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24 mars 2023 5 24 /03 /mars /2023 19:32

Fred Vargas (1957) écrivaine française

(Éditions Viviane Hamy, 1999), 


 

L'Homme à l'envers 


"Assis dans l'herbe au bord du Rhône, à l'écart 

d'une petite route qui longeait la berge, dans une sorte de 

clairière à l'horizon bouché par des haies de saules, 

Adamsberg plongeait dans la rivière une longue branche 

et luttait du bout de cette branche contre le courant. 

(...) 


Camille le repéra après presque une heure de marche, 

dans une clairière étroite et silencieuse, isolée au milieu des saules. 

Elle s'arrêta à une vingtaine de pas, Adamsberg s'était assis 

tout au bord de la berge, les pieds touchant l'eau. 

Il ne faisait rien, selon toute apparence, mais pour Adamsberg,

être assis dehors constituait une occupation en soi.  

(...)


Cette branche de saule, peut-être, dit-il en effleurant 

la baguette de bois placée entre eux deux. 

Et moi, de temps à autre.

- Bien, dit Camille en soupirant. Je vis avec lui.

- On comprend mieux comme ça, dit Adamsberg.

Il se leva, ramassa la branche de saule 

et fit quelques pas dans la clairière."

Fred Vargas (1957) - écrivaine française - L'Homme à l'envers 
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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 17:37

 

 

Martin Dowle - poète français

Conflans Ste Honorine, novembre 1997


 

Le saule pleureur


Un jour, fût-ce un songe ? Un rêve ? Je l’ignore !

Je me voyais, isolé, dans un bois au crépuscule.

Un automne précoce teintait les feuilles d’or,

Tandis que j’errais au pas d’un somnambule.

 

Un lourd silence glacé m’enveloppait comme une ombre.

Rien ne semblait réel mais pourtant je me voyais !

Isolé en ce bois, retiré, froid et si sombre,

Où à une croisée de chemins un saule pleureur pleurait.

 

Ce digne arbre puisait de la terre par ses racines,

Et de l’eau, dans un cours d’eau, la magie qui orchestrait

De limpides lamentations ! Elles s’élevaient ; tristes Hymnes !

Contant d’antiques amours qui en ce lieu furent brisées.

 

Il me conta des misères, des malheurs et bien pire !

Il se lamentait sans répit, ressassant tous ces drames,

Disant : "L’arrogante jeunesse ne peut passer sans soupir !"

Me tançant de préserver le souvenir de ces pauvres âmes.

 

De ces gens qui crurent pouvoir bâtir de leurs mains

Une destinée royale de richesses et de passions,

Mais ils oubliaient qu’aujourd’hui disparaît et que demain

Balaie tout, brise les rêves, sans aucune concession.

 

Mais je m’en allai stoïque, imperméable à la tristesse,

Pour courir, utopique, embrasser de fous espoirs.

Vivre dans une joie factice que des mirages d’amour caressent,

Mais immanquablement, à la lumière succède le noir.

 

Et demain arriva ! Et enfin je compris,

Que ce deuil, que ce saule pleureur célébrait,

Etait l’image précurseur de ma propre mélancolie.

Et dans son bois retiré, c’était pour moi qu’il pleurait !

 

Et je mourus là bercé par des chants de criquets,

Qui tricotaient de leurs pattes un requiem solennel,

Tandis qu’au loin le saule, encore plus triste se courbait,

Maudissant une fois de plus la vanité des mortels...

Martin Dowle - poète français - Le saule pleureur
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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 17:04

 

 

Paul Valéry (1871-1945) écrivain, poète et philosophe français 

Corona et Coronilla, 1938-1945.

 

            Le Saule

 

Tremble, Tombe légère… Un souffle t’aime, Saule,

 

Qui fait sur toi frémir le songe d’une épaule…

Brise ?… ou mon seul soupir si simple et si soudain

 

Que j’exhale d’amour pour ce flottant jardin.

Sur ses fleurs, mon regard trompe le mal d’attendre

 

Le pas, la voix, la main, et puis, tout l’être tendre,

Cette Toi tout à moi que je sens devenir,

A qui l’heure qui meurt peut tout à coup m’unir

Et qui vient !… Je le sens…

 

Ma bouche enfin t’accueille !

L’approche met dans l’âme un tremblement de feuille

Et mes yeux, quoique pleins de feuillage et de jour,

Te voient derrière moi, toute rose d’amour…

 

Tremble, Tombe légère ! Un souffle t’aime, Saule…

Mais je n’ai plus besoin de songer d’une épaule, 

Et ce souffle n’est plus le souffle d’un seul cœur…   

 

Le temps vaincu succombe, et le baiser vainqueur

 

De l’absence sans nom dont un nom me délivre,    

Boit dans l’ombre à longs traits le feu qui nous fait vivre !

Paul Valéry (1871-1945) - écrivain, poète et philosophe français - Le Saule
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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 22:22

1930

Robert Desnos (1900-1945) poète surréaliste et résistant français

Corps et Biens (Éditions Gallimard, 1930).

 

Sous les saules 

 

L’étrange oiseau dans la cage aux flammes 

Je déclare que je suis le bûcheron de la forêt d’acier 

que les martes et les loutres sont des jamais connues 

l’étrange oiseau qui tord ses ailes

et s’illumine

 

Un feu de bengale inattendu a charmé ta parole 

Quand je te quitte il rougit mes épaules et l’amour 

Le quart d’heure vineux mieux vêtu qu’un décor lointain étire  

ses bras débiles et fait craquer ses doigts d’albâtre 

À la date voulue tout arrivera en transparence 

plus fameux que la volière où les plumes se dispersent 

 

Un arbre célèbre se dresse au-dessus du monde avec des pendus  

en ses racines profondes vers la terre 

c’est ce jour que je choisis 


Un flamboyant poignard a tué l’étrange oiseau dans la cage de

flamme et la forêt d’acier vibre en sourdine illuminée par le feu  

des mortes giroflées 

Dans le taillis je t’ai cachée

dans le taillis qui se proclame roi des plaines.

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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 21:56

 

 

Raymond Radiguet (1903-1923) écrivain français.

 


Saule pleureur

 

Il perd ses plumes perd ses larmes

 

Comme un coeur se vide de larmes

L'arrosoir a perdu ses plumes

 

Éventail au soleil fané

Loterie des mois des années

Dans l'allée le sable s'enroue

Où mon chagrin fera la roue

 

Jardin faut-il que tu t'en ailles

Et l'été de cet éventail

Secondé par mon petit doigt

Qui chatouille un bouton de rose

Effronté sans pourtant qu'il ose

Trop presser son éclosion

 

Après s'être bien amusée

La rose rentre en son cocon

La rose revêt sa chemise

Et tout est à recommencer

 

Et les outils dans la remise

Ensemblejardin se lamentent

L'arrosoir voudrait sur l'amante

Verser des larmes mais la bêche

N'a pas retrouvé cette espiègle

Qui se cache sous l'herbe sèche

Raymond Radiguet (1903-1923) - écrivain français - Saule pleureur
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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 19:08

 

 

Émile  Verhaeren (1855-1916) poète belge

La guirlande des dunes


Ce saule-là


Est-il tordu, troué, souffrant et vieux !

Sont-ils crevés et bossués les yeux

Que font les noeuds dans son écorce !

Est-il frappé dans sa vigueur et dans sa force !

Est-il misère, est-il ruine,

Avec tous les couteaux du vent dans sa poitrine,

Et, néanmoins, planté au bord

De son fossé d’eau verte et de fleurs d’or ;

A travers l’ombre et à travers la mort,

Au fond du soir, mord-il la vie, encor !

 

Un soir de foudre et de fracas,

Son tronc craqua

Soudainement, de haut en bas.

 

Depuis, l’un de ses flancs

Est sec, stérile et blanc ;

Mais l’autre est demeuré gonflé de sève.

Des fleurs, parmi ses crevasses, se lèvent,

Les lichens nains le festonnent d’argent ;

L’arbre est tenace et dur : son feuillage bougeant

Luit au toucher furtif des brises tatillonnes.

L’automne et ses mousses le vermillonnent ;

Son front velu, comme un front de taureau,

Bute, contre les chocs de la tempête ;

Et dans les trous profonds de son vieux corps d’athlète,

Se cache un nid de passereaux.

 

 

Matin et soir, même la nuit,

À toute heure je suis allé vers lui ;

Il domine les champs qui l'environnent,

Les sablons gris et les pâles marais ;

Mon rêve, avec un tas de rameaux frais

Et jaillissants, l'exalte et le couronne.

Je l'ai vu maigre et nu, pendant l'hiver,

Poteau de froid, planté sur des routes de neige ;

Je l'ai vu clair et vif, au seuil du printemps vert,

Quand la jeunesse immortelle l'assiège,

Quand des bouquets d'oiseaux fusent vers le soleil ;

Je l'ai vu lourd et harassé, dans la lumière,

Les jours d'été, à l'heure où les grands blés vermeils,

Autour des jardins secs et des closes chaumières,

S'enflent, de loin en loin, comme des torses d'or ;

J'ai admiré sa vie en lutte avec sa mort,

Et je l'entends, ce soir de pluie et de ténèbres,

Crisper ses pieds au sol et bander ses vertèbres

Et défier l'orage, et résister encor.

Si vous voulez savoir où son sort se décide,

C'est tout au loin, là-bas, entre Furne et Coxyde,

Dans un petit chemin de sable clair,

Près des dunes, d'où l'on peut voir dans l'air,

Les batailles perpétuées

Des vents et des nuées

Bondir de l'horizon et saccager la mer.

Émile  Verhaeren (1855-1916) - poète belge - Ce saule-là
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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 19:00

 

 

Paul Verlaine (1844-1896) écrivain et poète français 

 

L'heure exquise

 

La lune blanche

Luit dans les bois ;

De chaque branche

Part une voix

Sous la ramée ...

 

Ô bien-aimée.

 

L'étang reflète,

Profond miroir,

La silhouette

Du saule noir

Où le vent pleure ...

 

Rêvons, c'est l'heure.

 

Un vaste et tendre

Apaisement

Semble descendre

Du firmament

Que l'astre irise ...

 

C'est l'heure exquise.

Paul Verlaine (1844-1896) - écrivain et poète français - L'heure exquise
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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 18:33

 

 

Jean de La Fontaine (1621-1695) poète français 

 

L'enfant et le maître d'école

 

Dans ce récit je prétends faire voir

D'un certain Sot la remontrance vaine.

Un jeune Enfant dans l'eau se laissa choir,

En badinant sur les bords de la Seine.

Le Ciel permit qu'un saule se trouva

Dont le branchage, après Dieu, le sauva.

S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,

Par cet endroit passe un Maître d'école ;

L'enfant lui crie : Au secours, je péris.

Le Magister, se tournant à ses cris,

D'un ton fort grave à contretemps s'avise

De le tancer : Ah  le petit Babouin !

Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise !

Et puis, prenez de tels fripons le soin.

Que les parents sont malheureux, qu'il faille

Toujours veiller à semblable canaille !

Qu'ils ont de maux ! et que je plains leur sort !

Ayant tout dit, il mit l'Enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.

Tout babillard, tout censeur, tout pédant,

Se peut connaître au discours que j'avance :

Chacun des trois fait un peuple fort grand ;

Le Créateur en a béni l'engeance.

En toute affaire ils ne font que songer

Aux moyens d'exercer leur langue.

Hé mon ami, tire-moi de danger ;

Tu feras après ta harangue.

  L'enfant et le maître d'école Gravure de Pierre-Étienne Moitte d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

 L'enfant et le maître d'école Gravure de Pierre-Étienne Moitte d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 16:56

 

 

Rosemonde Gérard (1866-1953) poétesse française,

Recueil : "Les Pipeaux"


 

Le saule pleureur


Saule ! Frisson du paysage !

Obéissance au vent du soir !

Rêve penché sur un miroir !

Cheveux qui se croient du feuillage…

 

Faiblesse qu’un ciel encourage,

Et dont un ciel reprend l’espoir !

Cœur plein d’oiseaux sans le savoir !

Destin qui dépend d’un orage…

 

Ne serais-tu, Saule pleureur,

Avec cette forme de pleur

Et ce front de mélancolie,

 

Qu’un portrait à peine ébauché

De notre visage penché

Sur la rivière de la vie ?

 Rosemonde Gérard (1866-1953) - poétesse française - Le saule pleureur
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10 mars 2023 5 10 /03 /mars /2023 21:57

 

 

Arsène Houssaye (1815-1896) Poète et homme de lettres français

Recueil : La symphonie des vingt ans (1867).

 


Saules pleureurs

Chanson.

 

Elle passe comme le vent,

Ma jeunesse douce et sauvage !

Ma joie est d'y penser souvent :

Elle passe comme le vent,

Mon cœur la poursuit en rêvant,

Quand je suis seul sur le rivage.

Elle passe comme le vent

Avec l'amour qui la ravage.

 

Elle fuit, la belle saison,

Avec la coupe de l'ivresse.

Adieu, printemps ! adieu, chanson !

Elle fuit, la belle saison.

Je n'irai plus vers l'horizon

Chercher la muse ou la maîtresse !

Elle fuit, la belle saison :

Adieu donc, adieu, charmeresse.

 

Que de larmes ! que de regrets !

Toi dont mon âme fut ravie

Déjà si loin, — encor si près !

Que de larmes ! que de regrets !

Mes mains ont planté le cyprès

Sur les chimères de ma vie :

Que de larmes ! que de regrets !

Adieu, mon cœur ! adieu, ma mie !

Arsène Houssaye (1815-1896) - Poète et homme de lettres français - Saules pleureurs - Chanson.
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