

 

Angelo De Gubernatis, né le 7 avril 1840 à Turin et mort le 20 février 1913 à Rome, est un ethnologue, philologue, orientaliste, historien de la littérature et dramaturge italien.

Les légendes du Règne Végétal

Auteur de la "Mythologie zoologique"

Professeur de sanskrit et de mythologie comparée à l'Institut des Études supérieures

à Florence

Tome second

"Cumin. — 

Cette plante a donné lieu à plusieurs équivoques de langage. Nous avons déjà vu que les anciens accompagnaient de malédictions l’acte de semer le basilic...
 On pensait peut-être ainsi éloigner de la plante le mauvais œil, et la faire pousser mieux
...
on maudissait en les semant le basilic et le cumin, deux plantes chères au peuple, et qui ont toutes les deux un caractère presque sacré. 
...
Le professeur Mannhardt nous apprend que, pour garantir le pain aussitôt tiré du four contre le vol des démons de la forêt, on le farcit de cumin. M. Mannhardt explique que le cumin paraît avoir la propriété de retenir le voleur dans la maison avec le pain qu'il voudrait emporter. Mais c’est surtout en Italie, où l’on mange aussi du pain farci de cumin, c'est sur un sol latin qu’une pareille croyance a pu devenir très populaire, et j'ai déjà avancé ‘ que l’équivoque née sur le mot cumin a pu contribuer au développement de cette croyance. On sait que le mot cominus en latin signifie de près ; il me semble probable que dans le mot cwmin (en italien comino) on ait reconnu soit le préfixe cum allié avec le verbe tre, soit un mot analogue à cominus et, par conséquent, le grain qui a la force de retenir. Mme Coronedi-Berti m'écrit qu'à Bologne on donne le cumin aux pigeons, dans l'espoir de les affectionner et de les attacher à la maison, et que, lorsqu'une personne ne veut pas quitter une maison ou une autre personne, on dit d'elle :"On lui aura administré le cumin."

On donne aussi le cumin aux pigeons de Rome. 
...

 

 

Marseille Auguste Barthélemy (1794-1867) poète satirique français.


L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis

"...On nous présente d’abord plusieurs espèces de coquillages, les uns tels qu’ils sortaient de la mer ; d’autres cuits sur la cendre ou frits dans la poêle ; la plupart assaisonnés de poivre et de cumin"...
 

 

 

Le cumin au XIX° siècle, était surtout cultivé en Sicile, dans le Midi de la France, sur l’île de Malte. 

 

 

Charles-Victor Langlois (1863-1929) historien français.

..."Ils arrivent dans la grand'rue, richement parée, encourtinée de draps magnifiques, où l'on vendait les épices : poivre, cumin, cannelle, encens alexandrin, anis, grenades, figues, dattes, etc..."

 

 

XX° siècle

 


La culture du cumin s’est déplacée à d’autres régions du monde : l’Inde, l’Iran, la Turquie, le Sri-Lanka, la Chine, l’Amérique centrale.

 

 

1972

Robert Sabatier (1923-2012) écrivain et poète français. 

 "Trois sucettes à la menthe"

"...On avait servi du munster et l'oncle le parfumait de grains de cumin..."

 

 

1979

Jeanne Bourin (1922-2003) écrivaine française

"La Chambre des dames"

..."Il aimait en être le détenteur et distribuer, comme il se doit, de ses propres mains, le poivre, la noix muscade râpée, ou des graines de cumin..."

 

 

1984

Bertrand Visage (1952) romancier et éditeur français 

"Tous les soleils"

..."Alors toute la spirale de l'escalier était enveloppée par l'odeur de cumin de sa chemise de nuit, qui la précédait jusqu'à la grande salle et venait se fondre dans l'effluve oléagineux des sécatifs, de la térébenthine et des pigments broyés."

 

 

Le Monde 1997 

"Extrait du Monde de décembre 1997"

"Servis en qualité de légumes, ils viennent se joindre à la graine, avant d'avoir accepté dans leur traditionnelle troisième eau de cuisson (une pincée de cumin, juste de poivre et de sel) des qu artiers de poulet du genre plutôt sportif celui de Bresse lui semble le moins compromis, mais il espère en débusquer de plus sauvages et des tranches de travers de mouton bouca né au sel, autant dire un semblant de viande." 
 

 

 

Mythes et traditions sur le cumin

 


- En Egypte,  le cumin servait aux médecins et aux sorciers. Il entrait dans la composition de drogues à ingérer.

- Chez les Grecs, le cumin, avec le sel, symbolisait l'amitié. 

- Les romains l'utilisaient pour les services religieux, pour faire fuir les démons, purifier les maisons, marquer les étapes de vie naissance, mariage, mort. 

- Le cumin a toujours été associé à l'avarice parce qu'il était l'épice des riches. Le nom de Marc Aurélius a même été quelquefois remplacé par Cuminus.

- En Allemagne, le cumin servait de gage de fidélité et de symbole pour prouver sa loyauté à son fiancé.

- Au Moyen Âge, un petit sachet de graines porté sur soi protégeait du mauvais sort et des sorcières.

- On croyait que le cumin empêchait la viande de pourrir ou que la coriandre retardait les menstruations. 

- Dans le Piémont, à l'abstention du fiancé, pour assurer sa fidélité, il devait boire un vin au cumin pulvérisé et manger du pain au cumin.

- On croyait que le cumin rendait les amoureux fidèles et empêchait les poules de s’égarer.


 

 

 

Langage et symbole du cumin

 

- Le cumin symbolise l'amitié

mais aussi : Protection ; Fidélité conjugale ; Exorcisme.


 


 

 

Utilisation du cumin

 


Le cumin est une épice pleine de caractère à la fois chaude, amère et sucrée.

La partie consommable de la plante est la graine qui est préalablement séchée, et éventuellement pulvérisée, pour en faire une épice. Il est également possible d'en obtenir des huiles essentielles par distillation.


Culinaires :

Le cumin entre dans le mélange d'épices traditionnelles du Nord de l'Inde, 

Il est très utilisé dans la majorité du nord de la Chine, dans les régions et aujourd'hui beaucoup à Pékin.

On peut retrouver une saveur chaude et épicée dans le cumin, lorsqu'il est chauffé, il révèle des arômes plus amers et poivrés.

Le cumin doit être bien sec et d'une teinte allant du vert kaki au brun. 

Le cumin s'associe parfaitement aux fromages hollandais et peut aussi être consommé en tisanes ou infusions, seul ou en mélange. 

Son goût caractéristique se marie parfaitement avec le poisson, les légumes, la viande. 

On trouve des alcools au cumin, comme la liqueur estonienne Kännu Kukk.

 

 

Thérapeutiques

Connu également pour ses propriétés médicinales, le cumin était autrefois utilisé pour soigner les troubles digestifs.

Médecine traditionnelle chinoise "Utilisé pour tiédir la rate ou réduire les excès de chaud du foie, et améliorer l'appétit".

Très efficace consommé sous forme de tisanes ou d'infusions
Le cumin contient de nombreux bienfaits pour la santé :

. Source de vitamines et minéraux

. Sédatif et calmant 

. Pouvoir antioxydant

. Anti-inflammatoire

. Anti-infectieux : antibactérien

. Vertus digestives

. Diurétique.

 

 

Cosmétiques

Les parfums, puisqu'il entre dans leur composition sous forme d'huile, font eux aussi partie du marché du cumin. 
 

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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 22:43

 

 

Mythologie des épices, 

Aromates et condiments
 


La coriandre - Coriandrum sativum


 

 

La coriandre (Coriandrum sativum) ; Carvi fétide ; Carvi puant ; Carvi testiculaire ; Mari de la punaise ; Persil arabe ; Persil chinois ;

est une espèce de plantes herbacées annuelle de la famille des Apiacées (Ombellifères).

 
Cette plante aromatique cultivée dans les zones tempérées du monde entier,  est employée pour de nombreuses préparations culinaires, particulièrement en Asie, en Amérique latine et dans la cuisine méditerranéenne.


L'origine de la coriandre est incertaine. Elle pousse à l'état sauvage au Proche-Orient et dans le Sud de l'Europe,

 


 

 

 

La coriandre est une plante élancée, ramifiée. Elle peut endurer des températures négatives sur de courtes périodes, en particulier les jeunes plants, cette résistance aux froids diminuant après le développement de la tige. 


La plante est hétérophylle et les feuilles sont alternes. 


Le feuillage et la tige sont verts ou vert clair tirant parfois sur le rouge ou le violet pendant la floraison, glabres, luisants (notamment les faces inférieures des feuilles). 


Les feuilles de coriandre ont une saveur très prononcée, très fraîche, orangée, mais plus amère que la graine, avec des touches légèrement anisées


 

 

 

L'inflorescence, en ombrelles de  petites fleurs, de couleur blanche ou rose-mauve très pâle, L'odeur de la plante est souvent décrite comme fétide, surtout en floraison ou début de fructification.

 

 

 

Les fruits frais sont globuleux, parfois légèrement allongés, verts et dégagent la même odeur que les feuilles. Ils deviennent beiges, puis ocre-brun clair au cours de leur maturation et développent une odeur plus aromatique.

 

 

La coriandre utilisée en cuisine est le fruit tout entier (qui contient la graine). 

En effet le fruit de la coriandre, une fois séché, peut être utilisé entier ou en poudre dans les plats.


 


 

 

Pollinisation de la coriandre 

 


Les fleurs de coriandre sont organisées en ombelles hermaphrodites. Les nectaires floraux sécrétant du nectar attirent les pollinisateurs (abeilles domestiques et pollinisateurs sauvages).


La coriandre est une culture très mellifère !

L’apport de ruches n’est pas indispensable ; cependant le miel de coriandre est très réputé et les apiculteurs sont souvent intéressés pour disposer des ruches dans de grandes surfaces agricoles permettant la production d'un miel monofloral.

Le miel de coriandre est produit un peu partout. 


 


 

Autres espèces de coriandre

également utilisées en cuisine.

 


- "Coriandre longue" ou "coriandre chinoise" (Eryngium foetidum), 


 

-  "Coriandre bolivienne", Papalo (Porophyllum ruderale) 


 

-  "Coriandre vietnamienne, Rau-ram (Polygonum odoratum) 

 


 

 

Étymologie de la coriandre

 

 

La coriandre est du genre féminin 

Issu :

- Du grec κορίανδρον / koríandron ou κορίαννον / koríannon

Koris  "punaise" 
(le fruit vert et frais de cette plante évoque pour beaucoup l’odeur de cet insecte si on l’écrase) 

Andros "homme" 
John Chadwick fait un rapprochement entre la forme mycénienne du mot (κορίαδνον / koriadno/ korijadana et le nom d'Ariane, la fille de Minos.

L'origine mycénienne de la coriandre témoigne de l'existence de relations commerciales entre l'Italie du Sud, la Sicile ou le Latium et les Mycéniens à l'âge du bronze.


Du latin  :coriandrum d’origine méditerranéenne

Anglais : coriander ;

Espagnol : cilantro ;

Grec : kóliandros ;

Hébreu : kusbarah ;

Italien : coriandolo ;

Japonais : koriandā ;

Portugais : coentro ;

Arabe : kasbara


 

 

 

 

La coriandre dans la Bible

 


Exode 16:30-31 : 

"La maison d’Israël donna à cette nourriture le nom de manne. Elle ressemblait à de la graine de coriandre ; elle était blanche, et avait le goût d’un gâteau au miel".


 


 

 

Mythologie Egyptienne : La coriandre

 


La coriandre était utilisée pour l’embaumement des morts pendant l’époque pharaonique


On retrouve la trace de la coriandre dans les tombes des pharaons. 


 

 

 

Mythologie de l'Inde : La coriandre

 


En Ayurveda, elle fut reconnue sous le nom de "Kustumbur"

(signifiant une herbe qui atténue diverses maladies), pour ses propriétés digestives, permettant d’apaiser le feu digestif mais aussi d’apaiser le feu émotionnel. 

 


 

6000 ans av. J.C.

 


Quinze méricarpes desséchés ont été trouvés au niveau Néolithique précéramique B de la grotte de Nahal Hemar  en Palestine, ce qui est peut-être la plus ancienne trace archéologique de coriandre. 


 


 

2000 ans av. J.C.

 


La coriandre semble avoir été cultivée dans la Grèce antique au moins depuis le IIe millénaire av. J.-C. 


Les Grecs l'ont aussi utilisée pour la confection d'onguents et de produits aromatiques à l'usage des temples.


 


 

 

XVI° au XII° siècle av. J.C.

 

 

1550 av. J.C. 

Le plus ancien témoignage de l'utilisation des fruits est un papyrus daté de 1550 av. J.-C. listant des plantes médicinales. 

Environ un demi-litre de méricarpes ont été retrouvés dans le tombeau de Toutankhamon, (1342 av. J.-C.-1324 av. J.-C.,) et leur présence est courante dans d'autres sépultures de l'Égypte antique à cette époque. 


 

 

la coriandre était cultivée, vers le XIV° siècle av. J.-C. 

Sa première utilisation remonte aux égyptiens qui l’utilisaient pour parfumer les galettes de céréales sous Ramsès II, né aux alentours de 1304 av. J.-C. et mort à Pi-Ramsès vers 1213 av. J.-C.


Les Égyptiens antiques avaient compris certaines vertus médicinales de la coriandre (qu’ils se prirent à cultiver sous les règnes des Ramsès), comme nous l’indique le papyrus Ebers.


 

"ko-ri-ja-da-na" se lit dans les inventaires mycéniens d’aromates exhumés à Mycènes et à Pylos sur le continent, à Cnossos en Crète.

Des tablettes en linéaire B provenant de la civilisation mycénienne (grecque) mentionnent la coriandre, en quantité importante, comme offrande rituelle ou comme matière première pour la confection d'onguents et de produits aromatiques à l'usage des temples-palais. Une des tablettes retrouvées à Pylos fait référence à la coriandre comme étant cultivée pour la fabrication de parfums, et elle aurait été utilisée sous deux formes : comme épice pour ses "graines", et pour la saveur de ses feuilles. 


 

 

 

1200 av. J.C.

 


Une grande quantité de coriandre retrouvée dans une couche de l'Âge du bronze ancien à Sitagrí, en Macédoine, 

 Les Hébreux l’utilisaient pour aromatiser leurs galettes 
 

 

 

V° siècle av. J.C.  IV° siècle av. J.C.

 


Hippocrate (460 av. J.-C.-377 av. J.-C.) philisophe et médecin grec du siècle de Périclès, considéré traditionnellement comme le "père de la médecine"

"DU REGIME. LIVRE DEUXIÈME

54. 

La coriandre est chaude et resserrante, elle arrête les rapports aigres ; mangée en dernier lieu, elle est même soporative.

- en raison de ses qualités aphrodisiaques, il la préconisait pour favoriser la procréation" ...


 


 

 

Théophraste (v. 372 av. J.C.-288 av. J.C.) philosophe de la Grèce antique, botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.


"Historia Plantarum

livre 1

XI. ...

On doit reconnaître comme gymnospermes beaucoup de plantes potagères : l'aneth, la coriandre, l'anis, le cumin, le fenouil.
...

 

 

 

III° siècle av. J.C.

 

 

Plaute (vers 254 av. J.-C.-184 av. J.C.)  auteur comique latin, le premier des grands dramaturges de la littérature latine, 


"PSEUDOLUS

SCÈNE II. — BALLION, UN CUISINIER, L'ESCLAVE.

Le cuisinier

Écoutez : ...Je ne dresse pas un dîner comme ces marmitons, qui vous apportent sur les plats un pré accommodé, prennent 295 les convives pour des bœufs, les bourrent d’herbes, assaisonnent ces herbes avec d’autres herbes, mettent de la coriandre, du fenouil, de l’ail, du persil, ajoutent de l’oseille, du choux, de la poirée, de la blette, délayent une bonne livre de laser, mêlent avec le tout leur infernale moutarde pilée, qui, tandis qu’on la pile, vous fait pleurer les yeux. ..."

 

 

 


Caton l'Ancien  (234 av. J.-C.-149 av. J.C.) homme politique et un écrivain romain 


"De l’agriculture

119
Recette pour faire l'épityrum, soit blanc, soit noir, soit marbré. Assaisonnez de la manière suivante des olives blanches, noires et bigarrées, après en avoir ôté les noyaux. Coupez-les, mettez-les dans un assaisonnement d'huile, de vinaigre, de coriandre, de cumin, de fenouil, de rue et de menthe.

157
Pour guérir les ulcères des enfants et des jeunes filles, mêlez au chou de la farine d'orge. Si vous voulez couper, laver et faire sécher des feuilles de chou que vous faites digérer dans du sel et du vinaigre, vous obtiendrez un aliment des plus sains. Pour le rendre plus agréable, vous l'arroserez de vinaigre miellé, vous l'aromatiserez de menthe sèche, de rue, de coriandre pilet, et vous y mettrez du sel. ..."


 

 

 

La coriandre fut introduite en Europe Centrale lors de la présence Romaine. Elle était utilisée pour la conservation des viandes avec du cumin et du vinaigre, et pour parfumer leurs pains.

 

 

 

II° siècle av. J.C.

 


Nicandre de Colophon grammairien, poète et médecin grec, du II° siècle av. J.-C., 

"Les Alexipharmaques

Les Alexipharmaka (Αλεξιφάρμακα) sont un poème de 630 vers hexamètres qui évoque les poisons et leurs antidotes. Ces écrits renferment une grande quantité d'erreurs ou de superstitions. De nombreuses espèces végétales, mais aussi animales, sont décrites. Il suit le travail du médecin Apollodorus.


"Le coriandre

..."Quant au funeste breuvage de coriandre si difficile à vaincre , ceux qui ont eu la folie d'en absorber une coupe détestable, frappés d'égarement, se déchaînent en propos triviaux, semblables aux déments, et, tels des Bacchantes en furie, ils hurlent  sur un mode aigu, l'esprit agité d'un transport indomptable...." 

Illustration des Thériaques de Nicandre dans un manuscrit du xe siècle. Constantinople.

 

 

 

I° siècle av. J.-C. 

 

 

Vers le I° siècle av. J.-C. en France, des fouilles archéologiques ont mis en évidence la présence de la coriandre depuis l'Antiquité

 

 

La coriandre occupe une part importante à Rome parmi les épices, et les Romains pour conserver leur viande au frais.

 

 

Virgile, dit "le Cygne de Mantoue" (70 av. J.-C.-19 av. J.C.) poète latin


Le cachat (le moretum)
...

Ce jour-là donc, songeant à quelque menu régal,

 il était entré dans son jardin.

Et tout d'abord creusant légèrement la terre

avec ses doigts,  il en tire quatre gousses d'ail

avec leurs racines fibreuses ; puis il arrache

de grêles chevelures d'ache et la rue roidissante

 et les coriandres tremblantes au fil menu.

 Après avoir fait cette cueillette, il va s'asseoir

près de l'âtre joyeux et réclame à haute voix

un mortier à sa servante. 
...


 

 

 

I° siècle ap. J.C.

 

 

Columelle  (04 ap. J.C.-70 ap. J.C.) agronome romain de la première moitié du Iᵉʳ siècle de notre ère.


De l'agriculture

L'économie rurale

"Livre XI
(14)...Il est d'abord à propos de parler des espèces de graines qu'on peut confier à la terre à deux époques, c'est-à-dire en automne et au printemps. Les graines de chou, de laitue, d'artichaut, de roquette, de cresson alénois, de coriandre, de cerfeuil, d'aneth, de panais, de chervi et de pavot se sèment vers les calendes de septembre ou, mieux encore, en février, avant les calendes de mars ;..."


 


 

 

Pedanius Dioscoride (20/ 40 ap. J.-C.- v. 90 ap. J.-C) médecin, pharmacologue et botaniste grec


M.M. III, 63 

...La coriandre est bonne pour traiter l'érysipèle, les ulcères serpentins (herpes), les inflammations des testicules, les pustules douloureuses la nuit (epinyctis), les ulcères charbonneux (anthrax), les écrouelles (choiras), les abcès (phuma), elle chasse les vers (helmins), augmente la production du sperme et elle est efficace pour soigner les inflammations cutanées (l’épinyctide), mais à haute dose, elle fait perdre la tête..."

Dioscoride conseillait de boire du vin mêlé à de la coriandre pour favoriser la production de sperme." 


 


 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 apr. J.C.) écrivain et naturaliste romain du I° siècle.


Histoire naturelle (Naturalis Historia),

LXXXII. 

De la coriandre, XXI.

(1) On ne trouve pas de coriandre sauvage; il est constant que la meilleure est celle d'Égypte. Elle a (coriandrum sativum,L.), en boisson et en application, de la vertu contre une seule espèce de serpents qu'on nomme amphiabène ; elle guérit aussi les autres plaies; pilée, les epinyctides, les pustules; pilée et avec du miel ou des raisins secs, toutes les tumeurs et toute les collections; pilée dans du vinaigre, le panus. Quelques-uns, dans la fièvre tierce, en font, avant l'accès, prendre trois graines; on en applique sur le front au plus grand nombre. Il en est qui pensent qu'il est avantageux de mettre de la coriandre sous l'oreiller avant le lever du soleil.

(2)  Verte, elle a de grandes propriétés rafraichissante. Elle guérit, avec du miel on du raisin sec, les ulcères serpigineux, ainsi que les testicules, les brûlures, les charbons, les oreilles; avec du lait de femme, les épiphoras des yeux; les flux de ventre et des intestins, la graine prise dans de l'eau. On la prend en boisson avec de la rue, dans le choléra. La graine expulse les vers intestinaux, prise en boisson avec le suc de la grenade et l'huile. Xénocrate rapporte une chose merveilleuse, si elle est vraie : les règles s'arrêtent un jour chez les femmes qui prennent un grain de la semence; deux jours, chez celles qui en prennent deux, et ainsi de suite, d'après le nombre de grains pris. M. Varron pense qu'avec de la coriandre légèrement pilée, du cumin et du vinaigre, ou empêche toute espèce de viande de se gâter pendant l'été.

 

 

 

II° siècle

 


Celse  philosophe romain du IIᵉ siècle 

TRAITÉ DE LA MÉDECINE.

LIVRE II.

XXVII. 

... Les substances qui rafraîchissent sont, les plantes potagères dont on mange les tiges crues, comme la chicorée et la laitue ; le coriandre, le concombre...


XXXI. 

Les aliments qui sollicitent les urines sont, toutes les plantes odoriférantes des jardins, telles que le persil, la rue, l'aneth, le basilic, la menthe, l'hysope, l'anis, le coriandre, le cresson, ...


XXXIII. 

...Les répercussifs réfrigérants sont, la pariétaire,  le serpolet... les feuilles de coriandre, la jusquiame, la mousse, le chervi, l'ache,... 

 

LIVRE V

..."Après la lentille, on emploie avec succès, contre l'épinyctis, la renouée ou la coriandre verte....


 

 

 

III° siècle

 

 

Quintus Serenus Sammonicus (fin II°-début III° siècle) érudit romain, auteur d'un poème didactique médical en latin intitulé généralement :

De medicina præcepta 

XL. Contre l’érésipèle, la vomique et les scrofules.

...Un cataplasme fait avec la fève tendre 

et la coriandre odorante a la vertu 

d’amollir et de dissiper la tumeur... 
 

 

 

Athénée de Naucratis (v.170-223) érudit et grammairien grec 

...- "Banquet des savans

Chapitre XV
C'est un des principes de Zénon, que "le Sage fera tout bien, et assaisonnera des lentilles avec intelligence." Voila pourquoi Timon de Phlionte a dit : "Ne faites pas cuire de lentilles si vous ne l'avez pas appris en sage".  

Comme s'il étoit impossible que des lentilles fussent cuites autrement que selon la doctrine de Zénon, quit dit : "Jetez dans des lentilles un douzièle de coriandre".-...


 


 


Quintus Gargilius Martialis (III° siècle) écrivain latin 

La coriandre. 

...

De coliandro G. M. (Coriandrum sativum L., famille des Ombellifères / Apiacées)

"La coriandre exerce à n’en pas douter un effet rafraîchissant ; mais ce n’est pas le seul. Galien a très bien vu qu’elle resserre aussi. Cela est confirmé par le fait que la coriandre permet de guérir des maladies qui demeureraient la plupart du temps inguérissables si la seule propriété de cette plante était de refroidir. Lorsqu’on malaxe ensemble de la coriandre, du miel et des raisins secs et qu’on fait avec cette pâte des applications, on peut agir favorablement sur les enflures et les amas de pus. 

C’est principalement aussi grâce à de telles préparations qu’on peut atténuer des douleurs aux testicules. Incorporée à une boisson faite de jus de grenade et d’huile, la coriandre chasse les vers. Les graines de coriandre, prises dans de l’eau, resserrent un ventre relâché. Il n’est pas rare de lire que les fièvres tierces sont repoussées par la prise de trois graines de coriandre, pour autant qu’on les ait ingérées avant l’accès sans les mâcher.

La coriandre fraîche, qu’on place avant le lever du jour sous l’oreiller du malade sans qu’il ne le sache, permet de guérir ces fièvres. Xénocrate nous rapporte un fait étonnant : si une femme a absorbé dans une boisson une graine de coriandre, ses règles s’arrêtent un jour ; si elle a absorbé deux graines, l’arrêt est de deux jours. En réalité, le nombre des jours pendant lesquels les règles disparaissent dépend du nombre de graines qui auront été prises."
 


 

 

IV° siècle

 


Apicius (début du II° siècle), amateur "de bonne chère"

De re coquinaria, livre I, 41

De re coquinaria ou L'Art culinaire est le nom donné à une compilation de recettes culinaires romaines en dix livres constituée à la fin du IV°siècle

...Mentam, rutam, coriandrum,

feniculum, omnia uiridia, ligusticum, piper, mel, liquamen.

Si opus fuerit, acetum addes.


"Prendre de la menthe, de la rue, de la coriandre,

du fenouil, de la roquette, de la livèche, du miel, du garum.

Si cela est nécessaire, ajouter du vinaigre."


 

 

 

Oribase (v. 325-v. 403) médecin grec , notamment de l'empereur romain Julien. 

Il est surtout célèbre pour ses compilations (Synogôgai), basées sur des textes d'Hippocrate et de Galien, avec des citations d'auteurs anciens et des traités de pharmacologie à base de plantes.

 

LIVRE III. 

DES ALIMENTS

2. ALIMENTS ATTENUANTS.

"L'ail, les oignons, le cresson, les poireaux, la moutarde, le poivre, le smyrnium, la pariétaire d'Espagne, l'origan, la calaminthe,, la menthe, l'hysope, le sisymbrium, le pouliot, le thym, le thymbre, si on les mange frais; en effet, à l'état desséché, ces plantes deviennent déjà des médicaments et ne sont plus des aliments; car, en général, tout ce qui tend à devenir sec est plus efficace que ce qui est fleuri, et les plantes qui poussent sur les collines, ou dans des endroits plus ou moins secs, ont plus de vertu que celles qui croissent dans les plaines, les jardins ou les marais. "

 

LIVRE IV.

DES ALIMENTS

4. DU CHOU.
(Tiré de Mnésithée de Cyzique.)

1. Il faut hacher le chou avec un fer aussi tranchant que possible, ensuite le laver et laisser écouler l'eau; on hachera en même temps avec lui de la coriandre et de la rue en quantité suffisante; puis on l'arrosera d'oxymel et on y ajoutera au moins une petite quantité de silphium râpé. 


 

 

 

V° siècle

 


L’Herbarius du Pseudo-Apulée, (Herbarius Apulei), est un herbier artificiel d'origine latine, compilé au V° siècle.
...
"103. La Coriandre

1. Pour les vers intestinaux
La coriandre une fois cuite jusqu'à réduction des deux tiers dans de l'huile, en mettre sur la tête du malade

2. Pour accélérer un accouchement.
Onze ou treize grains de coriandre doivent être attachés avec un fil de toile dans un petit linge propre ; un jeune garçon ou une jeune fille vierge doit les tenir au niveau de la cuisse gauche de la parturiente, près des parties génitales et dès que l'accouchement est terminé, il faut vite les enlever pour ne pas entraîner les intestins

3. Pour les frissons, les fièvres quartes, tierces ou quotidiennes.
Si de la coriandre est proposée le matin, sous nos yeux, par un maraîcher, s'approcher de lui, lui jeter un denier et prendre un bouquet de coriandre mais sans parler. Le porter sur soi jusqu'à l'heure des crises ; quand l'heure est passée sans qu'il soit rien arrivé, jeter le sorir ce bouquet derrière soi ; en marchant sans se retourner : on sera guéri.

4. Pour les puces.
L'eau de cuisson de coriandre est à répandre dans la maison.

Interpolation de Dioscoride, III, 63
Les Grecs l'appellent coriandron ou corion, les Latins coriandrum, les Egyptiens oscium. Tout le monde connaît sa vertu rafraîchissante.

 

 


Rutilius Taurus Aemilianus Palladius, écrivain romain du V° siècle

DE L'ÉCONOMIE RURALE

LIVRE V.

 AVRIL.

Des jardins.

..."Semez encore, à cette époque, les melons, les concombres, les poireaux. Plantez, au commencement du mois, les câpriers, le serpolet et les pieds de colocasie. Semez aussi la laitue, la poirée, la ciboule, la coriandre; la chicorée une seconde fois, pour la manger en été; les courges et la menthe, soit en racines, soit en pieds"...


 

 

 

VIII° siècle

 

La coriandre fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIII° siècle ou début du IX°).


 

 

 

IX° siècle

 

 

L’école de médecine de Salerne (Schola Medica Salernitana), situé sur la zone côtière du Mezzogiorno en Italie, est la première école de médecine fondée en Europe au Moyen Âge, vers le IXᵉ siècle, et l'une des plus importantes.

 

De coriandre

 

Pour bien digérer, il faut prendre

De la semence de coriandre,

Elle rend l'estomac plus sain, 

Chasse les vers d'un même train,

Et dans le corps retient la viande,

Qui se cuit mieux, et qui s'amende ;

Cette graine dissipe aussi

Les vents qui font peine et soucy :

La plante est d'une odeur mauvaise,

Car elle sent fort la punaise,

Sa graine a meilleure senteur,

Donne à la bouche bonne odeur,

Et souvent avec la dragée,

Pour cet effet est mélangée ;

L'on tient qu'elle rend plus paillards

Les jeunes gens, et les vieillards,

Qu'elle excite aussi la folie,

Et rend la personne affaiblie,

Qui l'oblige à la fin, dit-on,

De faire griller chez Pluton.

 

Confortat stomachum,

ventum removet coriandrium


 


 

 

XI° siècle

 

 

Macer Floridus auteur du XIᵉ siècle 


De viribus herbarum

Traduction M. Mouis Baudet

XXIX. La coriandre.

"La coriandre est une herbe froide qui, suivant Galien, a aussi une certaine âpreté, qui tue les ascarides lombricoïdes et autres vers intestinaux, lorsque, après l'avoir broyée, on la boit avec du vin ou du vinaigre. 

Cette herbe, pilée avec des raisins cuits au soleil et du miel, donne un cataplasme qui dissipe toutes sortes de tumeurs, et particulièrement le gonflement des testicules. 

Sa graine, mise dans l'eau et souvent prise en breuvage, arrête le flux de ventre. 

Broyez de la litharge avec de la céruse ; ajoutez-y du jus de coriandre et du vinaigre avec de l'huile de rose, et vous obtiendrez un précieux onguent qui a la vertu de guérir le feu sacré et les inflammations les plus vives. 

A défaut de ce remède, dont la composition peut paraître peu facile, on se bornera à mêler le suc de la coriandre avec du vinaigre. La mie de pain très blanc, associée au suc de coriandre, donnera aussi un merveilleux topique contre toutes sortes d'inflammations. Ce même suc, mêlé seulement avec de la farine de fève, et appliqué en cataplasme, guérit les scrofules et éteint l'inflammation des pustules. 

Suivant plusieurs auteurs, trois grains de coriandre, pris avant le retour du frisson, ont la vertu de chasser la fièvre tierce. Cette herbe, cueillie avant le lever du soleil et placée sous l'oreiller d'un fébricitant, produit le même effet. Xénocrate a écrit que les règles des femmes tardent à venir autant de jours qu'elles ont mangé de grains de coriandre. Quelques médecins condamnent l'usage trop fréquent de cette herbe ; ils prétendent qu'elle peut causer la mort, ou du moins une infinité de maladies graves."

 

 


 

XIII° siècle

 


Dans De vegetalibus (XIII° siècle), Albert le Grand décrit la coriandre comme anaphrodisiaque.
 

 

 

La diversité et l'omniprésence des épices (cannelle, clou de girofle, etc...), et les herbes (coriandre, cumin etc...) est la caractéristique la plus visible de la cuisine arabo-musulmane médiévale classique.

 

 

 

XIV° siècle

 

 

Bernard de Gordon (XIII°-XIV° siècle) médecin français. Son œuvre la plus connue est le Lilium medicine.

Practica dicta Lilium medicine (5 février 1305).

..."tu le fomenteras de vin de decoction de mente, d'anis et de commin et les semblables et en la fin vous y ferés setones et se les coillons estoyent trop agrandis, tu les emplastreras de jusquiame et de fueilles de coriandre fresche"...

 
 


 

 

Le Ménagier de Paris est un livre manuscrit d'économie domestique et culinaire rédigé au XIV° siècle. Il est attribué à un bourgeois parisien, qui l'aurait écrit à l'intention de sa jeune épouse afin de lui faire connaitre la façon de tenir sa maison et de faire la cuisine

 

217

BROUET BLANC. ...

Et quant l'en aura drécié, si pouldrez par-dessus une espice que l'en appelle coriandre vermeille et des grains de la pomme de grenade avec dragée et amandes friolées, piquées en chascune escuelle sur le bout... 

 

221

Item, ayez deux onces de coriande et de cercuis non confiz, dont l'une couste ung blanc, et soit broyé et destrempé de vin et vertjus, puiz bouly et gecté sur les deux platz.

(Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 221)
 

 

 

XV°- XVI° siècle

 


1401 

Guillaume Testart, apothicaire

Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1401, 


...pour LXVIII livres, un quarteron, de pluseurs espices confictes, prinses et achetées de lui à divers pris pour la Royne (...). C'est assavoir anis et noix confites, sucre rosat, manuchristi, madrien, paste de Roy, pingnolat, dragée perlée, coriande et canelle perlée...
 

 

 

1495, 

André de La Vigne (1470-1526) écrivain français, poète


Le Voyage de Naples

..."tables rondes propices, Combles de vins, d'ypocras et d'espices, De coriandes et d'autres nouveaulx metz"...
 

 

 

1579 -1580

Pietro Andrea Matthioli (ou Mattioli, Matthiole, Matthiolus) est un médecin et un botaniste italien, né le 12 mars 1501 à Sienne et mort vers 1578 à Trente de la peste.

Mattioli (Comm. Diosc., III, c. LXII, p. 451-453) écrit

"le coriandre" , ce qui montre que "coriandre" fut, pour un temps, masculin, au moins dans les publications de savants.

Commentarii, in Libros sex Pedacii Dioscoridis 


 

 

 

Elle fait partie d'une recette de pilules aphrodisiaques de l'Ananga Ranga (Traité hindou de l'amour conjugal écrit en Inde au 16ème siècle). 

 

 

Olivier de Serres (1539-1619) agronome français, auteur 

"Le Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs", 


 

 

 

La coriandre qui s'est répandue dans toute l’Europe, fut  importée en Amérique par les Espagnols lors de la conquête.

 

 

XVII° siècle 

 


Claude-Denis Du Four de La Crespelière (1625-1680)personnalité médicale et artistique

Sur la coriandre :

"L’on tient qu’elle rend plus paillard les jeunes gens et les vieillards" , 
 

 

 

Dictionnaire Universel De Furetière (1690)

"Définition ancienne de coriandre s. f.

Herbe aromatique qui porte une graine de même nom, & qu'on enferme dans des dragées. Elle fait bonne bouche après le repas. La plante qui porte la coriandre a sa tige mince & branchuë, d'un palme & demy de haut. Ses feuilles d'enbas sont semblables à celles du capilli Veneris. Sa fleur est blanchastre, d'où sort en forme de grappe une graine ronde & ridée. Toute la plante a une mauvaise odeur, & sent la punaise. Les Anciens ont creu que le jus de coriandre étoit dangereux, & faisoit perdre le sens, & même la vie : mais les Modernes en usent en plusieurs remedes. La manne qui nourrist les Hebreux dans le desert ressembloit à la graine de coriandre. En Latin corion ou coriandrum. Quelques-uns font venir ce mot de koris, qui signifie une punaise, parce que ses feuilles sentent la punaise. D'autres le font venir du mot Grec kori, qui signifie la prunelle des yeux, & de andron, hominum, parce que la coriandre affoiblit la veuë."


 

 

 

XVIII° siècle

 


En 1716, Dom Nicolas Alexandre faisait une sorte d’état des lieux sur cette épineuse question sur la coriandre  : 

..."On a cru fort longtemps qu’elle avait quelque chose de malin, et pour ôter cette prétendue mauvaise qualité, on la macérait dans du vinaigre avant de s’en servir"...
 

 

 

XIX° siècle

 

 

 

1858

Mme la Baronne de Fresne,


Le nouveau langage des fleurs, des dames et des demoiselles ; 

suivi de la Botanique à vol d'oiseau, 1858, page 33

 

Coriandre

 

coriandre. Mérite Caché.— 

Son nom a la signification d’un bien vilain insecte

 (que la poudre Résilie est chargée de détruire) 

car la graine de coriandre a d’abord ce goût détestable, 

qui, en mûrissant, devient un parfum exquis. 

L’art du médecin et du cuisinier ont su utiliser la coriandre,

les uns en font des médecines et les autres des ragoûts ; 

ô coriandre ! que tes mérites sont cachés ! — ..


 


 

1873

Alexandre Dumas (1802-1870) écrivain français 

Grand dictionnaire de cuisine, 

"VESPÉTRO. — Ratafia qui se fait avec de la graine d’angélique, du carvi, de la coriandre, du fenouil, des zestes de citron et d’orange, de l’eau-de-vie et du sucre."
 

 

 

Angelo De Gubernatis (1840-1913) ethnologue, philologue, orientaliste, historien de la littérature et dramaturge italien.

"CORIANDRE. — Il y a apparente contradiction entre lespropriétés qu'Apulée? et Macer Floridus attribuent à cette
herbe. Selon le premier, le coriandre aide les femmes àaccoucher, et délivre des fièvres et des frissons ; selon lesecond, elle arrête les mois des femmes et apporte toute espèce de maux, sans exclure la mort. Voici les recettes
d’Apulée."

 

 

 

1885 


Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, écrivain,

romancier et dessinateur romantique français

Alpes et Pyrénées

 

La Loire. — Bordeaux.

Bordeaux, 20 juillet.

 

Mais ce que la Loire a de plus pittoresque et de plus grandiose,

 c’est cette immense muraille calcaire, mêlée de grès, 

de pierre meulière et d’argile à potier, qui borde 

et encaisse sa rive droite, et qui se développe au regard 

de Blois à Tours avec une variété et une gaieté inexprimables, 

....

Il y a là des cavernes profondes où se cachaient jadis 

les faux monnoyeurs qui contrefaisaient

l’E de la monnaie de Tours et inondaient

la province de faux sous tournois. 

Aujourd’hui les rudes embrasures de ces antres sont fermées

par de jolis châssis coquettement ajustés dans la roche, 

et de temps en temps on aperçoit à travers la vitre 

le gracieux profil d’une jeune fille bizarrement coiffée, 

occupée à mettre en boîte l’anis, l’angélique et la coriandre. 

Les confiseurs ont remplacé les faux monnoyeurs.
...


 

 

 

1891


Joris-Karl Huysmans (1848-1907) écrivain et critique d'art français

Là-bas, t. 1, 1891, p. 185

"...Des plats véhéments, assaisonnés à la marjolaine et au macis, à la coriandre et à la sauge ..."
 

 

 

1988


Marie-Claude Palys - auteur 

 

La coriandre 

 

Originaire d’Asie, aromatique

Coriandre ou persil arabe, apiacée

Connue depuis l'Antiquité  ;

Son nom  : du grec koris "punaise", 

"korijadana" aromate de Mycène

 

Des ombelles de petites fleurs blanches 

Les pollinisateurs s'en délectent

Des feuilles d'une belle couleur verte

Saveur ou arôme adorée ou détestée. 

la chaleur et le soleil la font pousser.

 

Ses fruits globuleux verts à jaunâtres, 

De la taille d'un grain de poivre 

Brun clair, lorsqu'ils sont mûrs.

la "Coriandrum sativum" 

Thérapeutique, stimulante et efficace. 

 

Elle parfume aussi l'haleine 

Emblème de la cuisine orientale 

Les  liqueurs, vespreto,bénédictine 

Les semences  : charmes d'amour. 

Coriandre : mérite caché


 

 

 

2002

Jérôme Goust auteur

Fabien Seignobos Illustrateur

persil, coriandre et cerfeuil

Persil, coriandre et cerfeuil forment un trio de fines herbes à la forte personnalité. Ils appartiennent tous trois à la famille botanique des Ombellifères et ont été introduits dans les jardins d'Egypte, de Grèce ou d'Italie dès l'Antiquité.


 

 

 

En 2007, 

Rachel Samoul - auteur

Bouquet de coriandre, 

Recueil de treize nouvelles, préfacé par Albert Memmi, où la coriandre joue un rôle essentiel.


 

 

 

La coriandre dans le langage des fleurs

 

Langage de la coriandre :

Mérite caché. 

Amour ; Santé ; Longévité ; Guérison.


 

 

 

Mythes et traditions sur la coriandre

 

- Chez les mayas, elle était réputée éloigner les mauvais esprits liés au mensonge, de même que chez les celtes.

- En Égypte, on liait ses pouvoirs énergétiques  à ses propriétés digestives et on l'utilisait pour chasser les démons liés aux excès de chair. 

- Les Romains l'associaient à de l'ail pressé pour confectionner un philtre d'amour.

- Au Moyen Âge on jetait une poignée de coriandre au feu pour éloigner les mauvais esprits. 

- La coriandre est considérée comme une plante magique aux propriétés aphrodisiaques,

- Les contes des Mille et Une Nuits vantent leurs vertus stimulantes et aphrodisiaques.

- En Chine la coriandre a la réputation de rendre immortel.

- Dans les pays  arabes elle était partie prenante des rituels d'exorcisme et jouait un rôle important, mélangée avec les résines sacrées tel que l'encens, la myrrhe ou encore le benjoin.


 


 

 

Utilisation de la coriandre

 

 

Alimentaire

. Ce sont principalement les feuilles inférieures qui sont utilisées. De forme dentelée, elles rappellent celles du cerfeuil. Leur goût est frais et très particulier, mais ne plaît pas à tous. Tout comme pour le persil, on peut récolter les brins au fur et à mesure de leur maturation sur le plant, et ce jusqu'à l'apparition de fleurs blanches. 

. Les racines sont surtout utilisées dans la cuisine asiatique, en particulier en Thaïlande. 

. Souvent confondus avec des graines, les fruits de coriandre ont un goût différent de celui des feuilles. Ils sont usuellement utilisés séchés. 

. Entiers, ils parfument les bocaux de cornichons (pickles) ou les liqueurs.

. Moulus, généralement après torréfaction, et associés à des baies de poivre, ils entrent dans la composition de base de poudres Leur parfum est subtilement orangé.

. En huile essentielle elle développe un parfum et un arôme proches de ceux des fruits dont elle est extraite. Elle est utilisée dans la production alimentaire industrielle 


La coriandre entre dans la composition de l'Izarra, de la Chartreuse et de l'eau de mélisse.

Très présente dans la cuisine des pays méditerranéens (soupes, légumes, marinades, pâtisseries), ses feuilles ciselées s'utilisent comme du persil dans les salades et les légumes. Entières, les feuilles décorent une assiette.

Les graines parfument les légumes "à la grecque" ou les conserves au vinaigre, une marinade, des plats de poisson, de viande ou de volaille en sauce.

En Asie, les racines, en particulier en Thaïlande, sont très appréciées en salade !

 


Thérapeutique

La coriandre est inscrite à la Pharmacopée française (liste A : plantes médicinales utilisées traditionnellement) et à la Pharmacopée européenne :

- l'utilisation des fruits est reconnue pour le traitement de troubles digestifs variés (ballonnements épigastriques, lenteur de la digestion, éructations, flatulences) et des colites spasmodiques.

- Elle est de nos jours employée en phytothérapie, en homéopathie, et en aromathérapie. Ce sont principalement ses fruits entiers, ou en poudre, et son huile essentielle qui sont utilisés.  

- La coriandre entre couramment dans la composition des tisanes, 

- La coriandre est réputée stimulante, excitante. C'est l'un des constituants de l'Eau de mélisse des Carmes, un remède cordial et tonifiant.

- Consommée en grande quantité, elle pourrait avoir un effet narcotique. 

- Certaines propriétés ont été mises en évidence par des études in vitro ou chez l'animal. 

- Les graines de coriandre ont des vertus digestives : elles parfument aussi l'haleine et combattent les flatulences.

 

 

Cosmétique

Comme agent de senteur en parfumerie, dans les cosmétiques ou les produits sanitaires.


 

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13 mars 2024 3 13 /03 /mars /2024 18:03

 

 

Mythologie des épices, 

Aromates et condiments
 


Le Giroflier - Syzygium aromaticum

 

 

Le Giroflier  (Syzygium aromaticum) 

Originaire de l'archipel des Moluques en Indonésie, de la famille des Myrtaceae et du genre Syzygium (Syzygium aromaticum), qui peut attendre 20 mètres, le giroflier est un arbre à feuilles persistantes, toujours vert, à l’écorce lisse.


Il pousse près des côtes, dans les régions tropicales de l’Asie, de l’Afrique orientale et des Antilles.


Plusieurs parties de l'arbre sont aromatiques, notamment les feuilles, les boutons floraux  et l'écorce. 


 

 

 

Les feuilles opposées persistantes, lisses et coriaces, simples, vert vif et brillant, à pétiole en paires opposées le long de nombreuses branches courtes.

La surface inférieure est recouverte de glandes d'huile aromatique.

 

 

 

Les fleurs sont disposées, à l’extrémité des rameaux, et se développent sous forme de grappes avec les boutons qui grandissent entre mars et mai.

 
Tout d’abord d'aspect brillant et charnu, d’une couleur vert pâle,

 

 

Les boutons floraux deviennent rouges vif à mesure qu'ils mûrissent. 

C'est sous cette forme que le clou de girofle est récolté et séché pour être utilisé comme épice.


 


 

 

Lorsqu'on la laisse se développer, la fleur de giroflier à calice rouge vif à maturité forment des cymes compactes ramifiées.


Les périodes de floraison varient dans les différentes régions du monde, et la récolte commerciale des fleurs ne commence qu'une fois que la plante atteint quatre ans.


 

 

 

Le fruit arrive à maturité environ neuf mois après la floraison. Ce sont des baies allongées de la grosseur d’une pruneLe long ovaire rouge de la fleur devient progressivement rouge-violet et gonfle. 


Le fruit "l'antofle" contient une, ou deux graines ; il est souvent appelé la "mère des clous de girofle". Les clous de girofle cultivés atteignent rarement le stade de la fructification.


Antofle - Nom commun
Fruit très aromatique du giroflier, également connu sous les noms de "mère de girofle" ou "clou matrice".


 


 

 

Le clou de girofle est une épice à saveur tenace, âcre et piquante, obtenue à partir des boutons floraux du Giroflier ; ils sont cueillis avant l’apparition des pétales lorsqu’ils commencent à rosir après avoir été verts. Ils sont alors séchés jusqu’à ce qu’ils brunissent.


Sa forme est celle d’un petit clou d’environ, garni d’une tête.


 


 

 

Synonymes du giroflier  "Syzygium aromaticum" : 

 


Caryophyllus aromaticus L. 1753 ; Caryophyllus hortensis Noronha 1790 ; Caryophyllus silvestris Teijsm. ex Hassk. 1866 ; Eugenia aromatica (L.) Baill. 1876 ; Eugenia caryophyllata Thunb. 1788 ;  Myrtus caryophyllus Spreng. 1825 ; Jambosa caryophyllus (Thunb.) Nied. 1893 ; Eugenia caryophyllus Bullock & S.G.Harrison 1958


 

 

 

Etymologie "clou de girofle" - giroflier

 


- Syzygium aromaticum - 

. L'étymologie du nom "Syzygium" est inconnue

. Aromaticum

du latin aromaticus

 

 

- Eugenia caryophyllus

."Eugenia" 

En hommage au botaniste Eugène de Savoie Carignan. ou 

Le nom d’Eugenia caryophyllus lui vient de Sainte Eugénie l’une des patronnes des sages-femmes. 

Autrefois les femmes priaient Sainte Eugénie pour que leur accouchement se passe bien. En grec "eu-genos" signifie bonne naissance, bien né.

"caryophyllus"

du grec "Karuo", 
qui signifie noix ou noyau 

du grec "Phyllon" 
qui signifie "feuille".

 

 - Caryophyllus aromaticus

. "caryophyllus"

du grec "Karuo", 
qui signifie noix ou noyau 

du grec "Phyllon" 

qui signifie "feuille".

. aromaticum

du latin aromaticus

 

- giroflier - clou de girofle

"karuophullon" ; "caryophyllum ; "caryophyllon" ; "Caryophyllata" ; "Caryophyllus"

. du grec "Karuo", 
qui signifie noix ou noyau 

. du grec "Phyllon" 
qui signifie "feuille".


Provençal  : girofle, gerofle ; 

Anglais    :  clove

Espagnol   : clavo gariofilio ;

Italien     : chiodo di garofano

Allemand  :  nelke

Portugais  : dente de alho


 

 

 

Tradition chrétienne

 


Les chrétiens incluent les clous de girofle dans leurs traditions : ils servent ainsi de symbole végétal pour illustrer la Crucifixion du Christ.


 

 

 

Mythologie égyptienne

 

Le clou de girofle était connu des Egyptiens et faisait partie des offrandes trouvées dans les tombeaux des momies. 

L'arbre était censé porter bonheur, et l'enfant portait à son cou un collier de clous de girofles pour chasser les mauvais esprits.


Certaines momies égyptiennes, ont été retrouvées avec un collier de clous de girofle. 
 

 

 

Mythologie Hindoue

 


L'ayurveda est une forme de médecine traditionnelle non conventionnelle originaire de l'Inde. Elle englobe également une philosophie et un mode de vie.

En sanskrit, le terme "ayur" se traduit par "vie" et "veda" par "science" ou "connaissance".  

Le clou de girofle fait partie des plantes ayurvédiques, 

 

Le clou de girofle est mentionné dans 

Le Râmâyana,"la Geste de Rāma",  

Il est l'un des textes fondamentaux de l'hindouisme et de la mythologie hindoue. 

Epopée mythologique en langue sanskrite 

C'est un poème de 24 000 śloka (distiques) dont l'auteur est Vālmīki. Ce poème évoque l'épopée de Rāma, prince héritier écarté du trône par une des épouses de son père. Ce prince parfait est contraint à un exil de quatorze années pendant lequel il vivra en ascète dans la forêt Dandaka. Rāma est accompagné dans cette épreuve par son épouse Sītā et Lakṣmaṇa, un de ses trois frères.


 


 


 

 

Tradition moluquoise

 


Les fruits dits "clous de gérofle", sont portés comme ornement aux îles Moluques, constituent des signes honorifiques.

 

Dans les îles Moluques, un giroflier était planté à chaque naissance, la croyance était que le destin de l’arbre était lié au destin de l‘enfant.

L'arbre était censé porter bonheur, et l'enfant portait à son cou un collier de clous de girofles pour chasser les mauvais esprits.

 

 

 

Depuis plus de 2000 ans


Le clou de girofle est utilisé en Asie 

L'attestation de leur utilisation par la médecine ayurvédique est presque aussi ancienne. 

L'ayurveda est une forme de médecine traditionnelle non conventionnelle originaire de l'Inde


 

 

 

1721 av. J.C.

 

Des traces de clous de girofle  calcinés auraient  été retrouvées sur le sol d'une cuisine incendiée du site mésopotamien de Terqa (Syrie) daté de 1700 av. J-C. 


 

 

 

XIII° siècle av. J.C.

 


Les Egyptiens acheminaient par voie caravanière des produits végétaux qui leur parvenaient souvent sous la forme de denrées sèches, poivre, cannelle, boutons floraux du giroflier etc...
 


 

Vers le III° - II° siècle av. J.-C. 

 

 

Les clous de girofle étaient importés de Java en Chine, à la cour de la dynastie Han

 

Epoque de la dynastie de Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.)


Dans la littérature chinoise, l’épice porte alors le nom hi-sho-hiang, qui signifie “langue d'oiseau”. 


Son usage s’avère plus de l’ordre médicinal, pour traiter les troubles digestifs et intestinaux, que d’une réelle utilisation en cuisine. 


Les officiers de la cour devaient se parfumer l’haleine avec des clous de girofle dès lors qu’ils devaient parler à l’Empereur


 

 

 

I°  - II° siècle

 


Dans l'ancien texte sanskrit Charaka Saṃhita (1er siècle de notre ère), il est indiqué  :


"celui qui veut une haleine claire, fraîche et parfumée doit garder des noix de muscade et des clous de girofle dans la bouche" 

 

Dans la médecine ayurvédique, les clous de girofle étaient utilisés pour traiter un grand nombre de problèmes, notamment le rhume, l'asthme, l'indigestion, les vomissements, les maux de dents, la laryngite, l'hypotension et l'impuissance. 
 


 

 

Vers 77,


L'écrivain romain Pline l'Ancien (23-79 de notre ère) fut le premier à décrire les clous de girofle en Occident 

Histoire naturelle 

"Il existe également en Inde une graine ressemblant à celle du poivre, mais plus grosse et plus fragile, appelée caryophyllum (garyophyllon), qui pousserait sur le lotus indien; elle est importée ici pour son parfum"

Dès lors de son apparition à Rome, le clou de girofle devient une denrée très prisée, dont la rareté en fait un produit de luxe.


 

 

 

Dès le II° siècle  Les boutons odorants de giroflier parvenaient par caravane jusqu’à Alexandrie.

 

 

III° - IV° siècle

 


Apicius consacre le triomphe des épices dans le livre

"De re coquinaria" ou "de l'Art Culinaire",

paru au IIIème ou IVème siècle,

ouvrage dans lequel les clous de girofle sont intégrés dans la liste des épices indispensables dans une maison.

 

 

 

L'exportation du clou de girofle s’intensifie en Europe à partir du IVème siècle, une période marquée par le cadeau de l’empereur romain Constantin le Grand (306-337) qui offre à saint Silvestre, évêque de Rome (314-335) des vases d'or et d'argent remplis d'encens et d'épices, dont 68 kg de clous de girofle. 


 

 

 

 

VI° siècle

 


Alexandre de Tralles (525-605) mèdecin grec

"cours de médecine en douze livres"

recommandait

"le clou de girofle pour le mal de mer, la goutte et la stimulation de l'appétit".

 

 

Dans une sépulture mérovingienne en Alsace datant de l'an 600, a été retrouvée une boîte en or contenant 2 clous de girofle.
 

 

 

VII° siècle

 


Le médecin grec Paul d'Égine (620/630-680/690) écrivait : 


"C'est la nature de la fleur de quelque arbre, ligneuse, noire, presque épaisse comme un doigt ; réputée aromatique, aigre, amère, chaude et sèche au troisième degré ; excellente dans les relishs et autres prescriptions" 

Les Arabes furent les premiers à utiliser abondamment le clou de girofle dans la préparation des aliments. 

En fait, les épices étaient très appréciées dans tout le Moyen-Orient pour leur parfum et leurs propriétés médicinales, ainsi que pour l'amélioration de la saveur des aliments." 

 

 

VIII° siècle

 

Sébastien, abbé du VIII° siècle obtint aux moines du monastère de Corbie une exception au droit de péage sur leur allocation annuelle d'épices, du nouveau roi Chilpéric II (29 avril 716) prélevables sur l'entrepôt du port de Fos, a observer qu'au témoignage de Grégoire de Tours le papyrus, l'huile et les épices étaient les principales denrées débarquées dans le port provençal. 


A chacun des dix relais qui jalonnaient l'itinéraire Fos-Corbie,

"les envoyés... touchaient ... un muid de vin ; 30 muids de garum,  30 livres de poivre, 2 livres de girofle,  I livre de cannelle....."


 

 

 

IX° siècle

 


Durant le Moyen Âge, les Arabes assurent le commerce du clou de girofle sans en connaître la provenance exacte


Ibn Khurdähbih (vers 820-885) géographe et bureaucrate perse musulman situe le giroflier sur l'ile de Java 
 

 

 

Ishaq ibn Imran (fin du IXe siècle-901) médecin arabe

Le clou de girofle ainsi que les épices jouaient un rôle important dans les textes médicaux arabes du 9e siècle.

Ses ouvrages, rédigés en arabe et traduits en hébreu, en latin et en espagnol, devinrent la base du programme médical de l'Europe médiévale.

 

 


Des documents du monastère médiéval de Saint-Gall, en Suisse, indiquent qu'au 9e siècle, les moines utilisaient des clous de girofle pour assaisonner leur poisson à jeun. 
 

 

 

X° siècle

 

 

L'Irakien Ibn Sayyar al-Warrag 

Kitab al-Tabikh (Le livre des plats) le plus ancien livre de cuisine arabe connu

mentionne : les clous de girofle à plusieurs reprises.

 

 

Ibrahim Ibn Jaqub (912-966) commerçant et voyageur al-Andalous du X° siècle.

nota :

que les bourgeois de Mayence (Allemagne) utilisaient des clous de girofle pour assaisonner leur nourriture. 
 


 

En l'an 1000,

L'écrivain arabe Ibrahim Ibn Wasif-Shah, dans son

Résumé des merveilles, fit cette description fantaisiste du clou de girofle et de sa source:

..."quelque part près de l'Inde se trouve l'île portant la Vallée des Clous de Girofle. Aucun marchand ou marin n'a jamais été dans la vallée ou n'a jamais vu l'espèce d'arbre qui produit des clous de girofle: on dit que son fruit est vendu par les génies. Les marins arrivent sur l'île, déposent leurs marchandises sur le rivage et retournent à leur navire. Le lendemain matin, ils trouvent, à côté de chaque objet, une quantité de clous de girofle.

Un homme prétend avoir commencé à explorer l'île. Il vit des gens de couleur jaune, imberbes, habillés comme des femmes, avec de longs cheveux, mais ils se cachèrent à son approche. Après avoir attendu un peu, les marchands revinrent sur le rivage où ils avaient laissé leur marchandise, mais cette fois ils ne trouvèrent pas de clous de girofle, et ils comprirent que cela était arrivé à cause de l'homme qui avait vu les insulaires. Après quelques années d'absence, les marchands essayèrent à nouveau et purent revenir au système de commerce original.

On dit que les clous de girofle sont agréables au goût lorsqu'ils sont frais. Les insulaires s'en nourrissent et ne tombent jamais malades ni ne vieillissent. On dit aussi qu'ils s'habillent avec les feuilles d'un arbre qui ne pousse que sur cette île et qui est inconnu des autres peuples"...


 

 

 

XI° siècle

 


Macer Floridus 

 

De viribus herbarum,

Poème didactique datant du dernier quart du XI° siècle 

...sous le nom de gariofilus :

fortifiant du foie et de l’estomac,

une fois broyé "dans du lait de vache

(il) donne une boisson qui porte à l’amour

et fortifie la mémoire"...
 

 

 

XII° siècle

 

 

Au cours du XIIème siècle, les clous de girofle étaient d’usage à Rome et en France, mais toujours considérés comme un produit de luxe.

 


Hildegarde de Bingen (1098-1179) moniale bénédictine allemande

écrit ans son livre Physica 1 :

"Prendre une noix de muscade, un poids égal de cannelle et un peu de giroflier, réduire en poudre ; ajouter de la fleur de farine et un peu d'eau. Faire de petites galettes et en manger souvent. Cela diminue les humeurs nocives, apporte du bon suc au sang et fortifie les nerfs."


 


 

 

À la fin du XII° siècle, les cuisiniers médiévaux imaginèrent des centaines d'applications différentes, ne laissant pratiquement aucun type d'aliment sans épice.

Le clou de girofle était largement utilisé pour des sauces riches et épicées.

 


 


 

 

XIII° siècle

 


Kitab al-Wuslah ila l-Habib, livre de cuisine  du XIII° siècle attribué à l'historien arabe Ibn al -ʿAdīm (1192-1262).


Les clous de girofle et la noix de muscade jouent un rôle dominant dans ce populaire livre de cuisine syrien.
 

 

 

1256


Lorsque le roi et la reine d'Écosse célébrèrent la fête de l'Assomption en 1256, leur nourriture était épicée avec 50 livres de gingembre, de poivre et de cannelle, 4 livres de clous de girofle et 2 livres de noix de muscade et de macis. 
 

 

 

1265


Dante Alighieri  (1265/1267-1321) poète, écrivain, penseur et homme politique italien .


Dans "l'Enfer de la Divine Comédie" le cite comme étant d'un usage réservé aux riches Siennois

Domenico di Michelino - Dante - La Divine Comedie


 



 

Philippe Mouskes écrivain et un bourgeois de Tournai de la première moitié du XIII° siècle 

ms. p. 219, dans La Curne

..."Vous estiez la flors des Danois, Vous estiez giroufles et lis, Sur tous chevaliers eslis," Mouskes,"...

 

 

 

Marco Polo (1254-1324) marchand vénitien 

rapporte dans "Livre des Merveilles"

"les girofliers poussent dans l'est du Tibet, sur les îles Nicobar et à Java"

 

 

Les prix étaient tellement élevés que les autres pays européens ont contourné Venise et trouvé de nouveaux itinéraires pour ramener les épices.


 

Le clou de girofle faisait partie de la recette de l'hypocras, (ypocras) vin médiéval

Le Viandier de Taillevent (1314-1395)

 

Ypocras

 

"Pour faire une pinte d'ypocras il faut

trois tréseaux de cynamome fine

un tréseau mesche ou deux comme on veut

demi tréseau de girofle et de graine de sucre fin

six onces et mettez en poudre et il faut

tout mettre en une coulée avec le vin

dans le pot dessous et le passer tant

qu'il soit coulé et tant plus".

 

 


C’est à partir du XIIIème siècle que commença une véritable course aux épices
​​​​​​​​​​​​​​


 

 

XVI° siècle

 

 

Paracelse (1493-1541) médecin, philosophe et alchimiste, 

...selon la "théorie des signatures"  de nombreux auteurs ont décrit le bouton floral comme "ressemblant à la tête d’un enfant sortant de la matrice maternelle"...

La théorie des signatures a souvent été appliquée aux plantes médicinales, Paracelse, en a résumé le principe par cette formule : similia similibus curantur "les semblables soignent les semblables".


 


 

 

Vasco de Gama (vers 1460/1469-1524) grand navigateur portugais, passa par le cap de Bonne Espérance et réussit à atteindre l’océan Indien.

Les Portugais arrivés dans l'archipel des Moluques en 1511 s'assurèrent le monopole en brûlant les arbres situés hors de l'île de Ternate. 

 

 

En 1518, le roi d’Espagne Charles Quint accepte de financer un projet en fournissant à Magellan une flotte de 5 navires et un équipage de 237 hommes. 

 

Le 10 août 1519 Magellan et son armada longent les côtes de l’Amérique vers le sud afin de trouver une voie commerciale vers les Moluques dont il pourrait jouir du monopoles épices, cet archipel regorgeant de clous de girofle et de noix de muscade, des denrées aux prix démesurés à l’époque.

 

C’est à Antonio Pigafetta, un membre de l’expédition de Magellan, à qui serait due la première description du giroflier avec précision, observé en 1521, aux îles Moluques.


Le voyage de Magellan s’arrêtera le 27 avril 1521, lorsque ce dernier est tué lors d’un conflit avec des tribus indigènes locales.

 

Juan Sebastián Elcano (1486/1487-1526) navigateur espagnol devient le nouveau capitaine de l’expédition, l’équipage rejoindra l’Indonésie le 8 novembre 1521. 


L'expédition atteint finalement Tidore dans les îles Moluques, dans l'actuelle Indonésie . Ils y trouvèrent la précieuse épice qu'ils recherchaient, à savoir le clou de girofle. 


Comme il n'y avait pas beaucoup de clous de girofle sur l'île Tidore, ils passèrent un accord avec le rajah local, qu'ils appelèrent l' Almansur de l'île Tidore, et qui leur apporta des tonnes de clous de girofle. 


Après avoir chargé la cargaison de clous de girofle, le seul navire "le Victoria" en état de voguer  reprit la mer, le 21 décembre, chargé du trésor tant convoité, le clou de girofle.
Le capitaine Elcano propose de continuer vers l'ouest en revenant vers l'Europe autour du cap de Bonne-Espérance en Afrique, sans faire demi-tour ni contourner le cap Horn en Amérique du Sud. 


Ce vaisseau revint à Séville avec 27 tonnes de clous de girofle. Il deviendra le premier navire à réaliser le tour du monde en ralliant les côtes espagnoles le 6 septembre 1522, avec à son bord seulement 18 rescapés. 

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Le "Mesnagier de Paris" est un livre manuscrit d'économie domestique et culinaire rédigé au XIV° siècle.


Hardouil de chapon 


"Despeciez-les par membres ou quartiers, puis les cuisiez en eaue, puis friolez en sain de lart et tandis, broyez gingembre, canelle, giroffle et graine, et deffaites de vertjus, et ne soit point coulé, mais sorissiez10 pain sur le gril, broyez après les espices, et destrempez de vertjus, puis passez le dit pain par l'estamine et faites tout boulir. Et au drècier, mettez vostre grain par escuelles et le pottage tout chault dessus."


 

 

 

XVII° siècle

 


Monopole espagnol sur la commercialisation du clou de girofle en Europe. 


Ce monopole leur est subtilisé par les Hollandais qui prennent les îles Moluques au XVII° siècle. 


A cette époque, les Hollandais fournissaient main d’œuvre et bateaux aux grandes expéditions européennes. Ils profitèrent de leur position dominante dans les transports maritimes pour prendre le contrôle des îles Moluques. 


Suite à une chute des prix, et soucieux de conserver un monopole commercial sur la précieuse épice, ces derniers l'éradiquèrent de toutes les îles sauf Ambon et Ternate, en brûlant les girofliers en vue de concentrer les plantations dans un petit groupe d’îles et notamment à Amboine, pour empêcher leurs rivaux d’acheter les graines et de cultiver leurs propres arbres.


Il était alors interdit d’en exporter les graines ou les plantules sous peine de mort. 
Les indigènes se révoltèrent dans une bataille sanglante. 


Dans les îles Moluques, un giroflier était planté à chaque naissance, la croyance était que le destin de l’arbre était lié au destin de l‘enfant.


Finalement, afin de mieux contrôler le monopole, les Hollandais décidèrent que les îles devaient restées inhabitées, et 60 000 personnes furent massacrées.

carte des Moluques Willem Blaeu (1630)


 

 

 

1640


Déclaration du roi, (Louis XIII roi de France, 1601-1643)

Novembre  1640,

tarif

..."Chapelets ou fût de gérofles, le cent pesant estimé cent livres ; clous de gérofles, le cent pesant estimé cent trois livres,"... 
 

 

 

Le roi de France Louis XIV dit "le Roi-Soleil" (1638-1715)  "le roi le plus doux fleurant"  parfumait  ses vêtements et ses perruques, de senteurs fortes(vers la fin de sa vie) et odorantes de muscade, d’aloès, d’orange, de musc et de giroflier, etc...

 

Il se frottait le corps avec des essences parfumées et en ajoutait même quelques gouttes à ses boissons pour "purifier" l’intérieur de son corps.


Il composait certains de ses mélanges aromatiques et  pour les fabriquer, il faisait venir par bateau des plantes des quatre coins du monde et encourageait ses parfumeurs à l’innovation en les soutenant financièrement.


A cette époque à la cour, on ne doit pas oublier de se frotter les dents avec des opiats à la cannelle, à l’orange, au clou de girofle, au citron. 

                Louis XIV reçoit l’ambassadeur de Perse dans la galerie des Glaces en 1715 d’Antoine Coypel. Bridgeman images/Leemage


 

 


 

Selon Nicolas Lémery (1645-1715) chimiste apothicaire français,

..."On larde un citron tout autour avec des clous de girofle et on le porte dans sa poche pour le sentir souvent dans le temps des maladies épidémiques, afin de se garantir de la contagion".

Dictionnaire universel des drogues simples
ouvrage dépendant de la "Pharmacopée universelle",

3° édition...

 

 

 

Parfum à la Maréchale

La maréchale d’Aumont préparait cette fameuse "poudre" dont les ingrédients sont renseignés par Simon Barbe dans Le parfumeur françois (1693) : 

Avis du "parfumeur françois" sur la question :
"Je ne dis pas que c’était là quelque chose de bien fleurant, loin de là"…


 

 

 

XVIII° siècle

 

1739

 

Elizabeth Blackwell, "Le clou de girofle, Carophyllus spiceus"

Ce spécimen a été prélevé sur une branche de l'arbre chez Sr Hans Sloan. (Sir Hans Sloane, 1660-1753, était un médecin britannique dont la collection d'histoire naturelle est devenue une fondation du British Museum.)

Planche 338 du volume 2 de Blackwell's A Curious Herbal,
contenant cinq cents coupes, des plantes les plus utiles, qui sont maintenant utilisées dans la pratique de la physique...

 
À quoi s'ajoute une brève description de vos plantes ; et leurs utilisations courantes en physique (Londres, 1739). 

 

 

 

Fiche pédagogique botanique réalisée par 

le pasteur Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826) au XVIIIe siècle.

Musée Jean-Frédéric Oberlin à Waldersbach (Bas-Rhin).


 

 

 

1753


Le clou de girofle est décrit en premier par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1753, qui la classe dans le genre "Caryophyllus" sous le nom binominal "Caryophyllus aromaticus", 
 

 

 

1757


Louis de Jaucourt (1704-1780) médecin et  collaborateur prolifique.

 
Encyclopédie de Diderot et D'Alembert. 

L’Encyclopédie, 1re éd.

(Tome 7, p. 669-673).

...."GIROFLE, (Clou de) Botaniq. exotiq. Chimie & Commerce ; fruit aromatique d’une nature toute extraordinaire, qui croît aux îles Moluques ; ces îles fameuses par leurs diverses révolutions, & plus encore pour produire seules dans le monde ce thrésor singulier de luxe, source d’un commerce étonnant.

Noms de l’arbre qui porte le girofle. L’arbre qui porte le clou de girofle, ou simplement le girofle, s’appelle en françois giroflier des Moluques, & par nos botanistes caryophyllus aromaticus, C. Bauh. Rai, Breynius, Plukenet, Jonston, &c. C’est le ts-kinka de Pison, mantiss. aromatic. "...


 

 

 

En 1769 

 


C'est le Français Pierre Poivre intendant de l'île de France (île Maurice) et de l'île Bourbon (Réunion) qui met fin au monopole de la Compagnie Hollandaise des Indes orientales au XVIII° siècle en introduisant les girofliers à l'île Maurice, puis en Guyane.


Il réussit à dérober des plantes de poivrier, giroflier et muscadier au cours d'une expédition à Batavia, et leur acclimatation d'abord à l'île de France. Parmi les cinq girofliers introduits à Bourbon, quatre périrent, et le  survivant devint l’ancêtre de tous les girofliers présents aujourd’hui sur l’île. 


Le giroflier fut introduit dans d’autres régions chaudes comme Cayenne, Saint Domingue et à la Martinique. 


 

 

 

Le 27 juin 1770, il arriva à l'île de France :


quatre cent cinquante plants de muscadier, 

et soixante-dix pieds de giroflier ; dix mille muscades, 

ou germées ou propres à germer, et une caisse 

de baies de girofle dont plusieurs étaient hors de terre, ...


 

 

 

1778


Planche botanique de

Lukas Hochenleitter und Kompagnie
sur le giroflier


 

 

 

 

Guillaume Thomas, abbé Raynal (1713-1796) historien, écrivain, penseur et prêtre français.

"Histoire philosophique et politique des établissemens 
& du commerce des européens dans les deux Indes -" 


I

...

Un peuple sobre, indépendant, ennemi du travail, avait vécu des siècles avec la farine de sagou et l'eau du cocotier, quand les Chinois, ayant abordé par hasard aux Moluques dans le moyen âge, y découvrirent  le girofle et la muscade, deux épiceries précieuses que les anciens n'avaient pas connues..., 

 

II

...

L'arbre qui donne le girofle a le port du bouleau, l'écorce fine et lisse du hêtre ; son tronc, formé d'un bois très dur, s'élève peu et se partage en plusieurs branches principales, dont les rameaux se couvrent, en mars, de feuilles et de fleurs,... 

 

IV

...

Personne n'ignore que les Hollandais s'enrichissent, depuis deux siècles, par la vente du girofle et de la muscade,...
...

 

 

 

1788


Joseph Gärtner ou Gaertner (1732-1791) botaniste allemand

dans De fructibus et semibus plantarum - vol. 1 -p 166

décrit le genre Syzygium , 


 

 

 

1789

Giroflier

Clove (Caryophyllus Aromaticus), 

Herbier Floride

Illustration Delahaye, 1789


 

 

 

1793

 

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, est un calendrier créé pendant la Révolution française et utilisé pendant la Première République puis l'Empire jusqu'en 1806, entré en vigueur que le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793).


Le 13e jour du mois de Messidor (19/20 juin–18/19 juillet) du calendrier républicain/révolutionnaire français était officiellement

dénommé "jour du girofle",

généralement chaque 1er juillet du calendrier grégorien. 


Le Soleil correspond au Signe du Cancer 

 

"Quel repos plein d'attraits goûte la Moissonneuse 

Quand aux travaux du Jour succèce un doux Sommeil 

Cérès par tes présens tu rends la vie heureuse 

Jamais on ne les voit s'évanouir au réveil"
 

 

 

 

XIX° siècle

 

 


En 1812, un Arabe originaire de Mascate l'omanais Saleh ben Haramil al Bray introduisit le clou de giroflier (produit venant de l'île Bourbon) à Zanzibar.


Le sultan de l'archipel emploiera entre 1830 et 1872 près de 7000 esclaves à l'exploitation de l'épice.

 

Au XIX° siècle l’esclavage fût aboli sur l’archipel de Zanzibar au large de la Tanzanie alors sous influence arabo-musulmane. 


 

 

 

1815


Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) écrivain et botaniste français

Harmonies de la nature 

..."Les végétaux les plus aromatiques, l'arbre de l'encens, le cannelier, le giroflier"...


 

 

 

1827


Curtis, W., Botanical Magazine (1787-1948)

Caryophyllus aromaticus L.

Syzygium aromaticum (L.) Merr. & L.M.Perry

Illustration Missouri Botanical Garden, St. Louis, U.S.A


 

 

 

1821


Flore médicale des Antilles

ou Traité des plantes usuelles :

Paris : Pichard,1821-1829..

giroflier aromatique


 

 

 

1832


Journal de pharmacie et des sciences accessoires, 

Volume 18 

...

...

 

 

1873


Émile Zola (1840-1902) écrivain et journaliste français

 


Le Ventre de Paris


Et, au-dessus du fourneau, plus haut que

les écumoires, les cuillers, les fourchettes

à longs manches, dans une rangée de

tiroirs numérotés, s’alignaient les chapelures,

la fine et la grosse, les mies de pain pour paner,

les épices, le girofle, la muscade, les poivres. 

 

 

 

1873


Jules Verne (1828-1905) écrivain français .

 

Tour monde en 80 jours

L’île de Singapore n’est ni grande ni imposante d’aspect. 

Les montagnes, c’est-à-dire les profils, lui manquent. 

Toutefois, elle est charmante dans sa maigreur. 

C’est un parc coupé de belles routes. 

Un joli équipage, attelé de ces chevaux élégants 

qui ont été importés de la Nouvelle-Hollande, transporta 

Mrs. Aouda et Phileas Fogg au milieu des massifs de palmiers 

à l’éclatant feuillage, et de girofliers dont les clous 

sont formés du bouton même de la fleur entr’ouverte.

 

 

 

1884


Joris-Karl Huysmans (1848-1884) écrivain et critique d'art français

À rebours

...Imaginant des albums odorants, imitant les bouquets de fleurs de Takéoka, obtenant par des alliances de lavande et de girofle...

... par un mariage de patchouli et de camphre, l’arome singulier de l’encre de Chine ; par des composés de citron, de girofle et de néroli, l’émanation de l’Hovénia du Japon...
 

 

 

1887


Vintage - illustration

Cloves - clous de girofle


 


 

1896

Dorveaux, Paul, 1851-1938


L'Antidotaire Nicolas : traductionfrançaises de l'Antidotarium Nicolai


"Girofle (p. 5, 6, etc.). Girofle, bouton de la fleur du Giroflier {Carjiophyllwf aromaticus L.), communément appelé clou de girofle.

(on trouve clous de girofle, p. 39). La feuille du Giroflier était également employée en médecine, sans doute à la place du folkim (V. Foile), car, dans VAntidotaire, on trouve folium traduit par fuille de girofle (p. 4). Flückiger et Hanbury (t. I, p. fi06) disent que « les feuilles de girofle sont énumérées comme objet d’importation en Palestine au XII” siècle. Elles sont aussi mentionnées dans une liste des drogues vendues à Francfort vers l’année 1450. 

Enfin le maire girofle (p. 7) était, comme nous l’avons dit dans notre Avant-Propos, l’antofle (1), appelé vulgairement mère de girofle, matrice de gérofle, etc."
 


 

 

1897


Plantes médicinales de Köhler 

Köhler's Medizinal-Pflanzen

Hermann Adolph Köhler (1834-1879), médecin et chimiste, 

Syzygium aromaticum.

 

 

 

XX° siècle

 


1911

Dr Macaigne

Précis d'hygiène

..."Le girofle et la moutarde dont les essences ont un pouvoir aseptisant remarquable"...
 

 

 

Robert Desnos (1900-1945) poète français


Recueil : "Chantefleurs"


 

La Giroflée et le clou de girofle


Clous de girofle et giroflée,

Giroflée à cinq feuilles,

Sire Nicolas nous accueille,

Coiffé d’un chapeau huit reflets,

Dans son jardin de Viroflay,

Clous de girofle et giroflée.


 

 

 

Elmer Drew Merrill (1876-1956) botaniste américain et Lily May Perry (1895-1992)  botaniste canado-américaine 

déplacent en 1939 l'espèce syzygium (giroflier) sous le nom correct de "sygygium aromaticum"
 


 

 

1949


Georges Brunerie. 

Les industries alimentaires et leur organisation rationnelle

..."cultivé surtout à Zanzibar, à la Réunion et à Madagascar. Après cueillette, le girofle est ébouillanté puis exposé à la fumée d'un feu de bois et enfin séché au soleil avant d'être expédié"... 
 

 

 

1980


Marie-Claude Palys - auteur

 

Le clou de girofle

 

Originaire des îles Moluques, le clou de girofle

Bouton floral d'un grand arbre des Tropiques

a généré dans le passé de grandes convoitises .

 

A la main à l'ancienne, avec des paniers tressés, 

perchés sur des échelles de bambous, les cueilleurs

ramassent les précieux bourgeons de fleurs.

 

D'Indonésiens, Arabes, Egyptiens, Grecs, Chinois, 

Romains et Vénitiens, après bien des périgrinations

portugais et hollandais, français en firent usage

 

Ce précieux épice, fit que Vasco de Gamma 

contourna l'Afrique, Magellan fit le tour du Monde, 

Et Pierre Poivre l'acclimata à l'Ile de France

 

Un parfum d'œillet, piquant et légèrement amer, 

Puissant, et au-delà de ses propriétés pour la santé, 

Délicieux dans les mets et le pain d'épices, 

 

C"est la "fleur des Dieux" au Tibet

Qui embaume, désinfecte et protége 

Le giroflier, le clou de girofle c'est la Dignité. 

 

 

 

1985


Scott Cunningham (1956-1993) auteur 

Encyclopédie des plantes magiques

le Giroflier (Eugenia aromatica ou Caryophyllus aromaticus) a les caractéristiques suivantes :

...    Si l'on dit du mal de vous, répandez la nuit  une décoction de clous de girofle (mêlez-y aussi les cendres des clous que vous avez brûlés en rituels) devant la maison de celle ou de celui que vous soupçonnez d'être le « corbeau ». Rentrez chez vous en passant par l'embranchement de quatre chemins où est élevé un calvaire. S'il n'y a rien ni personne sur ce calvaire, vous avez fait erreur : le calomniateur n'est pas celui que vous croyez. Mais si le hibou est perché sur l'une des branches du calvaire, vous avez vu juste, et votre entreprise va vite porter ses fruits ; non seulement les bruits malveillants vont cesser, mais il se pourrait bien que vous appreniez la mort, ou au moins l'état grave, de leur auteur. 

    Portés sur soi, ou utilisés pour aromatiser un bain, les clous de girofle attirent l'attention, et le désir, du sexe opposé....


 


 

 

Le giroflier ou le clou de girofle

dans Le Langage des fleurs 


 

Le giroflier, le clou de girofle symbolise

la Dignité et la Protection. 

 

 

 

Mythes et légendes

du giroflier et du clou de girofle

 


- Au Tibet, on le nomme "fleur des Dieux".

- Au Maroc, autrefois, on jetait sur les braises d’un "kanoun" de la poudre de clou de girofle diluée avec de l’eau de rose pour embaumer et désinfecter les pièces de la maison.

- L’orange piquée de clous de girofle, était censée protéger contre la peste.



 


 

 

Utilisation du clou de girofle

 


Le clou de girofle a un parfum d'œillet, une saveur piquante et légèrement amère, à la fois boisée et fruitée, qui laisse une sensation de brûlure et d'engourdissement. 

L'épice est largement utilisée dans la cuisine asiatique et la cuisine indienne en particulier. Il peut être utilisé en infusion.

 

 

Utilisation culinaire


Il est présent :

- Dans le pain d'épices, les biscuits en mélange avec la cannelle 

- Le pot-au-feu, les marinades, la choucroute 

- Indispensable à la plupart des currys. 

 

Mélanges

Les clous de girofle font partie de nombreux mélanges d'épices, dont le ras el-hanout du Maghreb et le garam masala indien.

 

 

 

Propriétés médicinales


Le clou de girofle possède des propriétés antibactériennes, anesthésiantes et antiseptiques.

Il est souvent utilisé contre les douleurs dentaires.

 

 

Cosmétiques et parfumeries

- Le clou de girofle est un ingrédient du henné et du khôl. 

- Il sert de parfum d'ambiance lorsqu'on pique une une orange de clous de girofle,  afin de réaliser une pomme d’ambre..

 


Autres usages

Les clous de girofles entrent dans la composition des cigarettes indonésiennes appelées "kretek". 

Elles sont constituées de tabac, de clous de girofle et d’une sorte de mélange aromatique. Elles ont été créées à Java vers 1880 par un certain Haj Jamahri, asthmatique, qui voulait soulager sa douleur grâce aux pouvoirs anesthésiants de l’eugénol, et se soigner en fumant. 

 

 

 

Pour en savoir plus 

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6 mars 2024 3 06 /03 /mars /2024 14:37

 

 

 

Mythologie des épices, 

Aromates et condiments
 


Le Cerfeuil commun - Anthriscus cerefolium
 

 

 

Le Cerfeuil commun (Anthriscus cerefolium),cerfeuil cultivé, cerfeuil des jardins, herbe aiguillée.

est une plante herbacée de la famille des Apiacées (ombellifères), bisannuelle, probablement originaire du Caucase, cultivée comme plante condimentaire pour ses feuilles au goût légèrement anisé.

 

 

 

La tige est légèrement poilue en dessous des nœuds.


 

 

Les feuilles petites à long pétiole, très tendres et finement découpées, renferment une essence aromatique.

 

 


 

Cette plante qui aime l’ombre dépasse rarement la taille d’un buisson, couvert de petites fleurs comestibles magenta pale ou blanches, présentées en ombelles. 

 

 
 
 
 
Il existe 4 variétés de cerfeuil commun (Anthriscus cerefolium):
 
 
. Le cerfeuil commun 
qui mesure entre 30 et 60 cm de haut. Des feuilles au long pétiole plates et au parfum subtil.
 

. Le cerfeuil frisé ou double,
a un feuillage crépu ou frisé ayant le même parfum que le cerfeuil commun, dont la saveur est moins prononcée, mais plus décoratif pour la décoration des plats. Ses feuilles contiennent des folioles dentés.
 

. Le cerfeuil d’hiver vertissimo 
a un feuillage parfumé et et très frisé
Le cerfeuil Fijne Krul, le cerfeuil ressemble à du persil, ses feuilles sont tendres et finement divisées, de couleur vert foncé. Résistante au froid et lente à monter en graine, c'est une variété améliorée du cerfeuil commun.
 

. Le cerfeuil Fijne Krul
 est une variété frisée. Il a des feuilles fines,  tendres et finement divisées et une forte croissance. Il ressemble à du persil.

 

 

Le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris, l'Anthrisque sauvage), encore appelé Cerfeuil sauvage ou Cerfeuil des bois,de la famille des Apiacées.

Plante médicinale utilisée en Chine depuis l'Antiquité, elle passe pour être stimulante, digestive stomachique, diurétique, dépurative et sudorifique

Sa racine est toxique. Les jeunes feuilles, fleurs et les jeunes fruits sont comestibles d'un goût plus fort que ceux de sa congénère le cerfeuil (Anthriscus cerefolium).

Les graines sont employées en condiment comme celles de carvi.

Franz Eugen Köhler, Medizinal-Pflanzen de Köhler ; Max Vogtherr ; M. Gurke ; 1898


 

 

le Cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris) ne doit en aucun cas être confondu ni avec la grande et la petite ciguë (Aethusa cynapium), le cerfeuil anisé (Myrrhis odorata), le cerfeuil penché (cerfeuil penché (Chaerophyllum temulum), qui lui ressemblent beaucoup.


 

 

- La petite ciguë, Ciguë des jardins (Aethusa cynapium), éthuse ciguë, faux-persil, ciguë des moissons, persil des chiens ou ache des chiens, est une espèce de plante herbacée annuelle de la famille des Apiacées.

Le risque de confusion avec le persil, la carotte, le cerfeuil ou autre Apiaceae est réel.

Toutefois, l'odeur fétide de la plante est assez différente de celle du persil ou du cerfeuil. De plus, les languettes vertes (bractéoles) situées sous chaque groupe de fleurs permettent de l'identifier sûrement.


Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé - Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz - 1885, Gera, Allemagne


 

 

 

- Le cerfeuil anisé, Cerfeuil d'Espagne ou Cerfeuil musqué (Myrrhis odorata).

est une vivace aromatique aux grandes feuilles de fougère très décoratives. Toutes les parties de la plante dégagent une forte odeur d'anis d'où son autre nom de Cerfeuil anisé.

Le Myrrhis odorata porte un feuillage caduc très découpé vert vif, dentés, triangulaires.

En juin des inflorescences se développent en ombelles fleurs étoilées blanches, suivies de fruits brun brillant, ridés qui dégagent en les mâchant, un goût d'anis sucré très rafraîchissant.

Antispasmodique, son suc dans un lait chaud avec du miel soigne la toux et les bronchites.

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé - Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz - 1885,


 

 

 

- Le cerfeuil penché (Chaerophyllum temulum)

Le cerfeuil penché, cerfeuil des fous, (appelé également cerfeuil enivrant) ressemble beaucoup au cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris) 
le Cerfeuil penché serait toxique et provoquerait des troubles nerveux et digestifs.

La toxicité du Cerfeuil penché étant incertaine, il vaut mieux être prudent. 

On dit aussi que les animaux qui en mangent, chancellent comme s'ils étaient ivres ; d’où l’un de ses synonymes : Cerfeuil enivrant.

Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé - Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz - 1885


 


 

 

- Le Cerfeuil tubéreux (Chaerophyllum bulbosum),  Cerfeuil bulbeux, Cerfeuil à bulbe, Chérophylle bulbeux, est une plante herbacée vivace de la famille des Apiacées.

Malgré son nom, cette espèce n'est pas une variété de cerfeuil.

Ses fleurs blanches, petites, sont  regroupées en ombelles composées. Feuilles très finement divisées.

La racine pivotante, est de forme conique, charnue de la taille d'une carotte courte, de couleur extérieure grise, à chair blanchâtre. Elle se mange comme légume.

Franz Eugen Köhler, Médizinal-Pflanzen de Köhler 1897


 

 

 

Étymologie de Anthriscus cerefolium

 

Anthriscus

- Du grec antrikos

- Du latin anthriscum qui désignait le cerfeuil sauvage

 

Cerefolium

- Du latin chaerephyllum ou caerefolium, 

- Dérivé du grec "chaïron" : joyeux, et "phyllon" : feuille 
devenu cerfolium en latin médiéval, 

Devenu en ancien français cerfeil, cerfuel et cerfeuil


 

 

 

Pollinisation du cerfeuil

 

 

Les fleurs hermaphrodites du cerfeuil sont normalement protandres : les 5 étamines libèrent successivement leur pollen avant que le stigmate ne soit réceptif.

Il le reste ensuite pendant deux jours et il ne peut être fécondé que par le pollen émanant d’une autre  fleur.

 

 

Mythologie greco-romaine


Déméter (Céres) était la déesse des récoltes et du monde végétal.

Cèrès se rattache au verbe latin "cresco" signifiant naître, croître. 

Ainsi, son nom indique les fonctions de la déesse :

"Elle est la sève sortie de la terre qui s'élève et gonfle les jeunes pousses. ..."
 

Un très grand nombre de plantes lui soient consacrées dont le cerfeuil.


le cerfeuil était très utilisé lors des fêtes et festins organisés en l'honneur de Cérès,

C'était un symbole de résurrection chez les romains


La statue de Ceres - Peter Paul Rubens

 


 

 

Sapphô (V.620-591 av. J.C.) poètesse 

 


Odes et Fragments sur la rose 


....
"Ô mon Atthis, dans la lointaine Sardes 

est partie Anactoria, qui fut aimée de nous. 

...

Maintenant parmi les femmes lydiennes

elle resplendit comme, une fois le soleil couché,

la lune aux doigts de rose éclipsant tous les astres. 

Sa lumière se verse sur la mer salée,

sur les prés aussi aux maintes fleurs. 

La rosée alors en gouttes de beauté est éparse,

s’épanouissent alors les roses

et le délicat cerfeuil et le mélilot parfumé."
....


 

 

 

Antiquité

 

 

..."Les Grecs qui n’ont jamais connu ni estimé le cerfeuil vrai nommaient Anthriskos, un cerfeuil sauvage indéterminé"... 
Paul-Victor Fournier, 

 

Originaire d'Asie centrale (Caucase), le cerfeuil était bien connu des Grecs, qui l'ont appelé "feuille qui réjouit". 

 

 


Propagé par les Romains, le cerfeuil est très rapidement incontournable.
Ils en firent un symbole de résurrection et de rajeunissement. 
Ils aimaient la cuisine parfumée et utilisaient bon nombre d'herbes aromatiques, dont le cerfeuil…

 

 

V° siècle av. J.C.

 


Aristophane (445 av.J.C.-385/375 av.J.C.) poète comique grec.


Il cite la mère d'Euripide Clito, comme vendeuse de légumes, de cerfeuils et de tissus, renommée pour la qualité de son service.

 

 

III° siècle av. J.C.

 


Le cerfeuil est connu par les Romains vers le III° siècle av. J.C.


 

 

I° siècle

 


Dioscoride (v.20/40 ap.J.C.-v.90 ap.J.-C) médecin, pharmacologue et botaniste grec,

décrit un cerfeuil qu’il appelle Myrrhis, 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 ap. J.C. écrivain et naturaliste romain 

décrit une plante qui est :

..."très semblable à la ciguë, mais moins robuste et de saveur agréable ".... 


ses longs fruits,

..." comme laqués noirs à maturité..." .
Il s’agirait du cerfeuil musqué (Myrrhis odorata) l'arôme fortement anisé de ses feuilles froissées, lui fit longtemps remplacer la myrrhe (Commiphora molmol).

 

 

 

 

VIII° siècle

 


Charlemagne recommande la culture du cerfeuil dans le capitulaire De Villis (nommé De villis vel curtis imperialibus, Des terres et cours impériales).

Il fait partie des 90 plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux 


 

 

 

IX° - XII° siècle

 

 

Le Cerfeuil eut,son âge d'or au Moyen Âge. Utilisé comme plante médicinale, on lui reconnaissait des vertus purgatives et diurétiques, celles de guérir le cancer et les calculs, et de calmer les points de côté.

 

 

Le plan de Saint-Gall est un dessin architectural médiéval datant du début du IX e siècle. Il représente un complexe monastique bénédictin complet, 
Rédigé vers 806, cette source est capitale pour la connaissance des abbayes médiévales.
Walafrid Strabo 
Hortulus, 
plates-bandes situées au sud : ....le cerfeuil etc....
Le cerfeuil - Cerefolium
Le cerfeuil procure un soulagement en cas d’hémorroïdes et de douleurs gastriques aiguës.

 

 

 

Le plan de Saint-Gall est un dessin architectural médiéval datant du début du IX° siècle. Il représente un complexe monastique bénédictin complet.

 
Rédigé vers 806, cette source est capitale pour la connaissance des abbayes médiévales.


Walafrid Strabon ou Strabus, dit parfois en français Gaufroy le Louche, religieux franc bénédictin, poète, botaniste, diplomate d'origine souabe

Hortulus, 

plates-bandes situées au sud : ....le cerfeuil etc....

Le cerfeuil - Cerefolium

...Le cerfeuil procure un soulagement en cas d’hémorroïdes et de douleurs gastriques aiguës...

 

 

 

L’école de médecine de Salerne, (en latin Schola Medica Salernitana), première école de médecine fondée en Europe au Moyen Âge, vers le IX° siècle, et l'une des plus importantes.

Elle atteint son apogée au XI° siècle et XII° siècle

 

CERFEUIL. 

Le cerfeuil a une odeur et un goût aromatique 

assez agréables ; il est apéritif, 

fondant, diurétique, épuratif, 

et même un peu stomachique, 

Pour l'usage externe, on se sert de sa décoction 

comme d'un bon détersif 

et pour aviver les ulcères ; on l'applique en cataplasme 

sur les ulcéres putrides et cancéreux, 

sur les engorgements laiteux et scrofuleux. 


 


 

 

Hildegarde de Bingen (1098-1179) moniale bénédictine allemande.


Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux,

Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.89-90.


Il pourrait s'agir du cerfeuil sauvage (Chaerophyllum temulum), ennivrant (cerfeuil des fous)


..."Le cerfeuil est de nature sèche, et il pousse non pas grâce à la force de l’air ou à l’humidité de la terre, mais dans les petits courants d’air, avant que ne s’élève la chaleur féconde de l’été ; il est pourtant plus chaud que froid et sa chaleur est fort saine. On le classe parfois dans les plantes inutiles, car si on le mange il provoque beaucoup de vapeurs dans la tête de l’homme. Il n’est bon à manger ni cuit ni cru ; mais il est utile pour certains médicaments et soigne les blessures des ulcères. Piler du cerfeuil verser dans du vin le suc obtenu et donner à boire à celui qui aura des blessures ouvertes des viscères ; répéter souvent et il sera guéri. 

Lorsqu’on mange des aliments crus, il arrive que des humeurs mauvaises nées de ces aliments, qui n’ont été adoucis par aucun condiment, viennent dans la rate et y provoquent une douleur : prendre alors du cerfeuil, un peu moins d’aneth, faire avec du pain des sortes de galettes a tremper dans du vinaigre ; on obtient ainsi un condiment qu’on mangera souvent. Prendre aussi de la graine de lin, la faire cuire dans une poêle, retirer l’eau et mettre la graine dans un petit sachet, à l’emplacement de la rate, aussi chaud qu’on pourra le supporter. 

Si on souffre de plaies de toutes sortes, et de démangeaisons, prendre du cerfeuil, trois fois autant de polypode, et cinq fois plus d’aunée que de cerfeuil ; faire cuire dans de l’eau, retirer l’eau, recueillir les herbes dans un linge puis les mettre dans une poêle en y ajoutant un peu d’encens frais, de soufre et de la graisse de porc fraîche en quantité supérieure aux autres éléments : faire épaissi à petit feu, comme un onguent. Qu’avec cet onguent, celui qui souffre enduise  le tour de ses plaies, et cela pendant cinq jours, pour que sa peau et sa chair s’en imprègnent ; puis que le malade se lave dans un bain ; tant et si bien que ces humeurs et cette fétidité le quitteront"...


 


 

 

XV° siècle

 

Livre des simples médecines 

Bourgogne - France, Paris.

Bibliothèque nationale de France, 

Département des manuscrits, Français  9137 f.112

enluminure

Cerfeuil 


 


 

 

XVI° siècle

 

 

Macer Floridius, De viribus herbarum, 16th century

XXVII. Le cerfeuil.

"Le cerfeuil est d'une nature âcre et brûlante. Broyé avec du miel et appliqué sur la partie malade, il remédie aux affections cancéreuses. 

Pris en boisson dans du vin, il apaise les douleurs du côté, si on l'applique en même temps, après l'avoir broyé, sur la partie malade.

Administré dans de l'hydromel, il délivre de la pituite. Cuit dans l'huile et employé en fomentation, il chasse le frisson. 

Broyé dans du vinaigre très fort, il donne une potion qui détruit les ascarides lombricoïdes et autres vers intestinaux. 

Avec du vin, il est diurétique et emménagogue. 

Combiné avec de la cire vierge et du vieux oing, et appliqué en cataplasme à plusieurs reprises, il remédie aux engorgements des parotides et à toutes sortes de tumeurs. 

Mangé avec du vinaigre très fort, il produit souvent en même temps l'effet d'un vomitif et d'un purgatif.

En buvant le suc du cerfeuil, et en appliquant la plante pilée sur le bas-ventre, on fait cesser les obstructions des voies urinaires. 

Le cerfeuil bouilli peut aussi dissiper le vertige. 

Pour obtenir cet effet, il faut en frotter souvent la tête du malade, et en faire un cataplasme qu'on applique sur le front et sur les tempes."


Ce cerfeuil serait le Myrrhis odorata (cerifolio)

 

 

 

 

XVIII° siècle

 

 

Le mois de ventôse est le sixième mois du calendrier républicain français correspondant à quelques jours près (selon l'année) à la période allant du 19 février au 20 mars du calendrier grégorien. 

Le nonidi 19 ventôse, officiellement dénommé jour du cerfeuil, est le 169e jour de l'année du calendrier républicain. 
C'était généralement le 9e jour du mois de mars dans le calendrier grégorien.

Dans le calendrier républicain français, le 19e jour du mois de ventôse, est officiellement dénommé jour du Cerfeuil.


Le soleil est au signe des poissons

La nymphe du Rivage aux Poissons fait la guerre.

Dans ce mois où les vents déchainés sur les eaux,

Les font rentrer au Fleuve et rendent à la Terre,

La Prairie où les fleurs ramènent les oiseaux.
 

 


 

 

Honoré de Balzac (1799-1850) écrivain français


le lys dans la vallée
extrait


..." les marabous de la reine des prés,

es ombellules du cerfeuil sauvage, les blonds cheveux

de la clématite en fruits, les mignons sautoirs 

de la croisette au blanc de lait, "...
 

 

 

XIX° siècle

 


1802

René Richard Louis Castel (1758-1832) poète et naturaliste


Poème


Bientôt, grâce à mes soins, prenant des sucs plus doux

L’ache, au sein de là terre, iroit blanchir pour vous

L’oseille et le cerfeuil s’étendroient en bordure;

Le persil, près des eaux , nourrirait sa verdure;

Et la jeune laitue, au soleil de l’hiver , 

Bravant le long d’un mur 

Fin clémence de l’air,

Sauroit , dès le printems, de sa feuille agréable

Vous payer son tribut, et parer votre table.


 

 

 

1824


Dictionnaire de Médecine de chirurgie et de pharmacie

M. Bricheteau

cerfeuil -..."Cette plante a une saveur aromatique qui est due à une huile essentielle dont Thomson a constaté l'existence, et qui est d'autant plus forte que le cerfeuil est récolté plus près de sa fructification"...
 


 

 

1844

Secrets du vieux druide de la forêt ménapienne, 


accompagnés des préceptes et avis salutaires

Jean de Milan 

publiés et mis en langage vulgaire par le Sage Aremi.

 


Du cerfeuil.


Le cerfeuil mondificatif

Pour guérir un cancer est un bon détersif.

Broyez avec du miel, il faut que le mal cède

A la vertu de ce remède.

Infuse dans du vin le cerfeuil est vanté

Contre les douleurs de côté.

Autre usage le cerfeuil aide

Et souvent rétablit l'estomac dévoyé

Quand sur l'endroit malade on l'applique broyé
 

Mythologie des épices, Aromates et condiments - Le Cerfeuil commun - Anthriscus cerefolium

 

 

 

1888


Flore d'Allemagne d'Autriche et de Suisse

Des mots et des images pour l'école et la maison

Otto Wilhelm Thomé

Dessin original Walter Müller à Gera. Tome III

Anthriscus cerefolium , Famille : Apiacées


 


 

 

XX° siècle

 


1901

Paul Sédir de son vrai nom Yvon Le Loup (1871-1926) ésotériste et mystique français, 

Les plantes magiques

cerfeuil

..."A l’intérieur, pour les embarras du

foie, des seins, de la matrice, de l’hydropisie,

à l’extérieur contre tous engorgements"...
 

 

 

Anna de Noailles (1876-1933) poétesse et une romancière française 

Le Cœur innombrable


Offrande à Kypris
extrait


Clarté du temps, Kypris au sourire innombrable

Je t’offre, afin qu’aux bras du berger, aujourd’hui,

Je demeure joyeuse, ardente et désirable,

Ma lampe, confidente aimable de la nuit.

 

— Vois, je t’apporte aussi ces herbes odorantes ;

La sauge humide où boit l’abeille dans l’été,

Et le cerfeuil plus frais aux mains que l’eau courante

Mêleront leurs parfums d’onde et de crudité.

...



 

 

 

Francis Jammes (1868-1938) poète français, également romancier, dramaturge et critique.

Recueil : "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"

Écoute, dans le jardin…

"...Écoute, dans le jardin qui sent le cerfeuil,

chanter, sur le pêcher, le bouvreuil..."

 

 

Robert Desnos (1900-1945) poète, écrivain et journaliste français.

..."Ils échangent les fleurs d'amour

Ils échangent les herbes odorantes

L'estragon du rêve et le cerfeuil de la tendresse"...
 


 

 

Maurice Carême (1899-1978) poète et écrivain belge de langue française. 

 

Homonymes


Il y a le vert du cerfeuil

Et il y a le ver de terre.

Il y a l’endroit et l’envers,

L’amoureux qui écrit en vers,

Le verre d’eau plein de lumière,

La fine pantoufle de vair

Et il y a moi, tête en l’air,

Qui dit toujours tout de travers.


 

 

 

Henri Pourrat (1887-1959) écrivain français


Le clos au levant

...

Loin des fumées du village

Et des jardins en casiers,

Un clos qui sent le sauvage,

Plein d'ombre et de framboisiers.

J'entends le vent des collines

Qui m'apporte son odeur

De cerfeuil et de racine,

Son goût d'herbe de senteur.
...

 

 

 

XXI° siècle

 

 

2002

Jérôme Goust

Fabien Seignobos Illustrateur

Persil, coriandre et cerfeuil

Plantes aromatiques

Résumé : Une invitation à mieux connaître ces herbes aromatiques aux propriétés médicinales reconnues qui ont nourri de nombreux mythes, contes et croyances, et qui sont aujourd'hui cultivées pour parfumer la cuisine.


 

 

02/07/2008 

Olivier Pantani - auteur


 

Cerfeuil et onirisme


...

Tapi dans les broussailles, en attendant mon heure,

Je brûle d’impatience d’embrasser l’ailleurs.

Je rampe vers le rivage, et grée une bouline,

Me laissant emporter vers des côtes opalines.

 

Goûtant l’ivresse de l’inconnu, je déambule.

Fier, dominant les coteaux en proie au crépuscule,

Un cerfeuil se dessine. Humant l'ombellifère,

Je contemple l’onde, aux pâles reflets aurifères.

 

Une fraîcheur tellurique, m'enserre, tactile,

Frissons nostalgiques de ma terre peu fertile.

Ainsi s’évaporent mes illusions diurnes,

Me laissant à la merci de mes regrets nocturnes.

...


 

 

 

2019

Cerfeuil

Textes et illustrations Ludwig Bemelmans


Au bord d’une falaise à l'orée d'une forêt verte et touffue vit un pin aguerri. Du haut de son tronc tordu et de ses branches dégarnies, le vieil arbre domine la vallée en solitaire.

Tous les jours, heureusement, il reçoit la visite de son vieil ami Cerfeuil, dont l’élégant panache ressemble curieusement à ses vieilles branches nues.

Si le cerf est aussi âgé, c’est qu’il mange chaque jour quantité de cerfeuil sauvage. Leur amitié à toute épreuve résiste au temps et aux périls.

Elle est, peut-être, le secret derrière leur longévité. Or, un matin, un chasseur intrépide braque ses puissantes jumelles sur Cerfeuil qui ne se doute de rien.

Il sort sa carabine, puis s’apprête à appuyer sur la gâchette... Mais un vent soudain souffle dans la forêt, et le destin du chasseur est scellé.

 


 


 

Signification du cerfeuil


 

Dans le langage des fleurs, le Cerfeuil (Anthriscus cerefolium) 
symbolise

- La sincérité,  la douceur et la paix

Mais également

- La résurrection et le rajeunissement 
 


 

 

Traditions et légendes

 

 

 

Traditions

 

 

- Les romains le donnaient, frais, aux gladiateurs avant les combats.

- On lui attribuait aussi durant le Moyen Âge des qualités d’amélioration du teint et de purification des pores de la peau.

- Du cerfeuil placé sous les aisselles fait passer le lait des femmes.

- Dans les Vosges on dit que le persil vient après les sottes et le cerfeuil après les sales. C’est dire qu'il doit être ensemencé par une personne malpropre.

 

 

 

 

Légende

 


La princesse et le cerfeuil


Une jeune princesse, frappée d’une mystérieuse maladie cutanée fut effrayée par la laideur de sa peau. Désespérée par la perte de sa beauté, la jeune fille quitta son foyer pour s’isoler dans la forêt où elle vécut en ermite pendant un temps.


Emue par son chagrin, elle reçut la visite d'une fée  qui lui vint en aide. Celle-ci  lui offrit un bouquet de Cerfeuil fraichement cueilli, et lui conseilla d'en appliquer sur son visage.


Bientôt son visage retrouva toute sa pureté, sa beauté et son éclat…et la princesse rejoignit son palais où elle fit l’admiration de toute la cour.


 


 

 

Utilisation du cerfeuil

 


Usage culinaire


Le cerfeuil se commercialise sous forme fraîche, séchée ou déshydratée. 

Les feuilles fraîches, ciselées sont employées pour aromatiser diverses préparations culinaires, il fait partie des fines herbes.
Pour les plats cuisinés, il s'ajoute au dernier moment, en fin de cuisson.

 

 

Usage thérapeutique


- Usage externe

Le masque au cerfeuil purifie et adoucit la peau. Un cataplasme appliqué sur les paupières fermées rafraîchit les yeux fatigués.

 

 

- Usage en décoction

Propriétés : diurétique, dépuratif.

en décoction peuvent être utilisées en bains de siège, en cataplasme tiède pour les douleurs rhumatismales.

 

 

 

Pour en savoir plus

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2 mars 2024 6 02 /03 /mars /2024 17:45

 

 

Mythologie des épices, 

Aromates et condiments
 

Le carvi - Carum carvi
 

 

 

Le carvi ou Cumin des prés, originaire d'une vaste zone à climat tempéré à chaud, spontanée en France. 

Il est parfois appelé Anis des Vosges, Cumin de Hollande ou Cumin des montagnes.

Ne pas confondre avec le cumin commun 


C'est une espèce de plante herbacée bisannuelle de la famille des apiacées (Ombellifères), qui pousse dans les pâturages calcaires.

Rustique de faible durée de vie, à port érigé, à racine charnue, longuement pivotante en fuseau, nue au sommet, odorante, cultivée pour ses feuilles et principalement pour ses graines aromatiques et médicinales. 


 

 

 

La tige de carvi est sillonnée anguleuse, rameuse souvent dès la base.

 

 

Ses feuilles vert vif, finement découpées, oblongues, plumeuses, glabres, divisées en deux folioles, à lanières linéaires, courtes, paraissant en croix sur le pétiole, les supérieures munies à la base de la gaine de deux segments finement découpés.


 

 

De mai à juin, les hampes florales portent des petites fleurs blanches ou roses en ombelles très parfumées, 

 


 

Les fleurs offrent ensuite des fruits ovoïdes, aux graines aromatiques.

 

 

La graine de carvi est petite, allongée et de couleur noire. Elle ressemble aux graines de cumin dont son surnom de "cousin du cumin". 

Sa saveur est délicate piquante aux notes citronnées, et son odeur est proche de celle de l’anis.


 


 

Pollinisation du carvi


Le Carvi ou Cumin des prés produit du nectar (liquide sucré) pour attirer les abeilles, bourdons et insectes pollinisateurs.


 

 

 

Etymologie de carvi

 

 

En grec ancien, kâron, karô.

Le latin médieval reprend le nom arabe "karâwiyâ",

signifiant "racine à sucre" qui fait référence au goût légèrement sucré des racines de carvi.

Anglais :  Caraway

Allemand :  Wiesenkümmel 

En Alsace et en Suisse romande le Carvi est appelé Cumin (ce qui peut prêter à confusion).


 

 

 

Mythologie Egyptienne


Il était d’usage qu’un pot de carvi soit placé dans les tombes pour chasser les esprits malfaisants.
 

 

 

Mythologie Hindoue

 


Le nom de la chèvre et celui du mouton sont fréquemment appliqués à des plantes de l’Inde. 


Indra est le roi des dieux, et Seigneur du Ciel dans la mythologie védique de l'Inde ancienne. Il est originellement issu du dieu indo-européen de la guerre et de l'orage.


Il a été bouc et bélier. 


Le carum carvi représente est un de ses végétaux dans "la joie des chèvres"


 

 

 

Etymologie du carvi


Du bas-latin carvita

ou

Du grec ancien κάρον, kâron, karô

De l’arabe كروية, karâwiyâ, karwia signifiant "racine à sucre" qui fait référence au goût légèrement sucré des racines de carvi.

Qui a donné le latin médiéval  : carvi

Anglais :  caraway

Allemand :  Wiesenkümmel 

En Alsace et en Suisse romande le Carvi est appelé Cumin (ce qui peut prêter à confusion).

 


 

 

 

Il y a 5500 ans

 


Des fouilles archéologiques menées près du lac de Paladru dans le Jura ont révélé la présence de plusieurs épices dans la cuisine des hommes de la région il y a 5 500 ans.


Parmi elles se trouvaient les graines carbonisées de carvi, ce qui fait de cette plante une des plus anciennes épices connues en Europe. 
 


 

Il y a 5000 ans



L'utilisation du Carvi est attestée dans l'Égypte ancienne. On en retrouve des traces de leur utilisation à l’Antiquité, et dans les endroits où s'arrêtaient les caravanes sur la route de la soie.
 

 

 

I° siècle av. J.C.

 


Jules César (100 av. J.C.-44 av. J.C.- général, homme d'État et écrivain romain, 

la Guerre civile (De bello civili). 

Il indique que la racine de carvi, mêlée à du lait, fut d’un grand secours aux soldats de son lieutenant Valérius.


 


 

 

VII° - IX° siècle

 

On a longtemps récolter le carvi pour sa racine croquante et proche de la carotte

 


Saint Isidore de Séville (v. 560-636) ecclésiastique du VIIᵉ siècle,

Etymologies

On y compte, outre les "arbres mystiques" du christianisme – encens, myrrhe et baume
toutes les essences qui produisent des épices : poivrier, cannelier, amomum, casia.

 

 

Le carvi fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne (v.742-814) roi des Francs et empereur, dans le capitulaire De Villis. 

Elles faisaient partie au Moyen Âge des quatre semences chaudes avec l'anis, le fenouil et la coriandre.

chapitre LXX du Capitulaire de Villis, 

Espèce : careium ; nom commun : Carvi ; nom scientifique : carum carvi   


 

 

 

XII° siècle

 


Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition (actuelle)
XII° siècle, comin. 

Emprunté du latin classique cuminum, du grec kuminon, d’origine sémitique.

BOTANIQUE. Plante herbacée de la famille des Ombellifères, originaire d’Égypte, dont la graine a une saveur aromatique et possède des vertus médicinales. Cumin des prés, nom usuel du Carvi.
 


 

Théodore Prodrome (1115-1160) écrivain byzantin, poète et rhéteur.

 

Poème au sébastokrator (Noble Maître).

...

Ne faut-il pas du savon, du garum et

du poivre broyés, du cumin, du carvi, 

du miel, du vinaigre, du nard, du sel, 

...
 


 

 

XIII° siècle

 


Ibn al-Bayṭār (1197-1248) médecin, botaniste, pharmacien et scientifique andalou arabe l'appelle "kammūm ārminī" (cumin d'Arménie). 

 


Brunetto Latini (v.1220-1294 dit aussi Brunet Latin) notaire, philosophe et chancelier de la République florentine.

Tesoretto les quatre fleuves du Paradis, 
dit du Fison (nom  "paradisiaque" du Gange) :

"il charrie en son sein le baume, l’ambre et l’encens, le poivre et le bois d’aloès, la cardamome, le gingembre et la cannelle".


 


 

 

XVI° siècle

 


William Shakespeare (1564-1616) dramaturge, poète et acteur 

Dans Henri IV  - pièce de théâtre écrite entre 1596 et 1598 

. Dans le IIe acte, Falstaff est invité à prendre un repas de reinettes et carvi, censé faciliter la digestion. 

Robert Smirke - Henry IV part 1 act II scène 4


 

 

 

XVII° siècle

 


Nicholas Culpeper (1616-1654) botaniste, herboriste, médecin et astrologue anglais. 

Dans Le médecin anglais (1652), 

..."Le carvi est bénéfique dans tous les cas de refroidissements à la tête et à l’estomac et possède une certaine efficacité qui lui permet de combattre les flatulences et de provoquer les émissions d’urine"...
 

 

 

Pierre-Jean-Baptiste Chomel (1671-1740) botaniste français

..."On prend un pain tout chaud sorti du four, on le saupoudre avec cette graine pilée, on l’arrose de bonne eau-de-vie et on l’applique sur le ventre"... 
 


 

 

XVIII° siècle

 


1753

L'espèce est décrite en premier par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1753, qui la classe dans le genre Carum sous le nom binominal de "Carum carvi"
 

 

 

1798

Dictionnaire de l’Académie française, 5e édition (1798)
CARVI. s. m.

Plante dont la semence et la racine ont un goût âcre et aromatique. L’une et l’autre sont stomachiques et bonnes contre les vents.
 

 

 

James Sowerby (1757-1822) naturaliste et illustrateur

caraway - Carum carvi

 

 

 

 

XIX° siècle

 


1814

Flore médicale, Volume 3

François Pierre Chaumeton (1775-1819) botaniste français


 

 


1897

Franz Eugen Köhler (1863-1914), botaniste allemand

Les Plantes médicinales de Köhler

Carum carvi


 

1897
 

 

 

Alfred Charles Chabert (1836-1916) médecin dans l'armée française et botaniste.


Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie 

...
"Je ne saurais trop recommander le potage délicat et savoureux fait avec des feuilles du stéri, Carum carvi, cueillies avant la pousse des tiges.
...
Quelques racines pivotantes, certains rhizomes étaient extraits autrefois par eux (les anciens, la première ou la deuxième année de l'existence de la plante avant la fleuraison : le Carum carvi,
 ... 
Leur âcreté plus ou moins forte suivant les localités diminue ou disparaît par la cuisson. Dans certaines parties de la Savoie, on prend ces dernières ombellifères pour la cigüe et on les croit vénéneuses. Cette opinion est fondée, à mon avis, sur la confusion qui a pu être faite, à l'état jeune, entre certaines d'entre elles et le Choerophyllum temulum qui possède, m'a-t-on assuré, des propriétés enivrantes et même toxiques."...

 


 

 

XX° siècle

 

 

1901

Paul Sédir de son vrai nom Yvon Le Loup (1871-1926) ésotériste et mystique français, 

Les plantes magiques

"Carvi, Carum (Lat.) ou Ca

on (Gr.), Cumin des prés. — 
La graine sert comme stomachique; se met dans les aliments. La fumée en est très bonne comme parfum magique." 


 

 

 

1924

Marcel Hégelbacher 

La Parfumerie et la savonnerie, 1924

..."L’essence de carvi dont on a enlevé la carvone devient l’essence légère de carvi qui sert à parfumer les savons bon marché. — "...
 


 

 

Scott Cunningham (1956-1993) auteur 

Encyclopédie des plantes magiques

..."Autant le basilic est l'herbe des femmes, autant le Carvi est une plante d'hommes. Il est rare de trouver une tradition populaire qui ne l'associe pas au combat que mène un brave garçon, simple et droit, pour échapper aux charmes sulfureux d'une Messaline des campagnes qui le trouve à son goût. 
...
Quand l'homme est bien marié, au contraire, la plante entretient la fidélité conjugale. Non seulement l'heureux mari saupoudre généreusement ses aliments de graines, mais il en offre à sa compagne qui doit alors être prise de fou rire et faire semblant de refuser. 

Dans la province d'Overijssel, aux Pays-Bas, un pied de Carvi dans le jardin jouait le rôle de cerbère : si la femme était allée retrouver un amant, la plante perdait d'un seul coup toutes ses ombelles fleuries, et ses tiges raidies pointaient ensemble, d'un seul élan, dans la direction du lieu où s'étaient déroulées les amours coupables. 

On faisait manger beaucoup de Carvi aux écoliers qui se présentaient au certificat d'études : cela leur aiguisait la mémoire et ils passaient l'examen dans les meilleures conditions. Cette tradition se retrouve en Wallonie où l'on recommande aux artistes de manger ces graines pour trouver l'inspiration"... 


 

 

 

2012

Archeobooks (Auteur)

Pensées orientale et occidentale : 

Influences et complémentarité (paru en 2012) soulignent que :

"les deux noms d’épices cubèbe et carvis sont entrés en français depuis l’arabe, et ce dès 1256 par l’intermédiaire du Régime du corps composé par Aldebrandin de Sienne."
 


 

 

Symbole et signification du carvi

 

C'est un symbole de guérison et de protection.

-La croyance veut que le carvi empêche les séparations, 


 

 

 

Mythes et légendes du carvi

 

- Les Hollandais prétendent que manger du carvi aiguise la mémoire et aide à passer les examens. Ses graines aideraient les artistes à trouver l’inspiration. 

- le carvi était utilisé pour composer des philtres pour préserver de l’infidélité.

 

- Quand l'homme est marié, le carvi entretient la fidélité conjugale. Non seulement l'heureux mari saupoudre généreusement ses aliments de graines, mais il en offre à sa compagne qui doit alors être prise de fou rire et faire semblant de refuser.

 

- Dans la province d'Overijssel, aux Pays-Bas, un pied de Carvi dans le jardin jouait le rôle de cerbère : si la femme était allée retrouver un amant, la plante perdait d'un seul coup toutes ses ombelles fleuries, et ses tiges raidies pointaient ensemble, d'un seul élan, dans la direction du lieu où s'étaient déroulées les amours coupables.

-  Le carvi serait magique. On dit qu’il fait fuir les sorcières. 


 


 

 

Contes et légendes du carvi

Scott Cunningham,

auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques


 

Margrafine Wohlgemuth. 


Ses suivantes surveillaient les auberges, 

à l'affût d'un beau seigneur de passage. 

A l'aube, l'amant d'une nuit était précipité 

dans le lac du haut de la tour, une lourde chaîne 

enroulée autour des jambes. Jusqu'au soir où, 

pour son malheur, la margrafine introduisit 

dans son château maudit, 

lé Karbenesser, le Mangeur de Carvi.  


 

 

 

Contes et légendes du carvi

Scott Cunningham,

auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques

 

 

Le bois sacré

 

Dans l'île de Rügen, sur la Baltique, 

il y avait un bois sacré dédié à Hertha, 

déesse de la terre et des moissons.

Celle-ci y vivait avec ses courtisanes et ses servantes, 

et n'en sortait qu'à certains jours déterminés, 

dans un char tiré par huit génisses blanches. 

Si l'homme qui voyait passer ce cortège

avait sur lui des grains de Carvi, il ne lui arrivait rien. 

Sinon il disparaissait, enlevé par les femmes, 

et nul ne le revoyait jamais. 

 

 

 

Utilisation du carvi

 

 

Les feuilles sont récoltées au bout de trois mois,

Ses graines sont petites, allongées et légèrement arquées, elles ressemblent beaucoup aux graines de cumin ce qui explique qu'ils soient souvent utilisés l'un à la place de l'autre.

Les graines nécessitent une plus grande maturité et ne sont récoltées que lorsqu'elles sont devenues brunes. Elles sont alors mises à sécher.

Toutes les parties de la plante sont utilisées : les feuilles, les graines et même les racines.

La racine se cuisine comme le panais ou la carotte 

le feuillage se prépare cru comme la salade ou cuit à la manière des épinards. 


 

Culinaires

Les semences (graines ) sont utilisées comme épice. 

Le carvi possède une saveur légèrement amer et piquante, il développe pleinement son parfum lors de la cuisson.

Les feuilles de carvi sont utilisées dans les salades et parfument soupes ou sauces. 

Les racines sont cuisinées comme les carottes ou les panais.

La graine de carvi, plus aromatique, est davantage utilisée. Elle assaisonne les viandes, les charcuteries et les ragoûts, parfume les légumes, mais également certains fromages.

Les graines sont également utilisées à des fins décoratives notamment sur les pains et les pâtisseries salées.

Comme plusieurs autres graines-épices, le carvi aromatise plusieurs alcools forts des pays du nord de l’Europe, comme le gin, l’aquavit, le schnaps, le kummel allemand, ou le brennivín.

 

 

Thérapeutiques

Ouvre l'appétit, aide à la digestion, adoucit l'haleine.

Le cumin des prés (Carum carvi) est : 
. Antispasmotique, 
. Diurétique, 
. Energétique

 

Le carvi est utilisé contre les troubles :

de la sphère pulmonaire, 
de la sphère cardiovasculaire 
de la sphère gynécologique 
du système nerveux 

 

 

Cosmétique et parfumerie :

Bains de bouche, dentifrices, savons, après-rasage, parfums, etc.
Au début du XX° siècle, les graines pulvérisées du carvi entrent dans la composition de sachets parfumés ou sont distillées pour parfumer les savons de toilette

 

 

Vétérinaire : 

l’huile essentielle de carvi, additionnée d’alcool, peut être employée en friction contre la gale démodécique affectant le chien. 

La plante sèche est appréciée des vaches et des moutons ; elle facilite leur digestion, et favorise la sécrétion lactée . 

 

 

 

Pour en savoir plus

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28 février 2024 3 28 /02 /février /2024 12:10

 

 

Mythologie des épices, 
Aromates et condiments
 
Le ou la Cardamome aromatique - Elettaria cardamomum

 

 

La cardamome, parfois appelée cardamomier, cardamome aromatique ; Amome ; Arbre à semences jolies ; Galanga ; Graine des anges ; Graine du paradis ; Reine des épices ; Zingibier.


est une plante herbacée à rhizome, vivace aux feuilles piquantes, appartenant à la famille des Zingibéracées et dont les fruits séchés (capsules) produisent l’épice du même nom.


La "vraie" cardamome est issue de la plante Elettaria cardamomum.  

Elle serait originaire de la côte de Malabar, région de l’Inde d’où provient également le poivre.


C'est une plante de montagne qui a besoin d’ombre et d’humidité pour se développer correctement et nécessite un sol riche en humus. La plante, qui peut être productive pendant 20 à 40 années, donnera sa première récolte au bout de deux ou trois ans.


 

 

 

A partir de son épais rhizome, superficiel se développant horizontalement, la cardamome forme une touffe de tiges dressées pouvant atteindre 2 à 4m, 

 


 

 

Les feuilles poussent aux nœuds des tiges. De couleur vert foncé (mais pouvant varier du vert clair au pourpre), elles sont persistantes, pointues, linéaires avec un revers duveteux.


 

 

Dans son environnement d'origine, la cardamome fleurit (exceptionnel en France) au printemps ou en été, sous la forme de panicules constituées de fleurs blanches striées de violet.

Ces panicules poussent généralement à plat, mais peuvent parfois être partiellement dressés, voire verticaux.


 

 

Elles forment ensuite des fruits.

Son fruit ovoïde, est une capsule jaune-vert comprimé sur 3 faces et groupé en une sorte d’épi contenant de 6 à 20 graines noires et brunes. Les graines possèdent une saveur piquante et poivrée qui  donnent l'épice la "cardamome", utilisée comme condiment.

La récolte de la cardamome peut s’effectuer presque tout au long de l’année et se fait exclusivement à la main

.


 

 

 

Elles sont alors plongées dans un bain d’eau bouillante puis séchées au soleil en général. Les capsules restent vertes après cette opération, d’où le nom de "cardamome verte". 


La cardamome est généralement vendue en capsule, mais on trouve aussi de la cardamome moulue plus pratique pour la cuisine. 


Son goût rappelle le citron, le poivre et l’eucalyptus. Après le safran et la vanille, elle demeure l'une des épices les plus chères du Monde.


 

 

 

 

Il existe trois variétés naturelles de cardamome verte :


- La cardamome de Malabar, originaire du Kerala, qui présente des panicules floraux poussant horizontalement, le long du sol


- La cardamome de Mysore, originaire du Karnataka, présente des panicules poussant verticalement. 


- La cardamome vazhuka, un hybride naturel entre ces deux variétés, dont les panicules poussent entre l’horizontale et la verticale. Ses tiges présentent les mêmes caractéristiques que celles de la cardamome de Mysore.
 


 

 

Pollinisation

 


Avec la domestication, le pollinisateur de la cardamome a changé.

La plante sauvage est pollinisée par des abeilles solitaires du genre Megachile, alors que les souches domestiquées le sont par des abeilles sociales.
 


 

 

Pour le Codex Alimentarius (code alimentaire),  la cardamome est un nom générique pouvant correspondre à d'autres espèces:

Il existe d'autres plantes asiatiques "fausses"' cardamomes, du genre Amomum qui lui sont parfois substituées ou mélangées. 

 

 

Genre Amomum

 

Cardamome noire - Amomum subulatum 

Grande cardamome ; cardamome du Népal ; cardamome brune ; fausse cardamome ; cardamome brune.


C'est épice orientale, dont les grains sont plus gros que ceux de la cardamome verte et possèdent un goût différent. Les cardamomes verte et brune peuvent être associées de manière complémentaire dans la cuisine indienne.


Ses propriétés pharmacologique et antioxydante, ou celles de son huile essentielle, font l'objet de nombreuses publications académiques.


 

 

 

Cardamome médicinale - Amomum villosum, 

Cardamome de la forêt 

 

Cette cardamome de la forêt, cousine des cardamomes noires d’Inde et de Chine, présente un aspect velu, c'est une espèce de plante originaire d'Asie,  d'environnements où la lumière est irrégulière, comme les sous-bois des forêts tropicales ou les zones rocheuses offrant une ombre.

Elle est très aromatique, camphrée, mentholée, chargée de senteurs terriennes et minérales.

 Le fruit est utilisé dans la médecine asiatique pour soigner les ulcères de l'estomac.

 

Cardamome sauvage du Siam - Amomum villosum xanthioides

Fausse cardamome de Thaïlande 

Cette espèce est étroitement apparentée à Amomum villosum, différant principalement par sa capsule de graines, qui est verte ou brunâtre chez cette espèce lorsqu'elle est mature et fraîche.


 

 


 

 

 

Cardamome en grappe -Amomum compactum  

Amomum acre ; cardamome ronde ; cardamome de Java ; 


Amomum compactum est une plante pérenne aromatique, très similaire à la vraie cardamome (Elettaria cardamomum).

Ses jeunes pousses piquantes peuvent être consommées crues, rôties ou cuites. Ses fruits ont une saveur sucrée de térébenthine et sont utilisés comme épice.

Les graines ont quant à elles une saveur poivrée semblable au gingembre. On les utilise comme épice aromatique chaude.
La cardamome en grappe bénéficie également de vertus médicinales.
 


 

 

 

Cardamome du Bengale - Amomum aromaticum, 

fausse cardamome ; a pour nom vietnamien thảo qủa, thảo đậu khấu.


On dénombre 30 espèces identifiées au Vietnam dont Amomum aromatica, cultivée comme épice et plante médicinale. 

Originaire du Bengale et Assam (Inde), la cardamome du Bengale est cultivée dans les régions montagneuses, spécialement à Hoàng Liên Son, dans la province de Lào Cai (Nord) .

Les graines constituent un remède antibactérien et stimulant de la digestion


 

 

 

Cardamome de Chine - Amomum globosum

Cardamome ronde chinoise ; cardamome amère ; Amomum tsao-ko ; cardamome tsao-ko ;


Les gousses de cardamome rouge sont une espèce différente de cardamome, cultivée en Chine, près du Tibet et de la Birmanie. 

Elles sont beaucoup plus grosses que la cardamome noire indienne et ont une odeur forte et une saveur subtile. A également le parfum du camphre et a des notes moins fumées que la cardamome noire indienne.


 

 

 

Cardamome du Cambodge - Amomum krervanh

Cardamome krervanh ; cardamome du Siam ; cardamome d'Indochine ;


Elle fait partie des espèces renommées au Cambodge et au-delà pour leurs qualités aromatiques et médicinales. 

Cette cardamome est l’un des nombreux produits cambodgiens exportés en Chine, où elle est appelée "cardamome blanche".

En médecine chinoise traditionnelle, les fruits séchés sont réputés avoir une saveur âcre et froide, et être en mesure de faire circuler le souffle, réchauffer l’estomac, faciliter la digestion et alléger l’intoxication alcoolique.


 


 

Cardamome ailée de Java - Amomum maximum - 

cardamome fausse maniguette ;


Cette cardamome est l’un des nombreux produits cambodgiens exportés en Chine, où elle est appelée "cardamome blanche".


En médecine chinoise traditionnelle, les fruits séchés sont réputés avoir une saveur âcre et froide, et être en mesure de faire circuler le souffle, réchauffer l’estomac, faciliter la digestion et alléger l’intoxication alcoolique. 


 

 

 

Il existe enfin des cardamomes africaines du genre Aframomum comme la kororima, proches de la maniguette, qui présentent un goût similaire et sont également utilisées en cuisine.

 

genre Aframomum :


- Aframomum corrorima (kororima), cardamome d'Éthiopie, cardamome muscade, cardamome d'Abyssinie ;

 

- Aframomum angustifolium, cardamome de Madagascar ;

 

- Aframomum hanburyi, cardamome du Cameroun ;

 

- Aframomum danielli ;

 

- Aframomum citratum ;

 

- Aframomum excapum.

 

Framomum melegueta - La maniguette

est une espèce de plantes à fleurs du genre Aframomum et de la famille des Zingiberaceae.

Cette plante vivace produit une gousse brune contenant de nombreuses petites graines. Cultivée en Afrique subtropicale (où elle est souvent utilisée comme aphrodisiaque), elle est et appartient à la même famille botanique que le gingembre, les Zingiberaceae. La maniguette est aussi appelée plante du paradis, graine de paradis ou poivre de Guinée.

 

 

 

Etymologie

 

Elettaria cardamomum, 

 

Dans le nom Elettaria 

 - Elettaria est une adaptation latinisée des noms donnés à la plante dans divers dialectes des Indes orientales (ëlam/elakkai). 

Le nom actuel du genre Elettaria est dérivé de Elettari, nom local indien. La cardamome était déjà dénommée êlâ dans l’ancienne littérature indienne 

sanscrit : êlâ, bâhula, truti, vayastha, chandraravâlâ. 
 


Le mot cardamome est issu du latin cardamomum,

Provenant lui-même du grec ancien καρδάμωμον (kardámômon), 
- composé de κάρδαμον (kardamon), cresson,

et

- ἄμωμον (amômon), amomum. qui désigne une plante à épices indienne.

La lexicographie ne s’accorde pas sur le genre grammatical du mot. 


. Les Dictionnaires Le Robert, Le Petit Larousse, le Dictionnaire d’orthographe et d’expression écrite d’André Jouette et la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française le donnent féminin. 


. Pour les dictionnaires plus anciens, comme le Littré, le Dictionnaire général de la langue française d’Hatzfeld et Darmesteter, l’Académie française jusqu’à la huitième édition, comme pour le Trésor de la langue française informatisé, il est masculin.

 

On retrouve une racine commune dans les dénominations internationales du mot cardamome :
Allemand : kardamom ; anglais : cardamom ; espagnol : cardamomo ; italien : cardamomo ; portugais : cardamomo ; grec : kárdamo ; Inde : ilaayachee, elaichi, elettari, chhoti elaichi ; 

 

 


 


 

 

La cardamome dans la bible

 

Apocalypse 18-13 

"de cinnamome, d'aromates, de parfums, de myrrhe, d'encens, de vin, d'huile, de fine farine, de blé, de boeufs, de brebis, de chevaux, de chars, de corps et d'âmes d'hommes".


 

 

La cardamome et les rites religieux en Inde

 

En Inde et au Pakistan, la cardamome est toujours utilisée pour communiquer avec les dieux et sert d’offrandes aux divinités lors des cérémonies religieuses hindoues.

 

Sous la dynastie des Chola, tous les royaumes conquis étaient soumis au versement d’un tribut à l’empereur. 

Avec ces contributions, Rajaraja le Grand fit construire Le temple Brihadishwara de Ihabjavur à la gloire du souverain. 

Les villes étaient tenues de fournir les vaches et les buffles dont on tirait la graisse pour entretenir les lampes du temple, de procurer du camphre, de l’huile de cardamome et d’autres épices pour parfumer l’eau de la toilette du dieu et de mettre à disposition leurs meilleurs spécialistes.


Dans ce temple, des guirlandes de graines de cardamome sont déposées au pied des mûrtis.  Les fiancés officialisent leur engagement par un don réciproque de bétel agrémenté de cardamome et de girofle.


 

 

 

La cardamome et les rites religieux égyptiens

 

En Egypte, purifier, protéger et regénérer, les mélanges à base d’essences étaient utilisés par les prêtres au cours de cérémonies religieuses.

Dans le rituel d’embaumement les prêtres lisaient le livre des morts :
"Que la sueur des dieux parvienne jusqu’à toi…Que l’onguent étant venu jusqu’à toi tu sois heureux éternellement"

 
Le parfum est capable d' enchanter le coeur des dieux, dans la célébration des cultes. 

- Le kyphi est un parfum composé de seize ingrédients dont la cardamome.

  
Tandis que certains mélanges sont utilisés pour permettre aux vivants d’accéder à la vie éternelle ! 

- le Métopion est une huile composée dans l’enceinte des temples par les prêtres, utilisé pour des rituels d’inhumations et  contenait notamment, de la cardamome et..., de l’essence de térébenthine. 


 

 

 

Il y a 12000 ans

 

La cardamome est connue localement sous le nom de "Elam" ou "Ellakka", elle remonte aux racines dravidiennes où elle fut appelée "El".

 

 

4000 - 3000 ans av. J.C.

 

À l’origine, la cardamome poussait à l’état sauvage le long des Ghâts occidentaux, dans le sud de l’Inde. 


La cardamome etait connue et utilisée en Inde ; les plus anciennes mentions, sous son nom sanskrit de Ela, datent de la période ayurvédique.

Certaines découvertes archéologiques soutiennent l'hypothèse d'un début très précoce du commerce des épices asiatiques avec l'Ouest.

Des restes de cardamome (originaire des Ghats occidentaux) et de clou de girofle (endémique des Moluques) auraient ainsi été retrouvés à Terqa, un site de l'âge du bronze mésopotamien.

Boivin et Fuller 2009, p. 143.


 


 

 

Les Égyptiens de l’Antiquité se servaient de la cardamome pour la conservation des aliments et l’embaumement des morts, et dans de très nombreux remèdes. Ils ont ainsi consigné les vertus de la cardamome sur le papyrus de Ebers,

 
Le kyphi est un parfum composé de seize ingrédients : 

vin, miel, raisons secs, cyperus, résine, myrrhe, aspalathe, séséli, lentisque, asphalte, jonc, patience, les deux espèces de genièvre (que l’on appelle grand et petit genièvre), cardamome et calamus.

 

le Métopion est une huile, composée dans l’enceinte des temples par les prêtres,

qui contenait notamment de l’amande amère, de la myrrhe, de la cardamome, du miel, du galbanum, du vin, du jonc, de la graine de baumier et de l’essence de térébenthine. 

 

...Après avoir réduit les racines en pulpe, les Égyptiens fabriquaient des pastilles à croquer pour blanchir les dents et rafraichir l’haleine. 


 

 


 

Il y a 1000 ans

 


La cardamome était connue et utilisée en Inde ; les plus anciennes mentions, sous son nom sanskrit de Ela, datent de la période ayurvédique.


L'ayurveda est une forme de médecine traditionnelle non conventionnelle originaire de l'Inde,  la "science de la vie", il puiserait ses sources dans le Véda, ensemble de textes sacrés de l'Inde antique. 

 

 

 

Au VIII° siècle av. J.-C. 

 

La cardamome est exportée, probablement par la route, puisqu’elle est connue et utilisée par les médecins en Assyrie, et même cultivée dans les jardins du roi de Babylone Merodach-Baladan II.


L’épice se diffuse en Mésopotamie (territoires actuels de l’Irak et de la Syrie), mais aussi dans les pays voisins. 

 

Les commerçants babyloniens, mésopotamiens et assyriens entretenaient d'excellentes relations commerciales maritimes avec la côte de Malabar, où le commerce de la cardamome était très important. 

 

Le thé et le café à la cardamome étaient des préparations étaient servis lors des grandes fêtes arabes. La cardamome était un produit que de nombreux rois utilisaient comme offrande à d'autres rois lors de leurs visites politiques.


 


 

 

V° - IV  siècle av. J.C.

 

 

Hippocrate (460 av. J.-C. - v. 370 av. J.-C.), prêtre médecin grec mentionne la cardamome dans son ouvrage. 

De la nature de la femme 

"les complications des lochies et contre les dyspnées lors des accouchements" 

 

 

A Timna, ville antique du Yémen, la capitale du royaume de Qataban, est cultivé l'arbre à myrrhe et qui est reliée à Aden; c'est dans ce port que sont débarquées les épices exotiques comme la cinnamone, la cardamome, le curcuma, le santal, le bois d'aloès ou le sang-dragon. 

 


Après ses conquêtes, Les soldats d’Alexandre le Grand (356 av. J.-C.-323 av. J.-C.),auraient introduit la cardamome lorsqu’ils revinrent d’Inde.


 

Vishnugupta Chânakya (vers 350 av. J.C.- vers -275 av.J.C.) brâhmane hérétique, un des premiers penseurs politiques indiens connus, conseiller de Chandragupta Maurya a mentionné la cardamome qu’ils avaient l'habitude d'appeler "Chaurnayam". 

"une perle verte trouvée dans les banques de la rivière Periyar dans les montagnes du sud-ouest", 
 

 

 

 

I° siècle av. J.-C.

 

 

La cardamome est d’abord connue en Europe grâce aux marchands Arabes, qui l’exportent vers la Grèce et la Rome antique.

 

Diodore de Sicile (I° siècle) historien grec 

dans sa Bibliotheca Historica,

..."Sémiramis reine légendaire des jardins suspendus de Babylone, offrait du vin à la cardamome à ses amants épuisés"...

 


Dioscoride (20 et 40 ap. J.-C.-90 ap. J.-C) médecin, pharmacologue et botaniste grec.

De materia medica

traduit par Jean des Moulins


"Le meilleur cardamone est celui qu'on apporte de Comagène, d'Arménie et du Bosphore : il croist aussi en Inde & Arabie. 

Il le faut choisir plein, fort à rompre, serré par tout & non percé (car celui qui n'est tel, est hors de saison, & sans vertu) acre & piquant au goust, un peu amer, de son odeur faisant mal à la teste. 

Il a vertu d'échauffer. Bu avec eau, il est bon contre le haut mal, contre la sciatique, la toux, la paralysie, les ruptions, les spasmes, les tranchees du ventre, gette dehors les vers larges. 

Bu en vin, il est bon au mal des reins, à la difficulté d'urine, aux piqures des scorpions, & de toutes bestes qui gettent venin. 

Prins en breuvage avec de l'écorce de la racine de laurier du poids d'une drachme, romp la pierre.

Le parfum faict d'icelui fait mourir les enfants au ventre de la mère : il guerit la gale, si on s'en froute avec vinaigre. 

Il sert à donner corps aux onguens." 


 

 

Apicius (25 av. J.-C. - 37 apr. J.-C.)amateur de gastronomie. 

De re coquinaria ou L’Art culinaire, 

Dans sa "Liste des épices indispensables dans une maison afin de pourvoir à tous les assaisonnements" il classe la cardamome comme une épice majeure. 


 

 

Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79) écrivain et naturaliste romain du I° siècle.

Histoire naturelle 

Livre douze

XXIX. (1) 

"A ces substances ressemble le cardamome (amomum cardamomum, L.) et par le nom et par l'arbrisseau dont il provient; la graine en est oblongue. On le récolte de la même manière dans l'Arabie que dans l'Inde. Il y en a quatre espèces celui qui est très vert, onctueux, à angles aigus, difficile à casser, est le plus estimé; vient ensuite celui qui est d'un blanc tirant sur le roux; en troisième lieu est celui qui est plus court et plus noir. Le plus mauvais est celui qui est de couleur variée, friable et de petite odeur. Le cardamome non falsifié doit se rapprocher du costus. II vient aussi dans la Mé¬die. Le prix du meilleur est de 12 deniers (9 fr. 84) la livre."


Pline pense que la cardamome est originaire d’Arabie. Cela peut s’expliquer par le fait que, face au risque de concurrence des pays méditerranéens, les marchands Arabes qui en font commerce en cachait les origines, comme ils l'ont d’ailleurs fait avec les autres épices.....


 

 

Cléopâtre (v.69 av. J.-C.-30 av. J.-C.) employait la cardamome comme parfum d’encens.

La légende raconte que Cléopâtre faisait brûler des parfums de cardamome dans les pièces de son palais avant ses rendez-vous amoureux avec Marc-Antoine. 

Cléopâtre et Marc-Antoine, peinture de Lawrence Alma-Tadema, 1885


 

 

 

 

II° siècle

 


Plutarque (v. 46-v.125), Grec d'origine, philosophe, biographe, moraliste et penseur majeur de la Rome antique. 

Oeuvres morales.

Tome V

Traité d'Isis et d'Osiris

80

..."Le Kyphi est un parfum composé de seize espèces de substances : de miel, de vin, de raisins secs, de souchet, de résine, de myrrhe, d'aspalathe, de séséli, de lentisque, d'asphalte, de jusquiame, de patience, de grand genièvre, de petit genièvre (car il y en a deux espèces), de cardamome et de calame. Ces ingrédients ne sont pas mêlés au hasard, mais selon une formule indiquée par les livres saints et dont il est fait lecture, pendant l'opération, à ceux qui sont chargés de composer ce parfum"...


 


 

 

Galien (v. 130 apr. J.-C.- v. 200 apr. J.-C.), médecin de l’Antiquité.

Thériaque

Dans ses Œuvres anatomiques, physiologiques et médicales ou dans De antidotis, la cardamome est régulièrement citée. 


 

 

 

III° - IV° siècle

 

 

Lucius Lactance (v.250-325) rhéteur et apologète chrétien 

"Il entasse (…) le cinname et l’amome dont le parfum s’exhale au loin, et les feuilles de baume".
 

 

Amarasimha (v. 375) grammairien et poète sanskrit de l'Inde ancienne,
mentionne différents noms de cardamome. 

 

 

 

VIII° siècle

 

Les premiers écrits chinois sur la cardamome datent de l’an 720. 

La pharmacopée chinoise la considère comme un remède universel pour traiter les maladies intestinales, les dysenteries et les diarrhées. 

 


X° siècle

 

Ibn Al Jazzar (898 - 980), médecin pharmacien

Zad al-Mousafir. 

Electuaire nommé

"Préventif des sinistres"  contient "deux mithqals" soit 8,24 g de cardamome 
 

 

 

XI° siècle

 


Avicenne (980 -1037), médecin et philosophe,

dans le Canon de la médecine, indique l'action souveraine de la cardamome contre les maux de gorge et la toux. 

Toutefois dans les constituants de médicaments Avicenne avait probablement en vue l'Elettaria cardamomum, provenant de l'Inde, mais il n'est pas impossible qu'il s'agisse de l'Afromomum melegueta, la maniguette , amomum ou graine de paradis provenant d'Afrique occidentale. Les deux cardamomes ont été utilisés par les préparateurs de remèdes du moyen âge.

Il n’est cependant pas certain que la cardamome mentionnée dans les écrits du Moyen Âge soit la plante connue aujourd’hui sous ce nom. 

En effet, les caractéristiques qui en sont données peuvent varier, et les mentions en restent rares par rapport aux autres épices. 


 

 

 

XIIe siècle

 


Manasollasa, un texte sanscrit du XIIe siècle

Il est mentionné :

..."La cardamome est l'une des cinq épices utilisées dans le Paan , une préparation à base de feuilles de bétel"... 

Cette préparation est connue sous le nom de Pancha Sugandha Thambula (Paan aux cinq parfums) 


 

 

Chrétien de Troyes (vers 1130-1180/1190) poète français, 

il nomme la cardamome "cardemome"

vin épicé graines de cardamone 

Le Roman de Perceval v.3331-3333. 

Chrétien de Troyes fait boire à son héros Perceval du pimen (vin épicé contenant des graines de cardamome), en fin de repas, dans la fameuse scène de la présentation du Graal


 

 

 

XIII° siècle

Guillaume de Lorris (v.1200-v1238) poète français du Moyen Âge 

La graine de paradis est citée dans le Roman de la Rose (1225-1228), dans la première partie 

Graine de Paradis ou maniguette est une espèce de plantes à fleurs du genre Aframomum et de la famille des Zingiberaceae.


 

 

 

XIV° siècle

 


Au XIVème siècle, le "pimen" (hypocras) est acheté sur ordonnance médicale afin de favoriser la digestion, ce qui confirme que le vin épicé est non seulement un digestif, mais aussi un médicament de la pharmacopée médiévale.

 

 

Arno de Vilanova ( Arnaud de Villeneuve),  médecin catalan

écrit en 1307 

"El Regiment de sanitat" (règles de santé). 

Il y cite Ipocras et donne également une recette de piment.
À partir de 1390, on voit apparaître les noms d'ipocras ou ypocras, probablement en hommage à Hippocrate. 

Le mot est généralement orthographié "hypocras".

Certains ingrédients extrêmement onéreux tels que le musc, l'ambre, la cardamome, le poivre long, les "grains de paradis" et le macis faisaient partie intégrante des meilleures recettes.


 

 

 

XV° siècle

 

 

1440

Les portugais, motivés par la recherche d'une alternative au commerce méditerranéen des épices, remportent leurs premiers succès dans les années 1440 lorsque, après avoir franchi le cap Bojador, les navigateurs découvrent l'origine des "graines de paradis", qui atteignaient l'Europe par les caravanes transsahariennes. 

Les marchands portugais reprennent à leur compte le commerce de cette épice qu'ils se procurent le long de la côte du Poivre et revendent à Lisbonne.

 


En 1497, Vasco de Gama (1460-1524) navigateur portugais, contourne l’Afrique et atteint les côtes de Malabar en Inde. 


En ouvrant cette route maritime, les portugais établissent des routes commerciales permettant l’importation directe de la cardamome en Europe, avec le poivre, le gingembre et la cannelle


 

 

C’est à partir du moment où, avec les voyages de découverte portugais en Afrique, on peut déterminer la provenance exacte de la "graine de paradis" que celle-ci perd son intérêt. 

Diogo Gomes est, en 1456, le premier à en recueillir sur la côte actuelle du Libéria et, 

dès 1479, le voyageur français Eustache de la Fosse peut en décrire le fruit.
 

 

 

XVI° siècle

 

 

Thériaque de Venise

L'Electuaire thériacal de Venise contenait 

"80 g de semences de petit cardamome" 

Il se préparait une fois l'an, en public, au cours de grandes cérémonies, sous le strict contrôle du Doge de Venise


Préparation de la thériaque à Venise, un remède très coûteux. 

Gravure du Liber de arte distillandi de compositis (1512) 

de Hieronymus Brunschwig (1450-1512).


 

 

 

XVI° siècle

 


En 1514,

le navigateur portugais Duarte Barbosa (1480-1521) découvre la réelle origine de la cardamome sur la côte de Malabar. 

 


En 1563,

Garcia da Orta (1501-1568), médecin botaniste portugais, distingue nettement la vraie cardamome d’Inde des autres amomes du Sri Lanka dans son ouvrage.

 

 
En 1588,

l’allemand Jacob Theodor Tabernaemontanus (1522-1590) lui attribue :

dans son - Nouveau livre des épices - "des vertus digestives" 

 

 

Le faible intérêt des Européens fait que la cardamome ne reste considérée que comme un produit secondaire. 


Alors que la culture du poivre et du gingembre connaît une forte croissante, ma cardamome  reste exclusivement récoltée dans les forêts où elle pousse naturellement. 


Sa production est  contrôlée ; notamment dans l’État de Cochin, ainsi qu’au Travancore, où le Raja possède le monopole du commerce de la cardamome, vendue aux enchères au port d’Alleppey — principalement à des marchands Arabes.
 


 

 

XVII° siècle

 

 

La Route des Indes permet l’introduction des épices, dont la cardamome, en Europe.


Elle sera importée de façon régulière à partir du XVIIe siècle 
Le flamand Charles de l’Écluse, (1526-1609) rapporte de ses nombreux voyages beaucoup de dessins. 


En 1610, il décrit la cardamome comme "rare et précieuse" 
 

 

 

1689

Materia medica traduit

par Jean des Moulins,

commentaires de Matthiole 1689

Du Cardamone

"Le meilleur cardamone est celui qu'on apporte de Comagène, d'Arménie et du Bosphore : il croist aussi en Inde & Arabie. Il le faut choisir plein, fort à rompre, serré par tout & non percé (car celui qui n'est tel, est hors de saison, & sans vertu) acre & piquant au goust, un peu amer, de son odeur faisant mal à la teste. Il a vertu d'échauffer. Bu avec eau, il est bon contre le haut mal, contre la sciatique, la toux, la paralysie, les ruptions, les spasmes, les tranchees du ventre, gette dehors les vers larges. Bu en vin, il est bon au mal des reins, à la difficulté d'urine, aux piqures des scorpions, & de toutes bestes qui gettent venin. Prins en breuvage avec de l'écorce de la racine de laurier du poids d'une drachme, romp la pierre. Le parfum faict d'icelui fait mourir les enfants au ventre de la mère : il guerit la gale, si on s'en froute avec vinaigre. Il sert à donner corps aux onguens."
 

 

 

1692

Hortus Indicus Malabaricus .

Elettari (en malayalam) ; vol. 11, planche 4 

Rheede jusqu'à Drakenstein, 1692. 


 

 

 

 

XVIII° siècle

 

 

La cardamome fait l’objet d’un commerce par les Compagnies des Indes, qui l’exportent depuis les Ghats occidentaux vers le golfe persique, la Chine, le Japon et la Cochinchine, mais très peu en Europe, où elle est peu utilisée. 


Elle garde cependant une utilisation médicinale, puisqu’elle fait partie des ingrédients de la thériaque. Elle se retrouve ainsi dans la pharmacopée de la Compagnie française des Indes orientales, sous le nom de "petit cardamome".

 

 


 

 

XVIII° siècle

 

 

La cardamome fait l’objet d’un commerce par les Compagnies des Indes, qui l’exportent depuis les Ghats occidentaux vers le golfe persique, la Chine, le Japon et la Cochinchine, mais très peu en Europe, où elle est peu utilisée. 


Elle garde cependant une utilisation médicinale, puisqu’elle fait partie des ingrédients de la thériaque. Elle se retrouve ainsi dans la pharmacopée de la Compagnie française des Indes orientales, sous le nom de "petit cardamome".

 

 

Denis Diderot (1713-1784) écrivain, philosophe et encyclopédiste français. 

L’Encyclopédie, 1re édition

Texte établi par D’Alembert, Diderot, 1751 (Tome 2, p. 675).

..."Cardamome, s. m. (Hist. nat. bot.) cardamomum ; le meilleur vient de Comagene, d’Arménie, & du Bosphore ; il en croût aussi dans l’Inde & dans l’Arabie : il faut préférer celui qui est plein, bien ferme, & difficile à rompre ; celui qui manque de ces qualités est vieux. Le bon cardamome doit avoir l’odeur forte, & le goût acre & un peu amer.

On en distingue de quatre especes ; le cardamome proprement dit, dont nous venons de parler, le maximum, le majus, & le minus.

Le maximum, qu’on appelle aussi graine de paradis, a les grains quarrés, angulaires, d’un rouge brun, blancs en-dedans, d’une saveur chaude & mordicante, mais moins aromatique que le cardamome proprement dit : la cosse qui renferme les grains est à peu près sphérique ; elle vient de Guinée : l’arbre qui la porte est inconnu. Les grains de cardamomum maximum, ou grains de paradis, sont chauds, dessiccatifs, & ont à peu près les mêmes qualités que le poivre.

Le majus ou grand cardamome a la cosse longue, à peu près triangulaire, le grain cornu, rouge, brun, chaud, & aromatique ; il vient de l’île de Java. On n’en tire guere, parce qu’il n’est plus d’usage en Medecine.

Le minus, ou cardamome commun, a la cosse triangulaire, sur une tige courte, coriace, striée, & contenant des grains petits, angulaires, chauds, épicés. On l’apporte des Indes orientales : la plante qui le produit est inconnue.

On attribue à tous, mais sur-tout à ce dernier dont on fait beaucoup d’usage en Médecine, les propriétés d’échauffer, de fortifier, d’aider la digestion, d’être bienfaisant à l’estomac & aux visceres, de chasser les vents, de soulager dans les maux de nerfs & de tête, de provoquer les urines & les regles, & de dissiper la jaunisse"...


 


 

 

XIX° siècle

 

 

Il faut attendre le début du XIX° siècle pour que la cardamome devienne une plante cultivée. 

Les premières cultures sont établies comme produit de diversification dans les plantations de café, puis se développent rapidement dans les Ghats occidentaux. Une zone y sera baptisée Monts des Cardamomes.


 

 

 

Le premier Codex français, paru en 1818, reprend la formule légale de la Thériaque, conformément à celle de Galien avec "80 g de fruits du petit cardamome"
 

Dans "Le Ménagier de Paris, 1847"
Traité de morale et d’économie domestique », J. Pichon, 1847, Genève, vol. 2, p. 273
..."Pour faire pouldre d’ypocras, prenez un quarteron de très fine cannelle triée à la dent, et demy quarteron de fleur de cannelle fine, une once de gingembre de mesche trié fin blanc et une once de graine de paradis, un sizain de noix muguettes et de garingal ensemble, et faites tout battre ensemble. et quant vous vouldrez faire l’ypocras, prenez demye once largement et sur le plus de ceste pouldre et deux quarterons de succre, et les meslez ensemble, et une quarte de vin à la mesure de Paris"...


 


 

 

v. 1847.

Lithographie en couleurs d'après MA Burnett

Plante de cardamome (Elettaria cardamomum) : 

porte-greffe produisant des tiges feuillues et fleuries et une fleur séparée. 


 

 

 

XX° siècle

 

 

En 1927, 


Désiré Bois (1856-1946), botaniste, horticulteur et agronome français, a dirigé la chaire d’Agriculture coloniale. 

Dans son ouvrage

Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges.

Il évoque les "puissantes propriétés carminatives de la cardamome et son aptitude à masquer l’odeur de l’ail".

La cardamome est alors rarement employée comme condiment, mais plutôt comme plante médicinale. 
 


 

 

Henri Leclerc (1870 - 1955), médecin militaire à l’origine de la phytothérapie moderne, 

démontre l’efficacité des plantes en médecine d’urgence pendant la Première Guerre mondiale. 

En 1929,

dans l’un de ses livres intitulé Les épices, il consacre trois pages à la cardamome et la maniguette 

..."Je ne crois ni me rendre coupable d’un jugement téméraire, ni faire injure aux connaissances botaniques de mes lecteurs en supposant que la plupart d’entre eux, si on leur présentait un fruit de cardamome, ne feraient nulle difficulté de le prendre pour un pépin d’orange ou de citron. Cependant, s’il en a à peu près la forme, la couleur et les dimensions, la confusion n’est plus possible dès qu’on prend garde que son péricarpe, mince, parcheminé et ridé de stries longitudinales, se laisse, à la moindre pression, diviser en trois valves qui mettent à nu trois loges dans lesquelles s’empilent de petites semences brunes et granuleuses dont le parfum, la saveur et les propriétés ont valu au cardamome son antique réputation"...


 


 

 

Le maître parfumeur Edmond Roudnitska (1905-1996) 

En 1980, il publie Le Parfum, 

"De l’Orient, après avoir transité par l’Égypte, les drogues parfumées arrivèrent en Grèce, puis à Rome. Encens, myrrhe, styrax, santal, musc, ambre, girofle, poivre, muscade, cardamome, gingembre, ainsi qu’avec la vanille..."
 

 

 

1992

 

Marie-Claude Palys - auteur


 

La cardamome

 

A l'Origine de la côte de Malabar, 

Au royaume des épices, 

Où le poivre est roi 

La cardamome est reine ; 

Appréciée pour son parfum 

Par les Egyptiens, les Grecs 

Puis les Romains ; 

La médecine ayurvédique

l'avait  consacrée.

Ses fragrances d'eucalyptus

Romarin, une pointe de poivre ; 

Son goût citronné, camphré, 

Aromatique et thérapeutique, 

Dans l'hypocras

Le Thé ou le café,

les masalas, le chai 

Desserts et bonbons.

l’indétrônable pain d’épices.

Elettaria cardamomum, 

cardamome verte.

Croquée en fin de repas, 

elle rafraîchit l’haleine.


 

 

 

XXI° siècle

 

2009

Raymond Chandler,

L'homme qui aimait les chiens,

traduction de Michel Philip et Andrew Poirier, 

dans Les ennuis, c'est mon problème, 2009
..."Pendant ce temps, le capitaine avait mis sur le bureau une bouteille alléchante et deux gobelets ainsi qu'une poignée de graines de cardamome. ?..."

 

 

 

2012

"Un thé à la cardamome" de Louna Tcherko et Sandro Emilio (120 p)

Ed. Humanis

"Pourquoi a-t-on brutalement assassiné Nirmal, le vieux vendeur d'épices avec lequel Fabio s'était noué d'amitié ?"


 

 

 

29 août 2014


Des mots d'ailleurs (Vivre en poésie) - auteur

 


Épices


Doux nom féminin, à la

palette des couleurs et

Aux étonnantes saveurs.

 

Quel bel alliage subtil des

arômes, et surprise des odeurs.

L'inattendu dans chaque plat.

 

Câlines et félines la vanille, la

cardamome, la coriandre invitent

aux voyages des sens en éveil.

 

Et souvent je perçois en elles des

pétillements masculins,

la caresse et la force des hommes

 

aux détours des dégustations

salées, celles des eaux des océans lointains,

ou sucrées dans les desserts partagés

au coin d'une table intime et raffinée.

 

Les épices offrent leur ballet dansant

et se promènent aux bras des couples.

Elles sont femmes dans leur attirance,

Elles sont hommes dans leur multiplicité.


 

 

 

 

Mythes et légendes de la cardamome

 


- Elle a longtemps été surnommée "Graine des anges" de par son pouvoir divin.

- Les égyptiens en mâchaient pour se blanchir les dents et rafraîchir l’haleine.

- Les grecs et les romains l’utilisaient dans leur cuisine ainsi que pour la composition de parfums.

- En Inde et au Pakistan, on offre encore des grains de cardamome aux dieux durant les fêtes religieuses. 

- En Italie, au XVIIe siècle, il était de bon ton d'associer café et cardamome, mais aussi d'ajouter un soupçon de girofle et autres épices.


 

 

 

Utilisation de la cardamome

 


La cardamome possède un parfum très fort, aussi faut-il l'employer avec parcimonie ; elle n'est cependant pas piquante.
On utilise comme épice le fruit séché qui se présente sous la forme d'une capsule vert gris, à trois loges contenant des graines brun foncé qui seules sont aromatiques.


Cependant, le fruit, qui prend une couleur paille en séchant, est commercialisé entier pour éviter l'altération des graines. Il se vend aussi des capsules blanchies artificiellement

 

Modes d’emploi 

Huile essentielle : diffusion atmosphérique, olfaction, inhalation, voie cutanée diluée, voie orale contrôlée.

Infusion de graines et de cosses broyées.

Macération vineuse de cosses concassées (vin rouge).

Teinture alcoolique.

Poudre dentifrice.


 


 

Culinaire


- La cardamome verte est l’un des ingrédients essentiel de la cuisine indienne : elle entre dans la composition des curry, pilafs, garam massala et autres mélanges d’épices.

- La cardamome aromatise également les vins chauds et l’aquavit.

- En Turquie et dans le monde arabe, il est d’usage de mettre de la cardamome dans le café. 

- En Inde, elle entre parfois dans la composition du mélange d’épices masala qui sert à préparer le thé Chai masala . En Inde, elle est la "reine des épices", alors que le poivre en est le roi. 

- Croquée en fin de repas, la cardamome est aussi employée pour neutraliser l’odeur de l’ail et rafraîchir l’haleine.

- Relativement peu connue et peu utilisée en Europe, elle peut parfumer certains desserts scandinaves (pain à la cardamome).

 

 

 

Thérapeutiques


- La cardamome a des propriétés détoxifiantes ; elle a notamment pour effet de limiter les propriétés excitantes de la caféine par l’activation d’une enzyme accélérant son élimination.
Elle est utilisée dans la médecine ayurvédique.


- En Asie du Sud, la cardamome verte est largement utilisée pour traiter les infections dans les dents et les gencives, pour prévenir et traiter les problèmes de gorge, la congestion des poumons, la tuberculose pulmonaire et l'inflammation des paupières. 


- Les graines que l’on mâche fréquemment en fin de repas ont des vertus digestives.


- Elle permet également de neutraliser l'odeur de l'ail quand on en croque après le repas. 


- Elle aurait également des vertus stimulantes et euphorisante, voire aphrodisiaque. 


- Elle aurait aussi été utilisée comme antidote contre les venins de serpent et de scorpion.
 

 


 

La cardamome en parfumerie

 


Elle s’accorde à toutes les familles olfactives et surtout les eaux de Cologne. Elle est utilisée aussi bien dans les parfums féminins que les parfums masculins, elles s’accordent particulièrement bien à la famille boisée, la famille chyprée, la famille orientale.


La cardamome du Guatemala est plus appréciée en parfumerie que celle d’Inde, car plus pure et montante, donc plus appréciée par les parfumeurs.

 

Cartier - Déclaration - Eau de Toilette

Un parfum d'émotions, que l'on n'oublie pas. Un voyage venu des grands espaces, porté par des essences éprises de liberté.
Un message d'épices et de bois qui se place en résonance avec l'effervescence débridée de la cardamome.

 

Sylvaine Delacourte Paris - Vangelis - parfum

La clémentine se précipite en tête pour éclairer le parfum de son sourire. Les épices (poivre, cardamome, clou de girofle et cannelle) et l'œillet surprennent d’emblée par leurs accents épicés. Une pointe d'amande mêlée à la vanille se dévoile pour apporter de l'addiction. 

 

Histoire de Parfums  - Parfum mixte "1969" - parfum

un voluptueux bouquet d'épices avec ses notes gourmandes à la Pêche de Vigne, à la Rose, et à la Fleur Blanche rehaussée de Cardamome et de Girofle.

 

Jo Malon London - mimosa & Cardamom - parfum

La brume du mimosa doré flotte sur la splendeur épicée de la cardamome. Le bois de santal et la fève tonka battent la chamade sous les accents poudreux d’héliotropes et la rose de Damas cueillie à l’aube.

 


Kilian - Intoxicated - Parfum  

Inexplicablement addictif, Intoxicated évoque l'envie irrésistible d'un café turc intense, enlacé d'une cardamome verte .Comme au fond d'une jolie tasse en porcelaine, le sillage imprime la douceur cristallisée du caramel.
 

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