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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 20:32

 

 

Maurice Rollinat (1846-1903) poète français

Recueil : "Paysages et paysans"

 


 La châtaigneraie

 

Gloire à cette rencontre, en ces fonds de la Marche,

Surgissant, après tant de tours et contremarches,

D’une châtaigneraie, immense, en vétusté,

Comblant tout un ravin de son énormité !

 

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches,

Lugubres frères noirs en la difformité,

Horrifiant l’endroit par la solennité,

Le morne, et le croulant de leurs rameaux en arches !

 

Grave, tombe au sol frais leur grande ombre qui marche

Sur des cèpes suintant leur venin fermenté.

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches,

Lugubres frères noirs en la difformité !

 

Leurs troncs où les renflés d’écorce font des marches,

Moussus, ont pour l’orfraie un escalier ouaté,

Et la sifflante bête, à la torse démarche,

Trouve, en leur gros pied cave, abri, sécurité.

Vivent ces châtaigniers, monstres et patriarches !

 Maurice Rollinat (1846-1903) - poète français - La châtaigneraie
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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 19:39

 

Jean Jules Geoffroy (1853-1924) - Illustrateur

1881

 

Le marchand de marrons, 

 

Le marchand de marrons,

A la grande joie de nos écoliers et écolières 

viennent faire cercle autour du chaudron brûlant. 

Le gamin a eu l'audace,

sans posséder un centime de commander.

Mais le vieux bonhomme a le nez fin

et ne veut lâcher le paquet

qu'en échange de sonnant. 

Les deux compagnons rient de la mésaventure 

de leur camarade et cela d'un de

ces rires malins et sournois.

Jean Jules Geoffroy (1853-1924) - Illustrateur - Le marchand de marrons, 
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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 18:51

 

 

Joris-Karl Huysmans (1848-1907), auteur 

1880

 

Le marchand de marrons


..."Il est là, dans son échoppe, allumant la braise, attisant 

avec son soufflet les charbons du fourneau, écoutant

de toutes ses oreilles les papotages, les parlotes, les cancans

des laitières et des concierges. […] 

Et derrière le malheureux, au travers des vitres qui le séparent

de la piscine aux vins, s’alignent, vives, engageantes,

scintillant sur une planchette posée devant une glace,

des régiments de bouteilles, hautes en couleur et larges en ventre.

Quelle attirance, quelle fascination !

oh ! qui dira le charme des canons et du tafia ?

Ne les regarde point, pauvre hère, oublie froid, faim, bouteilles

et chante, nasillard, ta complainte obstinée :

eh ! chauds, chauds, les marrons !

Va, éreinte-toi, gèle, gèle, souffle sur les fumerons qui puent,

aspire à pleine bouche la vapeur des cuissons, emplis-toi

la gorge de cendre, trempe dans l’eau tes mains bouillies

et tes doigts grillés, égoutte les châtaignes, écale les marrons,

gonfle les sacs, vends ta marchandise aux enfants goulus,

aux femmes attardées ;

hue ! philosophe, hue ! entonne à tue-tête, jusqu’à la pleine nuit,

au clair du gaz, sous le froid, ton refrain de misère :

eh ! chauds, chauds, les marrons !..."

Jean-François Raffaëlli (1850-1924) - Illustrateur, Croquis parisiens - Le marchand de marrons - BnF, Réserve des livres rares, RES-8-LI3-751 (B) - Bibliothèque nationale de France

Jean-François Raffaëlli (1850-1924) - Illustrateur, Croquis parisiens - Le marchand de marrons - BnF, Réserve des livres rares, RES-8-LI3-751 (B) - Bibliothèque nationale de France

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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 18:39

 

Anselme Des Tilleuls (1850-19° siècle) auteur et adaptateur de livres pour la jeunesse 

Bernardin-Béchet, éditeur, 1878 (p. 7-8).

 

Les marrons grillés


Un habitant du Cantal venait chaque hiver s’installer

sous une porte cochère pour y vendre des marrons grillés.

Les petits garçons, en se rendant à l’école,

ne manquaient jamais, quand le froid était vif,

de s’arrêter devant le fourneau de l’Auvergnat

pour s’y chauffer le bout des doigts.

Ce brave homme, bien souvent, donnait un marron tout chaud

à celui des enfants qui lui semblait le plus gentil.

Victor, le fils d’un tailleur, ayant reçu un de ces marrons

et l’ayant trouvé de son goût, plongea la main dans le sac

et s’empara de plusieurs marrons

pendant que le marchand tournait le dos.

Arrivé à la maison, le petit garçon introduisit

ses marrons dans le foyer et les couvrit de cendres chaudes.

Craignant d’être surpris, il activa le feu en le soufflant avec sa bouche.

Tout à coup, les marrons, dont l’écorce n’avait point été fendue,

éclatèrent avec fracas en projetant des cendres brûlantes

dans les yeux du petit garçon.

Le père quitta sa planche et accourut aux cris de son enfant.

Dès qu’il en connut la cause, il s’écria :

— C’est le bon Dieu qui t’a puni, petit misérable !

je ne te plains pas : les voleurs sont indignes de pitié.

Victor faillit perdre la vue et souffrit beaucoup.

Lorsqu’il revint à l’école, ses camarades,

indignés de sa conduite, le chassèrent.

Victor, repentant et corrigé,

alla implorer sa grâce auprès de l’Auvergnat.

Anselme Des Tilleuls (1850-19° siècle) - auteur jeunesse - Les marrons grillés
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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 20:47

 

Donatien Alphonse François de Sade, (Marquis de Sade, 1740-1814) homme de lettres, romancier, philosophe,

Historiettes, Contes et Fabliaux, 


La fleur de chataignier


On prétend, je ne l’assurerais pas, mais quelques savants nous persuadent

que la fleur de châtaignier a positivement la même odeur que cette semence

prolifique qu’il plut à la nature de placer dans les reins de l’homme pour la

reproduction de ses semblables.

Une jeune demoiselle d’environ quinze ans, qui n’était jamais sortie de la

maison paternelle, se promenait un jour avec sa mère et un abbé coquet dans

une allée de châtaigniers dont l’exhalaison de fleurs parfumait l’air dans le

sens suspect que nous venons de prendre la liberté d’énoncer.

— Oh mon Dieu, maman, la singulière odeur, dit la jeune personne à sa mère,

ne s’apercevant pas d’où elle venait… mais sentez-vous, maman… c’est une

odeur que je connais.

— Taisez-vous donc, mademoiselle, ne dites pas de ces choses-là, je vous en prie.

— Eh pourquoi donc, maman, je ne vois pas qu’il y ait de mal à vous dire que

cette odeur ne m’est point étrangère, et très assurément elle ne me l’est pas.

— Mais, mademoiselle…

— Mais, maman, je la connais, vous dis-je ; monsieur l’abbé, dites-moi donc,

je vous prie, quel mal je fais d’assurer maman que je connais cette odeur-là.

— Mademoiselle, dit l’abbé en pinçant son jabot et flûtant le son de sa voix,

il est bien certain que le mal en lui-même est peu de chose ; mais c’est que

nous sommes ici sous des châtaigniers, et que nous autres naturalistes, nous

admettons en botanique que la fleur de châtaignier…

— Eh bien, la fleur de châtaignier ?

— Eh bien, mademoiselle, c’est que ça sent le f…

Marquis de Sade, (1740-1814)-  homme de lettres, romancier, philosophe - La fleur de chataignier
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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 20:36

 

 

 

Jean-Baptiste Bonnart (1654-1726) peintre et graveur français

vers 1680

 

 

La Crieuse de châtaigne. 


Cette vendeuse de châtaigne

Fait un médiocre profit ;

Et si l'on en croit ce qu'on dit,

Elle boit bien ce qu'elle gaigne.

Gravure extraite du Recueil des modes de la cour de France

Gravure extraite du Recueil des modes de la cour de France

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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 20:24

 

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français 

Les Fables IX

 

Le Singe et le Chat


Bertrand avec Raton, l'un Singe et l'autre Chat,

Commensaux d'un logis, avaient un commun Maître.

D'animaux malfaisants c'était un très bon plat ;

Ils n'y craignaient tous deux aucun, quel qu'il pût être.

Trouvait-on quelque chose au logis de gâté,

L'on ne s'en prenait point aux gens du voisinage.

Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté

Etait moins attentif aux souris qu'au fromage.

Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons

Regardaient rôtir des marrons.

Les escroquer était une très bonne affaire :

Nos galants y voyaient double profit à faire,

Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.

Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'hui

Que tu fasses un coup de maître.

Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avait fait naître

Propre à tirer marrons du feu,

Certes marrons verraient beau jeu.

Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,

D'une manière délicate,

Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts,

Puis les reporte à plusieurs fois ;

Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.

Et cependant Bertrand les croque.

Une servante vient : adieu mes gens. Raton

N'était pas content, ce dit-on.

Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes

Qui, flattés d'un pareil emploi,

Vont s'échauder en des Provinces

Pour le profit de quelque Roi.

Jean de La Fontaine (1621-1695) - poète français - Le Singe et le Chat
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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 19:35

 

 

15 Juillet 2017 

Jean-Baptiste Evette (1964) écrivain français auteur de plusieurs romans chez Gallimard et chez Plon ainsi que d'œuvres pour la jeunesse. 

 


Noyer royal


Exposant à nouveau

ces frêles esquifs de mots

aux périls de la navigation

sur la page blanche

 

Je pense forcément

à la coque de noix

et mon ennemi

mon persécuteur intérieur

chuchote : "Poèmes à la noix"

 

Noix gaulées

ou tombées

d’une vieille branche

d’un haut noyer

 

Avant d’avoir franchi la page

risquons nous la  noyade

dans les lagunes du doute

embarqués sur une coque

trop légère

une coquille de noix ?

 

Noix

ouvertes au couteau

au risque de se couper

les doigts

 

Avec une goutte de cire

pour y fixer un mât

d’allumette

muni d’une voile triangulaire

en papier

 

Berceau d’un rêve

minuscule

confié à l’onde

périlleuse

 

Mais ne rêvassez pas

à l’ombre du noyer

dit-on encore en Dauphiné

ou dans le Périgord noir

sous peine d’attraper

froid au corps ou à l’âme

 

Pourtant tout n’est pas froid

dans le noyer

 

L’Évangile des quenouilles

spécifiait en quatorze cent quatre-vingt :

"Si une femme veut

"que son mari ou ami

"l’aime fort

"elle lui doit mettre

"une feuille de noyer

"cueillie la nuit de la Saint-Jean

"tandis qu’on sonne nonne

"en son soulier du pied senestre

"et sans faute il l’aimera

"moult merveilleusement

 

Et Pline l’Ancien

explique l’emploi des noix

lors des mariages

par leur double enveloppe :

fruit bien gardé

symbole de la noce sacrée

 

Taché de brou de noix

saoul de vin de noix

on doute si son ombre

est toxique ou pas

 

D’après les savants,

les racines des noyers diffusent

dans le sol une substance

la juglone qui ralentit la croissance

des autres plantes et parfois les tue

Ainsi la terre est souvent nue

sous le noyer

 

Ce qui me trouble aussi

c’est qu’à une lettre près

dans sa coque, le cerneau

ressemble beaucoup à un cerveau

Jean-Baptiste Evette (1964) - écrivain et auteur français - Noyer royal
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4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 18:29

 

 

Manuela Maria - poète

15/10/2006

 

Noyer

 

Me promenant dans les allées encore verdoyantes

Marchant sur un tapis de feuilles et brindrilles craquantes

Je ramassais les noix qui s'offraient appétissantes

Au pied d'un imposant noyer aux couleurs ravissantes

 

Les fleurs mâles en chatons, en avril naissant

Avec galanterie avant les vertes feuilles venant

Le groupe de femelles ils vont courtisant

Pour donner ce fruit que la pulpe va embrassant

 

Depuis l'antiquité le monde il va charmant

Implacable, de la foudre va nous protégeant

Des noix doucereuses toujours nous régalant

Donnant ce bois robuste des meubles d'antan

Manuela Maria - poète - Noyer
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4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 17:54

 

 

Catheau - Ex Libris - auteur 

24 mars 2010

 

Noyer noyé

 

Sous la robe orbée des paupières bombées de la nuit

Dans l’eau lente du regard et le scaphandre des souvenirs

Flotte l’ombre matinale d’un autrefois déjà lointain

 

Le grand noyer noyé par un après-midi froid de mars

Dans la stridence démente des scies méchantes

Dans le bourdonnement énervé des dures tronçonneuses

Dans la pâle ignorance de ceux qui ne savent plus

Que ses cheveux de racines caressaient le cœur de la terre

Se métamorphosaient mystérieusement en indolents lombrics

Faisaient fortes et noires les fourmis zélées et opiniâtres

Aspiraient l’obscure senteur de l’humus âcre et puissant

Le grand noyer noyé qui ignorait qu’il deviendrait sabots endurants

Qui avait résisté au feu au froid à la folie et à la foudre

Qui m’offrait ses chatons en chenilles sur son écorce grise

Qui pleuvait de bonnes bogues vives et vertes au soleil de septembre

Qui me récompensait d’un en-cas de cerneaux irritants sous la langue

Qui me promettait le râpeux vin de noix après la messe du dimanche

Et le gâteau crissant des colliers de noix beiges fracassées sous le fer

Et l’huile forte et douce des salades plantées au potager d’été

 

Le grand noyer noyé au houppier en épi aux feuillages épais

Qui vit tomber au vent sa frondaison céleste et solitaire

Saignant de son écorce ses fissures écorchées

Où soudain ont coulé les larmes alourdies de sève translucide

 

A sombré doucement dans mon rêve éveillé

Catheau - Ex Libris - auteur - Noyer noyé
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