27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 21:09

 

 

René Char (1907-1988) - poète et résistant français

 

Complainte du lézard amoureux

 

N'égraine pas le tournesol,

Tes cyprès auraient de la peine,

Chardonneret, reprends ton vol

Et reviens à ton nid de laine.

 

Tu n'es pas un caillou du ciel

Pour que le vent te tienne quitte.

Oiseau rural ; l'arc-en-ciel

S'unifie dans la marguerite.

 

L'homme fusille, cache-toi ;

Le tournesol est son complice.

Seules les herbes sont pour toi,

Les herbes des champs qui se plissent.

 

Le serpent ne te connaît pas.

Et la sauterelle est bougonne ;

La taupe, elle, n'y voit pas ;

Le papillon ne hait personne.

Il est midi, chardonneret

 

Attarde-toi, va, sans danger :

L'homme est rentré dans sa famille !

 

L'écho de ce pays est sûr.

J'observe, je suis bon prophète ;

Je vois tout de mon petit mur,

Même tituber la chouette.

 

Qui, mieux qu'un lézard amoureux,

Peut dire les secrets terrestres ?

Ô léger gentil roi des cieux.

Que n'as-tu ton nid dans ma pierre!

 René Char (1907-1988) - poète et résistant français - Complainte du lézard amoureux
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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 21:08

 

Robert Desnos  (1900-1945) poète surréaliste et résistant français

Recueil : chantefleurs

 


Le Soleil 


Soleil en terre, tournesol, 

Dis-moi qu’as-tu fait de la lune ? 

Elle est au ciel, moi sur le sol, 

Mais nous avons même fortune 

Comme des fous au cabanon.

 

Liisa-corbiere - champs de tournesol

Liisa Corbiere  champs de tournesols

Liisa Corbiere champs de tournesols

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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 21:07

 

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920) écrivain et poète français, célèbre pour ses Contrerimes, une forme poétique qu'il a créée. 

- dixains 

 


Non, ce taxi, quelle charrette


" - Non, ce taxi, quelle charrette.

C'est sous les toits, votre entresol ?

Je t'aime... Oui c'est un tournesol...

Si tu savais comme il me traite :

Des claques voilà mes cadeaux !

Je croyais n'être jamais prête.

... Ça ? C'est moi. Laissez les rideaux. "

" - Le coeur vous est bien en dentelle. "

" - Mais il faut une heure " dit-elle

" Rien qu’à me lacer dans le dos. "

 Paul-Jean Toulet (1867-1920) - écrivain et poète français - Non, ce taxi, quelle charrette
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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 21:06

 

Eugenio Montale (1896-1981) poète italien. 
Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1975.
- Os de seiche (Ossi di seppia, 1925) 
- Poèmes choisis: (1916-1980) 
-  Traduit de l’italien par Patrice Dyerval Angelini 

 

 

Apporte-moi le tournesol…

 

Apporte-moi le tournesol, que je le transplante

Dans mon terrain brûlé par l’air salin ;

Et qu’il montre tout le jour aux miroirs bleus

Du ciel, l’anxiété de son visage jaune pâle.

 

Les choses obscures tendent à la clarté,

Les corps s’épuisent en flux

De teintes : elles en musique. S’effacer

est donc le destin suprême.

 

Apporte-moi la plante qui nous mène

Là où surgissent de blondes transparences

Et s’évapore la vie telle une essence ;

Apporte-moi le tournesol affolé de lumière.

 

***

 

Portami il girasole ch’io lo trapianti

nel mio terreno bruciato dal salino,

e mostri tutto il giorno agli azzurri specchianti

del cielo l’ansietà del suo volto giallino.

 

Tendono alla chiarità le cose oscure,

si esauriscono i corpi in un fluire

di tinte: queste in musiche. Svanire

è dunque la ventura delle venture.

 

Portami tu la pianta che conduce

dove sorgono bionde trasparenze

e vapora la vita quale essenza;

portami il girasole impazzito di luce.

 

***

 

Bring me the sunflower, let me plant it

in my field parched by the salt sea wind,

and let it show the blue reflecting sky

the yearning of its yellow face all day.

 

Dark things tend to brightness,

bodies fade out in a flood of colors,

colors in music. So disappearing is

the destiny of destinies.

 

Bring me the plant that leads the way

to where blond transparencies

rise, and life as essence turns to haze;

bring me the sunflower crazed with light.

Eugenio Montale (1896-1981) - poète italien -  Apporte-moi le tournesol…
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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 21:06

 

 

Jacques Prévert (1900-1977)  poète français.

 


Tournesol 

 

Tous les jours de la semaine

En hiver en automne

Dans le ciel de Paris

Les cheminées d'usines ne fument que du gris

Mais le printemps qui s'amène, une fleur sur l'oreille

Au bras une jolie fille

 

Tournesol, Tournesol

C'est le nom de la fleur

Le surnom de la fille

Elle n'a pas de grand nom, pas de nom de famille

Et danse aux coins des rues

A Belleville à Séville 

 


Tournesol Tournesol Tournesol

Valse des coins des rues

 

Et les beaux jours sont venus

La belle vie avec eux

Le génie de la Bastille fume une gitane bleue

Dans le ciel amoureux

Dans le ciel de Séville, dans le ciel de Belleville

Et même de n'importe où

 

Tournesol Tournesol

C'est le nom de la fleur

Le surnom de la fille. 

Jacques Prévert (1900-1977)  poète français. - Tournesol 
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27 août 2021 5 27 /08 /août /2021 21:04

 

 

Jean Ferrat (1930-2010)

écrit en 1991 une chanson, "Les Tournesols", pleine de colère et d’écœurement face aux sommes indécentes circulant sur le marché de l'art, sachant que nombre d'artistes ont vécu dans la misère.

Alors que l'un des "Tournesols" a été adjugé à 39,9 millions de dollars chez Christie's en 1987 – une somme exceptionnelle sur le marché de l'art à l'époque –, cette série de tableaux n'a jamais fait la fortune de l'artiste. De son vivant, Vincent van Gogh n'a en effet vendu qu'une seule œuvre : "La Vigne rouge".

 

 

Les tournesols

 

Mon prince noir et famélique, ma pauvre graine de clodo

Toi qui vécus fantomatique en peignant tes vieux godillots

Toi qui allais la dalle en pente, toi qu'on jetait dans le ruisseau

Qui grelottais dans ta soupente en inventant un art nouveau.

T'étais zéro au Top cinquante, t'étais pas branché comme il faut

Avec ta gueule hallucinante pour attirer les capitaux.

 

Mais dans un coffre climatisé au pays du Soleil-Levant

Tes tournesols à l'air penché dorment dans leur prison d'argent

Leurs têtes à jamais figées ne verront plus les soirs d'errance

Le soleil fauve se coucher sur la campagne de Provence.

 

Tu allais ainsi dans la vie comme un chien dans un jeu de quilles

La bourgeoisie de pacotille te faisait le coup du mépris

Et tu plongeais dans les ténèbres, et tu noyais dans les bistrots

L'absinthe à tes pensées funèbres, comme la lame d'un couteau

Tu valais rien au hit-parade, ni à la une des journaux

Toi qui vécus dans la panade sans vendre un seul de tes tableaux.

 

Mais dans un coffre climatisé au pays du Soleil-Levant

Tes tournesols à l'air penché dorment dans leur prison d'argent

Leurs têtes à jamais figées ne verront plus les soirs d'errance

Le soleil fauve se coucher sur la campagne de Provence.

 

Dans ta palette frémissante de soufre pâle et d'infini

Ta peinture comme un défi lance une plainte flamboyante

Dans ce monde aux valeurs croulantes

Vincent, ma fleur, mon bel oiseau

Te voilà donc Eldorado de la bourgeoisie triomphante

Te voilà star du Top cinquante, te voilà branché comme il faut.

C'est dans ta gueule hallucinante qu'ils ont placé leurs capitaux.

 

Mais dans un coffre climatisé au pays du Soleil-Levant

Tes tournesols à l'air penché dorment dans leur prison d'argent

Leurs têtes à jamais figées ne verront plus les soirs d'errance

Le soleil fauve se coucher sur la campagne de Provence.

Vincent Van Gogh - Les tournesols

Vincent Van Gogh - Les tournesols

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24 août 2021 2 24 /08 /août /2021 23:24

 

Francis Combes

Poésie d'utilité publique

Journal poétique de Francis Combes

 


La compagnie des tournesols

 

Plantés au beau milieu du champ de bataille.

Ils sont rayonnants.

Armée de tournesols en leur midi.

Innombrables, fiers et lumineux dans la clarté du jour

Ils portent sur la terre les armes du soleil

En rangs serrés, bataillons de la jeunesse ardente

à qui tout est promesse

Ils ont pour eux l’espérance, la justice, l’avenir et le droit

Ils se lèvent dans la plaine et déferlent des collines

Ils se tiennent debout, droits et magnifiques

Ils décrètent leur clarté victorieuse sur la nuit

et sur l’obscurité caverneuse du passé

Leur œil unique fixe le centre de l’été

Puis vient la fin de la saison

Ils ont bu du regard tant de soleil

que leur rétine en est brûlée,

leur œil immense a noirci,

leur cœur est lourd

et, quand le jour décline, ils courbent la tête,

disposés à donner le meilleur d’eux-mêmes,

mûrs pour la moisson,

prêts pour le passage de témoin

au sommet de la colline.

Journal poétique de Francis Combes - La compagnie des tournesols
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16 juillet 2021 5 16 /07 /juillet /2021 23:01

 

 

Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) poète

 

La Garrigue

 

Puisse ma libre vie être comme la lande

Où sous l'ampleur du ciel ardent d'un soleil roux,

Les fourrés de kermès et les buissons de houx

Croissent en des senteurs de thym et de lavande.

Marie-Paule Albanese   garrigue

Marie-Paule Albanese garrigue

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16 juillet 2021 5 16 /07 /juillet /2021 23:00

 

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète 

 


La garrigue

 

Puisse ma libre vie être comme une lande

Où sous l’ampleur du ciel ardent d’un soleil roux,

Les fourrés de kermès et les buissons de houx

Croissent dans des senteurs de thym et de lavande

 

Que, garrigue escarpée et sauvage, elle ascende

Dans l’air large et sonore où ronflent des courroux

De Mistral, tourmenteurs fougueux des arbres fous ;

Et dans l’isolement s’allonge toute grande,

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète - La garrigue
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16 juillet 2021 5 16 /07 /juillet /2021 22:59

Abû Nuwâs (v. 747-v. 815) poète perse de langue arabe du califat abasside. 


Il fut considéré en son temps comme l'un des plus grands poètes de langue arabe, connu surtout pour sa poésie bachique et érotique, 


Poème 11, v. 2-4


..."Dans un jardin qu'avait fait fleurir la pluie du matin

l'abreuvant et lui apportant ses bienfaits.

La terre s'était alors couverte de ses plus belles broderies,

elle avait fait jaillir de son sein l'eau et les pâturages.

Je me levai dès l'aube, alors que les fleurs de camomille

riaient auprès de la lavande"...

Abû Nuwâs (v. 747-v. 815) poète perse - Le jardin
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