1 novembre 2022 2 01 /11 /novembre /2022 23:47

 

 

L’école de médecine de Salerne (Schola Medica Salernitana),  fondée en Europe au Moyen Âge, vers le IX° siècle atteint son apogée au XI° siècle et XII° siècle.

Au XIe siècle, la ville de Salerne produit avec une relative abondance céréales, fruits et noix. Ce qui en fait l'une des villes les plus saines d'Italie.


Noix après le repas ...


Du bien et du mal que font les noix

Puisque beaucoup font tant de cas

De la noix après le repas,

Il en faut toucher quelque chose,

Et pour mieux suivre notre glose,

Je dis que par dessus les noix

Des communes on fait le choix,

Qu'à l'estomac elles sont bonnes,

Et ne nuisent point aux personnes,

Pourvu que selon notre aveu

En tout temps l'on en mange peu,

Et que d'une dent martiale

L'on mâche bien ce qu'on avale,

Ainsi les noix dans jeune, ou vieux

Font que la viande se cuit mieux,

Mais l'excès nous gêne la panse

Et la tête plus qu'on ne pense ;

Que si cet excès est plus grand

Je ne veux pas être garant,

Qu'un flux de sang quoi qu'il en gronde

N'envoie un homme en l'autre monde,

Je maintiens aussi que la noix

Gâte la parole et la voix, 

Et qu'elle nuit à la poitrine

Mais qu'elle sert de Médecine,

Et d'un antidote bénin

Contre la force du venin, 

Car son huile très onctueuse

De la qualité vénéneuse

Emousse si bien la vertu,

Que le venin devient vaincu,

Soit qu'elle relâche le ventre

Aussitôt qu'elle est dans son centre,

Ou bien par le vomissement

Qu'elle le chasse promptement

L’école de médecine de Salerne (IX° - XII° siècle) - Noix après le repas
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1 novembre 2022 2 01 /11 /novembre /2022 15:14

 

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.


(Fables, livre IV, 12)

 


La guenon, le singe et la noix.

 

Une jeune guenon cueillit une noix dans sa coque verte.

Elle y porte la dent, fait la grimace :

- "Ah! certes, dit-elle, ma mère mentit

quand elle m’assura que les noix étaient bonnes". 


Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes

qui trompent la jeunesse !

- Au diable soit le fruit et elle jeta la noix.

Un singe la ramasse,

vite entre deux cailloux la casse,

l’épluche, la mange et lui dit : 

"Votre mère eut raison, ma mie.

Les noix ont fort bon goût.

Mais il faut les ouvrir.

Souvenez-vous que, dans la vie

sans un peu de travail,on n’a pas de plaisir".

Illustration JJ Grandville

Illustration JJ Grandville

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25 octobre 2022 2 25 /10 /octobre /2022 22:20

 

Jean Froissart (1337-1405) important chroniqueur français de l'époque médiévale. Il mentionne à deux reprises des jeux nécessitant des noix. Il dresse la liste des jeux de son enfance.  

Entre autres, il utilisait les coquilles de noix comme hochet

(écrit entre 1362 et 1373)

 


 L’Epinette amoureuse  


Quand venait le temps du Carême,

j’avais sous une escabelle

une riche provision de coquilles,

que je n’aurais cédée pour aucun denier.

Un après-midi,

alors que je jouais à la coquille trouée

avec les  enfants de ma rue,

au moment d’agiter et de lancer la coquille,

je leur criais : "Hochez fort,

car le bandeau tient vraiment bon !"

...    

Nous creusions aussi des fossettes,

où nous faisions rouler des noix :

quelle tristesse c’était pour celui qui manquait son coup !

 Jean Froissart (1337-1405) - chroniqueur français de l'époque médiévale - L’Epinette amoureuse  
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13 octobre 2022 4 13 /10 /octobre /2022 23:27

 

 

Ovide ( 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) poète latin. Ses œuvres les plus connues sont L'Art d'aimer et les Métamorphoses.


 

Elégie du noyer


Noyer planté sur le bord de la route, je suis, malgré mon innocence,attaqué par les passants à coups de pierres. Telle est la peine ordinairement infligée aux coupables pris en flagrant délit, alors que l'heure de la justice arrive trop lentement au gré de la vengeance populaire. 


Mais moi je n'ai commis aucun crime, à moins que ce ne soit un crime de donner chaque année des fruits à mon maître. Autrefois, quand les temps étaient meilleurs, les arbres se disputaient à qui d'entre eux serait le plus fertile. Alors le maître reconnaissant avait coutume, à la venue des derniers fruits, de couronner de guirlandes les dieux du labourage ; ainsi, ô Bacchus, tu admiras souvent tes raisins ; souvent aussi Minerve admira ses olives. 


Les fruits eussent alors porté préjudice à l'arbre maternel, si une longue fourche n'eût étayé ses branches affaissées. Bien plus, à cette époque, les femmes imitaient notre fécondité : pas une alors qui ne fût mère ; mais depuis que le platane au stérile ombrage eut obtenu des honneurs exclusifs, nous autres, arbres fruitiers nous commençâmes à développer outre mesure notre spacieux feuillage ; aussi ne portons-nous plus de fruits chaque année ; et l'olive et le raisin n'arrivent au cellier que rabougris. 


Maintenant, pour conserver sa beauté, la femme ne craint pas de corrompre le germe de sa fécondité, et il en est peu dans notre siècle qui veuillent bien être mères. De même que Clytemnestre, je pourrais me plaindre, et dire : "Si j'eusse été stérile, je serais plus en sûreté." Que la vigne sache un jour le danger de sa fertilité, et elle étouffera ses raisins dans leur germe ; que l'arbre de Pallas vienne à l'apprendre, et il empêchera ses olives de croître ; que cela soit connu du pommier et du poirier, et bientôt l'un et l'autre n'auront plus de fruits ; que le cerisier aux produits de couleurs diverses en soit instruit, il ne sera bientôt plus qu'un tronc inutile. Je ne suis point jaloux ; mais pourquoi n'y a-t-il d'épargné que l'arbre orné d'un vain feuillage ? Regardez l'un après l'autre ces arbres dans toute l'intégrité de leur parure, c'est qu'ils n'ont rien qui les expose à recevoir des coups. 


Pour moi, au contraire, je vois mes branches mutilées, ou criblées de cruelles blessures ; et mon écorce entamée laisse à nu mon sein tout meurtri. Ce n'est pas la haine qui m'attire ce traitement, mais l'espoir du pillage. Que les autres comme moi portent des fruits, et ils se plaindront de même. Ainsi donc il a tort celui dont la défaite promet quelque profit au vainqueur ; le pauvre ne mérite pas qu'on cherche à lui nuire : ainsi craint les embûches le voyageur qui porte quelque argent ; il marche avec tranquillité s'il a sa bourse vide : ainsi je suis le seul attaqué, parce que moi seul je vaux la peine de l'être. 


Les autres gardent toujours intact leur vert feuillage ; s'il en est près de moi dont la rameaux brisés jonchent la terre de leurs débris, la faute en est à moi seul : mon voisinage leur a été fatal, et la pierre qui m'a frappé est retombée sur eux. Que je mente si les arbres éloignés de moi ne conservent pas dans tout son éclat leur beauté native ! Oh ! s'ils étaient doués de sentiment, et qu'ils parlassent, comme ils maudiraient ce funeste voisinage. Qu'il est affreux de voir la haine s'unir aux outrages que j'endure et d'être accusé par ses voisins d'être trop près d'eux ! Mais, dira-t-on, je suis pour mon maître un sujet de fatigue et de graves inquiétudes. Et que me donne-t-il, je vous prie, autre chose qu'un peu de terre ? Je pousse facilement et de moi-même dans un terrain sans culture, et la place que j'occupe est presque la voie publique. 


Pour m'empêcher de nuire aux moissons (car on m'accuse de leur nuire), on me relègue à l'extrémité des champs. Jamais la faux de Saturne n'émonde mes branches superflues, et jamais la bêche ne rafraîchit le sol qui durcit auprès de moi. Dussé-je périr de sécheresse ou être brûlé par le soleil, on ne me fera point l'aumône du moindre filet d'eau. Mais à peine mon fruit mûr a-t-il entr'ouvert son enveloppe, que la gaule impitoyable vient à son tour me prendre à partie. Elle fait pleuvoir dans toute mon étendue une grêle d'horribles coups, comme s'il ne me suffisait pas d'avoir à me plaindre des coups de pierre.


Alors tombent mes noix qui, elles aussi, trouvent place au dessert, et que tu recueilles, ô fermière économe, pour les conserver. Elles servent également aux jeux des enfants, soit que debout, et à l'aide d'une noix lancée sur les autres, ils rompent l'ordre dans lequel elles sont disposées ; soit que, baissés, ils atteignent en un ou deux coups le même but, en la poussant du doigt. Quatre noix suffisent pour ce jeu ; trois au-dessous et la quatrième au-dessus. D'autres fois on fait rouler la noix du haut d'un plan incliné, de manière à ce qu'elle rencontre une de celles qui sont à terre sur son passage. Avec elles aussi on joue à pair ou non, et le gagnant est celui qui a deviné juste. Ou bien on trace avec de la craie une figure pareille à la constellation du Delta, ou à la quatrième lettre des Grecs ; sur ce triangle, on tire des lignes, puis on y jette une baguette ; celui des joueurs dont la baguette reste dans le triangle gagne autant de noix qu'en indique l'intervalle où elle est restée. Souvent enfin on place à une certaine distance un vase dans lequel doit tomber la noix qu'y lance le joueur. 


Heureux l'arbre qui croît dans un champ éloigné de la route, et qui n'a de tribut à payer qu'à son maître ! il n'entend ni les vociférations bruyantes des passants, ni le grincement des roues, et n'est pas inondé par la poussière du grand chemin. Il peut offrir au laboureur tous les fruits qu'il a portés et lui en livrer exactement le compte. Quant à moi, il ne m'est même jamais permis de voir mûrir mes fruits : abattus avant le temps, et alors que leur enveloppe molle encore ne recouvre qu'un germe laiteux, ils ne sauraient même profiter à ceux qui m'en dépouillent. Quoi qu'il en soit, il se trouve encore des gens pour me lapider, et pour conquérir, par des attaques prématurées, un butin sans valeur : de sorte que si l'on établit le compte et de ce qu'on m'enlève et de ce qu'on me laisse, tu seras, toi, voyageur, mieux partagé que mon maître. Souvent, à l'aspect de ma cîme toute nue, on croit reconnaître les outrages et la fureur de Borée ; l'un accuse la chaleur, et l'autre incrimine le froid ; un troisième, la grêle ; mais ni la grêle, effroi du laboureur, ni le vent, ni le soleil, ni la gelée ne sont les auteurs de cette spoliation ; mon fruit seul en est la cause ; ce qui me perd, c'est ma fécondité, ce sont mes richesses.


Pour moi comme pour beaucoup d'autres, elles sont une source de maux. Elles l'ont été pourtoi, Polydore ; elles l'ont été pour Amphiaraüs, forcé par l'avarice de sa perfide épouse à affronter le sort des combats. Les jardins du roi flespérus eussent été hors d'atteinte ; mais un arbre, un seul, portait des trésors immenses. Les ronces et les épines, nées seulement pour faire du mal, et les arbustes qui leur ressemblent, trouvent leur sûreté dans les instruments naturels de leur vengeance ; moi qui suis inoffensif, et qui ne saurais me défendre avec mes branches dépourvues d'épines, je me vois assailli de pierres par d'avides fripons. Que serait-ce donc si, lorsque la terre se fend sous l'astre enflammé de Sirius, je n'offrais une ombre amie à qui fuit les ardeurs du soleil ? Que serait-ce si je n'étais au voyageur un abri contre les irruptions soudaines de la pluie ? Eh bien ! pour tant de bienfaits, pour tant de services rendus à tous avec un zèle infatigable, je suis lapidé. A tant d'insultes qu'il me faut souffrir, ajoutez les reproches de mon maître. Je suis cause, dit-il, que son champ est rempli de cailloux ; et comme il en purge le sol, qu'il les ramasse et les rejette sur le chemin, il donne ainsi sans cesse au passant des armes contre moi. 


Aussi le froid, si odieux aux autres arbres, n'est utile qu'à moi seul. L'hiver, tant qu'il dure, m'est une garantie contre tout danger. Il est vrai qu'alors je suis nu ; mais c'est là ce qui me sauve ; car mes ennemis n'ont rien à m'enlever. Mais aussitôt que mes branches se couvrent de nouveaux fruits, les pierres tombent sur moi comme la grêle. On dira peut-être : "Ce qui s'étend sur le domaine public appartient au public. Or cet aphorisme est applicable aux grands chemins." S'il en est ainsi, voyageur malfaisant, vole les olives, coupe les blés, arrache les légumes du champ voisin. Que ce même brigandage franchisse les portes de Rome et que ces murs, ô Romulus, en consacrent le droit. 


Que le premier venu prenne de l'argent sur l'étalage de telle boutique, des diamants dans telle autre, ici de l'or, là des pierreries ; qu'il s'approprie enfin toutes les richesses sur lesquelles il pourra mettre la main. Mais une telle licence n'existe pas ; et tant que César régira l'empire, tant qu'il veillera sur nos destinées, jamais homme ne volera impunément. Et ce n'est pas seulement dans l'enceinte de Rome que ce dieu a rétabli la paix ; il en a étendu les bienfaits sur le monde entier. Mais à quoi me sert tout cela, si, en plein jour et aux yeux du public, on m'accable de coups, et s'il ne m'est pas laissé au instant de repos ? 


Aussi ne voyez-vous jamais un nid suspendu à mes branches, un oiseau s'abriter sous mon feuillage : mais des pierres qui se tiennent attachées à mes rameaux fourchus, comme un vainqueur au fort qu'il a conquis ; c'est là tout ce qu'on y voit. Souvent, il est des crimes que le coupable peut nier ; souvent la nuit a déployé son voile sur bien des forfaits ; mais le suc de mon fruit me venge du ravisseur, qui se noircit les doigts en touchant son écorce. Ce suc est mon sang, et l'empreinte de ce sang est indélébile. 


Oh ! combien de fois, dégoûté de vivre si longtemps, n'ai-je pas désiré de mourir de sécheresse ! Combien de fois n'ai-je pas souhaité d'être renversé par l'ouragan en furie, ou violemment frappé de la foudre ! Et plût au ciel que la tempête enlevât mes fruits tout d'un coup ! ou que je pusse les faire tomber moi-même ! C'est ainsi, ô castor, habitant des fleuves du Pont, qu'en débarrassant ton corps de la partie qui t'expose au danger, tu assures la conservation du reste ; mais moi, que puis-je résoudre quand le passant prend ses armes, que son oeil fixe d'avance l'endroit où il doit me frapper ? Je ne puis me soustraire à ses atteintes en changeant de place ; mes racines, liens puissants et tenaces, m'enchaînent à la terre. 


Je suis donc livré à ses coups, comme un criminel aux flèches de la populace, laquelle a réclamé sa victime garrottée, ou comme la blanche génisse, lorsqu'elle voit lever sur sa tête la hache pesante, ou tirer le couteau prêt à l'égorger. Vous avez cru plus d'une fois que le vent seul faisait trembler mon feuillage, mais c'était aussi de frayeur que je tremblais ! Si je l'ai mérité, si je semble coupable, livrez-moi aux flammes ; alimentez vos foyers fumeux de mes débris. Si je l'ai mérité, si je semble coupable, coupez-moi, et que, dans mon malheur, je n'aie du moins à subir qu'un seul supplice ! Mais si vous n'avez pas de motifs de me brûler ni de m'abattre, épargnez-moi, et poursuivez votre chemin.

Ovide ( 43 av. J.-C.-17 ou 18 ap. J.-C.) - poète latin - Elégie du noyer
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13 octobre 2022 4 13 /10 /octobre /2022 23:10

 

 

Catulle (84 av. J.C.-54 av. J.C.) poète romain

 


Epithalame de Julie et de Manlius

 

Mais ne tardez plus à vous faire entendre, 

chants fescennins ; et toi, naguère le favori de ton maître, 

aujourd'hui l'objet de ses dédains, 

esclave, ne refuse point aux enfants les noix qui leur sont dues.

 

Inutile mignon, jette des noix aux enfants. 

Et toi aussi, assez longtemps tu as joué avec des noix ; 

maintenant il te faut prêter ton ministère à Thalassius. 

Esclave, jette des noix aux enfants.

 

Hier, ce matin encore, 

tes joues s'ombrageaient d'un duvet naissant; 

maintenant le barbier va raser ton menton. 

Pauvre, pauvre mignon, jette des noix aux enfants....

Catulle (84 av. J.C.-54 av. J.C.) - poète romain - Epithalame de Julie et de Manlius
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29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 23:21

 

 

Cicely Mary Barker (1895-1973) illustratrice britannique 

 

 

La fée des fleurs de poirier


Chantez, chantez, chantez, merles !

Chante, belle grive !

C'est le printemps, le printemps, le printemps ;

alors chante, chante, chante,

De l'aube jusqu'à ce que les étoiles disent "chut".

 

Regarde, vois, vois la fleur

Sur le poirier qui brille d'un blanc éclatant !

Il tombera comme neige, mais les poires pousseront

Pour le plaisir des hommes et des oiseaux.

 

Construisez, construisez, construisez, vous pinson ;

Construisez, merles et troglodytes,

Un nid chaud et sûr où vos œufs pourront reposer ;

Alors assieds-toi, assieds-toi, petite poule !

 Cicely Mary Barker (1895-1973) - illustratrice britannique - La fée des fleurs de poirier
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25 septembre 2022 7 25 /09 /septembre /2022 22:51

 

 

Gilbert Pommier (1960) Poète, musicien 

Confidences, 

 


Laisse poire tomber

 

Laisse poire tomber de secrète volupté

Dans la bouche fondante d’une sangsue alitée ;

Sur un nid de pierre en copeaux débités

Un coq de bruyère s’est demain allongé.

 

Est-ce passe intime par tes mains cha(t)-hut(t)ée,

Qui sur mon corps dévoile ce bestiaire adulé ?

Baie de chevrotine à dessein bien placée,

Là où nul cœur ne l’en pourra déloger.

 

Lièvre fou de l’automne, éblouissant batik

D’une rousseur tachetée en forme de viatique

Sur la forêt en fleurs d’une douce ère au tiques

 

Piquaillant sonnaillant sonne tout sonne l’heure

Du sonnet guerroyant à la brune douceur

D’une toison à-doré(r)(e)de brûlante chaleur !

Gilbert Pommier (1960) - Poète, musicien - Laisse poire tomber
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23 septembre 2022 5 23 /09 /septembre /2022 23:35

 

 

Jacques Darras (1939) poète français

Poème publié dans l’anthologie

Une salve d’avenir.

L’espoir, anthologie poétique,

parue chez Gallimard en Mars 2004

 

Les poires


est-ce pomme

est-ce poire

le fruit défendu

(le fruit d’Ève fendue)

qu’Adam consomma

toutes lèvres confondues

au verger des plantes

Dieu a répondu :

c’est le fruit du pêcher

c’est la pêche charnue

qu’en mon jardin j’ente

-les pommiers sont déçus

les poires déshespérues

Jacques Darras (1939) - poète français - Les poires
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23 septembre 2022 5 23 /09 /septembre /2022 23:04

 

 

Johannes Kühn (1934) poète, dramaturge, écrivain allemand.

À qui appartient ce long cortège de nuages blancs

Traduit de l'allemand par Joël Vincent

Cheyne, 2015


 

Le poirier au vent d'automne

 
Il croule presque sous le poids

des poires mûres,

d'être si garni.

Il gémit au vent d'automne,

appelle à une délivrance

de ses tourments.

C'est qu'il n'était pas apprécié

du temps de la floraison

dans le bonheur des bruissements

plein de candeur de mars

comme aujourd'hui avec ses fruits

gorgés d'odeurs sucrées.

Et on va le secouer, jure l'agriculteur,

à en remplir à la file sacs et paniers

par des mains adroites.

Seront

tous comblés et joyeux

ceux qui habitent le même toit que lui.

Les fruits étalés, on va les cuire

dans un chaudron en cuivre.

Les flammes chaufferont le tout.

En l'honneur de l'aïeul

qui a planté l'arbre,

et pour le remercier, on placera

sur sa tombe dans un vase décoré

les dernières fleurs du jardin.

Johannes Kühn (1934) - poète, dramaturge, écrivain allemand - Le poirier au vent d'automne
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15 septembre 2022 4 15 /09 /septembre /2022 23:24

 

 

Alain Hannecart, poète français

 


Portraits de poires


Tant il est gorgé d’eau tant il donne à boire

Ce fruit délicieux porte le nom de poire

Ainsi qu’un sein gonflé que l’on mène au palais

Il faut le suçoter pour qu’il donne son lait

 

Il suffit simplement de lui ôter sa peau

Pour qu’une eau savoureuse vous coule entre les doigts

Vive comme la source qui court à travers bois

Semblable à ces naïades qui enchantait Sappho

 

Qu’elle mûrisse au verger ou dans un murissoir

Ainsi qu’un enfant joue sur une balançoire

A trop passer ses heures sur le fil du rasoir

Un jour elle finira par se fendre la poire

 

Elle murit sagement avec gravité

Ainsi qu’une petite cloche sans jamais s’agiter

Détachée désormais des pesanteurs terrestres

Elle vous donne son âme d’une blancheur de neige

Alain Hannecart -  poète français -  Portraits de poires
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