5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 21:31

 

 

Pierre Guédron (1565-1620) compositeur, chantre et luthiste français
et autres - René Bordier


Ballet de cour s’inscrit dans le cadre des festivités du mariage de Christine de France, fille d’Henri IV  avec Victor-Amédée de Savoie, le 22 février 1619. 

 

Ballet des Aventures de Tancrède en la Forêt enchantée

 

Tancrède, Clorinde et le Cyprès


Récit des Esprits : 

"Quelle étrange manie, ô cruels adversaires", 

- Ces plaintes finies, le théâtre reprit sa clarté, 

et fut à l’instant changé en Amphithéâtre, la forêt ayant disparu. 

Et comme Tancrède commençait à faire quelque cadence, 

il vit naître à ses pieds un grand Cyprès qui s'éleva tout à coup 

au milieu du théatre comme si quelque demon l’y fût venu porter. 

Il était si bien representé que la plupart le crurent être naturel. 

Sur l’écorce du Cyprès se voyaient écrites les mêmes paroles 

que les voix plaintives avaient chanté. 

Tancrède s’approcha en dansant, et ayant lu les caractères, 

donna un coup d’épée au Cyprès en cadence et en coupa une branche 

dont sortit du sang,  alors comme si le tronc eût été sensible, 

il poussa hors une voix pitoyable chantant plusieurs vers. - 

 

 Récit de Clorinde : 

-Toi de qui la rigueur m’a fait cesser de vivre

qui se termine par les quatre vers :  


 "Fait ce qu’il te plaira, je ne puis à mes plaintes 

Rien en ajouter sinon 

Que lors que je reçus tes mortelles atteintes ; 

Clorinde était mon nom. "


- A ce mot de Clorinde Tancrède touché d’amour et de pitié tout ensemble,

jeta son épée, que les vents emportèrent hors de la forêt, 

et recula quelques pas tout étonné de l’accident, puis s’approcha en dansant, 

et ouvrant les bras pour embrasser Clorinde en ce Cyprès, 

il la voit tout à coup disparaître devant lui 

de quoi il ne resta pas seul émerveillé  

Car les assistants qui le virent si soudainement s'évanouir, 

ne se pouvaient quasi persuader qu’il n’y eût de l’enchantement en effet. 

En même temps entrèrent les deux Ecuyers de Tancrède

qui dansèrent un bal grave. 

Tancrède, cependant demeurait en extase, 

et  comme ravi de ce qu’il venait de voir et d’ouïr. 

Les Ecuyers revinrent vers le théâtre et ramassèrent l’épée de Tancrède, 

lequel en même temps ayant pris ses esprits, ramassa la branche du Cyprès 

qu’il avait coupée et, étant descendu en cadence vers les Ecuyers 

qui étaient en la Salle dansa un peu avec eux. -

Et lors les deux Ecuyers se retirant

firent place aux Chevaliers des aventures 

qui vinrent devers Tancrède, et l’embrassèrent tous trois en cadence. 

Rentrèrent après dans la salle, par les trois portes de dessous le théatre,

les Bucherons, les Scieurs et les Sagittaires, lesquels 

avec les quatre Chevaliers des Aventures dansèrent tous seize leur ballet.

Pierre Guédron (1565-1620) - compositeur, chantre et luthiste français - Tancrède, Clorinde et le Cyprès
Partager cet article
Repost0
5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 19:59

 

 

Hafiz (Hâfez de Shirâzi 1325-1389/1390) poète, philosophe et un mystique persan 

 

Traduction par Marguerite Ferté.
Ghazels, Édition Bossard, 1925 (p. 10).

 

L’Obsession


Je vois le soleil éblouisseur,

Et ce sont ses yeux.


Je caresse l’ambre de mon chapelet,

Et c’est sa joue.


J’aperçois le cyprès altier,

Et c’est sa taille.


Je respire la rose de Kasvine,

Et c’est son haleine.


J’entends chanter l’eau du kanout,

Et c’est sa voix.


Et si je marche sur une vipère,

C’est encore Elle qui me hante.

Hafiz (Hâfez de Shirâzi 1325-1389/1390) - poète, philosophe et un mystique persan - L'Obsession
Partager cet article
Repost0
5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 17:36

 

 

Saadi (vers 1210-1291 ou 1292) un des plus grands poètes et conteurs persans.

 

Le cyprès 


..."On reconnaît tout arbre à ses fruits,

tout bon arbre porte de bons fruits,

tandis que le mauvais arbre

porte de mauvais fruits, il est donc tronqué.

Pour le cyprès, ce n’est pas pareil.

Il est toujours heureux de ne pas donner de fruits.

Il est indépendant et libre"...

..."On demanda à un cyprès : tu ne portes pas de fruits ?

"Les libres sont pauvres !, répondit-il"...

Saadi (vers 1210-1291/1292) - poète et conteur persan - Le cyprès 
Partager cet article
Repost0
4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 19:45

 

 

Ferdowsi (X° siècle) poète persan, surnommé "le recréateur de la langue persane" 

Shâhnâmeh (Livre des Rois), au

chapitre intitulé Goshtâsb-Nâmeh :

 

le Cyprès de Kâshmar

 

Tous les monarques se soumirent à son ordre

Celui de se rendre vers le Cyprès de Kâshmar

L’arbre devint un lieu de culte car

Zoroastre y attacha le démon

Nomme-le "paradis" si tu l’ignores

Pourquoi le nommes-tu Cyprès de Kâshmar ?

Pourquoi ne l’appelles-tu pas la pousse du paradis

Celle que le roi a plantée à Kashmar

Vieux cyprès à Kâshmar. Photo : Arash Golkâr

Vieux cyprès à Kâshmar. Photo : Arash Golkâr

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2022 6 03 /12 /décembre /2022 19:57

 

 

Ovide (43 av. J.C. - 17 ou 18 ap. J.-C.), poète latin qui vécut durant la période de la naissance de l'Empire romain. Ses œuvres les plus connues sont L'Art d'aimer et les Métamorphoses.

 

La métamorphose de Cyparissus 

 

Il était une colline, et sur la colline, une plaine très ouverte,

surface toute verdoyante grâce au gazon qui la couvrait.

Le lieu manquait d'ombre. Aussitôt que Orphée, le poète 

né des dieux s'y fut assis et eut touché les cordes de sa lyre,

l'ombre survint : l'arbre de Chaonie était là,

et le bois des Héliades, et le chêne vert aux hautes frondaisons,

et les tendres tilleuls, et le hêtre, et le laurier toujours vierge,

et les frêles coudriers, et le frêne dont on fait les lances,

et le sapin lisse, et la yeuse qui ploie sous ses glands,

et le platane des jours de fête, et l'érable aux tons contrastés,

et les saules poussant près des rivières, et le lotus aquatique,

et le buis toujours vert, et les graciles tamaris,

et le myrte bicolore, et le laurier-tin aux baies foncées.

Vous aussi, vous êtes venus, lierres flexibles et rampants,

avec les pampres de vignes, et les ormeaux mariés aux vignes,

les ornes et les épicéas et l'arbousier chargé de fruits rouges,

et les souples palmiers, récompenses du vainqueur,


et le pin ceinturé de feuilles, avec sa cime hérissée,

cher à la mère des dieux, puisque Attis, aimé de Cybèle,

a délaissé en lui sa forme d'homme et s'est endurci dans ce tronc.


 
À cette foule se joignit le cyprès, évoquant les bornes du cirque :

arbre aujourd'hui, il était jadis un enfant aimé de ce dieu fameux

qui manie les cordes de sa lyre comme celles de son arc.

Il existait là en effet, consacré aux nymphes du pays de Carthéa,

un cerf gigantesque aux cornes largement déployées

qui offraient à sa propre tête une ombre épaisse.

Ses cornes rutilaient d'or, et des colliers de perles,

suspendus autour de son cou, retombaient sur ses épaules.

Sur son front s'agitait, depuis sa naissance, une bulle d'argent

tenue par de petites lanières ; pendues à ses deux oreilles

des perles brillaient, de part et d'autre de ses tempes creuses.

Ce cerf, sans nulle crainte, oubliant sa timidité naturelle,

fréquentait les maisons et, sans retenue, il avait l'habitude

de tendre son cou aux caresses de mains inconnues.

Mais pourtant, c'est à toi plus qu'à quiconque, qu'il était cher,

Cyparissus, toi, le plus bel enfant de Céos ; c'est toi qui le menais

vers de nouvelles pâtures, vers l'onde claire d'une source.

Tantôt tu entrelaçais entre ses cornes des fleurs de toutes couleurs,

tantôt, cavalier monté sur son dos, tu allais joyeusement

Ici et là, retenant son mufle délicat avec des rênes de pourpre.

 

C'était l'été, au milieu du jour, et la chaleur du soleil

brûlait les bras courbes du Cancer, ami du rivage.

Fatigué, le cerf s'était étendu sur la terre gazonneuse

et cherchait la fraîcheur à l'ombre d'un arbre.

Par mégarde, le jeune Cyparissus le transperça d'un trait acéré

et quand il le vit mourant d'une cruelle blessure, il décida

qu'il voulait mourir lui aussi . Que de paroles de consolation

prononça Phébus, l'engageant à pleurer avec mesure

et de façon proportionnée ! L'enfant continua pourtant à gémir,

demandant aux dieux la faveur suprême de pleurer sans fin.

Déjà son sang s'était vidé en torrents de pleurs,

ses membres commencèrent à prendre une teinte verte,

et ses cheveux qui naguère pendaient sur son front de neige

se transformèrent en une chevelure hérissée, se raidirent

en une cime gracile et se mirent à regarder le ciel étoilé.

Le dieu gémit et, plein de tristesse, déclara : "Je te pleurerai,

et toi tu pleureras les autres et tu les assisteras dans leurs deuils".

 

Luigi Ademollo - Cyparissus dans un arbre ou Ciparisso, livre X, illustration des métamorphoses d'Ovide, Florence, 1832 (gravure coloriée à la main)

Luigi Ademollo - Cyparissus dans un arbre ou Ciparisso, livre X, illustration des métamorphoses d'Ovide, Florence, 1832 (gravure coloriée à la main)

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2022 6 26 /11 /novembre /2022 17:15

 

 

Frederic Cogno, poète autodidacte, rêveur et passionné, 

2020


 

Les châtaignes

 

Quand l’automne ôte l’oripeau,

Quand frissonnent les louveteaux

Dans la ténébreuse forêt ;

Quand le givre aux orgelets blancs

Fige les mots des revenants

Sur quelques sentes émaciées ;

Quand le soleil en vieil archange

Bénit les fruits tombés des branches

Pour l’écureuil, le sanglier…

 

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes dans la cheminée,

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes vont nous régaler !

 

Ça sent bon la bûche de chêne,

Les petits chèvres des Cévennes,

Le fantôme du bourrelier ;

Je crois entendre les conteuses,

Les sabots de bois des faucheuses

Au cantou des cèpes séchés ;

La causerie au pied de l’âtre

Se réunit autour du pâtre

Qui dans la cendre a déposé...

 

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes dans la cheminée,

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes vont nous régaler !

 

Ces coings confits, ces bonnes mines,

Ces yeux trinquant la williamine

Ont attendu cette veillée ;

On cajole les figarettes

Qui crépitent sous les cagettes

Et dans la braise ensommeillée ;

Quel miracle cet arbre à pain,

Chacun a son cornet en main

Chauds les marrons pour la mémé…

 

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes dans la cheminée,

Les châtaignes, les châtaignes,

Les châtaignes vont nous régaler !

Frederic Cogno - poète autodidacte - Les châtaignes
Partager cet article
Repost0
25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 21:29

 

 

Carole Radureau - auteur -

03/11/2018



La poésie-châtaigne

 

La poésie est une châtaigne

Qui crie au plus profond de la nuit

Qu’elle aime vivre et sans elle

Que serait le pain

Que seraient les vers libres de la vie ?

 

Comme une robe

Glisse sur sa peau

Une soie lumineuse et joyeuse

Si douce et si généreuse :

Un déshabillé à respecter.

 

Si le manteau qui protège son cœur aimant

Hérissé de piquants

Barricades contre la faim et l’agonie

Ouvre sa porte

La belle poésie- châtaigne dans un bâillement

Surgit et c’est la joie et c’est la rime et c’est la muse

En cascade

Pure.

 

La poésie est un fruit rond marron

Couleur des yeux de la forêt

Qui songe avec ravissement

Au crissement des bogues

Sous les pas.

 

La poésie est la fille de l’arbre-père

De l’arbre de vie

Qui a laissé choir

Sans émoi

Ses enfants

Bien protégés.

 

Une grande famille de force vive

De vitamines, habillée

De grande valeur

De morale pure

Héritée sans se soucier

Des mots-piquants

Des mots-duvet

Des mots-soie

Fusant tels des rires

De la couchette accueillante du sous-bois.

Carole Radureau - auteur -  La poésie-châtaigne
Partager cet article
Repost0
25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 21:18

 

 

Hespérance - auteur

2008

 

La châtaigne et le marron

 

Une jolie châtaigne en belle robe verte

Vivait aux bois jolis sur son châtaignier

Non loin de là était la demeure entrouverte

D'un marron qui poussait sur son beau marronnier.

 

Arriva la saison où marrons et châtaignes

Se retrouvent tout nus sur la mousse des bois

Le marron fait le beau, la belle le dédaigne

Moi je suis comestible et vous ne l'êtes pas.

 

On m'appelle marron losque je suis confite,

Mon nom à ce moment devient marron glacé

On crie chaud les marrons lorsque je suis bien cuite

En me sortant des flammes où je viens de griller.

 

Mais ce n'est pas monnom, je suis une châtaigne

Châtaignes et marrons ne sont que des cousins

Ne croyez surtout pas, marron que je vous craigne

Mais vous, vous finirez chez le pharmacien.

 

Elle avait bien raison, le fruit du marronnier

Finit en traitement pour soigner les humains

La châtaigne au contraire, là pour les régaler

Va réjouir leur palais et calmera leur faim.

 

Quand vous irez au bois ramasser des châtaignes

Vous tous enfants des villes, le marron est tout rond

Un méplat d'un côté et c'est une châtaigne

Attention de ne pas vous laisser faire...marrons...  

Hespérance - auteur - La châtaigne et le marron
Partager cet article
Repost0
25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 20:56


 

Emmanuel Rastouil - auteur


 

Le châtaignier.

 


Ivre de fraîches eaux, de soleil et de vent

Il se pose repu, rallongeant sa tenture,

Et ses bras écartés dévoilent, je l’assure,

Abondance de fruits, les bogues en avant.

 

Les courbes de son dos offrent un paravent

Digne d’un lit ouvert juste à notre mesure,

Il invite à la paix, la détente et rassure,

Rend le contemplatif amoureux et rêvant.

 

L’automne à l’œil marron fait sa métamorphose,

Il sera là, bientôt, embrumant toute chose,

Nonchalamment, mais sûr d’arriver à ses fins.

 

Aussi le châtaignier relâche son étreinte

Et laisse l'étranger en morosité feinte

Quand, lorsqu'il pleut, la terre exhale ses parfums.

Emmanuel Rastouil - auteur - Le châtaignier.
Partager cet article
Repost0
25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 20:42

 

 

Lawrence Sail (1942) poète et écrivain britannique contemporain.

Sweet Chestnuts, de Building into Air, 1995

Traduit de l'anglais par Émile Martel

 


Châtaigniers


 Le fait de ne pas nommer l'objet, mais de présenter

Les châtaigniers, peut éventuellement devenir

Un hommage aux quiddités simples des choses —

Par exemple, de quelle manière sur l'herbe trempée d'octobre

Ils reposent, ébrasés, leur tête de massue verte et piquante toute

Explosée pour laisser voir un intérieur velouté

Pas tout à fait jaune, pas tout à fait blanc ni gris :

Et, étrangement carrés, les immeubles de fruits bruns,

Les trois ou quatre qui se tiennent au milieu,

Plus ou moins emboîtés, faciles à déloger.

 

Il vient le sentiment que quelque chose de secret est montré,

Qu'on révèle un lieu tendre au toucher,

Une indication offerte de ce qui interdit

À l'objet sa solitude, son indépendance.

Par-dessus le fruit tombé, l'arbre qui enfle ;

En-dessous, le milieu tordu des racines.

À l'intérieur de l'objet, sans nom, le sujet caché,

Son absence qui nous revient aussi naturellement

Que le cœur bondit en entendant le nom de son amour.

Lawrence Sail (1942) - poète et écrivain britannique contemporain - Châtaigniers
Partager cet article
Repost0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Recherche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Evans Jura

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mes Blogs Amis À Visiter